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P O I S S O N S (Art relatif aux).
1SJ o T R e objet efl de rapprocher dans cet article
plufïeurs procédés épars, relativement aux poiflbns
8c à quelques avantages particuliers que le commerce
& l’induftrie favent en tirer.
On fent que ce n’eft point dans ce dictionnaire,
que Ton doit traiter l’hiftoire naturelle des poif-
J'ons , ainfî que les pêches, & les autres connbif-
fances de cette grande peuplade du règne animal.
Il en» fera parlé comme il convient, dans d’âu-
tres divifîons de l’encyclopédie méthodique ; conte;!
tcms-nous ici de raflembler quelques traits fugitifs ' .
flui peuvent enrichir cette coliedîon des arts.
•
Poijfons de mer«
O n fait un grand commerce des poiflbns de mer ;
& plufïeurs fourniffent différentes drogues & mar-
chandifes.
"Lespoijfons falés comme faumon,morue, hareng,
fardine, anchois , maquereaux , &c., compofent le
commerce de falines.
Le poijfon mariné efl àvL poijfon de mer frais ,
rôti fur le gris, enfuite frit dans de l’huile d’olive
& mis dans des barils avec une ,fauce compofée de
nouvelle huile d’olive, d’un peu de vinaigre, du :
f e l , du poivre & des feuilles de laurier.
Les meilleurs poijfons marines , font le thon &
l ’efiurgeon. ,
Les poijfons fecs font des poijfons qui ont. été
falés & defféchés , foit par l’ardeur du foleil, foit
par le feu ; tels font la morue que l ’on nomme merluche
, le hareng-for , la fardine forette, &c.
L e poijfon de fomme efl le poijfon qu’on aflom-
me, & qu’après avoir empaillé & mis dans un panier
d’ofîer, on tranfporte fur des chevaux, ou fur des
fourgons & charrettes.
L 'huile de poijfon n’efi autre chofe que de la
graiffe ou du lard de poijfon fondu, ou que l’on a
tiré du poijfon, foit en le p reliant, foit par le feu.
C ’efl de la baleine, dont on en retire le plus.
Comment les poijfons fe défendent <£être pris fous les.
glaces ; par M. S age.
La congélation des fluides qui circulent dans les
animaux, ne produit pas toujours le même effet,
comme l’expofé fuivant le fera connoître.
Le propre du froid efl d’exciter un fentiment
douloureux , accompagfié de cuiflon & de rougeur;
fi le froid a été aflez confidérable pour geler les
fluides; les vaifTeaux qui les contenoient, fe trouvant
trop dilatés par la glace, crèvent, & lefangfe
décompofe , produit une efpèce de gangrène locale.
Si la congélation des fluides efl fubite & com-
plette , elle oçeafîonne la mort de la plupart -des
| animaux il y en a cependant où elle n’anéantit
' pas le principe v ita l, quoiqu’elle les prive de
toute efpèce de mouvement.
M. Swalowe , conful d’Angleterre en'Rufïie,
voulant aller pendant l’hiver de Pétersbourg à Mof-
cow , fit prendre des anguilles, qu’on laiffa au fortir
de l’eau , fur la tèrre, où elles fe gelèrènt au point
; de n’être plus qu’un' morceau de glace : au bout de
; quarante jours , il fit mettre ces anguilles dans l’eau
froide , où elles fe dégelèrent peu à peu, & repri-
i rent le mouvement & la vie.
! La plupart des autres poijfons perdent la vie ,
lorfque le froid efl; affez fort pour lés geler : la nature
femble leur avoir indiqué le danger qu’ils
courent j & leur avoir donné l ’inftinâ; de lepréve-
nir.
Je tiens, dit M. Sage, le fait fuivant de M. Martinet
, curé de Soûlâmes : lorfque le froid efl affez
fort pour geler les étangs , les carpes fe raffemblent
pour ne former qu’un groupe ; eljes mettent leurs
têtes vers la vafe , 8c. la queue en l’air ; elles tiennent
cellè-çi. fans ceffe en vibration; ce mouvement
continuellement imprimé à l’eau , empêche qu’elle
ne gèle.
Cependant il efl d’expérience que dans les grands
froids, lorfque la glace efl forte, on trojive beaucoup
de poiflons qui périffent dans les étangs & dans
les pièces d’eau.
Art de conferver les poijfons dans les étangs j
penctant un rude hiver.
Pour conferver. un air fuffifant aux poijfons dans
les étangs deffous la glacé, on a imaginé deux
moyens : l ’un tend à introduire continuellement
quelques petites colonnes d’air nouveau, & l ’autre à
en faire entrer une affez grande quantité dans toute
l’étendue de l’ét.ang, pour qu’elle puiffe fuffire juf-
qu’au dégel.
1 Selon la première méthode, on prend un tuyau
de bois, de fer ou de plomb ; on l ’entoure de beau-«
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coup de paille longue, que l’on lie en plufïeurs J
endroits, & ayant fait une ouverture dans la glace ,
on y fait entrer le tuyau ainfî garni, de tèlle forte
qu’il pafle la glace en deffous, & qu’il la furmonte ■
en deffus.
Quoique l ’eau fe gèle dans la fuite autour du
tuyau Sc de la paille , l ’air paffe cependant par
les petits canaux de la paille, jufqu’au-dej ô us de la ;
glace : les noeuds de ce tuyau ne lui opporefit aucun ;
obfiaçle, parce que la pellicule qui fermoit leurs-
conduits, lofqu’elle étoit fur pied, s’eft defféchée &
rompue, depuis qu’elle a été coupée,ferrée dans la
grange, & battue.
On a foin de rompre de temps à autre la glace
qui fe forme dans le tuyau, avec une verge de fer
ou une perche, & par cette attention, on procure
aux poijfons un nouvel air.
La fécondé méthode confîfle à planter en divers
lieux de l’étang, des pieux fourchus , que l’eau couvre
de la hauteur de quelques pouces, & de pofer
fur ces fourches , de fortes perches. On fait cette
opération avant la gelée.
Lorfque la furface de l’étang efl entièrement
prife, & que la glace efl forte, on barre la bonde,
& oh laiffe découler une certaine quantité d’eau,
dont l’air extérieur occupe en même temps la place.
On .remet enfuite la bonde.
La glace foutenue par les pieux & les perches ,'
ne s’affaiffe point, & l’air renfermé dans l’eau Sc
dans le vuide qui efl entre.l’eau & la glace, cir-
cule fufïifamment pour entretenir le poijfon juf-
qu’à ce que la faifon s’adoucifle , fans qu’il courre
rifque d’être fuffbqué. •
A ces deux moyens, on en peut-joindre un troi-
fieme , plus fîmple à la vérité, mais qüi demande
plus de foins & de peine, & qui' conféquemment
peut, en plufïeurs rencontres , fe trouver moins ;
praticable.
Il ne s’agit que de cafler la glace fouvent & en
plufïeurs, endroits, & de la relever fur celle qui
refte eh fon entier.
L ’air fe communique à l’eau, aum-tot qu’elle
efl. découverte, & circule avec celui qu’elle contient,
jufqu’à ce que la rigueur du froid-condenfe
de nouveau l’eau , & lui ferme le paffage. Mais dans
des étangs d’une grande étendue & pendant de
longues & fortes’ gelées, c’eft un travail très-pénible,
8c une opération beaucoup plus difpendieufe
que les précédentes.
Soins nêcèjfaîres pour conferver le poijfon dans les ,
canaux , pendant les fortes gelées.
. La refpiration efl la vie. des êtres animés ; l ’in-
feéle, le poijfon refpirent: ainfî que les habitans 4e la terre & de l’air.
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La variété n’efi que dans la forme & la pofî-
tion des organes de la refpiration. Le poijfon af-
pire continuellement l ’eau par la bouche , & la
rejette par l’ouverture des ouies.
Ce font ces ouies d’une flrudure fi merveilleufe
qui extraient de l’eau l’air néceffaire pour la vie
du poijfon y & qui rafraîchit continuellement fon
fang. .
Lorfque toute la furface des canaux ou étangs
efl gelée , qu’il ne coule point fous la glaoe de
nouvelle eau qui y apporte un air nouveau, on
voit le poijfon périr fous les glaces, preuve in-
conteftable que l ’air, Sc même l’air renouvellé efl
d’une abfolue néceflïté pour la vie des poijfons ,
car il efl d’expérience certaine que l’eaii contient de
l’air, & que lorfqu’on l’en prive , elle en àbforbe
de nouveau.
L ’expérience démontre ces faits phyfiques, d’où
réfulte néceffairement la mort des poijjons privés
d’a ir , 8c d’un air renouvellé fous les glaces.
Le moyen sûr de conferver l'e poijfon dans les
• canaux, efl d’y renouvellei; l’air, & de les rafraîchir
de nouvelle eau.
Il efl donc de la derniere importance, dans les
grandes gelées, de faire caffer la glace des canaux
plufïeurs foi» dans la journée, & fur-tout dans les
endroits où l ’eau gèle le moins facilement, comme
dans les lieux voifîns des fources.
La gelée faifît quelquefois les eaux avec' tant de
promptitude, que quelques heures après la glace fe
forme de nouveau ;'mais le moyen le plus certain de
conferver toujours de petits courans d’a ir , efl de
mettre des bottes de paille, dont les deux bouts
foient coupés, à l’endroit où. on a cafle la glace;
les glaçons retiennent la paille, & l’air s’introduit
dans l’eau à travers les tuyaux de paille, qui touchent
d’un bout dans le fond de l’eau qui n’efl
point glacée, & de l ’autre bout dans l ’air.
Lorfqu’on cafle les glaces, on voit accourir les
infeftes des eaux , qui viennent aufli refpirer ce
nouvel air, 8c ils font bientôt fuivis des poijfons
qui viennent boire avec avidité aux fources de la
vie ; aufli eft-on sûr de prendre du poijfon, lorfqu’on
lui ménage ainfî des ouvertures au milieu des
glaces.
On doit auflï avoir grand foin de ménager aux
canaux l’entrée des eaux qui peuvent y venir ; mais
il faut auflï avoir attention de ne pas en introduire'
trop, de crainte de furcharger la glace, & de la
, faire enfoncer.
Le poijfon efl fous les eaux glacées, dans un?
tel état de gêne, qu’on le voit fuir de deflo.us ces
eaux. A trois lieues de Riga, efl un lac de deux
à trois lieues d’étendue, qui communique avec nrs.
fleûve appelié Buldera ; lorfque les eaux de ht