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Egypte & en Orient, il vit la divifîon des églifes, la
perfecution des plus faints évêques & les défordres
que prodmfoient par-tout les violences des Ariens.
Il en fut feniiblement touché, & cherchant la caufe
d’un fi grand mal, il crut l’avoir trouvée en cette
B »fu.de judic. parole de l'écriture : En ce temps-là il n’y a voit point
n.xx. de roi en Ifra ë l, & chacun faifoit ce qui lui plaifoit.
C ’eft ainfi , dit-il, que nous vivons : il femble
que Dieu ne foit plus notre roi : nous méprifons fa
fainte lo i, pour nous faire chacun nos maximes particulières
, nous fuivons des traditions humaines &
de mauvaifes coutumes , nous ne confiderons pas ce
y„.y,.3s. que dit Jefus-Chrift : qu’il eft defeendu du c ie l, non
pour faire fa volonté, mais celle du pere qui l’a cn-
jo.vn-n- vo ie , & qu’il ne fait rien de lui-même : que le faint-
Efprit ne dit rien de lu i , mais ce qu’il a entendu.
S. Bafile montre enfuite par les exemples de l’ancien
& du nouveau teftament, avec quelle feverité Dieu
punit les moindres défobéillances. Par ces confide-
rations, il crut devoir faire un recueil de ce qui eft
plus expreiTément marqué dans les faintes écritures
, comme agréable ou défagréable à Dieu : pour
fervir aux perfonnes pieufes à s’éloigner de leur volonté
propre, de la coutume & des traditions humaines
; & s’attacher uniquement à l’évangile. Ce
recueil eft compofé de quatre-vingt articles tirez du
nouveau teftament ; & ne contient que les paroles
de l’écriture-.
Les autres traitez afcetiquesfont les réglés de deux
fortes : les grandes dont chacune eft plus étendue ,
mais qui font moins en nombre : car il n’y en a que
L i v r e q t j a t o r z i e ’m e . J 4 7
cinquante-cinq : les petites dont il y a jufques à trois
cens treize articles, mais plus courts. Les unes & les
autres font par maniéré de queftions du difciple &
de réponfes du maître. Les grandes réglés contiennent
les principes de la vie fpirituelle expliquez à
fonds, & toûjours par l’autorité de l’écriture : les
petites entrent plus dans le détail : mais ni les unes
ni les autres ne contiennent guere de préceptes, qui
ne foient à l’ufage de tous les Chrétiens : il y en a
peu qui ne conviennent qu’à des folitaires. Les dif- iT. r
ciples de faint Bafile étoient Cenobites vivans en
communauté : auffi le païs étoit trop froid, pour fe
pouvoir écarter dans les deferts comme en Eg yp te ,
& vivre en, Anachorètes. Quelques-uns attribuoient s,iom. pir. C.I+;
ces afeetiques à Euftathe de Sebafte, qu’ils croïoient *;nf Rxf:
auteur de la vie monaftique dans l’Armehie , la Pa- WfÊÈ
* , . 1 « *1 n n y-i r Cod.Regul.tem, phlagome & le Pont : mais il elt conltant qu ils lont i*
de faint Bafile, entr’autres par l’autorité de Rufin
qui vivoit dan,s le même temps, Sc les traduifit en
latin. Au refte, ces moines de Cappadoce fervirent
depuis très - utilement l’éghfe contre les herefies ss««.vi.r.ir-
d^unomius & d’Apollinaire : car l’autorité que leur
avoit acquife leur fainte v ie , retenoit les peuples,
dans la doétrine catholique. Saint Bafile eut pour
compagnons de fa retraite fes deux freres-, faint Gre- b
goire depuis évêque de Nylfe & faint Pierre depuis B'
évêque de Sebafte, qui prit foin après lui de la conduite
de fon monaftere. Celui-ci étoit le plus jeune
de tous les freres. Il perdition pere en venant au
monde, & fa foeur fainte Macrine lui tint lieu de
pere, de précepteur & de toutes chofes. Elle l’éleva
Z z z ij