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en définiflànt I’eflence ; nous allons confîderer ce
qu'elle eft lorfqu’elle Ibrt (ans incifîon ou par inci-
fion des arbres , ou lorfqu’elle eft degagee de la
fubftance fpiritueufe.
Lorfqu’elle Ibrt par încilîon, & qu’elle^ s’y def-
sèche, on l’appelle galipot ;. on nomme terebenthine^
le fluide qui Ibrt en premier de l ’incifion. : ee qui
s’épaiflit, s’appelle barras.
Lorfqu’on met l’arbre qui donne cette fûbftajice,
par un bout fiir le feu, comme font les payfàns des
landes , il en découle par l’autre extrémité :
i ° . Une matière blanchâtre, un peu vifqueufè »
que l’on connoît lbus le nom de poix-réfine blanche•
î °. Une huile noire qui entre dans la compofî-
tion du goudron.
3°. Enfin ce qu’on qualifie de poix noire, ou
poix de Bourgogne.
Si l ’on diftille la térébenthine, à l’aide de l’eau
bouillante , dans des vaifleaux fermés, la portion la
plus fluide qui s’élève dans le récipient, eft ce
qu’on appelle ejfence de térébenthine.
Ce qui refle & prend aifement une confîflance
folide, donne la térébenthine cuite q u i, lorfqu’on
la fait recuire & fondre , donne la colophane ou
Yarcanfon,
L a térébenthine eft une des matières eflentielles
aux vernis ; elle entre dans la compofition de presque
tous ceux faits à l’efprit de v in , à l’huile &
à l ’eflence î fbn principal mérite eft de leur donner
du brillant, du liant & de la limpidité.
Les autres gommes que l’on y ajoute contribuent
feulement à les faire fecher, & à leur donner du
corps : ainfî ils doivent leur beauté à la térébenthine,
& ils tiennent leur confiftance des réfines.
Quoique fluide, la térébenthine n’y laîfle aucune
humidité ; l’aéhon du feu fait évaporer le flegme
qui s’y rencontre, & il n’y refle que la réfîne & l’ef-
rence qut, toutes deux prîtes féparément, font éga*
lement bonnes pour les vernis, 8c qui, réunies en-
fèmble, lpi donnent les qualités requises pour faire
l ’excel ent vernis.
Elle a cependant le défaut de le rendre un peu
ambré, ce qui vient de là couleur jaunâtre.
Toutes les autres matières qui dérivent des dî-
verles préparations de la térébenthine, telles que
l’huile de poix , la poix-réfîne, la grofle térébenthine
, la refine, la colophone , l’arcançon , dont
on vient de parler, peuvent fervîr à faire du vernis
; mais comme, par ces différentes préparations.,
la térébenthine fe trouve toujours altérée, on ne
les emploie guère que pour faire des vernis communs
ou de gros vernis » qu’on applique lorfqu’on
veut mettre un enduit quelconque fur des fujets qui
ne méritent pas les frais d’une dépenfê un peu con-
fidérable.
On fè difpenfêra ici d’indiquer la manière de
faire ces vernis communs; après ladefeription de
la façon des plus beau*, il fera aîfe’ d’en corn-
pofèr de moins fins avec toutes ces matières, &
de les combiner entr’elles , comme on le jugera à
propos.
On ne fait guère, ou point de vernis avec de
la poix grecque ou de la colophone : i l ferait, a
la vérité, allez brillant, mais roux, auroit l’inconvénient
de ne pas Fécher, & ferait couvert de
pouflïère avant que d’être parfaitement fec.
Des bitumes.
Les bitumes font des matières huileufes & rfîK
néralifées qu’on rencontre dans le fein de la terre,
& qpi (ont tantôt liquides, tantôt folides ; ils different
des refînes , en ce qu’ils font indiffolubles
dans l’efprit de vin.
L ’ambre jaune ou fuccin, l’afphalte ou bitume
de Judée, font les bitumes qui entrent le plus ordinairement
dans la compofition des vernis.
Quoique le copal (bit la réfine d’un arbre, cependant
les rapports avec le fiiccin , dont il a toutes
les propriétés relatives à l’art du vernifTeur,
doivent le ranger dans cette clafFe. En effet, il en
a la belle tranfparence, la dureté & l ’indiflblubi-
lité dans l’efprit de vin.
C’eft même cette obfèrvation qui nous a déterminé
à- faire voir la nuance imperceptible des
refînes aux bitumes, & qui nous démontre que
chaque clafle tient à fà fuivante , par des fubf-
tances qui ont des qualités communes aux deux
clalTes.
Le copal efl une réfine dure, Jaune, luifànte »
S tranfparente, dont il y a deux efpèces ; l’une , ap-
pellée copal oriental, qui vient des grandes Indes
& de la Nouvelle-Efpagne : la fécondé, qui vient
d’un arbre qui croît abondamment fur les montagnes
des ifles Antilles & à Cayenne.
Il la faut choifîr en beaux morceaux, d’un jaune
doré, bien tranfparens, peu friables & légers.
Le copal efl la plus belle réfîne qui fêrve au
vernis ; fa légère teinte & fa tranfparence font regretter
qu’il faille, pour le maintenir dans un état
de fluidité , des huiles qui l’obfcurciffent toujours
un peu.
Si les procédés de Ia’chymîe pouvoient trouver
quelque liquide qui, en s’incorporant avec le copal, luî
confervât fà blancheur & fbn éclat, on auroit trouve
le fècret fi defiré d’une matière qui fùrpafl.eroit de
beaucoup le vernis tant vanté de la Chine ôt du
Japon, & 1« nôtre alors l'emporterait fur celui des
chinois & fur la nature elle-même.
f Le karabé s’appelle en latin elcSlrum : en effet,
c ’eft à lui que l’on doit la découverte de l’éleéfri-
cité ; de-là vient qu’on a nommé corps éleâriques,
tous les corps qui, de même que le fuccin , ont
la propriété d’en attirer de plus léger, ou de les
repouffer.
M. Neumann, dans une leçon publique fur le
fuccin, imprimée à Berlin en 1730 , en allemand,
dit que les hollandois font palier pour de l’àmbre
une réfîne végétale , nommée gomme de look , qui
vient de l’Amérique.
Ce fàvant fait obferver que, quand cette gomme
eft préfentée feule, on peut aifément la reconnoi-
tre à ce que , i° . elle eft peu éleétrique.
i°. A ce que fbn odeur/n’eft pas celle du
fuccin.
30. Que, mifè dans l’efprit de v in , elle perd
beaucoup de fà fubftance. ^
4°. Qu’elle ne donne pas de fel volatil par la
diftillation. Mais quand elle fe trouve mêlée avec
du véritable ambre, & en morceaux de volume égal,
il eft très-difficile de la diftinguer : auffi eft-ce de
cette manière que les hollandois ont coutume de
ï’expofer en vente.
Le karabé, autrement di t fuccin ou ambre jaune,
eft une fubftance bitumineüfè, dure comme la pierre,
<fune couleur tantôt jaune, tantôt blanchâtre, tantôt
citrine, b elle, luifànte, tranfparente, qu’on
doit choifîr en beaux morceaux durs, clairs , fe liquéfiant
au feu & s’y enflammant.
Il'fert à faire les vernis moins beaux fàns doute
que ceux au copal, mais bien plus durables; la dureté
de fà fubftance lui donne une fblidrtê inaltérable.
L ’expérience , dit M. Wattîn, ou plutôt le ha-
fàrd qui fouvent tombe à l’improviite fur les recherches
, nous a découvert que le copal étoit dif-
fbluble à froid dans l’efprit de vin.
1 Cette diflblution eft on ne peut pas plus prompte,
puifqu’eîle s’opère en deux ou trois minutes , &
ne dépend que de la préparation de la gomme. Le
vernis en eft fort limpide & fort dur.
Il faut tout dire cependant, la diflblution n’eft
pas intégrale ; il y refle un réfîdu qu’on peut remplacer
en ajoutant une autre quantité de copal préparé
, pour en fàturer fuffifàmment l ’elprit de vin.
Uafphalte ou bitume de Judée eft une fubftance
folide, cafîànte, reflèmblant à la poix , noire, fùl-
phureufe , inflammable > exhalant en brûlant une
odeur fort défàgréable*
Il faut le choifîr d’un beau noir, luifant, com-
paél, plus dur que la poix, n’ayant point d’odeur
que quand il eft approché du feu ; prenant garde
qu’il ne foit mélangé avec de la poix, ce qu’op
reconnoîtra par l’odeur.
Celui qu’on vend dans le commerce, eft prefque
toujours le caputmoriuum de la redifieation de l ’huile
de fuccin. g
Les hollandois ont en Hongrie des mines de fuccin
, dont ils fe font rendus proprietaires : ce^ fuccin
n’étant point de défaite comme fuccin , ils le
diftiilent, en retirent à part le fel & l’efprit qu’ils
purifient : quant à l’huile, ils en obtiennent l’huile
d’ambre dont fè fervent les maréchaux, & la matière
dont nous traitons ic i, qu’ils nomment bitume
de Judée.
L ’afjphalte fond dans l’huile & fert à faire des
vernis gras, noirs, & pour faire des mordans ,
étant ondueux.
On en ufe moins depuis qu’on fait des mordans
jaunes , qui valent mieux pour bronzer, le bronze
prenant toujours, de la couleur du mordant.
Il ne peut, étant noir de fà nature, fervîr pour
faire des vernis à tableaux, ni pour des fonds colorés
; Conféquemment il ne doit jamais s’employer
avec le copal, qui eft une réfîne blanche &
tranfparente.
De la compofition des vernis.
Nous avons annoncé trois fortes de vernis, vernis
clairs ou à l ’efprit de v in, vernis gras ou à
l’huile , & vernis a Y ejfence : d’après cela, il fem-
ble qu’il ne nous refte plus qu’à indiquer la manière
de faire le meilleur de chacun de ces trois
vernis.
L e meilleur , foit à l’efprit de vin ou à l’huile ,
étant donné, on ne devrait pas, ce fèmble, en
avoir d’autres; & c’eft entrer dans des détails fu-
perflus, qui paroiflent multiplier fàns raifon les
êtres, que d’en préfenter qui, avec les memes
matières , font dofes différemment : telle eft, dars
toute fà force, une objeéfion qui m’a été faite , & à
laquelle je crois, dit M. Wattin, devoir répondre*
Si l’emploi du vernis étoit le même, c’eft-à-dire,
fi on ne l’appliquoit que fur les mêmes fûjets &
de la même manière, fàns contredit il fuffiroit d’un
feul vernis, qui ne devrait jamais varier dans fes
dofès ; mais l ’emploi en eft fi varié, les fujets qui
le reçoivent font fi différens entr’eux , foifc par leur
pofîtion qui les rend plus ou moins fujets au frottement,
foit par leur expofîtion qui leur eft plus
ou moins avantageufe, foit même par les modes
particuliers à ces fujets, tel que la couleur, &c.
qu'il ne faut pas s’étonner de voir tant de fortes
de vernis j & quoiqu’il foit très-Yrai de dire qu’il