
aux recettes pour le bleu un peu de magnéfîe, à
proportion de la nuance defirée : broyez, féchez,
jAilvérifoz comme à la, couleur bleue.
Couleur pourpre.
Prenez une demi-once de minium , une once de
l ’émail pourpre, auquel, pour le rendre fondant,
vous ajouterez une , pareille quantité de verre de
fonte ou de rocaille- : broyez , féchez, pulverriez
, &c. comme à la couleur de chair.
Voici la compolition’ de cet;.r émail que Néri
donne fous le titre S émail pourpre ou couleur
de lie de vin, propre aux bijoutiers"''pour l ’appliquer
fur l’or.; ..
V. Email pourpre ou couleur d e lie de vin* :
. Sur quatre liyres.de fritte a émail, prenez deux
onces de- magnéfîe : ayez foin de mettre ce mélangé
dans un pot verniffé affez grand pour qu’il y
relie du vuide, parce que eette matière ne manquera
pas de fè gonfler. Faites fondre ,1e tout à un
fourneau de verrier ; lo'rfque la matière fera bien
fondue, jettez-lâ dans de l’eau bien claire pour en
faire l’extindion & la purification. Faites trois fois
la même chôfo.
Quand la matière aura été mife en fonte pour
la quatrième fois, examinez fi elle'" eft de la couleur
defirée : fî vous voyez qu’elle foit d’un pourpre
pâle , ajoutez-y un peu de magnéfîe.
Merret préféré le fafran de mars-à.la magnéfîe..
Kunckel, qui trouve la dofo de magnéfîe trop forte,
remarque qu’il eft difficile de rien preforire fur les
dofès; que fî c’eft aux yeux à décider, c’eft à la
diredion du feu qu’il faut principalement s’appliquer;
que les émaux- demandént un feu tempéré
pour être mis en fonte, que , fans cette application
établie fur l’expérience, la couleur defirée dîfpa-
roît à un feu violent , & qu’on en- trouve fbuvent
une qu’on ne cherchoit pas.
Quant à l’émail pourpre de Né ri, il fe. fait ainfî,
qu’il fuit.
Autre émail pourpre.
Prenez fîx livres de la matière dont on fait l ’é—
mai!, trois onces dç magnéfîe, fîx onces d’écailles
de cuivre calciné par trois fois ; mêlez bien ces
matières après les avoir réduites en poudre ; au
Surplus , procédez comme dans la compofîtion précédente.
Kunckel remarque que celle-ci lui ayant manqué
deux fois, fans favoir s’il devoit s’en prendre aux
fobflances colorantes ou à la diredion du feu, il
réufflt la troifième fois, non fans y apporter beaucoup
do foins ; qu’il pbferva que le fuccçs dêpendoit
de la bonté de la- magnéfîe , jointe à l’attention
à bien ménager l ’adiVité du feu.
Il ajoute que, dans l’art de la verrerie, on ne
peut trop peler les circonftances , par exemple ,
d’un temps plus lourd, plus v if ou plus acre , ainfî
que les qualités du bois ou du charbon plus dur ou
plus tendre. .
Ne pas retirer- à propos la matière du, feu , l’y
laiffer trop ou trop, peu de temps', c’en eft .affez
pour manquer les compofîtions les mieux do fées8c
les mieux entendues.
Toutes les couleurs dont nous venons de donner
la préparation y après avoir été broyéës, léchées
& réduites en' poudre très-fine , étoient foi-
gneufoment enferméès1 dans des boîtes bien çlofes
contre les approches de la pouflière. On les y gar-
doit, jufqu’à ce qu’on s’èn forvît, dans des lieux
bien focs & impénétrables à l’humidité.
Lorfqu’on vouloit en faire ufàge , on les-'-dé-
lay.oit avec plus ou moins d’eau, dans laquelle on
avoit fait difloudre du'borax , comme il fe pratique
parmi les orfèvres.
On fe régloit en cela par le plus ou moins de
force qu’on vouloit donner a fis couleurs.
Avant de les' coucher fur les tables de verr®', On
en ufoit la forfacë la plus raboteufe ; car le verre
en table a toujours un côté plus uni & plus lifle :
on fè forvoit, à cet effet, de la poudre dont on a
ci-devant donné la préparation. -
: Le verre ainfî préparé , l ’on eouchoit fur la 'fur-
fa,ce ufée les couleurs dont on vouloit lè. colorer.
On fe fervoit., pour les premières couchés, ^d’une
broffe de foie de porc, puis d’une autre de cheveux
bien flexibles, de la forme dés larges pinceaux
dont les doreurs font ufàge. Ces pinceaux" étoient
ordinairement emboîtés dans dès tuyaux de plumet
On eouchoit ces couleurs plus ou moins épaiflès,
à proportion des tons qü’ori en attendoit.
Un foin bien recommandé dans cette opération,
étoit d’agiter continuellement la matière délayée ,
la poudre ayant par fa pefanteur beaucoup d’inclination
à fè précipiter vers le fond du vafe.
Lar méthode d’ufor le verre' fur une de Ces for-
faces avant de le colorer & d’en ôter ainfî le poli,
a. pu donner lieu à D. Pernetti d’écrire qu'on n emploie
point de blanc fur le verre , tant parce que le
verre coloré en blanc parohroit opaque 3 que parce
que le verre parQÎt blanc quand i l fe trouve entre la
Lumière & le fpcélateur.
Il eft néanmoins des occafîons indifpenfables de
peindre le yerre en blanc, par exemple , dans des
armoiries, des couleurs de linge, &c,
Je donnerai la recette de la compofîtion de cette
couleur blanche au rang des émaux qui font ac-*
Cuellement en ufàge dans la peinture for verre, &
qui ont pris la place des anciens verres de couleur
teints ou colorés.
Les meilleurs peintres vitriers du foizième fîè-
cle, ont connu .cette couleur blanche , & l’ont
utilement employée. On voit encore de très-belles
grifailles anciennes, glacées d’un lavis de cette couleur.
Avant de paffer à la calcination & recuîïfon des
tables de verre enduites de différentes couleurs fondantes
, il eft à propos d’obferyer i° . qu’il eft très-
important que le verre qu’on fe propofe de colorer,
foit tout dé même fabrique , c’eft-à- dire , s’il eft
poffible, du même pot, d’une même journée.,; .pu.
au moins d’une même verrerie ; car il y a différentes
efpèces de verre, dont la matière eft plus dure
ou plus tendre, plus blanche ou plus bifo, c’eft-
à-dire, plus jaunâtre, ou tiïânt plus ou moins fur
le verd ou for le bleu.
O r , dans le cas où des tables de verre, feroient
plus ou moins blanches l’une que l ’autre^ elles
prendraient à la calcination du foürnëau de feeuîf
fon, des tons de couleurs, différènsbàj proportion ,
quoiqufonduites des mèmès couleurs.;
Toutes , les fobflances qu’on emploie pour
colorer le yerre, produifànt autant de différentes
nuances , & ayant autant de differentes qualités que;
la .chymie emploie d’opérations différentes jpo.ur y
porter lés couleurs, celles dont on fè fort ici doivent
être mifos'^ toutes , autant que faire ; fe peut, dans
un égal degré de fufibilité, n’être pas plus dures
les unes que les autres, mais également- ai fées à
fondre, de façon qu’elles puiflent toutés s’attendre
dans un parfait concert pour entrer en même tems:
en fufîori.
Si. cètte .attention e'ft néceffalre pour toutes les
couleurs en général, .parce qu’elles courent rifque
de perdue leur éclat & leur vivacité à iin feu trop
violent, .elle . l ’éft. for-tout ; par rapport au jaune,
qui eft de toutes les couleurs la plus tendre & ]a
plus facile à fè parfondrç.
Trop' de feu lui ôte la couleur defirée & lui donné j
un rouge fan gui n. plus opaque que .tranfparent, ce j
qu’on appelle jaune brûlé : c’eft pourquoi , commè j
nous l’avons déjà fait entendre, cette céuieur de I
jaune doré, dans fa préparation , eft fufçèptible
d’un mélange d’ochre plus, ou moins dofé, -à proportion
que les autres couleurs font plus ou moins
dures.,
Cette opération dépend de l’expérience que le
peintre fur verre-, ou le chymift* qu’il emploiera
a la préparation de fos couleurs, doit avoir acquife
par les calcinations & rëcuiffons précédentes.
C’eft de cette calcination & de cette recuifïon
que je vais traiter, en foivant entre les renfeignemens
de Kunckel , ceux qui m’ont paru les plus
clairs.
Je tâcherai d’éviter lés répétitions dans lesquelles
il eft tombé , en copiant lui-même le manuforit de
cet habile peintre-for verre, dont il fait mention
I fans le nommer.
Les tables de verre étant enduites des différentes
I couleurs & bien sèches, il faut que la poêle dans
laquelle on doit les ‘calciner & parfondre par la
^recuiflon, foit proportionnée, dans fon étendue, à
, la capacité du four dans lequel elle doit être
; placée.
I Si donc .le four ou fourneau, & c’eft ici la me-
; .la plus étendue qu’on puiflè lui donner, conj
tierce, depuis le foyer jtfqu’à la..calotte, un pied
| dix pouces de profondeur dans oeuvre, autant de
largeur, & deux pieds & demi de -'longueur, une
i forme oblongue étant toujours plus convenable qu’un
quarré parfait, la poêle, qui doit toujours laiiïer un
efpace de trois pouces entr’elle & chacun dès quatre
| parois du fourneau, & donner ainfî lieu à la flamme
; de circuler également autour & de l’envelopper
: doit avoir un pied quatre ppuq.es .de: large, dix pouces
de profondeur, for deux pieds., de longueur.
Ainfî, en gardant les proportions fofdites, moins
le foyer a d’étendue, moins la poêlé doit être grande,'
en obforvant toujours, quelque-dimenfîon qu’on lui
donne, une diftance de fîx pouces depuis le foyer,
jüfqu’au-deflous'dé la .poêle, & une égale diftance
du deflus. de la poêle âu-deffus de la calotte ou
couvercle du four. J.
La poêle eft ordinairement de ferre à faire les
creufots, fans être verniffee, parce qu’elle ne doit
contenir aucun efprit fubiil.
Kunckel préféré néanmoins à cette efpèce de
poêle, celles qui font faites de forte tôle ou de
lames de fer.
Lorfqu’on veut recuire les pièces de verre ou
tables enduites de leurs couleurs , on prend de la
chaux vive qu’on a fait rougir dans un creufot ou
pot.
Qûaftd elle eft totalement refroidie, on lapafle,
au travers d’un tamis bien ferré ; enfoite on met
aiffônd de la poêle deux couches de morceaux de
verre, inutiles.
On.'répand par-deflus une couche de cette chaux
tamifée , de l’épaiffeur du doigt; on égalife bien
cette couche avec les barbes d’une plume.
, Sur cette couche, on-place une ou deux tables
de verre coloré ; on remet enfuitè for le verre en
la paffant au garnis, une nouvelle couche de chaux
& ainfî focceffivement, jufqu’à ce que la poêle fe
trouve prèfque remplie ; de manière que fur la dernière
couche de verre enduit de couleurs, il fè
trouve affez de place p*ur y mettre une couche de