
l ’agréable faifon, fans qu’on s’apperçoive de l’odeur
incommode qui vient ordinairement des poe-
lçs & des cheminées ; qui, au moyen de la chaleur
humide & de la fèche, font très-fains & même la-
lutaircs à beaucoup' d’égards ; & qui ne confomment
pas la valeur de deux cotrets dans les plus grands
froids pour entretenir pendant;tout un jour une
chaleur de vingt degrés} dans une chambre de
quinze à vingt pieds, ne doivent point être
hafardés dans leur exécution par des ouvriers qui
ne feroient pas înftruits des principes qui en règlent
les proportions , parce que ces ouvriers s’ex-
poferoient ï faire des ouvrages défectueux qui de-
goûteroient le public , & qui priveroient beaucoup
de valétudinaires de l ’ufage falutaire que ce poêle
peut leur procurer dans le 'traitement de plufîeurs
maladies r c ’eft pourquoi, ayant égard à des conff--
dérations àufli eflentielles, fa majeftéa bien voulu j
en faveur du public, accorder un privilège exclu-
fîf, afin que ces poêles fuflent bien exécutés & vendus
au moindre prix poflible.
Cette manufacture. qui eft aâueilement Tunique
, eft établie rue Ä ffe , porte St. Denis, dans
la maifon du fîeur Blondeau , fculpteur de l’académie
de St. Luc.
Dans les appartemens dont la pofîtien exige peu
ou point de chaleur humide, on fubftitue à la cuvette
une enveloppe fèche qui donne une plus
grande chaleur à égale économie : dans le cas où ,
félon l ’avis des médêcins , on a befoin d’une chaleur
humide ou fèche, on peut plus ou moins
augmenter ou diminüer Tune ou l’autre, parce que,
dans la conftruâioiï de ces poêlés, on réunit tous
le$ avantages des autres, fans qu’ils foient fujets
aux mêmes inconvéniens , & qu’on en a exclus
pour la chaleur fèche toute matière métallique ,
les tuyaux étant de terré ou de faïence, & à l ’abri
de tout danger par le peu de feu qu’ils éprouvent.
Après avoir donné la defcription do ces nouveaux
poêles, & rapporté une partie des avantages
qui en réfultent, l ’auteur a bien voulu, pour la
fatisfaCHon du public, nous communiquer une inf-
trudion fuccindé fur là'maniéré de s’en fervir.
Pour établir le bain-marie de ce poêle, on remplit
un matras ou bocal renverfé,; on confulte le
thermomètre, on conduit au degré qu’i l faut la
foupapé & le ieu du fourneau.
Quoique ce procédé pareille au premier coup
d’oeil embarraflant dans la pratique, il n’y a cependant
rien de plus-fimple.
Tout l’enfemble du poêle étant pofé & luté avec
la cuvette, on la remplit d’eau jufqu’à un pouce
& demi defon bord, afin d’y laiffer un vuide né-
ceiïaire pour que l ’eau ne s’extravafe point dans
les temps de l ’ébullition.
L e bocal étant plein, on le bouche avec du liege
ou du linge* roulé ; on le renverle par-delîus le
couvercle du poêle, dans l ’ouverture qui lui eft
deftinée, fur laquelle on prefle le bourrelet de laine
qui entoure le col du matras, parce qu’il eft
néceiïaire que, dans les temps de l ’ébullition, la
vapeur ne forte point par le vuide qui fe trouve
entre le col du bocal & le couvercle. Sans cette
précaution, on ne feroit plus le maître de l ’eau
qui conftitue le bain-marie dans la cuvette, & elle
feroit bientôt évaporée en entier.
Dès- que 1§ bocal'- ou matras eft renverfé, on
.paffé la main, par-deffus à travers l’eau & la buvette
, & on le déboùche afin qu’il puiffe dégorger
à mèfure que l’eau diminue. Peur cet effet en enfonce
de dix à douze lignes le goulot du bocal
dans l’eau de la cuvette ; & il faut avoir attention
de le remplir dès qu’on s’apperçoît .qu’il achevé
de fê vuider,
Cette opération du rempliflage du bocal n’eft
neceffaire que le premier jour qu’on met le poêle
en train, pburvu que tous les matins on ait le,
foin de rendre à la cuvette à-peu-près le meme
volume d’eau qu’elle aura dépenfé la veille.
On peut même dans le tems d’une forte ébullition
y verfer doucement quelques potées d’eau
fraîche, en faifant attention d elà mettre du côté
oppofé au thermomètre Je au col du bocal , parce
que la fraîcheur de l’eau qu’on introduiroit fe-<
roit. cafler l’un & l’autre dans.l’inftaiit..
En opérant ainfî on peut fe palier pendant tout
un hiver de remplir le bocal d’une eau nouvelle*
Tout étant préparé comme on vient de le di>e,
on ouvre la Toupape & on allume le feu dans le
fourneau avec du petit bois fec fur lequel on met
du bois de moyenne gro fleur.
Dès que ce bois eft fuffifamment enflammé, on
achève de remplir le fourneau de nouveau bois
d’une groffeur proportionnée à la capacité du
foyer : on fermé la foùpape, & on y entretient le
feu jiifqu’au degré de chaleur qu’on defirè.
L ’eau étant devenue bouillante après fine heure
ou une heure un quart de feu, félon le degré - du
froid extérieur, on ferme le fourneau avec le rr-
gifire , ou bouchon qui éft à fa porte, & on ne
l’ouvre que pour remettre d’heure-en heure une
petite bûche ou deux pour entretenir le feu, étant
inutile d’y mettre une plus grande quantité de bois,
à moins qu’on n’eût befoin de1 beaucoup ’ de vapeurs
humides.
On peut juger de la quantité de ces vapeurs
qui s’exhalent par celle qui s’attache aux carreaux
des vitres de l’appartement ,* & qui s’y'fixe à râi-
fon du degré du froid extérieur qui attire prefque
toute l’humidité.
Quoique cette vapeur fe çplle fur les parois des
verres
Vérres à vitres, on ne l’apperqoit ni fur les glaces
ni fur les autres corps polis de l ’appartement.
On a même expérimenté qu’un bon hygromètre,
placé dans une chambre qui a un de ces poêles,
ahnonçoit beaucoup moins d’humidité qu’il ne l ’au-
roit fait dans la même chambre fans poêle dans
un temps de pluie ou de brouillard, & ou les
fenêtres feroient ouvertes ; ce qui prouve que cette
apparence de vapeur exceflive ne peut pas même
incommoder ceux à qui elle ne feroit pas nécef-
faire, quelle ne peut être abondante qu’en ouvrant
entièrement la porte qui eft pratiquée au
haut de la cuvette, & en entretenant le degré
d’eau bouillante.
Lorfqu’il faut avoir plus de chaleur fèche, on
y met des cuvet es dil'pofées exprès , au moyen
defquelles on peut fe procurer une chaleur excef-
five, pourvu que l’appartement fôit bien calfeutré,
ee qui eff nécçfîàire dans tous les cas.
Lorfqu’on veut faire cuire ou infufer quelque
chofe au bain-marie, il faut avoir un vafe de faïence
qui aille au feu, qui foit allez élevé pour que
l ’eau de la cuvette n’y entre point, & que les an-
fes en foient pofées à l’extrémité de la fuperficie,
pour qu’on puiffe les prendre fans fe brûler.
Ce vafe doit encore avoir un couvercle qui ne
déborde point, afin que la vapeur n’y entre pas.
Alors on place le tout dans le bain par la porte
du chapiteau de la cuvette, & on la referme
tppt de fuite.
On peut faire ainft du café, du r iz ,. des compotes
, fans être obligé d’y veiller, & fans fentir
cette odeur empyreumatique , ou de feu, que donnent
ordinairement les chaleurs fèches.
Le thermomètre qui eff adapté à ce poêle, qui
eff néceflaire pour connoître les différens degrés
de chaleur , & pour indiquer particuliérement celui
de Teau bouillante , n’eft autre chofe qu’un
fimple matras de verre d’une conftruâion très-
fimple;
Dès qu’on a rempli la boule de ce thermomètre
avec de l ’eau très-pure & bien filtrée jufqu’à
la hauteur de la cuvette, on l’y adapté pendant
que Teau y eft froide. A mefure que la chaleur
de Teau qui eft daffs la cuvette augmente , Teau
de la boule monte dans fon tube ou goulot du matras.
Lors de l’ébullition, il faut qu’il refte à-peu-
près deux pquees de vuide dans le tube.
Quand il y a trop d’eau, on en ôte en V inc-
troduifant uue mèche de coton ou de vieux linge
£is manière d’éponge, qu’on exprime à mefure.
Lorfque Teau eft au point où elle doit être, on
y verfe huit ou dix lignes de hauteur de la meilleure
huile d’olive ; on marque l’extrémité de fa
fyrface avec un petit morceau de papier mouillé,
Atysfy Métiers, T ont, Kit
& le lendemain, quand le tout eft refroidi, on
divife l’efpace d’où l’eau eft defeendue en dix ou
douze parties à volonté, par une échelle fur une
petite bande de papier qu’on colle le long du tub
e , en obfervant cependant de marquer affèz vifi-
blement le terme de Teau bouillante, pour qu3
puifle être apperqu d’une certaine diftance.
On bouche enfuite le tube ou col du matras
qui fert de thermomètre, avec un bouchon de
liège.
- Cette efpèce de thermomètre eft fufceptible
d’une plus grande perfeâion ; mais comme il n’eft
ici ' queftion que de favoir le degré de Teau bouillante
, lorfqu’on voudra connoître les autres degrés
de chaleur, il fera bon d’avoir dans le meme
appartement un bon thermomètre à l’elprit
de viq.
On pourroit encore fubftîtuer à ce thermomètre
un pyrometre qui, au degré d’eau bouillante , fe-r
roit partir une détente qui fermeroit l’entrée de
l’air dans le fourneau , pour arrêter l’aâion du feu.
Le pyrometre , qui fert à mefurer l’aâion du feu
f fur les métaux & les autres corps folides, & dont
M» Muflenbrock eft l’inventeur, confîfte en plu-
fieurs leviers, difpofés de manière que pour peu
qu’on jmprime de mouyement aux premiers, celui
contre lequel doit porter l’extrémité du corps dont
on veut mefurer la dilatation, fait beaucoup de
chemjn, & mene une portion de roue dentée
qui engrène dans un pignon par le moyen duquel
! elle fait tourner une aiguille qui parcourt un cadran
divifé en un grand nombre de parties égales*
Il n’eft point enfin de commodités ou d’agré-
mens dont ces poêles ne foient fufceptibles. Indépendamment
de leur utilité , on peut les faire
fervir à décorer toutes fortes d’appartemens.
Poêle de nouvelle'invention,
M. Walter , célèbre profefleur de phyfîque expérimentale
à Londres, vient d’imaginer .un nouveau
poele propre à purifier l’air, des églifes, des
théâtres , des falles d’aflembiées, des chambres à
coucher & des hôpitaux.
Pour concevoir l’utilité de fon invention , il
faut avoir préfens les principes fuivans, que M.
Walker démontre très-bien ; favoir, que le farçg
ne circule point inutilement du coeur dans les poumons
; dans cette tranfvâfîon le fang rejette le
phlogiftique furabondant dont il eft chargé dans
l’air que nous refpirons , & devient par là plus
léger & plus propre à la circulation.
C ’eft un préfervatif que la nature nous a donné
contre l épailfiffement du lang, que les exces, les
corps gras & fpiritueux, &c. tendent toujours à
nous ocçafîonner.
T t t