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vienne. C’eft lui de qui le peuple a crié : Exauce?-
nous, mon Dieu, nous voulons un de nos citoyens.
Zenophile dit à Nondinaire : È ft-il vrai que le
peuple a ainii crié ? O ü i, dit Nondinaire. Zenophile
dit à Saturnin : A-t-on crié : Sitvain eft tradi-
teur? Saturnin dit: Oüi. Nondinaire dit : Quand
il fut fait évêque, nous ne communiquâmes point
avec lu i , parce qu’on difoit qu’il étoit tradiieur.
Saturnin dit:Ce qu’il dit eft vrai. Nondinaire dit: Je
vis le gladiateur Mutus le porter fur fon coû. Zenophile
dit à Saturnin : Eft-ilvrai ? Oüi, dit Saturnin.
Zenophile dit : Tout ce que ditNondinaire
eft-il v r a i, que des gladiateurs l’ont fait évêque i
Oüi, dit Saturnin, il y avoit auiïi des proftituées.
Zenophile dit : Quoi des gladiateurs l’ont porté ?
c’eft-à-dire, qu’ils l’avoient placé dans la chaire
épiicopale. Saturnin dit : Ils l’ont porté avec la
populace. Car les citoyens étoient enfermez dans
l’aire des martyrs. Nondinaire dit : Le peuple de
Dieuétoit-il là ? Saturnin dit: Il étoit enfermé dans
la Caiè-majeure. C’étoit le nom de l’églife , nommée
autrement l’aire des martyrs. Zenophile dit :
Tout ce que dit Nondinaire eft donc vrai ? O ü i,
dit Saturnin. Zenophile dit à Viétor : Qu’en dis-tu ?
Viétor dit : Tout eft vrai, feigneur. Nondinaire dit:
L ’évêque Purpurius emporta cent bouriès.. Zenophile
dit àNondinaire : Touchant les quatre cens
bourfes, qui crois-tu qu’il faille interroger ? Nondinaire
dit: Qu’on fafle venir le diacre Lucien, car
H fait tout. Zenophile dit : Ceux - ci le fàvent-ils ?
N on , dit Nondinaire. Zenophile dit : Qu’on faflè
venir
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venir Lucien. Nondinaire dit : Ceux-ci favent qu'on •— -------
a reçu quatre cens bourfes, mais ils ne favent pas 3i0 *
que les évêques les ont partagées, Zenophile dit à
Saturnin &c Viétor: Savez-vous que l’on a reçu
des bourfes de Lucilla ? Saturnin & Viétor dirent :
Oüi nous le favons. Zenophile dit : Les pauvres ne
les ont-ils pas reçues ? Ils dirent : Perfonne n’en a
rien reçu. Zenophile leur dit : N ’a-t-onrienempor-
tédu temple deSerapis? Ils dirent: Purpurius a enlevé
les cuves: l’évê'que Silvain avec les prêtres *
Dontiusôc Superius & le diacre Lucien ont enlevé
le vinaigre. Zenophile dit: Par lesréponfes de Victor
legrammairien, de Viétor de Samfuric & de Saturnin
, il paraît que Nondinaire n’a rien avancé
que d e v ra i, qu’on les faife fortir.
Enfuite il dit à Nondinaire: Quels autres crois- xxv.
tu que l’on doive interroger? Nondinaire dit : Le
diacre Caftus, afin qu’il dife fi Silvain eft traditeur.’
C ’eft lui qui l’a fait diacre. Caftus étant entré , Z e nophile
lui demanda fon nom & fa condition ; puis
fi Silvain étoit traditeur, & il répondit comme les
autres, touchant la lampe liv ré e , les cuves & le
vinaigre enlevé. Enfuite Zenophile lui dit : Con-
feiTe combien de bourfes Viétor a données pour
etre fait prêtre. Caftus dit : Seigneur, il a apporté
un fac; mais je ne fai ce qu’il y avoit. Zenophile
d it: A qui a-t-on donné ce fac? Caftus dit : Il fut
apporté là dans la Cafe-majeure. Zenophile dit :
L ’argent ne fut point diftribué au peuple? Caftus
d it: Non , je n’en ai rien vû. Zenophile dit : Des
bourfes, que Lucilla donna, le menu peuple n’en
Tome III. K