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deffus ; ou bien il donne à un affiliant le foin de
tenir fermement le tuyau attaché au vaiffeau; &
prenant la feringue d'une main , il pouffe le pifion
de l’autre, & introduit ainfî l’injeAion ; ce qui
doit fe faire lentement & fans beaucoup de force,
d’une manière cependant proportionnée à la longueur
, à la maffe de la partie qu’on injefte & à la
force des vaiffeaux.
La quantité qu’il faut de cette injettion fine
s’apprend par l’ufage ; la feule règle qu’on ^ pujlfe j
fuivre en cela efi de continuer à pouffer l’inje&ion i
fine jufqu’à ce qu’on fente quelque réfîflance, qui .
demanderoit une force confïdérable pour etre fur-
montée« i
Mais il n’en efi pas de même lorfqu’on veut dn-
jeéier toutes les branches d’un vaiueau ; comme
par exemple, fî l ’on veut injeâer les vaiffeaux de
la poitrine feulement ; car l’aorte efi trop grande ,
eu égard aux branches qui en partent, & il faut
moins d’injedion fine.
Auffi-tôt qu’on a fenti cette réfîflance, il faut
tirer l’épiploon de la feringue afin de défemplir les
gros vaiffeaux. On ôte alors la feringue, on la
vuide de ce qu’elle contient d’injeéfion fine, & on
la remplit de Yinje&ion ordinaire qu’il faut poufler
promptement & avec force , ayant toujours égard à
la grandeur & à la folidité des vaiffeaux, & à la
groflèur de la partie.
Lorfqu’on veut feulement injefter le gros vaiffeau
, on n’emploie auffi que Y injection ordinaire,
qui fe prépare de la manière fuivante :
On prend une livre de fuif, cinq onces de cire
blanche ou jaune, trois onces d’huile d’olive; on
fait fondre ces matières au feu de lampe ; lorsqu'elles
font fondues, on y ajoute deux onces de térébenthine
de Venife , & deux onces de vermillon
bu de vert-de-gris préparé; on paffe cette liqueur
par un linge pour en ôter les parties groffières qui
peuvent s’y trouver.
On continue à pouffer le pifton jufqu’à ce qu’on
fente une entière réfîflance, ou que la liqueur reflue ;
on doit s’arrêter alors & ne plus pouffer de l’injec-
tion ; autrement on ouvriroit quelques vaiffeaux,
& toute la préparation , ou au moins une grande
partie ferait perdue par l ’extravafïon.
Il faut boucher le tuyau avant que de retirer la
feringue pour la nettoyer, & donner à la matière
injeftée en dernier lieu le tems de fe refroidir & de
fe coaguler avant que de difféquer aucune partie.
C’eft par ce moyen, & en obfervant les précautions
qui viennent d’être indiquées, qu’on parvient
à injefteries vaiffeaux les plus déliés.
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Procédé pour1 préparer & conserver les oifeaux' &
petits animaux avec Véther ; par M. Chaptal.
Je vuide d’abord les animaux de tout ce qui peut
être contenu dans les inteftins , ou par preffion
graduée dirigée vers l'anus, ou par une forte injection
qui chaffe au dehors toutes les matières.
Cela fait , je lie l’anus avec un fil ; j’injede de
l’éther par la bouche ou. le bec, à l’aide d’une
petite feringue; je les farcis de cette liqueur , &
les fufpends par la tête.
Je perce un oe il, en vuide le cerveau, & y fais
pénétrer de l’éther qu’on y retient en bouchant l’oeil
avec un tampon.
Le lendemain ou le furlendemain on renouvelle
l’injeétion dans l’intérieur du corps\ & on la coiv-
tinue jufqu’à ce que l’animal loit parfaitement
defféché.
A mefure qu’il fe defsècbe, on peut lui donner
des attitudes convenables ; & lorfque la déification
eft complette, on peut conferver l ’animal , fans
foin, fans embarras & prefque fans précaution. Une
perruche, préparée de cette manière en 1781, eft
reftée perdue derrière les rayons d’une bibliothèque
pendant deux ans, fans que la forme du corps, la
folidité de l ’attache des plumes en aient paru
altérées.
Cette méthode me parait préfenter quelques
avantages.
i° . Je la cro;s neuve: M. Touchy, de la fociété
royale des Sciences de Montpellier , qui s’occupe ,
avec fuccès, d’Ornithologie, a propofé l’efprit-de-
vin il Y a quelques années ; mais une fois que la
partie ffiritueufe de cette liqueur s’eft diffipée, Feau
qui refte, facilite la corruption, tandis que l ’éther
entraîne, en s’évaporifant, & l’eau qu’il contient,
& celle du corps qui en eft imbibé.
Cette méthode a le double avantage de ne
point gâteries formes, 8t de ne pas altérer l ’éclat
du plumage.
3°. Le procédé en eft peu coûteux; une once
d’éther m’a toujours fuffi pour préparai) de petits
oifeaux. Trois onces & demie ont fuffi pour un très-
gros perroquet ; & la modicité du prix auquel j’ai
réduit l’éther.propre à ces opérations, permettrait
même qu’on en fît ufage pour des animaux d’une
certaine groffeur.
40. On peut, en tout tems & à chaque inflant,
employer cette méthode.
5°. Elle peut être pratiquée par tout le monde.
j ’obfèrverai que la préparation eft plus longue,
plus difficile , & moins complette dans les animaux
I bleffes dont le corps préfente des ouvertures par où
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l’éther s’ échappe : il convient donc de les étouffer
pour les foumettre à cette opération , lorfqu’ils ne
font pas morts naturellement. J’obferverai encore
que la préparation eft plus ou moins prompte,
lelon que le tems eft plus ou moins propre à favo-
fifer l’évaporation de l ’éther & le defféchement de
l'animal. Peut-être que, par letmoyen d’une chaleur
artificielle, on abrégerait le tems de la préparation.
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J e c r o i s q u e l a th é o r ie d e c e t t e o p é r a t io n c o n -
fifte e n c e q u e l ’ é t h e r , e n f e d i f f i p a n t , v o l a t i l i f c
l ’ e a u r é p a n d u e d an s l e c o rp s a n im a l , l e d e f s è c h e
in f e n f ib l em e n t , & d é t r u i t l a f e u le c a u f e q u i fa v o -
• r ife l a p u t r é f a â io n . L ’ a r t d e d e f f é c h e r l e s v i a n d e s ,
-& d e le s g a r a n t i r d e l a p o u r r i t u r e , c o m m u n iq u é ,
e n d iv e r s tem s p a r M M . V i l a r i s & C a z a l e t , p a r
a î t c o n f irm e r n o t r e t h é o r ie .