
On peut encore retirer du fel de fbignette de
l ’eau-mère qui refte après les premiers cryft'aux
qu’on en a obtenus. Pour cet effet on noie cette
eau-mère dans le triple de fou poids d’eau commune*
On la« fait chauffer, crn. y ver fa de- la
crème-de‘tartre qui;y- produit une nouvelle effer-
vefcence, on filtre la liqueur , on la met- à’ évaporer
& à.cryftallifer.
Sucre ou f e l d e Saturne,
Cfeft un fel neutre , compofê de l’acide du vinaigre
combiné jufqu’au point de faturation
avec le plomb-. Ce fel eft nommé auffî fucre de
Saturne, parce qu’il a une faveur douce & focrée.
Ce fel eft d’ufage dans quelques arts, fur-tout
dans la teinture, pour aviver le rouge de la garance.
Voiçi.le. procédé de fa fabrique indiqué'par
M. de Machy.
On met dans un grand .jarre de. terre vingtrcinq
livres de blanc de plomb , ou a fon défaut de
litljarge, & on verfe. .deflus depuis cent jufqu’à
cent cinquante pintes, de vinaigre diftill'é.’
L e jarre eft placé dans um endroit chaud vprès
des fourneaux qui fervent à la diftillation du vinaigre
; on agite ce mélange avec un long bâton ;
& -lorfqn’on ne voit plus naître d’effervefcence,
on laifle dépofer, on puifé la liqueur claire avec
de grandes cuillers en bois l ’on emplit une
chaudière de plomb encadrée dans fon fourneau,
comme les cuves de teinturiers.
On allume un fëu doux , & on laifle évaporer
lentement jufqu’à ce qu’une goutte de la liqueur
piife fur un lieu frais s’y congèle fur de- champ.
Alors on- a- des efpèces de formes ou auges
quajrées de; la grandeur & de la forme des, poids
de fer d’un demi-quintal.
Ces auges, fent de terre cuite,&. verniflee, & ont
vers le fond un trou qufen tient bouché avec un
petit tampon de hais»
On emplit Ces fermes , on l’es range dans l’e-
tuvé, & oh verfe fur chaque forme un poiffon
au plus ou. quatre onces de forte eau-de-vie: ou ■
d’efprit-de-vin ; cet efprit- fait, fur- chaque: forme un
limbe qui empêche 1?évaporation..
Au bout de huit à dix jours ,..ou plutôt des qu’on
voit les formes pieines. de eryftaux, air les retire
de l’étuve; on ôte les boudons , & on laiflè éc-on-
1er. ce qui eft liquide dans des cuvettes; de plomb ;
on verfe encore un peu d’efprit, de? vin. fur J es
formes , & l ’on' achève de laitier égoutter^, .
On retrouve le fel de fàturneen.aigmBj0s, déliées,
çonfufes ;.onle met à. féçher un peu à l ’écreve, & en
Jç ferre dans- les, boitas.
Çe qui eft égoutté eft ordinairement épais çpmnrç
de l'huîle; c’eft une diflbîution de plomb qui nV
pas aflez de vinaigre : en la délayant dans de
nouveau vinaigre , la filtrant & la mettant à évaporer,
on en retire jufqu’à la fin du fucre de
faturné, dont à la vérité les cryftaux font un peu
jaunâtres.
P Y R G P H O Ri E.
Le pyrophore , dit M. Macquer ,eft. une préparation
chymique, qui a la propriété fingulière de-
s’allumer & de prendre feu d’elle-même, quand
onl’expofe à l’air-,
C ’eft M. Homberg qui a, fait cette découverte *
& c’eft le hafard. qui.la lui a préfentée, comme cela>
eft arrivé, à beaucoup d’autres., Ce chymifte avoic
beaucoup travaillé for la matière, fécale humaine-v
pour, en retirer une huile limpide & fans mauvaife
odeur, qui devoit fixer, lui avoit-on d it, le’mercure
en argent fin : il trouva l’huile conditionnée'
comme on là démandoit, mais elle ne fixa pas le
mercure , ce que fans doute, on n’aura pas de-peine
à croire.
Comme il.avoit mêlé lafubftance fur laquelle il
travailloit avec différens intermèdes, il fut fort fu-r—
pris qu’ên. retirant d’une cornue refroidie depuis
quatre on cinq, jours, le caput monuumd’im de ces
mélanges , cette matière prit feu & fè mit à brûler
fortement auffi-tôt qu’elle fut hors de la cornue: i l
fe refFouvint que ce réfidu étoit celui d’un mélange
d’alun & de matière fécale humaine qu’il avoit
diftillé, &. dont il avoit retiré tous *lgs produits
jufqu’à faire rougir; la cornue; il ne manqua pas de
réitérer ce procédé , &- en obtint le même réfultat*
Lorfqu’il en fut bien afluré, il publia fa découverte.,
La plupart des chym-iftes & phyfîciens répétèrent
fon procédé , & là préparation qui en réfulta fut
nommée pyrophore,
On s’eft conformé pendant long-tems avec exactitude
au procédé publié par M. ITomherg:, pour
faire le pyrophore , & l’on employoit; par eoitfé-
quent la matière fécale humaine, parce- qu’on la
croyoit abfolument néceffaire à 'la rénfEte" de IV-
pération, faute d’en connoître la théorie : mats le-’
plus jeune fils de Nicolas Lémeri, ayant travaillé
for ce procédé , trouva qu’on pou voit réuftir également
bien à’ faire du pyrophore , en fubftituant à
la: matière féea’e , du miel, de la farine, du fucre,
eit-im mot., une matière végétale ou animale quel-»
coiiquè. Mémoires de l ’académie 1714.
Depuis, M. Lejay de Suvigny , foéteur- en médecine
, homme très-inftr.uifc dans les feiences .phy-
fiques dç. mathématiques , a communiqué à l’académie
un mémoire rempli d’expériences fur le pyrophore
, dans lequel il. généralife encore, beaucoup ce
procédé , & en donne la vraie théorie. Il y démontre
que. l ’alun n’eft point le feul fel avec, lequel'qu
puHFe- %çre çettç préparation, mais que
la plupart des fels qui contiennent Üacidevitrio-
lique peuvent lui être fubftitués, :ce qui jette beaucoup
de lumière fur la théorie de cette opération.
Ce mémoire de M. Lejay èft imprimé dans le troisième
volume du recueil de eétix des cofir'èfpondans
ae l’académie.
Quoique l’alun ne foit pas -àbfolument néceffaire
pour-faire le pyrophore , ainfi que le démontre
M. -d;e. S u v ig n y , cependant c’eft un des fels vit-rio-
liqucs qui réiifïit le mieux'. Voici'un procédé très-
comtnodé pour faire cette préparation.
O11 mêle enfemble trois parties■ d’alùn & une partie
de fucre; on fait deflecher ce mélange dans m ne
poêle de fer fur un feu modéré,-julqu’à ce qu’il foit
au point -de fe mettre en poudre , •& préfque réduit
en matièrercharbonneufe. Gomme 011 a dâ-de remuer
continuellement pendant cette déification avec une
fpatule de fer , la lïtatière fe trouve après cela..ré-
duite eft une efpèce 'de poudre groflîèrè noirâtre
: s’il en reftoit des maffes ou dïs morceaux un
peu gros', il faudroit les concàflèr.
, On met cette poudre dans Un'matras de verre,
dont le col doit, être p’utot étroic que large , & de
fept à huit pouces de longueur ; on 'place ce matras
dans un creufet-, ou autre vaifleaü'Jde ^erre ,
de grarfdeur fuffifante pour contenir toute la panfe
du màtras, avec environ TépailTëUr d’un doigt
d’efpàce tout autour; On emplit ce vaiffeau de fa-
blon , de manière que la panfe du 'mattâs en fort
environnée de tous- côtés : on place cet appareil
dans un fourneau qui puifle chauffer affei pour
faire bien rougir le creufet .& le matras ; on chauffe
par degrés, pour-faire partir d’abord tout Ce'qui peut
rëfter d’huileux & de foligineüx -dans la matière. .
Enfuite on fait rougir le matras ;ü en fort beaucoup
de vapeurs fulfup£ufeà : on foutiëht ce.; degré
de feu jüfqu’à ce qu’une : flamme- vraiment folfu-
i-eufe qui paroît fur :1a fin-de l’opération , à -l’ou-
Vetture' ; du matras ,. tait fubfïfté • pendant un, petit
^üa'tt-dfoeurë. Alors on laiffe léceLndte -le feu_,-
‘refroidir le matras -fans le tirer de fon crëufet ;
■ quand il commencé à fe.-dérougir,, on le, bouohe
-avec Un bouchon de liège, & avant qu’il foit en-
tiètemént froid , ;oïi 4e'retire du feblë, pour ver-
ffer 'promptement la Jpoudre qu’il; contient dans un
flacon de- cryftal bien fec ; .on. ibnuche -■ ce: flacon
aufli-tot avec fon bouchon de-'cryftal.
’Si l’on vêtît Gohfèrver.ilong-tems -le^pyrophore
-dans -toute 'fa bonté ; i l faut que 4e •flacon -qyi 4e
'cohtient , 'noh-fëU‘lem'elit 1rfoit ..'parfaitement' bien
»bouché , n-iâi-s encore -ne le déboucher quelle moins
Touvént qu’ on ■ peut -, • & feulement dorfquVn veut
■ s’en férvir.
Il arrive quelquefois "que le pytophore s’allume
en partie, lorfqu’on le verfe du tnàtrâs -dans fe
flacon; mais cela ne doit pas empêcher de lé v'eTfèt
toujours pfoinptëftië*ït~: i l ne ;s’en cOnfume ique
peu dans cette occafion, & il s’éteint aufïî-tot qu’il
eft dans fon flacon bouché.
Lorfqu’on veut faire l’expérience du pyrophore,
on en met environ un demi-gros fur une feuille
de papier ; on le voit, lorfqu’il eft bon , prendre
feu de lui-même peu de teins après qu’il a été expo-
fé à l’aélion d;e l’air ; il devient rouge comme des
charbons ardens, il s’en exhale Une vapeur fuifu-
reufe très-forte , & il ‘met bientôt le feu au papier
qui lé Toutient, ou à tout autre corps combufli-
bie auquel il touche.
Çette préparation n’a* point eu d’autre ufage
jüfqu’à ‘ préfent, que celui de donner aux curieux
le fnedacle véritablement furprepant d’urie fu-bftance
quiporte ;en -ël-ié-mêm;e un principe de Feu capable
de s’embrafer tout feul, & qui plus inflammable
que les corps les plus cotnbuftibles que l’on
çpnnoiffe, s’allume fans avoir befoin-que Tignition
lui foit : communiquée par quelqu’autre matière actuellement
brûlante.
Mais- lés phénomènes qu'elle .préfente font bien
propres à 'confirmer .’là théorie de S thaï fer la
cbmpofition artificielle du foufre , & à donner une
preuve bien frappante de la force & de l’aétivité
prefqu’ih'croyable, avec leî^uelles l’acide vitrloli-
qùe amené aü plus haut degré dé concentration ,
fans cependant être entièrement combiné, s’unit
avec l’humidité qu’il trouvé ’dans l ’air.
En effet, on ne peut .douter , premièrement,
qu’il nevfe ferme du foufre dans l ’opération du
pyrophore; çar il eft démontré par les expériences
que S t h a ï a faites fur cette matière,''que l’acide
vitriolique engagé'dans une bafe quelconque, quitte
cette bafe pour 's’unit au principe inflammable
toutes les fois qu’on le lui préfente avec les cir-
conftances nécéflàires à cette union : or toutes
ces circonflasices ^concourent .dans i’occafîon pré-
fentè ; donc -il fe forme réellement du feufre.
D'ailleurs, quand même nous n’en aurions .pas
cette preuve, la flamme fulftireûfe que* l’on voit
au haut du 'matras dans lequèl ■ on- fait- le pyrophore, 4’odëur -marquée- de foufre-îqu’exhale 4e pyrophore
en 'brûlant, enfin le foufre même tout formé qu’on
en peut retirer, démontréroient fuffifemment cette
•vérité.
En fécond lieu , il eft très-probable 'què fotft
•l’acide vitrioliquè de Ife-lun mfeft-ipoint employé à
former dufoufre idans l’ooération du pyrophore-,
non pas qu’il ne trouve a fiez ;de principe inftam^
-mahle.dài-is 4a 'fubftan.ce végétàle-ou animale-'ayec
-laquelle il eft mêlé , mais; plutôt, parce qufen : ne
4ui<-en 5dotinetrpàs. 4evtem&,; obmtée mous, le verrons
iiiceflârnmentv -,.
Cela p o fé ,L L y a tout lieu de croire que la
portion derl’aedde dM ’aluu qui n’a p?s eu 1 extern s
•d’ehti'er dans -la. cornbinaifon -du-foiifre ;-parfait, fe
•trouvant d’une, part à demi dégagée :de fa terre