
La première efpèce , appeilée borax du Bengale ,
éft en petits cryftaux jaunâtres, afiez réguliers, 8c
comme empâtés dàps une matière tenace -, rance ,
dont l’odeur approche beaucoup de la vieille cire
jfflïrie.
La fécondé efpèce eft en maffes 8c en-criftaux
plus .gros., d'un bleu verdâtre, comme fali par uli
peu de terre qui les entoure. Ges-deux efpèces nous
font parfaitement connues, & il ne *sen vend pas
d’autre à l ’Orient, qui elt le dépôt général de'lteutes
les-traités qui fefont aux Indes.
La troifième'efpèéè eft une terre d’un vert jaunâtre,
que les hollandais & les négocians du Nord
connoifféiït particulièrement fous le .nom -de cinckar
eu tinqual, que lui donnent' encore les éfpagnols,
qu’il ne faut.pas confondre 'avec un alliage "métallique,
auquel on a donné-un nom femb bible.
M.N Mo'deT, chymifle de'Pétersbourg, obférve dans
tes récréations chymiques^ .que quoique le tinCkai
foit fujet à être mélangé de beaucoup de fable, il eft
cependant d’un prix plus cher que le borax4e mieux
raffiné ;-ce qui donne à penfer que -cette fubftauce
ne contient que la partie inconnue du borax, cette
fubftànce qu’on eft-convenüd’appeller fe l fédatif ^ à
laquelle en 'raffinant on-ajoute la bafe alkaline de la
foudé qui lui donne l’état’borax.
Les deux premières efpèces font au ‘contraire dü
borax tout formé ; il eft vrai que l’art de celui qui
le raffine eft de voir fi cette.fubftànce, le fel fédat
if, n’y eft pas, en trop .grande abondance, .parce
qu’alors il compeiife tes frais par la dote. de
fel de foude qu’il y ajoute. Je parle ‘de ceci
pertinemment ; j’ai fous les .yeux un borax raffiné,
que j’ai Hécompofé , félon l ’ufàge , par de l’acide
vitriolique, pour en -avoir -’le fol fédatîf, -8c j’ai
déjà retiré, prefque tout, le .-poids de. ce boraxfen
fel fédarif, -fans avoir e^ic-pré. un atome de fol
de glauber.
Quoique tout le monde, lâche -l’hiftoire rdu Broc-
mane , qui-a- donné tener recette de borax à Mi
Knott,;•recetteebriftgnée par M.. Trevz., (feraste n-‘Volume
imprimé -à Copenhague 'en ~8c par
M. -Pott, dahs le troiê'ème?-volume dé Tédî'fiôiï
frariçaife de tes Dilf^tations :chymiqües ,'&: quelque
foi que -mérité le .réc-iç-fait par:un allemand
appelle Moegiii^-. «à.-M. •Geofocm Je jeûne-, qui’T’a
communiqué a l’académie des fcienees en 17-5.2;-,
je crois, ait M. de^Mach-y, dëvôirtencôte,d'ôiiïiey
ici tesdëirx. récits forfaits , lès plüs-.modernes qu’ôh
ait:à cèt égard.
M. Durabec, cx-dëvant négociant à 'Tranque?
bar, & Pua des principaux directeurs dé la- compagnie
"des Indes, M. Durabec a alluré M. Gau-
ïh ie r , eh‘viitons,',;8ü'iîFibet>'-ÎPÿ'. âvôit un 4ac"-af>pellé :iNecml\-1 dü- fcftïd ^ûqWel'ëia »dragûbiï i
-le borax, eii- ■ "fép^râiit" les ' eryIMix ; ' 81 meîaht- ;iâ i
non ;c-rv'ïta$lîfée avec teuérie";égalé' de-'éàîlfé j
de lait j & ten Jtters à|feu-Spires ^d’huile ex- ;j
primée , appeilée dans le pays jajoline ; qn*bit
mëttoit ce mélange dans des 'folles peu profondes
pendant deux à trois mois , au bo-ut duquel temps
On fetrouvoit cette terre toute'convertie en borax.
M, le marquis ,de Beàuvâu , qui voyageoit eh
176$ 8c ï'7&9, tomme officier de marine , ayant
fcjbürrté Içng-temps à Tranquëbàr, n-fa affuré que
le rapport unanime des'négocians, des officiers de'
cdnîptoir ,; '& des;indfe.ns qui y ap'pprteiit ‘leurs marchandâtes
, étôit , qti’à 'quarante lieues de Tran-
quebar , dans les terres, il te trouve plülîeurs lacs
dont le fond.eft aFgiHéux , '& defquels on retire
avec des cuillers faites comme nos curettes , une
va Ce, -qu-on,'laiffo; fépher fur les bords -des lacs.
On en retire -les Cryftaux -tout formés pour vendre
à part , & -la vafo fe-vend-fous le nom de tinckal
ou tinkar. Ces deux derniers rapports fuffifent pour
fe tenir en ga.r-de ebntr.e 'lès fables-que P éloignement
des lieux autoriforoit certains voyageurs à nous
■ débiter. ’ 1 fo _ *■ . t;
En 1?66 , M. le :comté de Roeàerri-, un des
chambellans de fa màjefté prüffiënne, 8c l’un -des
curateurs rde l’académie :db Berlin-, fe'trouvant à
Paris , me pria d’examiner'tfhe terre qu’-un directeur
de mines des environs d’Halberffadt lui àvoit
confiée., pour voir quelle efpèce de métal elle çpn-
tenoit.
Mes -effets nè me dorinarit jamais, avec les, réa-
giffens & les fondans connus-, qu’un verre plus ou
moins opaque, je tentai dten fondre Une partie à
la lampe d’émaüleur ; la plus .-petite -chaleur la fit
fôn-dre-avec tant de facilité, je crus reconnoître
dans la flammé tant .dp rapport -avec, le, borax, que
je tournai mes -effais de ce -côté. .
Slir une portion, je vèrfai 'de -üacidè vitriolîque
délayé , elle fo diflolvît prëfqu-’èn en entier , & me
donna du fel fédarif très-abondatnmeftt. .
J’ën délayai une autre portion dans de l’eau ou
favois Ôifloüs duTel deTôucîe , ,8c au bout de quinze
jUurs Je trouvai- Jdàhs' dette' mïffe défie ch ée quatre
tryftaux bien diftinéïs de borax, te l "qu’il eft ;dân s
l’état brut.
Je 'm?âfturâi''de fa natutb ïurün de céëéryftàux,.
& jë ne'pîis€outér que la tëtfë d’Halberftadt ne
fitttenté -vraie Jtèrre ;de -bqrâx 5 ' elle eft d’ün- blanc
grenu, un peu mate ,-a^péü-près-'00mrrîe la'mbëlle
de certaines..oftépco-lies.
. ..Püur.procéder à ya. purification du borax , jefup-
pofo d’abqçH,que. ce foit le; tinckal, ; .fer un fQprneau
.de quatre,p.teâsj,qe.haut 8c Tans cendrier, on établit
une jgrande'tehaudître..dé suivre de -trois pieds de
. diamètre Curtroi-s de prôfon deü r, do n t le fond fa fie le
oui. de,Jampe,; l’emplit, d’eau aux' deux .tiers,
çn chau-ffidau bois-l en. Hollande c’eft avec de :1a.
tourbe. )
Lorfque l’eau eft chaude, on plonge dans la
Jargè-^& -érèiifê, 'ddns
laqu'ëlde ;on <a. mis : ciiïqUàttte livres.1 de' tinckal ’&
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cinquante ' livres de bonne- fbude; bien mêlés eu- I
fomblô : avec une- longue! écumoire de. cuivre, on •
détache peurà-peu cemélange , qui, à mefure qu’il
chauffe, prend adhérence contre les parois de la
baffi-ne.; c’teft pour, éviter que cette adhérence ne
devienne çonfidérable au point de détruire la chau?
dière , qu’on-donne à-,celle-ci la- forme d’un oeuf,
tandis que la b affine eft plate; a*eç cette précaution ,
jamais le mélange n’eû Ghauffé au-delà du degré
d’eau bouillante. , ^
Lorfque tout; eft détaché de la: baffine, on la
retire de dedans la chaudière , on diminue la chaleur
, & onlaiifo repofor- un peu; avec une.longue
poche de cui-yre, on. pui-feda liqueur du fbnd,, &
o-jâr là. v'erfo": fur une toile montée,, fur- un, chaffis,
lequel eft-pofé fur une tinette de bois large de deux
pieds ,.. 8ii haute de trois;.
Cette tinette eft fur une efpèce de- fupport, qui
Teix-hauffe encore d’un pied & demi : toute la liqueur
coule, dans la tinette , & il ne. refte que la
terre , qu’on-enveloppe.dans fa toile pour-la mettre
fous une prefîe ,- dont le fond & la plaqueront de
pierre-; ôii: ajoute çe qui; sléqoule de cette manière
avec.ce qpî. eft- déjà. dans, fa t-jnette , & on,, laiffo
le tout jufou’au len-demain..
La tinette, a fur ie côté & vers- fpn fond trois
trous dîftans en hauteur l ’un de; Tautre d’un- bon
pouce, & bouchés avec dés bondes de bois.; on
ouvre.-la plus, fupérieure, & on. laiffo couler la liqueur,,
fi- elle, eft claire ? on retire par ce moyen
toute- la foffive claire^ en débouchant fucceffive-
ment les trois, bondes-; on- s’aflure que la-terre eft
infipide, & on la jette comme inutile.-
Si au, lieu de tinckal on a du borax brut à purifier,
on fait bien la meme manoeuvre ; mais-on ne
met de cette foudé que. ce qu’on croit néceftaire
pour parfaire la combihaifon de ce borax.
Il ne s’agit plus que de clarifier. Pour cela, on
remplit de nouveau la- chaudière avec la leffive
de borax dépofée ; on chauffe , &. à l inftant ou la
liqueur frémit, on a de la chaux; éteinte & de
l ’ardoite/ en poudre d’une part, 8c de l ’autre de la
colle de poifion , ou de gants , ou de blanc d’ceuf,
bien battu , & bien moufleux ; on met plein une
écumoire de cette écume, &- on jette une poignée
de chaux & d’ardoife quand le bouillon eft. bien
établi.
On continue ce manège jufqu’à ce que la liqueur
foit bien claire ; 011 la pafiTe alors dans d’autres tinettes
fur des toiles bien forrées , & on la laiffo
égoutter & s’éclaircir jufqu’au lendemain.
On reprend cette liqueur pour la faire évaporer
en côhfiftance un peu épàifle , telle qu’un firop. ordinaire
; on la diftrlbue dans des terrines qui pour
yent contenir huit à dix pintes, & encore mieux
dans dp. petits; haffins dç. cuivre de fo; min>e çpn-
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tenaace,. Jprftis^ beaucoup mieux, parce que. le
féjpur dans le cuivre' donne aux çryftaux un ton.
bleuâtre, qu’on n-’eft pis fâché cfons le commerce
de trouver au borax»
O.n place les terrines, ou baffins de: cuivre pleins
.de la liqueur évaporée dans une étuve dont la,
'chaleur eft entretenue entre trente & quarante, de-*
grés du thermomètre de Réaum.ur, & on les y laifle
plus- ou moins- long-temps.
Avec, cette chaleur , les cryftaux ne font pas
trop, tôt frappés, par le froid; & au-lieu de fe
former en petites maffes régulières,, ils prennent
une confîftance très-groffe , irrégulière , à la vérité ,
au point que pour les détacher il faut les brifer.
L ’eau-mère qu on en a égouttee ,. les eaux qui
fervent à, laver tant les tinettes que la; chaudière
& les toiles, enfin'celles dans lesquelles on a fait
rebouillir les terres pour les deffaler entièrement,
tout- cela fè met de-nouveau dans la chaudière.,
qu’on travaille au tinckal, c’eft-à-dire,. dans le premier
travail; ear- 'on peut obferver que to'ute cette
raffinerie confîfte , i° . à d‘ébarrafleréù le fixant
par la-lkali marin , le fol Sédatif du refte ; de fà
. terre ; : z01. à bien épurer les liqueurs ;; 3 0. àJ les
clarifier à l’aide du blanc d’oeuf, P,u de fou équivalent
, de fo chaux éteinte & de lfordéile ; ‘4-°,*.a
dénner une- forte évaporation à la liqueur clarifiée ;
50. à ne faire naître la cryftallifation ' qu’à l’aide
de: la' chaleur, afin qu’étant plus lente, les maffes
faii-pes, prennent plus, de volume, ; j
Lorfqu?îl fé- trouve des cryftaux un peu jàüne.s , ou
qui n’ont pas le degré de blancheur fuffifant, on tels
met dans la chaudière , lorfqu’on clarifie' à' la
chaux ,.&c.
Il y a grande apparence que- l’ardoife ne-fort i-ei
qu’à-mafqiier le véritable intermède de la clarification
; cependant,. j’ai une expérience fur l’huile
d’olives, qui femb le prouver que cette pierre a une
propriété notable ppur décolorer lès fubftances greffes
de cette nature.
Voici ce que M. de Machy ajoute à cet expofé
fur la raffinerie du borax-,
M. Bomare ayant recouvré le mémoire dans lequel
il traite de !a raffinerie du borax par les hol-
îandois , il me l a communiqué-, & je crois devoir
ajouter ici les points effontiels qui différencient
le procédé hollajidois , ufit.é entr’autres daj\s la fabrique
de M. -Smidt, de celui que jfoi expofé , &
de la rqirffite duquel ma propre expérience 8c celle
de M. Mode!, çhymifte de Petersbourg-, Se de
plufîenrs chymiftes français, me font garans.
I0-. : Il vient du borax en Europe, fait par le
commerce maritime , Toit par Jes çaravanues ; cqs
derniers tirent leur borax brut & leur tinckal du
Mogol & de la Perfo'; il arrive à Pétersbourg ,, d’où
ij tfaiifpprfé à Amfteydam.
C ç ç c ç ^