
P U L V É R I S A T I O N .
( Art de la )
I j a pulvérifation eft une opération de l’ordre de
celles appellees mechaniques , 'préparatoires &
aiixiliaires. Elle produit la difgrégation des fujets
chimiques folides en les réduifant en une multitude
de molécules plus ou moins lubtils fi luper-
ficiellement adhérentes qu’elles cèdent au moindre
effort, prefqu’à la manière des fluides, ou
dont 1 aflemblage conflitue cette efpèce de fluide
imparfait que tout le de poudre, monde connoit fous le nom
Les inftrumens direâs & ordinaires de la pulvérifation
proprement dite, font le mortier & le
pgoelropth.yre, auquel fe rapporte la machine de Lan-
L opération qui s’exécute au rfïoyen du mortier,
rceotriee ntrti tluer antoiomn .de pulvérifation, & s’appelle ennfaLtaio
fné c&o nadlkéo foel infaotmiomn.e encore lévigation . porpki-
Les poudres préparées par la pulvérifation proprement
dite , c’eft-à-dire , au mortier fe paffent
enlutte au tamis, & la partie la plus groflière qui
peoftu rr eêftteree tfaumr i^f léee etanmcoisre .fe pulvérife de nouveau
entPtearre c eesf dt ecuoxm mparinfoee ufovurse sl ael tneornma tgivéensé,r adlo dnet l pau fluviête-
njation , oit-réduit tout un corps folide en une
poudre allez fubtile ; mais jamais on ne la pdrte
îanuô ydeeng rde e dlea pfuobrptihliytéri faatuioqnu.el on parvient par le
Ce ne font cependant que les corps très-durs ■
les fuollances pterreufes, terreufes , & les chaux
cmaért atolluisq uleess qauui tfroenst fcuofrcpesp tfioblliedse dse,l àv épgoérptahuyxr if&at iaonni -•
maux,comme cornes, bois, gommes, réfînes &c
fe réduiraient plutôt eu pâte qu’en poudre très-
fubtile fur le porphyre, parce que la chaleur qu’on
exeiteroit neceflairement par le frottement continu
eft capable de procurer une certaine molleflè à
ces fubftances ; & la liqueur qu’on eft obligé d’employer
principalement pour prévenir l’excès de
cette .chaleur, pourrait en extraire aufli: certains
principes.; avec, lefqqels elle formerait une efpèce
• colle abfolument contraire-au fïiccès de l’opération
; en' un mot, on neporphyrifeque les fujets
tres-iecs & très-durs ; & on a foin d’y employer
î une liqueur qui n’a aucune aétfon menftrueîle lut
eux, ordinairement de l’eau.
Outre ce moyen, qu’on peut appeller Ample 8s
vulgaire ; on emploie encore en chimie la pulvérifation
a l’eau ou par le moyen de l’eau, qui
s execute dans le mortien prefque plein d’eau, &
fur une petite quantité de matière qui doit encore
avoir, néceflairement & pour les mêmes
raifons, les qualités que nous venons d’exiger
dans les fujets de la porphyrifation.
Le manuel de la pulvérifation à l’eau , eonfîfte à
broyer & à agiter pendant un certain tems la matière
a pulvérifer, en forte que .l’eau employée en*
foit troublée; à laifier repofer un inftant cette eau
trouble, afin que les molécules les plus groflicrea
touchent au fond, & à décanter enfuité doucement
l’eau qui n’eft plus chargée que des parties-
les plus fubtiles qu’on en- fépare enfuite , foit par
la réfîdence , foit par la filtration.
Cette manière de pulvérifer, que quelques-uns
appellent philofophique, fournit des poudres très-
fùbtiles , & d’autant plus fines , qu’on a laiffé relpao
sdeérc adnatvearn. tage l’eau dans le: mortier avant de
Les chimiftefr connoiflènt, outre ees moyens
de pulvérifation, celui qui conflitue la vraie pulvérifation
philofophique , qui eft la difloîution chimique
, fûivîe de la précipitation..
Les précipités & les magiftères, qui font les
produits de cette opération, lorfqu’ils font faits
à grande eau, font des poudres très-fùbtiles»
On voitaflez qu’il n’y a. que les corps fufceptibles
d’iine diflolution abfolue, comme les métaux,
les terres, les'réfin es-, qui foient fufceptibles
de cette pulvérifatien.
La calcination, foit par le- fèu feul, foit par
le fecours du nître & la fublimation en fleurs^,
font encore', quant à leurs effets , des efpèces de
pulvérifation. Elles diffèrent feulement de la pulvérifation
proprement dite, aufli bien que de notre
pulvérifation philofophique , par le moyen d’action
, qui dans ces trois opérations eft chimique,
au lieu que dans la pulvérifation vulgaire & proprement
dite, il eft méchanique-.
Les règles particuliètes de manuel fur la pulvérifation
pharmaceutique, peuvent fe réduire à
ces principales :
i°. Quand on veut mettre en poudre des cotps
trop durs & cependant fragiles , comme les pierres
vitrifiables, & quelques cryftaux ■ très-durs, quoique
calcaires, &c. il eft bon de rougir ces matières
au feu 8c de les éteindre plufieurs fois dans l’eau
froide. Cette manoeuvre commence à les ouvrir &
les fait éclater.
Lémery dit dans fa pharmacopée univerfelle ,
que quand ,on veut pulvérifer le talc de Venife ,
il faut l’expofer environ un quart-d’heure à un
feu de flamme.
Les naturaliftes favent afïez. aujourd’hui que la
plupart des fubitances connues dans les boutiques,
fous le.nom talc , font des efpèces de pierres fpé-
culaires & de la clafle des pierres gypfeufes. Or,
un demi-quart-d’heure de grand feu de flamme réduit
une pierre gypfeufe en plâtre , & par-conféquent en
matière très-difcontmue , très-dilpofée à être réduite
en poudre ;,ainfî par le moyen indiqué par
m.ettre; en poudre féparétnent, telles que l’opium 9
le fuç d’acacia, celui de réglifle,. l ’hyppociftes,
le galbanum , l ’opopânax , le fàgapenum , le®
femences froides , les amendes, les pignons, & c .,
fe pulvérifent pourtant très-bien , lorfqu’elles font
mêlées à d’autres drogues très-feches qui dominent
Lémery, on obtient plus que l’auteur ne promet* i
Au refte c’eft une choie aflez inutile en Pharmacie
, que du talc de Venife en poudre.
i°. Il faut par la limation, ou par l’aâion- de
la râpe, difpofer à la pulvérifation les matières
qui ont une certaine flexibilité, comme cornes,,
ongles, bois, &c.
5°. Pour réduire en poudre les matières végétales
moins compades, comme feuilles , pétales de
fleur, étamines, &c. comme ces matières, quand
même elles” ont été très-bien féchées , font ,fu-
jettes à reprendre une certaine humidité qui les
ramollit & qui les fend pap-conféquent moins
caflantes ; il faut avant de les jetter les avoir fait
fécher doucement au foleil ou au feu , foit a découvert
, foit entre deux papiers, pour des matières
qui ont des couleurs tendres.
4°. Pour mettre en poudre les gommes , réfines
& lès camphrés, il faut oindre légèrement le
mortier & le pilon avec de l’huile d’amandes douces
; ou ce qui revient au même , piler quelques
amandes dans le mortier qu’on deftine à cette pulvérifation.
Sans cette précaution , ces matières
-s’attachent au mortier , & on a de la peine à les
pulvérifer; & quand ce font des réfînes qui ne
font pas très-friables, comme le maftic, par exemple
, il faut, au lieu d’huile , employer un peu
d’eau.
$°. Quant aux gommes proprement dites, telles
que la gomme adragant , la gomme du'fénegal,
la gomme arabique, &c. , il fuffit d’avoir chauffe
le mortier, afin que ces matières fe deflechent de
plus en plus pendant la pulvérilàtîon, car la
moindre humidité l’empêchetoît.
0°, Plufieurs matières qu’il eft très-difficile de
confîdérablement dans le mélange.
Aufli les compofitions pharmaceutiques, bien
entendues & exécutables, dans lefquelles on demande
qu’on réduilè en poudre ces lubftances
très-difficiles à pulvérifer, contiennent-elles toujours
une plus grande quantité de matières éminentes
pulvérifables, & c’eft l’a , é , e, de l ’art du pharmacien
, que de favofr introduire à propos dans
le mortier des proportions convenables des unes
& des autres de ces 'matières.
Ce n’eft pas pourtant une des opérations de pharmacie
des moins difficiles que la préparation d’une
poudre très-compofée, dans la quelle entre ces in-
grédiens rebelles.
7°. Pour prévenir la diflip^tiojû d^s parties les
plus fubtiles d’une poudre , foitlorfque ces parties
font précieufes , foit lorfqu’elles pourroient incommoder
l’artifte ou le manoeuvre, & même les
afliftans ; & principalement dans ce dernier cas,
on doit avoir un grand morceau de peau taille
en rond, & portant dans fon milieu une ouverture
munie d’une efpèce de cou ou de tuyau,
fait de la même peau , & à travers laquelle puifle
paffer le pilon ; on doit lier fortement cette manière
du tuyau au pilon , au moyen de plufieurs
tours de ficelle bien ferrés , & lier la peau, par
fa circonférence à la bouche du mortier , au
moyen de plufieurs tours de ficelles.
! Comme cette peau eft fuppofée aflez grande
pour qutelle le tienne d’une manière très-lâche
entre le pilon & les bords du mortier, cet appareil
n’empêche point le jeu du pilon , ni par
conféquent la pulvérifation.
Cette manoeuvre eft plus fûre que l’emploi de
quelques gouttes d’huile , de vinaigre , d’eau dif-
tillée, &c. , qui eft recommandée dans la plupart
des livres de pharmacie pouf la pulvérifation de
l’euphorbe , des cantharides, de la coloquinte , &c.
8°. Enfin on doit choifir pour chaque pulvérifation
des inftrumens d’une matière convenable.
Le mortier de* fer pour les matières très-difficiles
à pulvérifer ; celui de marjpre pour les matières
moins dures ; & toujours une matière telle que
la lubftance qu’on y traite ne puifle agir fur elle
chimiquement, loi qui s’étend à tous les inftrumens,
à tous les vaifleaux chimiques.
Il eft eflenriel à l’opération dont il s’agit, d’éviter,
aufli, autant qu’il eft poflible , que les fujets
auxquels on la fait fubir n’attaquent point mécha-
Hiquement les inftrumens qu’on y emploie.
; Il y a des mortiers de cuivre, de fer fondu ,
E e e e e t