Elles ont un fécond avantage, c’eft qu’elles tiennent
l’encre fraîche , & l’empêchent de fe fécher,
même dans les grandes chaleurs.
Des gardes - papiers.
Les plombiers fondent quelquefois ce qu’on appelle
des gardes-papiers en plomb : on les nomme
ainiî, parce qu’en effet on les applique fur les papiers
de cabinet^ & ils empêchent que le. vent ne
les fafle voler de côté & d’autre.
Autrefois ces fortes de meubles en plomb étoient
très-communs; depuis que les gardes-papiers de marbre
ont été mis en mode, les premiers font devenus
plus rares ; cependant on en fait encore aujourd’hui.
On ne trouvera pas hors de propos que je dife
de quelle manière on les fait.
On a un moule qui eft de la même matière, &
fait de la même façon que celui des écritoires dont
nous venons de parler.
Il eft également ouvert par le haut ; on l’ouvre
de même en jettant les- deux parties dont il eft
compofé, fur fes charnières, & on le ferme de.
même par le moyen de deux clous' & de deux
chappes, dont l’une eft en haut', & l’autre au bas
du moule : la différence qii’il y a , c’eft qu’au lieu
d’être vuidé en forme d’écritoire , il eft creufé en
dedans, en forme de petite trompette renverfée.
On apprête d’abord ce moule comme le premier,
c ’eft-à-dire, qu’on l’ouvre pour le graiffer, afin
que le plomb coule plus aifément : on le referme
enfuite.
On verfe le plomb par l’ouverture ; le plomb
étant un peu refroidi, on ouvre le moule, & on
en retire le garde-papier.
Son pied , ainfî" que celui des écritoires , fe
trouve environné de bavures qu’il faut ôter avec
le couteau, qui proviennent de la même caufe que
celles des écritoires, c’eft-à-dire, de la nécemté
où l’on eft de charger un peu la quantité de plomb
qu’il faut pour chaque fonte , afin qu’il fafle poids
Éc fe répande plus aifément dans toutes les parties
du moule : il faut le faire le plus proprement qu’on
peut, afin de ne point défigurer les moulures qui
fe trouvent à ces endroits.
Maniéré de bronzer.
Nous obferverons qu’on peut donner à ees ouvrages
de plomb fondu dans des moules la belle
couleur de bronze antique. C’eft ce qui fe pratique
en Hollande, où les ouvriers en font un fecret que
voici.
Pendant que la pièce jettée en fonte ,eft encore
chaude, on la frotte a^ec de l ’huile de lin & du
foufre.
Des plombs propres a faire des niveaux.
Il y a en, outre plufieurs fortes de petits ouvrages
qui fortent de chez les plombiers , qu’on nomme
des plombs a niveaux ; "les uns font ronds comme
une petite bôule, les autres font quarrés.
Les uns & les autres fervent à la même chofe,
c’eft-à-dire, à tendre par leur petit poids une
corde à laquelle on les fufpend, & qui eft elle-
même attachée au haut d’une équerre que traverfe
une bande de bois marquée d’une ligne droite qui
la partage.
La tenfîan de la corde mobile , en s’éloignant
plus ou moins de la ligne tracée fur la bande qui
traverfe l’équerre , fait connoître combien la partie
de gouttière, de toit, de plancher, &c. qui répond
à un pied de ce niveau , eft plus haute ou plus
baffe que la partie qui répond à l’autre jambe ;
on fa it, par ce moyen , l ’endroit qu’il faut élever
ou rabaiffer, pour que le tout foit de niveau quand
il le faut.
De là vient qu’un appelle ces outils même des
niveaux.
Les moulas ou l ’on fait fondre les plombs, à niveau
, font ronds ; mais le dedans en- eft différent,
par la même raifon que les plombs qu’on y coule,
& dont nous venons de .parler, ne fe reffemblent
pas'; les uns font vuidés en quarré , les autres en
rond.
Dans le milieu de çhaque moule, il y a un petit
boulon ou noyau qui’ le traverfe ; c’eft ce noyau
qui forme le petit trou*des plombs des niveaux où
l’on fait paffer-la corde : ils ont un je t , par lequel
on y verfe le plomb’.
Après les avoir fermés comme les moules à écritoires
& à gardes-papiers , il faut en outre placer
dans chaque moule le noyau.
Après qu’on aura jette le plomb qu’il faut dans
chaque moule, & qu’on l’aura laiffé refroidir, on
prendra de petites tenailles, & l’on arrachera le
noyau de chaque moule qué l’on tiendra ,avec la
main, pour^ qu’il réfîfte à ce petit effort.
Cela fait, "on fera partir les petits clous qui ferment
& -tiennent les chappes des deux moules,’
qu’on ouvrira avec le marteau pour ne pas fe
brûler.
On en fortira les petits plombs qu’on y a fondus
; il n’y aura plus qu’à les attacher, quand on
voudra s’en fervir.
Comme les plombiers ont beaucoup d’autres ouvrages
plus con/îdérables à faire, ils ne tiennent
cUl ceux-ci que très-rarement & lorfqu’on. leur en
commande; la plupart même n’ont pas de moules:
ils tiennent plus fouvent des coeurs fondus, dont ’
nous allons parler.
Il n’eft aucun temps où ils n’en aient toujours
quelques-uns de faits.
Des coeurs fondus.
Nous avons déjà parlé des coeurs contournés fous
la batte ; mais il y a d’autres coeurs qu’on fait qui
font fondus;
On en diftîngue encore de deux fortes parmi
eux ; les uns font à anneau, les autres , au contraire,
j i ’ont point d’anneau , mais ils ont en place
deux trous qui les trâverfent d’un bout à l’autre, 8c qui tiennent lieu de l’anneau des premiers.
Les uns & les autres fervent de contre-poids à
différentes chofes.
On fe fert de petits coeurs pour fufpendre des
cages d’oifeaux dans les maifons, & avoir la facilité
de les monter & de les descendre fans peine
& fans aucun rifque.
Les coeurs d’un plus gros - volume font deftinés
aux luftres & aux lampes d’églifes»
Ils font également très-propres pour ees endroits ;
on peut avec ces coeurs monter & defeendre les •
lampes & les luftres auffi doucement qu’on veut,
quel que foit leur poids, fans qu’on rifque de les
laiffer tomber ou d’en renverfer l’huile.
Les féconds coeurs font plus en ufage que les *
premiers ; ils font auffi plus commodes: on ne le
fert de ceux-là qu’au défaut des autres.
Pour faire les coeurs à anneau, on a un moule
de fonte de fer : il eft en deux parties,, qui fe joignent
& s’attachent par le moyen de quatre
chappes & quatre .clous : le dedans eft vuidé
en forme de coeur ; on y jette le plomb par le
moyen d’un jet, qui eft à un bout du moule.
On graiffe d’abord le moule dans lequel on veut
les jeter, comme à l’ordinaire, & pu le ferme
avec fes chappes & clous ou crochets on y verfe
le plomb autant qu’il en peut contenir.
On frappe le moule par quelques coups de marteau
, pour que le plomb defcende mieux.
Après quelques inftans, on fait partir les quatre
petits clous qui tiennent les chappes du moule,
dont les deux parties fe féparent aufïi-tôt & tombent
fur la table : on trouve alors le coeur fondu, qui a
la forme qu’on délire.,
Le moule des cours percés eft différent de l’autre
,-en ce qu’il y a deux petits boulons ou noyaux
qui le trâverfent ; du refte il eft femblable à celui
des coeurs à anneau : il forme également deux parties
qui fe joignent enfemble, Si s’attachent par
quatre chappes à clous ou crochets.
Il eft également vuidé en--forme de coeur en-
dedans : on y verfe le plomb par un je t , comme
à l’autre.
Après que le moule où on coupe les coeurs
percés eft graiffé & fermé, on y fait entrer les deux
petits boulons ; de même après que le plomb a ete
jeté dans ces fortes de moules, avant de les ouvrir,
on retire avec des tenailles les deux petits
.noyaux, dont nous venons de parler ; on fait partir
enfuite les crochets des chappes ; le moule fe fe-
pare en. deux comme le premier, & l’on trouve
un coeur qu’on retire du moule pour en couler de
nouveaux.
Cet article a été rédigé d’apres F ancienne Encyclopédie
, diaprés plufieurs traités' & ouvrages particuliers
, mais principalement d'apres L’excellent
mémoire préfentè a l ’académie royale des fcier.ces
de Paris , & inféré avec des notes dans le tome
XlIIme in-ef, des arts , imprimés h Neuchâtel.
Communauté des plombiers•
A Paris les plombiers forment une communauté
d’ènviUin Cinquante maîtres-, dont les derniers
ftatuts compofés. de quarante articles, font du mois
de juin 1647.
Par ces ftatuts ils font qualifiés de maîtres plombiers
fontainiers.
Les chefs de cette communauté font au nombre
' de trois ; le prémier eft appellé principal, & les
deux autres jurés.
Le principal ne refte qu’un an en charge , &
chaque juré y refte deux ans.
L ’apprentiflâge eft de quatre ans, & le chef-
d’oeuvre félon la volonté des jurés , dont l’on exempte
les fils de maîtres, n’étant fujets qu’à la /impie
expérience.
A l’égard des compagnons non-apprentis de Paris,
qui veulent fe faire paffer maîtres , ils doivent auparavant
fervir les maîtres en qualité de compagnons
, pendant deux ans.
Les veuves comme dans les autres corps.
Les ouvrages doivent être marqués au coin de
chaque maître qui les livre ; la marque renferme
les premières lettres du nom & du furnom du
maître.
Il leur eft défendu par ces ftatuts de jeter du
plomb fur toiles, & de l’employer non plus que
celui paffé par le moulin.-
Par l’édit du n août 177 6, les plombiers font
communauté avec les couvreurs, carreleurs &
p Pp»