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leurs forces , & à faire durcir l ’aubier, & le convertir
en bon bois.
Il faut couper les beis pendant la'feve, les jetter
dans l’eau , les y laifler l’efpace de fix mois , & les .
faire fécher à l’ombre. L ’eau diflout la feve, l’aubier
fe durcit ; ce bois n’eft plus piqué par les vers ,
dont tous les oeufs qui ont pu y être dépofés , périf-
fent : le bois, fuivant les expériences qu’on en a faites,
eft capable de fupporter un poids plus grand d’un
fixieme que les mêmes bois coupés pendant l’hiver
dans le même terrein. Lorlque les pièces font petites
, il fuflît de les faire bouillir trois ou quatre
heures dans l’eau. On pourrait même le rendre meilleur,
en le faifant bouillir dans quelque huile végétale.
On a reconnu aufli que fî l’on enlève l’écorce des
arbres, & qu’on les laide ainfi dépouillés pendant
une année, L’aubier fe durcit, & devient un bois
d’un auffi bon ufage que le refte.
Pour rendre le bois incorruptible, on a propofé
de le faire fécher dans des fours conftruits exprès,
ayant une double enveloppe, de manière que la
pièce ne puitTe point brûler. Lorfqu’on échauffe le
four pour la faire fécher, on plonge cette pièce
toute chaude dans du fuif fondu, & enfuite dans du
goudron.
Les pores ouverts par la chaleur fe pénètrent de
ces fubftances : les bois ne font plus fujets alors à
êtte altérés par les variétés de la chaleur 3 du froid,
de l’humidité.
Des pièces de bois ainfi préparées, dureraient
fix fois plus ; épargne très avantageufe pour les bois
de marine qui-deviennent fort rares.
Le goudron , mis fur les pièces de bois à froid,
n’y tient pas bien , & Ce détache au bout d’un certain
tems.
Moyen de garantir le bois de la piquure des vers.
Les affauts que les vers donnent aux bois, les
font bientôt tomber en pourriture. M. Pingerôn a
efiayé avec fuccès de prendre des petits morceaux
de bois de noyer & de les mettre dans de la ceadre
de farment : au bout de trois ou quatre , jours , toute
. 1 humidité ' du bois étoit ablorbée : il a frotté furie
champ Ton bois avec de l ’huile de noix un peu
tiède, & l’a remis dans la cendre qui s’eft chargée
de l’huile fuperflue : ce bois ainfi préparé \ rend une
belle couleur, devient plus flexible, & n’eit point
attaqué par les înfedes deftruéteurs, Ce procédé
peut très bien s’appliquer aux modèles de petites
machines.
On a publié dans les annonces de Leipfîck, un
moyen d’empêcher le bois d’être attaqué par les
vers : ce procédé eft, dit-on , appuyé fur vingt ans
d’expérience. L ’on recommandé de choifirpour
la coupe dès arbres de conftruéHon , le tems ou la
feve eft moins abondante , c’eft-à-dire, depuis la
mi-janvier, jufqu’à la mi-février.
^uffi tôt que le fapîn, le chêne, le pin & autres
bois fe$nblables font coupés, il faut fe hâter de les
mettre en oeuvre : plutôt on les emploie, plus ils
finit propres à, lâ cpnftruétion , moins ils font fujets
à éprouver les ravages des vers, & plus ils durent
& fe cônfervent dans les édifices, ainfi que dans les
ouvrages-dé menuiferie.
L ’érable a beaucoup de pores dans lefquels la
feve féiourne après qu’il a été coupé, même pendant
l’hiver ; on doit donc éviter de l ’employer
tout de fuite.
SiTon defire que le ver ne l ’entame point, il
faut, avant d’en faire ufage pour la conftruâion
des édifices, le garder , & ne pas le dép’ouïller de
fon écorce jufqu au mois d’avril, c’eft-à dire, fix
ou fept iemaines-depuis qu’il eft coupé. Les premières
chaleurs du printems font fermenter la Teve
de ce bois, & lui donnent un goût d’aigreur qui
en éloigne les vers, & les empêche d’y pondre.
Les planches, il eft vrai, qu’on en fait enfuite,
perdent quelque chofe de leur luftre , & font moins
dures & moins blanches : mais les ouvrages fabriqués
avec ce bois n’en durent pas moins pour cela.
On préfume même qu’ils peuvent fe maintenir pendant
plufieurs - fiècles fans que les vers s’y mettent*
Le bois de chêne eft, ainfi que l’érable, très-
fujet à être endommagé par les vers ; mais pour les
écarter, il fuffit, apres qu’on a coupé ce bois dans
le tems le plus favorable , de le nettoyer & de le
bien faire fécher, & fur-tout de dépouiller Les parties
intérieures de l ’écorce qui touchent le bois immédiatement,
de toute leur humidité.
Les bottes-fortés de la cavalerie ne fauroient
avoir trop de folidité. Les troupes étant obligées
de refter à cheval quelquefois pendant plufieurs
jours de fuite expofées à la neige. & à la-pluie , les
bottes s’imprégnant d’humidité.
Le ligneul qui fert à les coudre s’imbibe d’eau , fe
pourrit, & les bottes de la cavalerie fe trouvent
quelquefois découfues & en très-mauvais état .pendant
Thiver, & cela dans un pays ennemi.
On a indiqué lès moyens de remédier à cet inconvénient.
Ce ferait de coudre lés bottés avec du
fil-d’archal ou de laiton. Pour lui conferver toute
la fouplelfe du ligneul, il ne s’agit que de le bien
faire recuire. Pour cet effet, on met. ce fil en botte
dans le feu'iufqu’à ce qu’il foit bien.rouge, enfuite
on le retire du milieu du feu pour le faire dérougir
fur de la cendre chaude: on l’amène ainfi par degré
à l’état du froid; avec ces précautions, il-fe ;com-
ferve très-fouple. La feule attention eft de prendre
' ' garde
p R o
gardé qu’il ne fe croife en le tirant, autrement il
Te tord & fe rompt.
On obfèrve feulement, en coufant, de mettre
au pied deux femelles. de plus, outre la femelle
ordinaire ; & avec ces foins on conftruit des bottes
qui peuvent durer fept ou huit ans.
Si l’on prépare des bottes molles de cuir de veau ,
on emploie du, fil de fer plus fin.
B o u c h o n s d e l i è g e »
Divers moyens ont été mis en ufage jufqu’à pré-
fènt, pour empêcher les 'vàfes de grès ou, de cri fiai
dans lefquels on renferme l’efprit de vitriol, l’eau
forte, les fels volatils, &c. de laifler paflage à l’évaporation
de ces liqueurs- Les bouchons de ces.
vàfes ont été enduits de poix réfine, de „colle &
autres ingrédîens tenaces capables de fermer, toute
ifîue aux parties fpiritueufes fujettes à évaporation.
On a de plus efiayé d’envelopper ces bouchons
de cire & de lanière de veflie : mais ces expédiens i
ont foiblement réufli.
M. Ruden Schueold, conféiller de commercé en
Suède, a éprouvé .que la cire Vierge ou blanchie au
io ie il, mêlée avec du fuif de boeuf bien nettoyé ,
& employée dans la proportion de deux tiers de
dire, & un tiers de fuif^ çommuniquoit au liège,
trempé deux ou trois fois dans ce mélange, la propriété
nécefla'ire pour ne laifler aucun paflage aux
parties ïubfciles des liquides les plus forts & les plus
fpiritueux.
Il eft néceflaire, toutes les fois qu’on aura trempé
le bouchon de liège, dans ce mélange de cire & de
fuif, dé pofér le côté le plus large fur une pierre
ou fur une plaque de fer, & de le tenir ainfi dans
lin four chaud, jufqu’à ce qu’il foit parfaitement
fec. '
• Si on falfoit bouillir le liège dans cette mixtion,
il acquerrait plutôt la vertu dont il s’agît; mais il
perdrait une partie de fa flexibilité & de Ton élasticité.
Au moyen de cette préparation, le liège ne
lai fie échapper aucune partie volatile de quelque
liqueur que ce foit ; il eft vrai qu’à la longue l ’eau
forte le ronge , mais il réfifte beaucoup plus long-
tems.
• On a éprouvé de plus que ces bouchons ainfi
trempés dans un mélange de deuaC tiers de cire &
d’un tiers de fuif, ne donnent aucune odeur au
vin ; au lieu que les bouchons d’Angleterre, que
l’on fait bouillir dans l’huile , lui en communiquent
une très-défagréable.
B o u l e d ’ a c i e r , autrement boule de Mars ou
de Na T’ Cy.
Gomme cette préparation eft un excellent vulnéraire
, tant à l’intérieur qu’à l ’extérieur, nous
Arts & Métiers. Tôm. NI.
P R O 7 1 3
allons, d’après le Diétionnaire de Chymie, indiquer
la manière dé la faire. On prend une partie
de limaille de fer , & deux parties de crème de
tartre pulvcrifée. O11 les' mêle bien enfemble : on
met ce mélange, dans un vafe de terre ou de fer :
on y ajou e de l ’eau ; enforte qu’il foit comme une
bouillie.
On laifie ce mélange, en le remuant de tems en
tems jufqu’à ce qu’il foit prefque fec. On, y ajoute
encore de l'eau, & on le traite comme la première
fois. On continue de le traiter ainfi, jufiu’à ce
qu’on s’apperçoive qu’étant prefque fec , il ait une
confîftance & une ténacité approchante de celle
d’une réfine ramoliie : alors on le roule pour lui
donner la forme dé boule, On enferme ces boules
dans un nouet.
Les boules de Mars, qui fe font à Nancy en
Lorraine , paflentpour être les meilleures.
La manière de s’en fervir eft d’agiter la boule
dans de l ’eau tiède , jufqu’à ce qu’elle lui ait communiqué
une couleur fort brune.-
On peut, en certaines circonftances, y ajouter
au plus un tiers d’eau-de-vie, & en baffiner chaudement
les parties malades fur lefquelles ,on appliquera
des comprefles quadruplées, imbibées de la
liqueur, obfervant de les tenir toujours humeéiées
fans les lever. II faut, avant tout, avoir foin de
•bien nettoyer la plaie ; & s’ il eft poffible, en ôter
tout, le fang avant d’y appliquer ladite teinture.
B o u l e s d e m e r c u r e .
Les boules de mercure font un amalgame de mercure
& d’étain aflez folide pour pouvoir-fe mouler
& conferver de la Confîftance. On fait fondre
l’étain: on y ajoute le mercure, & on coule le tout
dans un moule creux & roui.
On fe fert de ces bou'es pour purifier l ’eau dans
laquelle on les fait bouillir : on les porte en voyage
pour cet ufage. Nous penferions que la fîmple ébullition
de l’eau doit être feule un moyen très-efficace.
■ B o u l e s d e v e r r e c o l o r é e s .
!• Si on veut colorer une boule qu fphère. de verre
: blanc, il faut prendre une quantité fuffifante de
colle de poiflon, la mettre détremper pendant deux
jours dans l’eau j la faire un peu bouillir jufqu’à ce
qu’elle, foit bien fondue.; verfer enfuite cette colle
encore tiède dans un globe de verre , remuer bien
le globe afin que la colle s’atta.che~à toutes ces parties
intérieures ; ôter après cela tout ce qui refte
de fluide ; tenir prêtes des couleurs en poudre ;
commencer par le minium qu’on fera entrer dans
le globe par un tuyau de rofeau ; & afin d’avoir différentes
nuances, yfouffler enfuite du bleu d’émail,
puis du verd-de-gris , de l’orpiment, & enfin de la
aque*
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