
Le Vitriol calciné fè prépare avec le yïtriol crud
pour faire la couleur rouge, comme on l’a dit ci-
devant pour l’ochre écarlate.
Avec moins' dé fondant j il donne un rouge ti-
. rant fur l’orangé ; & avec plus de fondant, un
jaune tranfparent plus vif.
9 °» L’antimoine eft propre à produire une couleur
jaune, & même un fond d’émail blanc comme
nous l’avons déjà .dit.
Cette, matière eft fort utile & d’un grand ufage.
C’eft un demi-métal qui, par (à texture, le prépare
en le broyant.
En calcinant l’antimoine avec (on pareil poids
de nitrè, ou même moins , on obtient une couleur
orîîhgée.
Toutes les parties d’antimoine ne le refïèmblent
pas.
Il en eft de viciées par un lôufre minéral : d’autres
en font moins chargées. Mais l’antimoine eft
à iî bon marché, qu’on' peut établir aifément un
choix entre le bon & le meilleur.
Lé verre d’antimoine eft lui - même un beau
tranfparent orangé : mais comme il n’a pas de
corps, on ne peut s’en fèrvir qu’en le mêlant avec .
d’autres liibftances plus eorporeesf
Ce verre eft à très-bon compte.
On e.i tire beaucoup de Venife,
w Il faut cependant être très-attentif à la falfîfica-
îion qui peut s’en faire par des mélanges d’autre
verre. Une couleur trop, foncée eft un.indice affez
sur de la faififi cation.
io°. L e mercure ou vif-argent fèrt quelquefois
dans là peinture en émail ; mais avant de l ’y employer',
il faut le préparer par quelqu’opération chy-
inique.
% Les deux opérations qu’on en fait pour s’en lèr-
jtni en médecine , font également propres ici.
Le produit d’une de ces opérations fe nomme le
turbith minéral.
Il fait par le mélange du mercure de vitriol, airtfî qu’il liut. avec l’huile
Prenez vif-argent pur & l’huile de vitriol , de
chacun fix livres ; diftillez le tout à grand feu ,
jufqu’à ce que le récipient ne donne plus de fumée.
peuPto uleff efzu plep ofretuer .auffi vivement que le fourneau
Quand la retorte eft froide, otez-la du bain de
fa b le , & rompez-la.
Prenez la malle blanche qui le trouve au fond ;
réduifèz - la en poudre groflière dans tin mortief
de verre : verfèz-y de l ’eau : votre poudre deviendra
de couleur jaune. Pilez le tout dans le mortier
: réduifez-le en poudre lavez votre compofi-
tion à meliire, & laiffez fécher le tout, qui fe iér
duit en maffe.
L ’autre préparation du mercure fournit un rouge,
en fè précipitant , qui donne une belle écarlate,
mais fiijette à perdre la couleur au feu : comme
on peut le procurer cette préparation à affez bon
compte, en l’achetant comme remède utile en médecine,
lôn opération étant d’ailleurs très-délicate,
je n’en donnerai pas, dit notre auteur, le procédé.
Mais il eft bon d’oblerver lur cette leconde'préparation,,
qu’employé dans la peinture.en émail,
la couleur qu’elle donne ne peut paffer deux fois
au feu fans perdre/toute fa fùbftance. Elle eft à
cet égard d’un moindre avantage que la première
préparation.
i i °. L ’orpiment produit encore un beau jaune;
mais il eft auffi très-délicat au feu, & demande un
fondant trop doux. L ’antimoine y lùpplée entièrement.
t î °. La brique pulvérifée donne auffi ce même
jaune ; mais comme elle n’agit qu’en conféquence
de l’ochre qu’elle contient, elle eft certainement
inférieure aux ochres dont noiis avons parlé, d’autant
plus qu’elle eft fujette à de grandes impuretés.
Elle exige d’ailleurs plus' de fondans que l’ochre
pur ou le fer calciné.
Si l’onfe fert de la brique, il faut choilir la plus
rouge, & celle dont le tiffu eft le plus doux & le
plus égal. C’eft pourquoi on préfère celle de Windfor.
13 °. Le tartre s’emploie encore, non qu’il ait des
qualités propres à la teinture, mais à caufè de fà
propriété à modifier la manganèfe,
On choifit a cet effet le tartre rouge crud, auquel
il ne faut d’autre préparation que de le purger
de fes impuretés , en le broyant.
De la compofition & préparation des fondans prdprés
a la peinture en émail,
On connoîtfa beaucoup mieux l ’efficacité des
différons ingrédièns qui entrent dans les compofi-
tions propres à ce genre de peinture, en faifànt une
recherche attentive & foutenue de leur nature &
de ’ leurs'effets, que par les recettes particulières.
Je-vais neanmoins, dit notre auteur, en donner une
fuite complète, en commençant par les fondans.
Deux fortes de matières s’emploient dans la compofition
des fondans. Les unes ont un grand penchant
a vitrifier & a fondre. Elles n’ont pas feulement une
capacité paffiye de devenir verre , elles ont encore
celle de rallier & vitrifier tous les corps fiifceptibles
de vitrification.
Les fels, le plomb & l’arfènic font de cette efpè-
ce ; mais comme les fels vitrifiés feuls font très-diflp-
lublespar leur humidité, le verre qu’ils produifelit,
fe corrode à l ’air, devient obfcur & perd fon luftre;
de forte qu’il faut combiner ces fùbftances avec d’autres
corps qui en rendent la compofition plus durable.
Ççs correâifs qui font l’autre efpèce de fùbftances
plus folides que les précédentes, font les pierres, le
fable, & toute matière calcaire.
Etant parfaitement blanches & réfiftant à la corro- 1
fion, elles'donnent de la fermeté à la compofition, !
fans altérer les ingrédièns colorans, à moins que 1
leur faculté vitrifiante ne vînt à s’affoiblir avec le
temps, & qu’en leur qualité de fondans, elles n’euf
fent pas contrafié la folidité de quelqu’un de ces
ingrédièns qui ne les auroient pas pris en fociété.
Le fondant le plus a â if entre les fels eft le borax.
Après lui le plomb, qui, fe vitrifiant à un feu mo- ;
déré , communique cette propriété non-fèulement 1
à toutes les.terres, mais auffi à tous les métaux &
demi-métaux, excepté l ’or & l’argent.
L ’arfènic tient le troifîème rang; mais il faut le
fixer en y.joignant quelqu’autre corps déjà vitrifié,
fans quoi il fe fublimé avant d’arriver au degré de I
chaleur néceffaire à la vitrification.
Lés autres fels ont auffi la qualité de fondans, '
& fur-tout le fèl marin , qui néanmoins ne fuffit
pas pour former un fondant affez doux. Mais comme
tous ces fels ne font point colorans, ils font d’un
fort bon ufage réunis avec le plomb, ou du moins ,
avec le borax.-
La manière de préparer tous les fondans eft la
même. Il faut les broyer enfèmble fur une pierre '
de porphyre ou fur une écaille de mer., avec une
molette de même matière, ou bien avec un pilon
d’agate de même fùbftance. S’il falloit en préparer
une forte quantité,, on pourroit fe fervir d’un mortier
& d’un pilon de gros verre commun.
La matière bien broyée.& pilée fe met dans des
pots ou çreufèts^ qui demandent un grand choix.
Ceux de Sturbridge font préférés par les anglois. 1
Qn met le creufet.au fourneau à feu de charbon
ordinaire , parce que, quoiqu’un grand feu accélère
la vitrification, il la rend plus dure en altérant la
qualité du fondant.
Quand la vitrification paroît faite , c’eft-à-dire,
lorfque la matière en fufion ne produit plus d’ébullition
au dehors , il faut l’ôter du feu , la verfèr
fur une plaque ou .dans un mortier de fer fans rouille,
la pulverifèr lorfqu’elie eft refroidie & la gardçr
pour s’pn fervir.
Shl paroît quelque faleté' fur la fùrface , il faut
avoir grand foin de l’enlever, avant de réduire la
matière en poudre.
Le verre de plomb, quoiqu’il foi't un fondant
très-doux, ne veut pdint être employé fèul.
L ’air venant à le corroder, l’émail fè terniroit.
Il eft néanmoins utile d’en connoître la prépara-,
tiçn ; & quoique fes ingrédièns puifient fe lier avec
ceux des matières colorantes & des autres fondans,
il vaut mieux les vitrifier féparément. Cela fèrvira
beaucoup à les purifier des ordures qui fe forment
dans la première fufion. Voici la manière de préparer
le verre de plomb.
Prenez deux livres de mine de plomb rouge, une
livre de cailloux calcinés 8c broyés , ou , à leur
defaut , une livre de fable blanc pulvérifé très-fin.
Vitrifiez-le - tout, & le préparez à l ’ordinaire.
Nôtre auteur donne enfùite la compofition de
plufîeurs fondans.
Fondant ordinaire modérément doux, N°. 1.
Prenez une livre de verre de plomb, fix onces
de cendres gravelées & deux onces de fel marin.
Procédez comme aux autres fondans.
Ce fondant eft à très-bon marché , & fera d’un
fort bon ufage par-tout où une teinte de jaune ne
peut nuire, comme auffi dans les compofitions qui
ne demandent pas un fondant très-doux.
Fondant doux ordinaire. N°. z.
Prenez une livre de verre de plomb, fix onces
de cendres gravelées , quatre onces de borax & une
once d’arfènic. Préparez le tout â l ’ordinaire.
Ce fondant eft très-doux 8c très-propre à vitrifier
beaucoup de- fàffre, de poudre précipitée & de
chaux de métaux : d’où il eft très-bon pour former
des couleurs très-liffes. ■
On peut s’en fèrvir par-tout où l’émail ne doit
paffer qu’à un feu modéré.-.
Fondant tranfparent\ parfaitement blanc & modéré-*
ment doux. N°. 3. -
Prenez une livre de cailloux vitrifiés & bien
pulvérifés , fix onces dë cendres gravelées, deux
onces de fel marin & une once de borax. Prépares
comme dit eft.
Ce fondant eft propre pour les - pourpres , cra-*
moifîs. & autres couleurs, où il ne .faut point de
jaune , comme auffi pour le blanc le plus pur.
Il eft plus dur que le fondant enfeigné'ail ri®. 15
mais ôn peut le corriger par une proportion dè bd«