
le corail qui s’y trouve, & alors ceux qui font fur
le bord de la felouque, ou petit bâtiment, détachent
le corail' de defiiis le. rocher , & le tirent hors
de l’eau.
L ’autre machine dont on fe fert Iorfqu’il eft question
d’arracher le corail qui eft dans les antres les
plus profonds, eft une poutre fort longiie à l’extrémité
de laquelle on attache un cercle de fer d’un
pied & demi' de diamètre , portant un fac à réfeaux
avec deux filets orbiculaires placés de côté &
d’autre.
Cette poutre, qui eft attachée par deux cordes
fort longues à la proue & à la poupe du vaifleau,
va au fond de la mer par le moyen d’un poids , &
eft dirigée dans fa courfe fuivant les mouvemens de
la felouque. Le cercle de fer, dont nous avons
parlé, fert à .rompre les petits rameaux de corail
qui font dans ces antres, & les difpofe à s’embarraf-
fer dans les filets.
Il y a quelquefois de ces rameaux ou branchés de
corail qui pèfent jufqu’à trois & quatre livres.
Comme ce que prennent les plongeurs ne fuffiroit
pas au commerce du corail, il y a à Marfèille une
compagnie qui en fait faire la pêche à fes dépens
au Bajlïon de France, qui eft une petite place fur
les côtes de Barbarie, & qui fournit aux Corailleurs
les fatteaux ou barques deftinéés à cet ufàge , avec
tout ce qui eft nécefîaire pour cette pêche qui eft
très-fréquente, & dans laquelle ils courent beaucoup
de dangers. Ils font au nombre de huit fur chaque
fatteau, parmi lefquels eft le projet, ou celui qui
entend le mièux à jetter dans la mer la machine qui
fert à tirer le corail.
Cette machine eft allez femblable à la première
dont nous avons; parlé. Elle eft compofée". d,e deux
chevrons liés en croix, entortillés négligemment
de quantité de chanvre , autour duquel on ajulle
quelques gros filets.
La machine étant ainfi préparée, on la- lai (Te
delcendre dans les endroits où l’on fuppofe qu’il y
a du corail j & lorfqu^on a lieu de croire que le
çorail s’eft fortement embarrafle dans le chanvre &
dans les filets, on la retire par le moyen des cordes
qui y tiennent î mais comme il arrive fouvent que
la réfîftance que fait le corail arrête fortement la
machine, on emploie jufqu’à cinq & fix chaloupes
pour la ravoir ; c’eft pour lors que les. Corailleurs
courent nique de fe perdre s’il arrive qjue la violence
des efforts faffe rompre quelques unes, de ces
£ordës.
La pêche de chaque fatteau, qui eft eftimée ,
année commune, à vingt-cinq quintaux , fe divife
en treize portions, dont quatre pour le patron, ou
maître Corailleur3 deux pour le projet., une pour
chacun des fîx autres Corailleurs, ôç la treizième
pour îndemnifer la compagnie qui fait faireda pêche
& qui a fourni les fatteaux.
Le corail qui vient de l’Amérique eft de couleur
de chair, de rofe, de gris de lin , de feuille morte,
ou mêlé de rouge & de blanc.
Suivant l’arrêt du Confeil- du 21 Janvier 17^0,
le corail du Bàftion de France paie pour droit
d’entrée vingt par cent pelant. Celui qui ne vient
pas des côtes de Barbarie ni du Levant, paye vingt
pour cent de fa valeur.
E s s a y e u r .
L ’art de V'eJfayciCr, à le confidérer eii général,
a deux objets ; favoir , 'l’elfai des mines , & l ’effai
du titre des matières d’or & d’argent.
EJfai des mines,
La fouille des mines & l’étabiiflement des fonderies
en grand étant un objet de la plus grande
dépenfe, 011 commence à faire en petit des eliais
pour juger de la quantité de métal & des avantages
que l’on peut retirer à exploiter une mine quelconque.
Les fubfiances qui fe trouvent naturellement
combinées avec les métaux dans l'intérieur de. la
terre, font fîngulîèrement le foufre & i arfenic,
quelquefois féparément,. mais le plus foùvent tous
les deux enfembiè. Outre le foufre & l’arfenic avec
lefauels les métaux font étroitement combinés dans
l’état minéral, ils font encore allez intimement
mêlés avec des fubftances terreufes de différente nature
& plus ou moins divifées.
Comme chaque éfpèce de métal a fes mines
propres & impropres, qui ont chacune leur caractère
& leur coup-d’oeil particulier, l ’habile eflayeur
voit 8c connoît à-peu-près à la vue fimple, au poids ,
& par quelques autres qualités qui 11’exigent aucune
opération , quelle eft l’efpèce de métal que contient
un minéral. En conféquehce il fait tout d’un coup
les opérations convenables au minéral qu’ü ' veut
examiner.
, Comme les métaux font répartis prefque toujours
fort inégalement dans leurs mines 9 on courrait les
rifques de faire dès efiais très-fautifs & très-trompeurs
, fi l’on ne prenoit pas toutes les précautions
convenables pour avoir un Téfultat moyen. On y
parvient en faifant prendre des morceaux de minéral
dans les différens filons, s’il y en a plufieurs, ou à
différens endroits du même filon: on côncâfie en-
femble tous ces morceaux de minéral avec leur
gangue, on mêle le tout tres-exaôfcement, & on
prend la quantité qu’on juge à propos de ce mélange
pour en faire l’efiai : pela s’appelle lotir une mine.
Par les travaux que l ’on fait fur ces efiais , on juge
de la valeur & de la richeiïe de la mine.
-Comme
Comme les premiers efiais fe font ordinairement
petit, les ejfàyeurs font dans l’ufage d’avoir un
petit poids très-exaft, avec toutes les fubdivifions
qui fe rapportent au poids des travaux en grand.
Le plus avantageux eft de faire un poids de cent
grains réels , comme le pratique M. Hellot, parce
qu’alors lés grains repréferitant au jufte des livres ,
ils peuvent fe fubdivifer & fe calculer avec la plus
grande facilité..
Lorfqu’ôn a pefé bien au jufte cent grains de la
mine qu’on veut eftayer , & qui a été lotie comme
on l’a dit plus haut, on la grille dans un têt fous
la moufle ; on la lave s’il eft néceflaire j en un mot,
on y fait en petit les mêmes opérations qu on grand.
On y fait les additions & dans les proportions convenables
, fuivant fa nature. Les fondans qu’on mêle
a la mine pour les efiais font ordinairement trois,
quatre ou cinq parties de flux noir} une, deux ou
trois parties de borax calciné, & moitié moins de
fel commun décrépité. Plus la mine eft réfradaire,
plus on eft obligé d’ajouter de ces fondans ; enfuite
on la fond, foit à la forge, fbit au fourneau de fufîon.
Le point eflentiel eft d’apporter aux efiais toute
l ’attention & l’exaditude pofïibles ; car la moindre
mexaditude dans les poids, ou là plus petite perte
de matière, peuvent caufer des erreurs d’autant plus
grandes, que la difproportion du poids des matières
fur lefquelles on opère eft pdus grande par rapport
aux poids des mêmes matières dans les travaux en
grand. Il faut donc porter l’exaditude de ces opé^-
rations en quelque forte jufqu’à la minutie. On ne
peut fe difpenfer, par exemple, d’avoir de petites
balances d’eflai de la plus grande jufteffè.
L e fîeur Galonde, qui demeurait aux galeries du
Louvre, dont l’habileté eft reconnue pour les pendules
& tout ce qui eft du reflort de l ’horlogerie,
a fupprimé plufieurs inconvéniens qui fe râcon-
troient auparavant dans les' balances d’efiài, & en
faifoit de fi juftes, qu’elles font en état de trébucher
pour des fradions moindres qu’un millième de
grain ; juftefie à laquelle les balances les plus fen-
fiblès n’étoient point parvenues, même celle dont
parle Brifon dans fou traité des monnoies.
A l ’ufage près, la chape de la balance d’eflai du
fîeur Galonde nJa rien de commun avec les autres ;
elle eft faite dune lame de cuivre écroué, dont la
partie fupérieure eft foudée aux deux extrémités
d’une portion de cercle, marquée de quelques di-
vifîons arbitraires qui mefurent l’inclination de la
languette ; une coulifle, formée de deux plaques
rondes, réunit la chape à fon fupport, de façon
qu’elle puifle vaciller de devant en arrière jufqu’à
ce qu’elle foit dans fon centre de gravité.
Comme cette balance eft fi délicate que le moindre
mouvement de l ’air eft capable de l’agiter, on
la renferme dans une lanterne garnie de verre de
* A ns & Mécierj, Tom. VI,
tous côtés î on la place de façon qu’elle fo't à fon
aife, & que fes plateaux ne touchent à rien lorP
qu’on l’élève ou qu’on l ’abaifle.
Il convient de ne pefer le quintal de mine qu’a-
pres qu’on l’a réduite en poudre groflière, telle
qu’elle doit être pour le rotifiàge-, à caufe du déchet
qui ne peut manquer d’arriver dans cette pulvéri-
fation. Il faut, lorfqu’on rôtit la mine, la couvrir
avec un têt renverfé, parce que la plupart des mines-
font fujettes a pétiller quand elles commencent à
éprouver la chaleur.
On doit obferver dans la fonte d’appliquer jufte
le degré de feu néceflaire pour que cette fonte foit
bonne & complette , frapper autour du creufet avec
les pincettes Jorfqu’elle eft faite, pour faciliter le
dégagement des parties du régule d’entre les feo-
riès, & occàfîonner leur defeente & leur réunion
en im feul culot, & ne cafler le creufet que quand
il eft parfaitement refroidi.
On reconnoît, en cafîànt le creufet, que la fonte
a ete bonne lorfque les feories font nettes, com-
pades ^ bien égales , qu’elles n’ont point f.irmonté
ou pénétré le creufet, qu’elles ne contiennent aucuit.
grain métallique, & que leur furface eft iifie & s’enfonce
vers fon milieu en formant une efpèce de
trémie. A l ’égard du culot, il doit être bien raflent-
blé, entièrementcompade, fans trous ni foufflures,
& avoir une furface nette & convexe. On le fépare
exadementdes feories, on le nettoie; parfaitement -
& enfin 011 le pèle à la balance d’eflai ; fi l’opération
a ete bien'* faite -, fon poids fait connoître la
quantité de métal.que fournira chaque quintal réel
de la mine dans le travail en grand.
v Comme c’eft d’après les efiais qu’on fe détermine
a faire les fouilles & l’établiflement des fonderies
en grand, ce qui occafionne toujours' des dépenfes
confîdérables, il eft prudent de traiter aufll par forme
d’efiai dix ou douze livres réelles de minéral} & les
ejfàyeurs doivent être^ pourvus. des fourneaux 8c
autres uftenfîles néceflaires pour faire ces fortes d’efr-
fais moyens.
F a i s e u r d e c e r c e a u x .
C eft celui qui, dans plufieurs provinces , porte
le nom de p Heur de coudre, qui prépare & plie en
rond les bois qui font propres à faire des cerceaux.
Cet art eft aufli ancien que celui des tonneliers
parce qu’il ne leur eft pas poflible de maintenir les
douves dont ils forment leurs tonneaux fans le fe-
cours des^ cercles. S’il eft vrai, comme l’afiufe Pline
que les piémontois foient les premiers qui aient fait
ufage des tonneaux, ils ^doivent être aufli les inventeurs
des cerceaux.
Tous les bois pliâns, comme le charme, l’orme le
châtaignier, le chene, le laurier, l’aune, le coudre &
prefque tous les bois blancs , font propres à en faire
des cercles pour les futailles ordinaires j cependant
Yy 'y y