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Des dijfcrens amortijfemens dont Us plombiers décorent
leurs ouvragesV -'
On entend par amortijfemtnt, un- couronnement
d’ouvrage , quel qu’il foit;
Cette dénomination convient ici proprement à
quelques pièces d’ornement, que le plombier met
au plus haut des toits, pour .Ternir,d’acçompagne-
ment à la verge de fer qui fuppôrte une girouette,
Une croix, un coq ou uni^ ; pigeon.
On en faifoit autrefois un bien plus grand ufage
qu’aujourd’hui ; ca r , pour ne point fatiguer la
charpente par-un poids inutile, ou on les a entièrement
ftipprimés, ou on les a beaucoup dimj^
nues ; de forte qu’on fe contente fouvent.de mettre
fur les aiguilles , ou à la partie la plus élevée des
lucarnes, des p a v illon s& c . une fleur dé lys ou
un petit globe ; on ne fç fert pas tant de girouettes
qu’on le faifoit anciennement.
Mais fi l’on veut garnir de quelqu’ornement la
tige d’une croix au d’une girouette , il. faut que .
les tiges qui les portent, : foient refendues & - ou-*
vertes par en-bas en forme de lardoire, qu’elles
foient percées de trous pour pouvoir1 les attacher
à l’aiguille avec de forts clous; & comme ces tiges
fupportent les pièces qui forment 1’àmortilTeinent,
on les nomme des fers ou des ferrures tCamortijfemens.
Ces amortiiïemens. doivent être creux en-dedans,
pour .recevoir la tige de fer qui doit lès ‘foutenir.
Ainfi, quand on a cloué fur l’aiguille le fer
d’amortifiemeht, on pofë la partie- d’-ariiortiflément,
qui n’eft ordinairement qu’une lame de plomb roulé
e , que l’on attache par en«-bas à la charpente
avec des clous, & qui doit par en-haut embrafîer
aiïez exa&ement le- fer d’amortiflement.
Les autres parties font ordinairement fondues,
& doivent êtré pçrçées dans‘le milieu pour recevoir
le: fer d’amortiflement qui les enfile & les
foutient toutes; il faut encore que le bas de la
pièce recouvre un peu le haut, & de même de
toutes les autres pièces , afin que l'eau, foit rejetée
en-dehors, & ne puifle pas, en coulant le long
de la ferrure d’amortiflement ^pénétrer jufqii’à l ’aiguille
de la charpente qu’elle, pourriroit ; enfin on
rapporte, lî l’on veut, quelques feuilles découpées
qu’on attache ,avec des çlous à celles qui font
fondues.
Ce ne font pas les feuls amortiflèmens qu’on
emploie ; on en fait d’autres qui font ep forme de
globe, & de beaucoup d’autres façons.
On peut diftinguer trois fortes d’amortifîemens ;
les uns font fondus , les autre? prennent leur forme
fous la batte; les autres enfin font appelles mixtesy
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e'eft-à-dîre, découpés en partie , 8t en partie
fondus.
Comme le détail êri feroit trop long, nous
nous contenterons d’en décrire quelques-uns de
chaque efpèce.
Amorjtijfemens coâtournès fous la batte.
Les amortiiïemens qui font faits de cette maniéré,
font principalement - lesi globes que ’ l’on met au-
deiïus des 'dames. Xt
J’ai déjà dit qu’on les faifoit fouvent en cuivre ;
mais quand on veut qu’ils foient en plomb on
prend ordinairement du plomb laminé par préfé-*
rence au,plomb fondu,parce qu’if faut qu’ils foient'
le plus légers qu’il eft poflible, & par ççnféquent
que les feuilles de plomb qui y font employé ës aient
peu d’épaiiïeur.
Ils font faits ,de deux pièces que l’on coupe de
la manière que nous allons le dire.
On a une table fur laquelle on tire une ligne;
on prend déux centres' fur cette ligne , qui fervent
. à défigner-avec> le., compas- deux plateayx
ronds, plus ou moins grands, fuivant la grofleur
que l ’on veut donner à la boule.
On fait dans le milieu de chaque plateau avec
une gouge, un trou dont on verra i’ufage dans
la fuite.
On aboutit ces deux plateaux l’un après l ’autre ,
c’eft-à-dire, on les arrondit en lès frappanti à:petits
coups dans le milieu & ipar. les-cotés,-rpour en
faire deux hémifphères ou calottes : on les prçfente
l’un à l’autre, pour qu’ils s’ajuftent exactement.
-Manière de les fonder.
Pour les fouder, il faut placer fur la table deux
fupgots ou chevalets j fur lefquels on aflied don
globe traverfé par une tringle de fe r , que l ’on
fait pafler dans ces deux trous que nous avons dit
d’ouvrir à cha'que. plateau. |
C ’eiï à quoi ils fervent ; ils. font aufli faits pour
que ces fortes’ d’amortiiïemens puiiïent être enfilés
par le fer d’amortiflement qui doit les porter.
On foude enfuite ces deux plateaux bu hémifphères
enfemble t,, pour cet effet.on les,accote contre
quelque gros poids qui les empêche de changer de
1 place.
On les foude ainfi en avivant le plomb où la
; foudure doit prendre, & faliflant les endroits o i
[ il ne faut pas qu’elle .s’attache* .
Cet ouvrage demande de l’adrefle ; c’eft pourquoi
l’on ne peut pas fpéçifier de règles à ce fojet*
Mais je dirai ce que les louvrièrs les plus intef-
ligens ont coutume de, faire,
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'Comme-il fetoit-impoiïîble d’empcchér que ues j
’deux plateaux ne vacillent un peu jûfqu’à ce qu us
foient entièrement foudés enfemble , c’eft-a-dire ,
dans toute leur circonférence, que cela ne
pourroit fe faire exactement, ou même feroit îm-
pofllble, on a imaginé de jeter quelques, gbüttes
de foüdüre de diftançe en, diflance tout autour de
l ’endroit qui doit, être foude.; ayaïit meme de la-
voir avivé.
Cela forme de petites attaches qui commencfe.rtf
par aiïujettir lqs deux plateaux l ’un contre loutre
d’une manière aufli folîde que s’ils étoient réellement
foudés.
Ayec un- peu d’intelligence on .fait- toutes lés
autres opérations ;très-aifément::-on- donne a ce
globe la forme convenable. On le j met : enfuite
en place en faifant pafler. le fer d’amôrtiflement
dans le dedans de ce globe.
Des amortijfemens qui font fondus, . ,,
Les amortiiïemens jetés au moule, font ordinai-
nairement les coqs dont on furmorite les croix
qu’on place fur, les clochers..
On -fond encore les pigeons que l’on met fur
le s . colombiers , en outre plufîeurs feuillages que
l ’on cloue en divers endroits des couvertures.
Amortijfemens fajts en forme de coqs,
Affez fouvent cette figure de coq que l’on voit
au haut des clochers , ëft fâite avec des lames de
- £ujyrë embouties &- foudées; mais ceux qu ou fa it,
en plomb font jetés en moule, comme je vais
l ’expliquer.
Les plombiers ont une table de cuivre , dans -
laquelle eft gravé en creux un coq, coupé par la
’moitié de fon épaifleur : car on ne fond jamais
un coq tout entier.
Cet ouvrage fe fait en deux fois : on en fond :
d’abord une moitié, enfuite l’autre; 011 ;les attache
toutes deux enfemble par le moyen de la fou-
dure.
Four jeter en moule un coq , on frotte de graifle
la partie du moulé ;qui eft creufe & qui réprefente ;
une moitié de coq'coupé par foii épaifleur ; puis j
ayant mis le moule bien de. niveau, on verfe ayéc|
une cuiller du plomb fondu dans le creux ; enfuite }v
avec un rabot on :emporte tout le plomb qui eft
de trop.
Quand le plomb a pris corps, on fort la première
moitié de coq du moule ; puis on en fond
une autre moitié : on creufe dans le plomb de
quoi loger la douille de fe r , qui doit recevoir le
fe r d’amortiiïèment.
On foude cette douille à une des moitiés ; puis
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on réunif ies deux moitiés , & on les foude paur
former le coq entier, & pour lui donner la forme
qu’ont ceux que nous voyons quelquefois au iiauf
des croix qii’on place fur les clochers.
’ .. yfjmprtiffemens faits en forme de pigeons,
’ Oh. fond auffi eh moule des pigeons qu’on a cem-
I tume de mettre fur le naut des colombiers; mais
j on les fond tout entiers d’un feul je t, parce ■ que
në ‘ devant’ pas tourner au vent, il n’eft pas necet-
• faire d’y mettre une douille.
C ’eft pour les fondre d’un feul jet, que le moule
; èft de deux pièces qui s'appliquent l’une fur 1 autre,
ôé- éh5 les retient en cet état par le moyen de
quatre fiches à broche. ;
!;Ce'moule, où la forme d’un pigeon eft gravée
en preux, étant frotté de graifle, & les deux pièces
étant rcuriies, on verfe du plomb fondu par une
ouverture.
Quand le plomb éft figé., on 6te les broches,
on ouvre le moule , & on tire le pigeon.
Il né s’agit'plus que de l’attacher a 1 extrémité
du fer d afnordflement ; &■ comme il ne doiç point
tourner au ’ veut, mais être .fixe , il n eft beiom
que de percer avec une gouge & a coups ;de marteau
un trou dans lequel entre 1 extrémité du ier
d’amortifiement, qu-dii y aflujettit avec de la ioudure..
'aivh Des feuillages.
Les plombiers:.font''«ncore avec des moules dif-
férehs1 morceaux d’ornement, comme des olives,
des rofes , des morceaux de guirlandes, des feuilles
d’eau, &c. qu’ils attachent avec des clous; &
comme ils fe font tous de la même manière, je
me. bornerai à .expliquer comment on jette en
moule une feuille d’ornement.
uo II'faut avoir un moule de fonte, de fer ou de
cuivre, dans lequel foit marquée en creux la feuille ;
onipraiflè le môufo; oh le place exadement de
niveau ; puis, en verfe defliis du plomb fondu, &
avec un rable on emporte tout le pfomb qui eft
Hé trop, pour qu’il ne refte que celui qui remplit
le creux du moule; car les ornemens doivent etre
très-minces, pour qu’ils puiflent s’ajufter aifement
aux différentes formes des parties ou on les attache
avec des,clous. .
Il efl vrai qu’on eii fait aufli de découpées \ pour
cela on trace fur une table de plomb lamine la
forme de la feuille , puis on la découpe avec une
gouge & à coups de marteau.
Quoiqu en les attachant on fafle prendre aux
différentes parties de ces feuilles des contours qui
les font paroître moins roides, elles ne font jamais
.aufli agréables que celles qui font fondues dans un