
P O U L E S .
( Art conferyateur des )
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I l y a des temps où l'on voit régner fur les poules
des maladies qui en font mourir un très - grand
nombre ; ces maladies peuvent être de nature différente
, fuivant la température des années & les
diverfes faifons.
On a vu, dans certaines circonftances , garantir
les poules de ces maladies épidémiques, en mettant
quelques goulfes d’ail dans l’eau qu’on leur
donne à boire, en parfumant le poulailler deux
fois par femaine avec de la graine de genièvre ou
autres herbes aromatiques, ou en y fufpendant un
fachet formé d’une once d'afîa-foetida, d’un gros
de camphre, d’un gros d’ail, de quatre onces de
genièvre; le tout réduit en pâte avec du vinaigre.
Quelquefois on met dans leur nourriture un peu
de manne & de thériaque, & un pen de fleur de
foufre dans leur eau.
Dans la maladie où la tête des poules ou autres
volailles enfle, on les guérit aifément en leur frottant
la tête foir & matin avec du vin rouge , dans
lequel on a fait bouillir la moitié d’un choux pommé
avec un peu de fon.
Il y a une autre maladie dans laquelle on peut
ebferver un petit bouton qui croît à la racine de
la crête ; lorfque ce bouton commence à blanchir,
il faut le percer; il en fort du fàng, & l’animal eft
promptement guéri.
Au commencement de l ’automne 1763, il s’é-
toit déclaré en divers cantons une maladie fur l’ef-
. pèce des poules, qui n’attaquoit aucune autre forte
de volaille. Les jeunes poulets , comme plus foi-
bles , en étoient les premières victimes.
Les poules en pleine valeur ne tardoient pas à
en reflentir les atteintes ; elles mouroient toutes en
fi grand nombre, que plufieurs fermes en ont perdu
juîqu’à cent dans une feule nuit.
Cette fâcheufe épidémie ne fe declaroit par aucun
fymptôme apparent, les poules tômbant mortes
en mangeant.
Néanmoins en y prenant garde de plus près , on
remarquoit que la crête' devenoit livide , .molaile ,
tomboit de coté , que l’animal 11’avoft ni fa gaite
ni fa vivacité ordinaire : d’autres fois il lutfpre-
noit une difficulté de refpirer annoncée par un petit
cri répété.
Le meilleur"remède que l’on ait trouve, & qui a
effectivement réufli, efl qu’au ffi-tôt que l ’on recon-
noît quelqu’un de ces fymptômes, de peler jufqu au
v if & à fang les parties livides de la crete, & de
faire avaler à la poule par petites gouttes du vin le
plus v if : celui du pays où fon fe trouve, pourvu
qu’il fbit nouveau & piquant j eft parfait pour cet
ufage.
Au refte, il ne faut pas attendre que l ’étourdif-
fement prenne à l ’animal, car pour lors la mort
eft certaine.
Il faut en outre tenir le poulailler le plus fain
qu’il eft poflible en le nettoyant, toutes les fois
que l’on s’apperçoit qu’il y règne^ une odeur un
peu forte occafîonnée par la première putréfaction
de la paille dont on doit faire un lit fous le ju-
choir.
Il eft bon âufli de faire de fois a autres dans le
poulailler quelques fumigations, avec du fort vinaigre
fur une pelle rouge.
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POULIEUR-FAISEUR DE POULIES.
( Art du )
J j e poulieur eft l’ouvrier qui ne s’occupe qu’à faire
des poulies. "
Il doit s’attacher à choifir pour leur conftruéiion
le bois dont les fibres étant les mieux liées ènfem-
ble, font moins fujettes à fe féparer.
M. l’abbé Mollet, met les poulies au rang des
machines qui agiffent comme lévier. C’eft un cercle
fur la circonférence duquel on acreufé un canal
ou une efpèce.-de rainure appellée la gorge fie la
poulie. Son axe eft le morceau de fer qui pafîe par
le centre.
On appelle chape les bandes de fer ou de bois
recourbées en demi-cercle entre lefquelles font fuf-
pendues & tournent des poulies fur un pivot ou ùne
goupille qui les traverfe & leùr fert d’axe, & va
-fe placer & rouler dans deux trous pratiqués, l ’ün à
une des ailes de la chape ; & l’autre à l ’autre aile.
Tout cet affemblage dé la chape & de la poulie
eft fufpendu par uii crochet fdit à une barre de fer,
foit à quelqu’autre objet folide qui foutient le tout.
Quelquefois la poulie rouléfur fon axe ; mais il
eft préférable de fixer l’axe à la poulie, & de faire
tourner le tout eiifemble dans les trous de la chape
pour ménager les frqttemens , & y préfenter moins
de furface.
La poulie de nos puits • agit comme lévier du
premier genre ; le point d’appui eft dans fon centre,
la puiflance à une extrémité de la corde & la ré-
fiftance à l ’autre.
La poulië {impie peut encore être confédérée
cornme un levier du fécond genre, lorfque la réfif-
tance étant attachée à la chape, un dés bouts de.la
corde tient à un point fixe, & que cetté corde ,
paffant dans la partie inférieure de la gorgé, eft
tirée ou foutenue à l ’autre bout par la puifîance.
Dans ce cas, le point d’appui & la puiflaiice
font aux extrémités, & la réfiflance eft au centre ;
la poulie où eft attachée le poids des tournebrochés
en eft un exemple familier.
Il y a des poulies qui ont plufieurs gorges concentriques.
Lorfque les diamètres de ces gorges ont
des rapports .convenables. .entr’elles, elles fervent a
rendre égales des forces qui font différentes entre
elles.
On donne le nom de moufles ou poulies moufiées
à plufieurs poulies placées dans une même chape,
ou les unes aû-deflùs des autres* ou parallèlement
entr’elles.
Ces machines font en ufage pour élever de grands
fardeaux ; elles font commodes en ce qu’elles occupent
peu de place , & que l’on peut fans embarras
augmenter., à fon gré l’adion d’une même, puiffance
; mais cela-me s’opère qu’aux dépens de la
vîteflè.
Au refte le nombre des poulies ainfi réunies doit
avoir fes bornes ; quand une fois les moufles contiennent
une certaine quantité de poulies, ces frot-
temens caufent un déchet dans le produit des forces
motrices, qui furpaffe ce qu’on pourrait gagner en
augmentant le: nombre des poulies.
Lès poulies inouflées ne peuvent jamais avoir
j tbùÉ, l ’effet' ' qui. devroit réfulter du nombre & de
la difpofition des leviers qu’elles repréfentent ; car
dans ces.fortes de machines, les cordes ont plufieurs
retours ; & quoique les puiflances qui les tendent,
chargent .d’autant.moins les axes que les poulies
fo'nt plus nombreufes, cependant, parce qxi’il n’y a
point de cordes dont la flexibilité foit parfaite ,
-én multipliant les; courbures, on augmente nécef-
vfairement.la réfiftance.
Il faut.fur-tout avoir'grand foin que les directions
des cordes foient parallèles le plus qu’il eft poflible ;
en général, oii doit préférer les grandes poulies aux
petites, fi la place le permet ;non feulement parce
qu’ayant moins détours à faire , leur axe a moins
de frottement; mais encore parce que les cordes
qui lès entourent & qu’elles font mouvoir y fouffrent
une môindre ^ourbure & leur oppofent par confé-
quent une moindre réfiftance.