
Vous la lèverez en fuite de deffus là platiné avec
l’amaffette , & la ferez tomber avec \m liteau de
vérre, qui l’en détachera dans le plaque-lein de
cuivre ou de plomb, plus fin*"Ion bord que dans le
Fond ; puis vous verfèrez fur cette couleur du lavis
ou eau de gomme, dont voici la préparation.
Prenez fix ou fèpt grains dé gomifte d’Arabie
bien sèche ; mêlez-y fix ou fe.pt gouttes d’urine , &,
de votre couleur noire autant qu’il en fera bèiôin
pour rendre ce lavis fort clair.
Pont bien faire, il faut que la couleur noire fbit
dans un petit baffin de plomb , toujours couverte
de ce lavis, afin qu’elle ne fe defièche pas fi-tôt.
Ce lavis fèrt .pour la première ombre & la demi-
teinte.
On peut fiibïîituer, à ïa pièce de fix ou fèpt
gôlLîêS d’urine , fix où fè<pt gîains de ïèl : ce qui
eft plus cônvenèMè & plus propre, dans le cas où
font les peintres fut votre d'appointer ou preffèr leurs
pinceaux fur le bord de leurs lèvres , pour les tenir
pointus*
Ces àïtiftés, -fafts donner l'a dofè de la gomme,
difèht d’en piler & de la broyer tant fbit peu, de
la mettre dans une bouteille où l’on fera entrer
telle quantité d’eau que l’on voudra , plutôt moins
que trop.
Pour là gàtdét toujours, ajoutent-ils, il Faut l’en-
treteniî d’eauvfihon elle fè sèchetoït & deviendront
comme dû îàvon-, quand il faudrait s’en fèrvir pouf
broyer, & dès-lors fe trouverait-hors de fèrvice.
îi ne faut employer au furplus la gomme datrs
aucune couleur, que lorfque la couleur efè fufiîfà'm-
xnent bfo.yée.
Quand vous voudrez travailler, continuënt-îls,
penchez le plàque-fein, afin que l’eau gommée s’incline
toujours vers le bas ; mouillez enfuite votre
pinceau dans l’eau ; trempez-le dans la coulent
épaifiè ; efîayez-en fur un morceau de verre , -adëu-
ciftez-ïa avec le balai. ,
Lorfque vous Voudrez rèccnnofcre fi votre couleur
eft sèche -, vous paierez la langue dèfîùs.
. -Si à la trotnème fins la couleur ne s’effiice pas,
travaillez-en ; fi elle s’efface , remettez^-y de l’eau
de gprame..
Si elle tie tenoït pas encore, il faudrait y faite
difioudre gros comme un pois de borax de roche.
Enfin, ils terminent cet article par répéter qu’il
ne faut jamais tant broyer d“e noir à la fois, & qu’il
vaut mieux recommencer plufieurs fois, parce que
cette Gôal'eutqui eft la principale- de toutes pat
le deffin qü’èlle exprime fèule , & qui fèrt de fond
à toutes les autres , s’emploie mieux lorfqu’ellê eft
fraîchement broyée.
Couleur blanche.
Les recettes enfèignées par Kunckel pour faire
les couvertes blanches , quoique miles au rang des
émaux Communs aux peintres fur verre & aux
faïenciers, ayant fingulièrement trait à la faïence
& à la peinture en email, je les paffe ici fous fî-
lence, & me contente de celles qui fiiîvent.
Prenez du fabîon blanc ou d’Etampes, ou de
petits cailloux blancs ttanfpârens ; mettez-les rougir
au feu dans une cuiller de fer : jettez-les enfuite
dans une terrine d’eau froide pour les bien calciner,
& réitérez plufieurs fois ; fa'ites-les fécher : pïlez-
les bien dans un mortier de marbre avec un pilon
de même matière OU de verre ; broyez-les fur le
caillou ou fût le marbre, pour les réduire en poudre
impalpable.
Mêlez à cette pôüdre une quatrième partie de
falpétre ; mettez le tout dans un creufèt : faites
bien calciner.
Pilez de nouveau, faites Calcifier pour une troi-
fîèmé fois à un feü plus vif que celui des calcinations
précédentes. Retirez le tout du creufèt, &
gatdez-le pour le befbin.
Pour vous en fèrvir à peindre , vous en prendrez
une once; vous y ajouterez autant de gypfè, après
l’avoir bièïi coït fürlès charbons, de manière qu’il
fbit très-blanc & qu’il fe mettë en poudre , & autant
de racaille.
Vous brôietez bien le tout enfemble fur une
platine de cuivré un peu creufè , avec une eau
gommée, 8c cela jufqU’à ce qu’elle fbit en bonne
confiftânce pour être employée dans la peinture ;
& votre blanc fera préparé*
On peut encore prendre, pour faire cette couleur,
deux portions de cailloux blancs , que l’on
aura fait Calcifier au creufèt & éteindre dans Peau
froide; deux portions de petits os de pieds de
moutons brûlés 8c éteints de même, & deux portions
' de rocaille jaune : broyez le tout comme le
noir, & y mêlez de la gomme d’Arabie.
Oansüfi ca's prenant, ou l'ë temps néceftaire pour
la pféparat'iôfi de çès compofîtions manquerait-, on
pëlït employer pourlë blanc, en peinture fur verre,
îâ rôtèiîl'ejâune îeule , en la broyant finement ,
& la lavant à plufièurs féprilès après l’avoir broyée.
Ce blanc, à la vérité, ne fera pas d’une fi grande
blancheur ; mais il ne fera pas faits effet»
Quelquefois*, pour donner à la rocaille plus dé
blancheur, on y ajoute moitié de fbn poids de gypfè
brûle 'Sc blanchi comme on a dit -, c’eft-à-dire, fur
deux onces de rocaille une once de gypfè, broyée
enfemble fur ï’écaille de mer auffi long temps que
le noir & de là mêii&é manière*
Quelques-uns n’emploient, pour faire le blanc,
que la rocaille toute pure, pilée & broyée, non
fur un baffin de cuivre , ce qui changerait le ton
de la couleur, mais fur une table de glace ou de.
gros verre de Lorraine , d’environ un demi-pouçe
d’épaiffeur, montée à plomb fur un ebaflîs de bois,
& cimentée avec le plâtre.
La molette eft de verre, telles que les liffcires
dont les blanchifïeufès fè fervent pour repayer certaines
pièces de linge.
Cette couleur , dit-on , eft fujette à noircir au :
feu j à moins qu’elle ne fbit couchée fort déliée.
Quant 2 la manière de préparer la rocaille, ils
ne font qu’ajouter au fable blanc ou aux Cailloux
îuifàns &. tranfparens trois fois autant de mine de
plomb rouge, & une demi-fois de falpétre raffiné ;
& ils ne font paffer le tout qu’à une calcination à ;
un feu vif de cinq quarts d’heure fèulement, à
çaufè de la quantité de mine de plomb , qui y entre
pour en hâter la fufîon. ~
On connoit qu’elle eft fuffifamment liquéfiée ,
lorfque le filet de matière tirée du creufèt avec le
bout d’une verge de fer , quand il eft refroidi, paraît
glacial & uni.
Couleur verte,
Pour faire le verd, prenez, fuivânt Kunckel ,
une partie de verd de montagne , une partie de
limaille de euivre , une partie de minium , une
partie de verre de Venifè ; faites fondre le tout
enfèmble au creufèt, vous aurez un très-beau verd :
vous ferez même le maître de vous - ën fèrvir fans
l’avoir fait fondre.
Ou prenez deux parties de minium , deux parties
de verre, de Venife, une partie de limaille de
cuivre ; faites, fondre ce mélange, broyez & vous
en fèrvez..
Ou prenez une partie de verre blanc d’Allemagne,
une partie de minium, une partie de limaille
de cuivre ; faîtes fondre ce mélange ; broyez
enfuite la mafFe : prenez deux parties de cette
couleur , & njoutez-y une partie de verd de montagne
; broyez de. nouveau, vous aurez un très-
beau verd.
Suivant Félibien, le verd fe fait en prenant de l'*s uftum ou euivre brûlé , une once ; de fable
blanc , quatre onces ; de mine de plomb, une
once : on pile le tout enfemble dans un mortier
. de bronze : on le met pendant environ une heure
au feu de charbon v if dans un creufèt couvert : on
le retire;, lorfqu’il eft refroidi, on le pile dans le
meme mortier ; puis y ajoutant une quatrième partie
de falpétre, on le remet au feu jufqu’à trois
fois, & on l ’y laiffe pendant deux heures & demie
ou environ.
On tire enfuite la couleur toute chaude hors du
creufèt ; car .elle eft fort gluante. & mal - aifée à
avoir.
Il eft bon , avant î’epéràtîôn , de luter les
eréufets avec le blanc d’Efpagne, parce qu’il s’en
trouve peu qui aient la force néce(faire pour ré-
fifter au grand feu qu’il faut pour ces calcinations.
La reçetté donnée par M. de Riancourt, admet
les mêmes matières , maïs à des dofes différentes.
Prenèz, dit i l , deux onces d’*-? ufium, deux onces
de mine de plomb , & huit onces de fable blanc très-
fin : pilez 8c broyez bien lé tout dans le mortier
de bronze ; ajoutez-y une, ' quatrième partie de fon
poids de falpétre , les broyant & lés mêlant bien
enfèmble.
Mettez le tout dans le creufet couvert & luté *
au même feu, pendant près de trois heures ; ôtçz
enfuite votre creufet du fourneau.; tirez - en tout
aufli-tôt la matière avec une fpatule de fer rouge ,
parce qu’elle eft fort gluante.
Tout le-fècret', remarque-1-il, pour bien faire
cette couleur, dépend de la calcination des matières,
& d’avoir des creulèts lûtes dHm très - bon
lu t , parce qu’ils relient pendant long-temps expo-
fés a un feu vif.
Selon mes fècrets de famille , dit M. le V ie i l ,
; on doit, pour faire cette couleur, prendre un poids
de mine de plomb ,' un poids de pailles- dé cuivre
& quatre poids de cailloux blancs; faire d’ahord
calciner le tout fans falpétre,, laîflèr refroidir ,
piler au mortier de bronze, calciner une fécondé
fois en ajoutant une quatrième partie de falüêtre ,
lailferrefroidir de nouveau, piler encore , recalciner
une troifième fois en- mettant de nouveau fai-
pêtre, le bfoy.er pour s’én fèrvir.
Ou prenez un poids de mine de plomb rougé
ou minium, un poids de limaille de cuivre jaune,
que vous ferez premièrement calciner dans un four
de verrerie ou de faïencèrie.
Vous pilerez enfuite & paflèrez par un tamis
bien fin ; puis vous prendrez quatre fois autant de
cailloux calcinés. & pilés très-fin.
Vous mettrez le tout enfèmble dans .un creufèt
de terre bien net , & le ferez calciner pendant
deux heures à un pareil fourneau , après l’avoir tarai
fé par un tamis fort fin : vous pilerez & tami-
fèrez de nouveau : vous y mêlerez une troifième
partie de falpétre : vous ferez recalciner le tout
encore deux heures : vous pilerez & tamiferez de
nouveau.; puis y ajoutant une huitième partie de
falpétre , vous calcinerez votre compofition pour
la quatrième fois , & vous verrez merveille.
L ’expérience , qui nous apprend que le mélange
du jaune & du bleu donne une couleur verte , a
A a. 1