
La plante du galbanum croit en Arabie, en Syrie,
dans la Perle & dans différens pays de l’Afrique
, fur-tout dans la Mauritanie.
Quelques curieux font parvenus à la faire venir
dans des ferres chaudes, & elle a paffe heureufè-
ment, durant plusieurs années , dans le jardin royal
à Paris.
Les parfumeurs çompofènt encore & vendent pour la ■
follette certains ingrédiens , dont nous allons parler.
Baume de la Mecque-.
L e baume de la Mecque , aufïi nommé baume
blanc d‘Egypte 3 du grand - Caire , de Syrie , de Gi-
lead 3 de Conflantitiople , eft une réfine liquide g
d’un blanc jaunâtre, d’un goût âcre & aromatique,
d’une odeur pénétrante , approchante de celle du
citron, d’une faveur amère 8c aftringente.
,Ce baume , fi précieux par fon ufage , fe tire par
încifion pendant la canicule, d’un arbrïfîèau qu’on
appelle baume véritable , balfamum verum lent i f ci -
folio.
Cet arbriflèau qui éft toujours vert, s’élève à la
hauteur du troène porte des feuilles fèmblables à
celles du lentifque & des fleurs purpurines , odorantes
, blanches & en étoiles. Les fèmences font
renfermées dans des follicules rougeâtres, dont on
peut exprimer une liqueur jaune, femblable a du
miel. Cet arbre croît naturellement dans l’Arabie
héureuîe ■ il eft aufïi cultivé dans la Judée & l’EgyPte
«
Les anciens ne recueilloient jjue le baume qui
découloit de lui-même, où par incifion, du tronc
de l ’arbriflèau : mais aujourd’hui on en recueille de
(rois efpèces.
_ Celui qui découle des arbres eft très-rare dans ce
pays-ci, parce qu’il eft employé par les grands de
ïa 'Mecque & de Conftantinople.
L ’autre efpèce efl celle que l’on retire à la première
ébullition, & qui fumage fur l’eau dans laquelle
on fait bouillir les rameaux & les feuilles
•du banimar. Cette fécondé efpèce eft comme une
huile limpide & fluide, & eftréfervée pour l’u-
fàge des dames turques d’Égypte & de quelques
afiatiques qui s’en fervent pour adoucir & blanchir
la peau du vifâge & de la gorge *, aufïi ne nous parvient
elle que par le .moyen des grands qui en font
des préfèns.
L ’huile qui fumage après la première ébullition,
eft plus épaiflè, moins odorante ; elle eft apportée
par les caravannes , & c’eft ce baume blanc qui eft
le plus commun.
Les dames qui fè fervent de ce baume parmi
nous, en qualité de cofmétique, en font, par art,
le lait virginal & une pommade à h lultane ?
qui font fort eftimés pour l’embellifTement de la
peau.
Mufc..
L ’animal qui donne le mufc., eft une efpèce de
gazelle ou plutôt de chevrotin. Il eft d’environ un
pied & demi de hauteur ; il a le poil rude & long",
le mufèau pointu, & des défenfès à-peu-près' comme
le cochon. Mais fon caraôère diftindif eft de porter
une efpèce de petite bourfe placée près du nom*
bril, & qui contient la fiibftance appellée mufc.
Le mufc le plus pur ,8c le plus eftimé par les'
chinois, eft celui que l’animal laiffe couler, fous
une forme grenelée & onâueufè , fur les pierres eu
les troncs d’arbres contré lefquels il £è frotte, lorf*
que cette matière devient irritante ou trop ab on*
dante dans la bourfè où elle fe forme,
Le mufc qui fe trouve dans la poche de l’animal
eft rarement aufïi bon, parce qu’il n’eft pas encore
mûr , ou bien parce que ce n’eft que dans la faifon
du rut qu’il acquiert toute fà force & toute - fon
odeur , & que , dans cette même faifon , l’animal
cherche à fe débarraflèr- de cette matière trop exaltée
, qui lui caufè alors des picotemens & des de-
mangeaifons.
Le mufc nous vient des Indes orientales, & prin-*
cipalement du Tonkin.
On le trouve dans le commerce-, ou féparé dé
fon enveloppe , ou renfermé dedans.
, Cette drogue eft fiijette à être falfifiée par les
indiens. ‘Celle qui eft fans enveloppe doit être sè*
ehe j d’une odeur très-forte, d’une couleur tannée,
d’un goût amer : étant inife fur le feu , elle doit fe
confùmer entièrement, fi elle n’eft point falfifiée
avec de la terre.
L ’enveloppe qui contient le mufc , doit être coït*
verte d’un poil brun : c’eft la peau de l ’animal
même.
Lorique le poil eft blanc, il indique que c’eft du
mufc de Bengale, qui eft inférieur en qualité à-ce*
lui du Tonkin.
Quand lesçhaffèurs ne trouvent point cette veffié
bien pleine, ils preflènt le ventre de l’animal pour
en tirer du fang dont ils Ja remplifïènt. Les marchands
du pays y mêlent enfuite des matières pro*
près à en augmenter le poids.
Les orientaux lavent diftinguer cette falfîfication
par le poids fans ouvrir la vefïié ; l’expérience leur
ayant fait connoître combien doit peler une veflie
non altérée. Ils en jugent aufïi au goût ; enfin leur
dernière épreuve eft de prendre un fil trempé dans
du fuc d’a i l , & de le faire paffer au travers de la
veflie avec une aiguille : fi l’odeur d’ail fe perd , le
mufc eft bon \ ft le fil la çojiferve , le mufc eft altéré,
■ Le mule eftuft parfum extrêmement fort, mais
beu àgréable , s’il n’eft tempéré par un mélangé
d’autres parfums ou de poudre de lucre & d un peu
d’ambré.
Sa couleur eft roufsâtre': il eft d’un goût amer.
Les parfumeurs , les diftiilateurs & les confifèurs .
s’en fervoient beaucoup plus autrefois qu’à pré- J
lent. |
Civette o* ^ibet.
L ’animal que nous appelions . civette , eft originaire
d’Afrique , & fe nomme caftor dans la Guinée.
Linéus le range dans la famille des furets.
. Le zibet eft vraifemblablement la civette de l’A-
fiè ., des Indes orientales & de l ’Arabie. Il différé
de la civette en ce qu’il a le corps plus allonge , '
le mufeau plus délié , la queue plus longue & mieux
marquée de taches & d’anneaux.
L a liqueur odorante qu’on nomme civette , fe :
trouve dans une poche ou fac place au-deflous de
l ’anus, entre les parties propres au fexe de chacun
dé cës animaux.
. Gette poche a une ouverture de deux pouces ou
environ: fa capacité eft aflèz grande pour contenir
un petit oeuf de poule.
L à liqueur qu’on y trouve eft une humeur de la
Confîftance de pommade.
La civette & le z ib et, quoiqû’originaires & natifs:
des climats les plus chauds de l’Afrique & de
l’Afie , peuvent cependant vivre dans les pays tempérés
& même froids , pourvu qu’on les défende
avec foin des injures de l ’air, & qu’on leur donne
des alimens fiicculens & choifîs.
On en nourrit un aflez grand nombre en Hollande
, où l ’on fait. commerce de leur parfum.
L e parfum de la civette qu’on retire d’Amfter-
dam , eft préféré en général à celui dü Levant ou
des’ Indes , qui eft beaucoup moins pur.
Celui qu’on tire -de la Guinée feroit le meilleur ,
fi-les nègres, ainfî que les indiens & les levantins
ne le falfîfioient en y mêlant des lues de végétaux,
comme du ladanum , du ftorax & d’autres drogues
odoriférantes.- ' '•
La civette ou cette liqueur' onétueufè a , lorf
qu’elle eft nouvelle , la-confiftance de miel & eft
de couleur blanche ; en vieilliflant, elle jaunit &
brunit.
Les parfumeurs & les confifèurs emploient encore
I l civette dans le mélange. de leurs aromates.
L ’odeur de ce parfum , quoique violente , n’eft
point défagréable au fbrtir même du corps dé 1 a-
nimal; elle eft aufïi plus fiiave que celle du mufc.
Ambre gris.
L ’ambre gris eft une fiibftance légère, opaque,
graffe, de couleur cendrée , parfemée de petites
taches blanches, odoriférantes, mais dont l ’odeur
fè développe bien plus lorfqu’elle eft mêlée à une
petite quantité d’autres aromates, ainfi qu’on la
prépare pour les parfums & eaux de lenteur.
Le bon ambre gris fe reconnaît lorfqu’en le piquant
avec une aiguille chaude , il rend un fùc^gras
& odoriférant. L ’anibrë gris s’enflamme & brûle ;
il eft diffoluble en partie dans l’efprit de vin ; mis
fur le/eu daris un vaiffeau, il fe fond & fe réduit
en une réfîne liquide de couleur -doree.
Les naturaliftes ne font point d’accord fur la
nature & l’Origine de l’ambre gris. Les uns difent
que c’eft une forte de bitume qui coule du fein de
la terre dans les eaux de la mer. D’autres prétendent
que c’eft de la cire & jdu miel digérés^ &
cuits par le foleil & le fel marin ; mais l’opinion
la plus commune eft que c’eft une efpèce de fuc-
cin dont on peut retirer de même du phlegme ,
un acide volatil, une huilé & une matière char-
boneufè.
L ’ambre gris fe rencontre fur les bords de la
mer en morceaux plus ou moins gros ; il s’en trouve
quelquefois du poids de cent livres & plus.
On en trouve beaucoup dans les mers des Indes ,
près des ifles Moluques, des Maldives & de Mada-
gàfcar. On en ramafîe fouvent fur les côtes j d’A frique
, vers le Cap-Blanc, le golfe d’Arguin , la
baie de Portendic, & en quelques autres ifles qui
s’étendent depuis- celle de Mofambique jufqu’à là
mer Rouge.
Les habitàns des ifles Sambales le cherchent
d’une façon aflez fîngulière ; ils le guettent à IV-
dôrat, comme les chiens de chafle fiiivent le gibier.
Après les tempêtes ils courent fur le rivage ,
& , s’il y a de l ’ambre gris , ils en fentent l’o-
deur.
Il y a même de certains oifeaux fur ces rivages
qui font friands de l’ambre gris . & Je cherchent pour
le manger.
Quoique cette matière fè trouve en plufîeurs endroits
, c’eft cependant un aromate rare & précieux.
On a dit qu’on le rend plus aétif & plus agréable
à l’odorat, en le mêlant avec une .petite quantité
de mufq, de civette , de lucre, &c.
Les parfumeurs en font un grand ufage.
Ambre j autre ou fuccin,
C ’eft une fubftance bitumineufè , dure , plus ou
moins tranfparente, de couleur tantôt jaune ou
citriné , tantôt 'blanchâtre , tantôt rouffè , d’une
faveur un peu âcre.
Le fuccin eft fufceptible du poli de l’agate. Il Ce
fond fur le feu, s’enflamme & répand alors une