
jardin , aillent même à cént pas de diftançe ,
tomber fur une loupe à eau pofée verticalement,
à la rencontre de ces rayons, ilfe.formera derrière
cette loune un foyer prefqu’auffi a&îf que fî la loupe
recevoit immédiatement les rayons du foleil ; c’eft-
à-dire, que ce foyer aura affez de force & de chaleur
pour enflammer, fondre , &c. à proportion
de !a grandeur de la loupe & de celle du miroir
plan , par le moyen duquel on aura réfléchi les
rayons du foleil.
Cette expérience mène naturellement à imaginer
qu’il eft poffible d’attaquer le même’ corps dans un
creufet avec plufîeurs foyers de ces loupes réunis
dur lui.
Une de ces loupes recevra immédiatement les
rayons du foleil, étant placée entre lui §: le creufet ;
une autre loupe fera pofée derrière le creufet, &
recevra les rayons du foleil réfléchis fur elle par
un miroir plan, incliné cpîiy.enablement pour cet
effet.
On peut en placer deux autres fur les côtés ,
qui recevront aufli les rayons folaires réfléchis fur
chacune d’elles par un miroir plan, & ces quatre
foyers agiflant enfëmble fur ce corps, lui feront
ainfî éprouver prefquè quatre fois plus de chaleur
que quand il n’eft expofé qu’au foyer de la première
loupe feule, en les fuppofant toutes quatre
d’un diamètre égal.
Enfin , il eft vifîble qu’en employant des loupes
dont les foyers foient de différentes longueurs ,
& des miroirs plans pour replier les rayons fur
chacune , on peut faire coïncider fur le même
corps & dans le même creufet un plus grand
nombre de ces foyers ; leur réunion y portant
une chaleur d’une aâivité encore inconnue, produira
des effets qui le font fans doute aufli; ce
peut être une nouvelle fource de çonnoiflancçs à
acquérir.
Lorfqu’on place au foyer d’une de ces loupes
une grofle bougie allumée, il fe forme de l ’autre
. côté de la loupe une autre colonne de lumière
qui porte (on éclat fort loin, & à l ’extrémité de
laquelle on peut lire ou éclairer des objets dans la
nuit, qu’on ne verrait pas à la diftançe ou l’on
e f t fans le fe cours de cette lumièrç.
On peut employer cette colonne de lumière
pour tracer affez exaétement le profil d’une personne
; il faut pour cela placer une bougie un
peu plus près de la loupé que fon foyer , précisément
a la hauteur de fon centre, & pofer cette
loupe bien verticalement : vous faites affeoir la
perfonne à cinq ou fîx pas de la diftançe de la
loupe, allez haut ou affez bas pour que le centre
de fa tête, celui de la loupe, & la flamme delà
bougie foient dans la même ligne. Cette perfonne
doit être de côté contre un grand verre ou une
glace non étalée ? arrêtée verticalement dans l’o.u-
Verture d’unfe porte par deux barres de boïs, dont
une la foutient par en bas , & l ’autre la maintient
par en haut.
On couvre cette glace d’une feuille de papier
blanc , qui y eft attachée par les quatre coins avec
du pain à cacheter. Tout ainfl" difpofé, le profil
de la perfonne eft très-aifé à tracer fur ce papier,
en luivant le contour de l’ombre qui y eft formée
par la tête de la perfonne aflïfe de l’autre côté de
la glace. Par le même procédé, on peut , fans
favoir defliner, fe procurer le profil de tout autre
chofe fur-le-champ.
On peut même tracer de différons côtés "“une
machine dont on a le modèle en petit, & tout
aurre de médiocre grandeur.
Avec une loupe de dix à douze pouces de dia#
métré, qu’on place debout, inclinée fur fon axe
entre foi & un livre in-40. , les perfonnes qui ont
la vue foible ou baffe, peuvent aifément lire fans
fe fervir de lunettes , & fans fe déplacer pour paflër
de la page gauche. à la page droite.
Il fuit de-là , que ces loupes peuvent être commodes
& utiles aux déchifreurs d’anciens titres ;
comme ces loupes font voir un plus grand efpace
à la foisJur le titre-, iis laifiront plus aifément un
mot difficile à lire, parce qu’ils auront en même-
temps fous les yeux le lens qui précède & celui qui
fuit.
Ces loupes font aufli voir en grand les eftampes
d’optique comme les miroirs concaves; mais elles
ont encore par-deffus eux un avantage , c’eft celui
de 11e pas faire voir les objets renverfés de droite
à gauche ; en forte que l ’on peut lire Tinfcription
d’une eftampe, ce qu’on ne peut faire avec les
miroirs dans lefquels les infçriptions font vues ren-
verfces.
Pour voir une eftampe avec une loupe, il faut
appuyer contre l’eftampe quelque chofe qui la fou-
tienne comme.debout, la placer de manière que
le jour tombe cTefliis obliquement, placer la loupe
devant cette eftampe à la diftançe de fon foyer , &
regarde! au travers de la loupe ; vous'voyez alors
en grand, comme avec un miroir, les objets repré-?
fentes par l ’eftampe.
Ces loupes étant compofées de deu^ portions
de-fphères qui peuvent être féparées à volonté ,
il s’enfuit qu’on peut les remplir fhcceflivemeiit
de diverfes liqueurs colorées ou non colorées, dont
on veut éprouver & comparer le pouvoir refran-
giblei II y aurait peut-être en cela un grand nombr§
d’expériences à faire par les p|iyfîçieus,
M a n o m è t r e .
Petit infiniment d’une conftruétion fort facile,
avec lequel on. peut .mefurer les altérations qui
furyiennçnt de la rareté & de la, denfîté de l’air*
infiniment qui difteredu -baromètre, lequel ne
fait que nous donner le poids de la colonne d’air
qui eft au-deflus , au-lieu que le manomètre mefure
en même-temps la denfîté de l ’air dans lequel- il
fe trouve , denfîté qui ne dépend pas feulement
du poids de l ’atmofphère , mais encore de l ’adion
du chaud & du froid.
Cet infiniment cpnfîlle en une bôule de verre
très-peu épaiffe & d’un grand volume, qui eft en
équilibre à un fléau , -avec Un très-petit poids:
ce fléau doit être très-jufte & très-fenfÎDle, pour
juger sûrement des moindres variations ; il faut
ajouter au . haut du fléau -une portion de cercle
graduée fiir lequel on jugera de la'Varïété qui arrivera
dans la denfîté de l ’air, puifque le poids
emportera la bo’ule lorfque l’air fera moins denfe,
& qu’au contraire le poids fera emporté par la boule
lorfque l’air deviendra 'plus denfe:. ' '
Magné fie blanche y yeux d1êcrevijfe , corne de cerf.
La magnéfie blanche eft une efpèce de poudre
que 1’on-tire de l ’eau-mère du nitre. Cette poudre
étant employée en „Médecine, elle- éft devenue un
objet de fabrique & de commerce. Voici le procédé
de eeproduk chymique.
On a de 1’ eau-mère de nitre de la première ou
de la fécondé cuite ; on étënd cette liqueur, qui
eft rouffe & épaiiïe, dans une très-grande quantité
d’eau pure ; on y verfe enfuite le cinquième defôn
poids de leflive alkaline , faite avec la potaflè.
Le total de ce liquide devient laiteux ; on. l’ag
ite , puis on le, laiffe repofer. Après quelque
temps on verfe fur la portion éclaircie quelques-
gouttes de la leflive alkaline.
Quand la magnéfîe eft toute'’ précipitée , l ’eau
refte claire 5 mais fî elle fe trouble „ c’eft fîgne
qu’elle eft encore chargée de magnéfîe ; on ajoute
de nouveau de la liqueur alkaline; enfin, on tire
l’eau à part pour la faire évaporer & en retirer,
fi l’on veut, du fel de nitre , qui s’eft formé dans
ce mélange par le Concours de l ’alkali & de l’acide
nitreux.
On lave à grande eau la matière précipitée , on
la verfe fur des filtrons de papier pour l’égoutter,
& achever de la laver ; après quoi on fait fécher
la magnéfîe à l ’étuve ou au grand air ; elle de- :
vient dans cet état d’un blanc éblouiffant ; elle
éft d’une légèreté & d’une fineffç extrême, & elle
eft fans aucune faveur.
La magnéfîe^ eft une Vraie terre calcaire, mais
extrêmement divifée ; on la met ordinairement en
trochifques, & elle s’emploie en Médecine en qualité
d’abforbans terreux^
Magnéfie du fe l d’epfom.
On tire une autre efpèce de magnéfîe du fel
ff èpfonv Le procédé en eft fort fîmplé ; il con-
I fîfte à faire diffoudre ce fel dans de l’eau , & à
en précipiter la bafe terreufe par un fel alkali à
i ’or'dinaire.
| Pour préparer la magnéfîe avec le fel d’epfom,
; ditun chymiifte allemand, je me fers, afin delà
| précipiter, d’iine lefllve.de potaffe en place d’une
leflive de fonde, & j’obtiens, de.fîx livres de
! fel d’epfpm , deux livres un quart de magnéfîe,
| en employant une leflive de fîx livres de potaffe.
On lave légèrement ce précipité, on le fait
; bien fécher ; il eft alors fous la forme d’une terre
, prodigieufement fine, d’une blancheur éclatante,
i légère, infîpîde, • & formant une pâte avec l ’eau ,
mais fans prefque aucun liant.
La magnéfîe du fel d’epfom diffère effentielle-
meïit des terres calcaires & argilleufes: elle a- été’
jufqu’à préfent employée par la Médecine aux mêmes
dofes & dans le même cas que l’ancienne magnéfîe
calcaire, c’eft-à-dire, comme un excellent abforbant
pour amoTtir les aigres de l’eftomach.
Pour bien connoître fî la magnéfîe eft falfîfiée ,•
c’eft de la jetter dans l ’efprit de vitriol. Lorfqu’elle
s’y diflbut en entier & fans bruit, elle eft pure;
fî elle contient de la craie ou autre fubftan’ce calcaire
, l’efprit de vitriol la change en gypfe fans la
diffoudre. L ’épreuve avec les autres acides eft tou-i
jours incertaine.
Yeux d'ècrevijfe.
On appelle yeux d'ècrevijfe de petites pierres
duresy rondes , légèrement chagrinées , d’un blanc
fale , quelquefois tachetées de rouge , & ayant fut
une de leurs faces un petit enfoncement.
On en tire abondamment du Boryfthène & des
autres grands fleuves qui arrofent la petite Tartarie ,
la Valachie & l’Ukraine.
Dans lé temps de la mue des teftacées, lés
écreviffes ont intérieurement de chaque côté , vers
la bafe de leurs ferres , des concrétions qui deviennent
fort dures ; c’eft ce qu’on nomme impro-,
proment yeux d’écreviffes.
On pêche, dans le temps de leurs maladies * une
grande quantité de ces écreviffes ; on les met dans
des foffés loin des habitations, on les éçrafe, on
les laiffe pourrir pendant.l’hiver, on les lave en-
fuite , & les yeux d’écrevïffes, ou les concrétions
offeufes fe féparent en forme de petites pierres
de la maffe putréfiée.
Après avoir réduit dans un mortier les yeux
d’écreviffe en poudre groflière, on les fait bouillir
dans de l ’eau, qu’on a foin de renouveller. jufqu’à
ce qu’elle ne foit plus jaune ; après quoi on les
lave encore à l ’eau froide , on les brife par parties ,
& on en fait* une forte de pâte liquide, qu’on