
>94 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Parâmmon, Zofime & Irenée diacres. J ’ai donc voulu
que vous connoiffiez ce que j’écris maintenant,
que vous témoigniez y confcntir, & que vous donniez
vôtre fiiffrage pour la dépofition d’Arius , de
Pifte & de leurs adherans. Car il eft à propos que
vous fçachiezce que nous écrivons, & que chacun de
vous l’ait dans le coeur, comme s’il l’avoit écrit lui-
même.
£pipb. fi*r. ui. Arius fe voyant ainfi condamné, fortit d’Alexand
r i e ^ fe retira en Paleftine, où il trouva de l’appui
auprès‘de quelques évêques. Son plus puiiïànt protecteur
étoit Euiêbe de Nicomedie dés-lors avancé en
âge, de grande autorité à la cour, qui refidoit d’ordinaire
en cette ville. Arius lui écrivit cette lettre, où
il explique lui-même ià doétrine.
Æ d’Arius à A mon trés-cher - ièigneur Euiebe , homme de
mcdk.cdcNico" ^ eu ’ fidèle orthodoxe : Arius injuftement perfe-
cuté par le pape Alexandre pour la vérité viétorieu-
iè de tout, que vous defendez vous-même; falut
M j f f l en nôtre Seigneur. Mon pere Ammonius partant
’ pour Nicomedie, j’ai crû qu’il étoit de mon devoir
de prendre cette occâfîon de vous fàluer , &
en même tems d’informer vôtre charité de la grande
perfecution que l’évêquenous fa it, remuant tout
contre nous ; juiques à nous avoir chalfez de la ville,
comme des impies, parce que nous ne convenons
pas de ce qu’il dit publiquement : Dieu eft toujours,
le fils eft toûjours : le pere & le fils, font en-
ièmble : le fils eft avec Dieu fàns être engendré :
il eft toûjours engendré : il eft engendré & ne l’eft
pas. Le pere ne précédé pas 1e fils d’un rnoment,
L i v r e D t x i e ’me. ¡ p $
pas même de la penfée. Toûjours Dieu, toûjours
le fils : le fils procede de Dieu même. Et parce
qu’Eufebe de Cëfarée vôtre frere , Theodote , Paulin
, Athanafe, Grégoire, Aëtius&tous les Orientaux
, difent que Dieu eft avant fon fils fàns commencement
; ils ont été frappez d’anathême ; excepté
feulement Philogone, Hellanique & Macaire,
trois heretiques ignorans qui difent que le fils eft, les
uns une exfpiration, les autres une projection, les autres
non-engendré comme le pere.- Nous ne pouvons
feulement entendre de telles impietez, quand ces
heretiques nous menaceraient de mille morts. Mais
que difons-nous, que penfbns-nous, qu’avons-nous
enfèigné , qu’enfeignons-nous encore ? Que le fils
i n’eft point non-engendré,ni portion du non-engendré
en aucune maniere , ni tiré d’aucun fujet. Mais
que par la volonté, & le conferí dupere, il a fubfift®
avant les tems & avant les fiecles, pleinement Dieu,
fils unique , inalterable, & qu’avant que d’être en-
[ gendré, ou créé , ou terminé, ou fondé, il n1’étoit
pas ; car il n’étoit pas non-engendré. Nous fom-
mes perfecutez pour avoir dit : Le fils a un commencement
, & Dieu n’en a point. C’eft pour cela
qu’on nous perfecute ? & pour avoir d it, qu’il eft
tiré du néant. Ce qué nous avons dit »parce qu’il
n’eft , ni une portion de Dieu, ni tiré d’un fujet.
C’eft pour cela qu’on nous perfecute.. Vous fçavezle
refte. je fouhaite que vous vous portiez bien en nôtre
Seigneur, & que. vous vous fouveniez de mes
affligions, pieux Eufebe Gollucianifte..' Telle furia
lettre d’Arius