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du pain fait avec moitié farine de froment moitié
farine de pomme de terre , .q-ui fut trouvé très-
bon & fans fadeur.
Le même citoyen fit goûter du pain où il n’é-
toit entré que très-peu de froment, & il fut trouvé
excellent. •
Cet ufage.de la pomme de terre eft, fans contredit,
le plus utile : il eft facile d’y réuflir ', en
fuivant la méthode imaginée par M. Muftel. On fo
fert pour cela d’une efpèce de varlope renverfée ,
portée fur quatre pieds. comme celle que les tonneliers
appellent colombe. On promène , fur la
longueur de cette varlope garnie de fon fer , une
efpece] de petit coffre fans fond, & rempli à-peu-
près aux trois quarts de pommes de terre que l’on
a pelées auparavant.
Ces pommes font recouvertes d’une planche qui
puiffe facilement entrer' dans f intérieur du coffre :
on met un poids quelconque fur cette- planche ,
afin de la charger & de la faire pefer fur les pommes.
La planche doit être percée de plufïeurs trous
qui laiffent un paflage à l’éau que l’on verfe de
temps en temps pour faciliter l’opération. A Faide
des' deux mains, on fait aller & venir fur la varlope
le coffre garni de pommes de terre. Ce qui
s’en trouve râpé à chaque coup de main, tombe,
par la lumière de la varlope, en une bouillie que
reçoit un vafe placé deffous.
En veut-on faire du pain, on incorpore, cette
bouillie avec telle quantité que l’on veut de farine,
de froment ou de foigle, &c.
N. B . Nous allons joindre axes obforyations fur
les pommes de terre plufïeurs traités qui ont , été
publiés, foit dans les journaux , foit dans des - recueils
économiques , pour faire connaître d’autant
mieux les avantages qu’on peut .tirer de la culture
des pommes de terre. C’eft dans des articles de
cette utilité générale qu’on ne doit pas craindre de
s’expofer à quelques répétitions en revenant fur lès
mêmes objets.
Observations fur la culture de la pomme de terre &
les produits de divers procédés fuivis en Angleterre.
Extrait des Mémoires de La Société £ Agriculture
de Bat h.
Si la meilleure manière de« cultiver cette'plântè',
qui a fixé l’attention particulière d’un grand nombre
de membres de la'foxié-té., ,&.fî tous fes u^ges
étoient auflï connus qu’ils le méritent, fa- culture
deviendroit encore plus générale.
En 1783 , après deux laboursf^ur un champ de
chaume d’avoine 3 herfé & fumé., à raifon de trente
charretées de fumier par- acre, M. Billingfley a ob-
tenü, Ae .fîx acresr,. 5 5© facs des meilleures pommes
de terre, le focpefant 140 livres, 100 facs
de moyennes & ro facs de petites, en tout 709 focs,
ou 11 6' facs & plus , -ou*g 50 boiffeaux de '60 livrés
par acre. Il commensa le 17 ,d’avril, 8c il acheva
le 1 5 de mai d’en planter dans des lits de huit
pieds de largeur ,■ dont les allées étoient de deux
pieds & demi. .11 plaça les femences à la diftance
d’un pied lés“ unes des autres ; enfuite il y répandit
le fumier & les couvrit .de trois ou quatre pouces
de la terre des allées. Il employa cinq facs de fe-
mence par acre". Ce ne fut néanmoins, la qu’une
récolte modique.
Le même gentilhomme a obtenu, en 1787, le
prix de la ffciété, pour le produit de fept acres
de pommes de terre ; dont fîx acres faifant partie
du précédent terrain, ont donné ..éoo facs des meilleures
pommes de terre, i io focs de moyennes ,
& 5o facs de petites, en tout 779 facs, ou xz 8
facs & demi par acre, équivalent de 385 boiffeaux
chacun de 60 livres. Voici fa culture : il commença
de planter le 8 de mai, dans un champ de chaume
d’avoine labouré deux fois. & herfé, puis divîfé en
lits de huit pieds de large, laiffent un efpace ou
une allée de dreux pieds entre chaque lit. L ’engrais
Fut compofé de fumier d’écurie, de terre vierge
, & de ratiffore des chemins, & dépofé en petits
amas au centre de chaque l i t , à raifoh de trente
charretées par acre, puis on ouvrit avec la be&he
une tranchée d’environ quatre pouces de profondeur
dans la largeur des lits : les femences de pommes
furent placées à neuf pouces l’une de l ’autre
| dans la tranchée. Le fumier fut. répandu dans la
| - tranchée fur les femences , & on laifia un efpace
i jie quatorze pouces de terre meuble entre chaque
tranchée. Lorfque les plants eurent atteint la. hauteur
de fîx pouces, on-lesrhoua foigneufement; on
'crèùfa ïès deux pieds d’intervalle entre les lits , &
'on en- jetta la terre fur lès plants. Ce rafràîchiffe-
ment, joint à l ’engrais abondant, produifît une fi
.forte végétation , qu’aucune màuvaife herbe ne put
montrer la têpe.. 11 fut employé fept. facs de fe-
; mence par acre.
Aucune de ces deux récoltes no peut -être: dite
fort abondante quoique la culture ait- été affez
difpéndieufe. Dans l’une & l’autre expérience, ôn
ne planta que des coupures.
Le révérend M. Clofè , de Trimley , dans le
Suffolk , a planté environ t~8- boiffeaux de pommes
de terre par acre , & en a .-obtenu auflï, par acre
environ. 300 boiffeaux dans une bonne terre grade
-également .mélangée , en cultivant de la manière
fuivante
Le champ. ayant été; ameubli par deux oti trois,
tant labours que herfàges , fut encor-engraiffé avec
quinze à vingt charretées de fumier par acre.
Alors on a fait ce que les- fermiers de Suffolk appellent
french balk, qui eft un fîllon étroit ,• dont
4e centre eft éloigné du centre de l’autre , de huit
wraces-Des-femmes & des enfans laiffent tomber
Te° femences au fond'de chaque fillon , a envrron
quinze pouces de diftance ; des hommes les fuie
n t , qui couvrent ces femences avec de larges
houes , dans la largeur d’un.pied,-en rabattant la
terre de forte que les femences en foient couvertes
de cinq pouces. Il faut houer deux ou trois
fols &- les bien farder pour les- dégager des mau-
vaifes herbes , en obfervant toujours de rapprocher
la ferre vers les tiges , autant qu il eft polCble.
La récolte fuivante de M. Hazard eft la plus
l grande dont il foit fait mention dans ce- volume ;
, |c , comme-fa méthode de culture pàroît fupeneure
aux précédentes à plufïeurs égards, on va la rap-
porter foigneufement.
Il faut d’aibord creufer la terre de douze pouces
d.e profondeur, fi elle le fouffre ; enfuite j ouyrir
î un trou d’environ fîx pouces de. profondeur, dans
lequel on jette environ trois pouces d’épaifteur de
!- fumier de cheval oü de longue litière ; chaque trou
■ ne d'bit pas avoir plus de douze pouce* de diamètre.
Sur' ce fumier bu cette litière, on place une
pomme de terre entière, fur laquelle on doit mettre
encore du fumier, puis remplir lé trou dé terre.
[• Toute la pièce de terre doit être plantée de cette
manière, avec l’attention que chaque pomme foit I éloignée de l’autre d’au moins feize^ pouces; &
| forfque les jeunes pouffes commencent à fe^montrer,
l il faut encore les entourer de terre ffaîché avec l ia houe. En couvrant les jeunes pouffes, on les
f garantit des injures d e là gelée. Lorfque les pouffes
fo montrent pour la féconde fois, on doit encore
en rapprocher la terre , mais fans les en couvrir ,
la foifon devenant alors moins rude.
On doit leur donner de la terre fréquemment &
abondamment. Ceux qui s’acquittent de ce travail,
doivent auflï éviter de marcher fut la plante ou
même for l’éminence qui l ’entoure , parce que plus
la terre eft légère, plus la pomme de terre a dé
place'pour s’étendre.
M. ffazard a obtenu d’une foule racine ainfî
produit étonnant qui forpaffe plus de treize fois
celui de toutes les cultures précédentes. Quiconque
en doute peut en faire) l’expérience, fuivant la di-
rèéliori donnée.
Un cultivateur qu’on ne nomme point, qui a
long-temps pratiqué la manière fuivante d’elever
des pommes de terre , la recommande comme egalement
plantée, près de quarante livres de greffes pommes^
de terre, & quinze à vingt livres de chaque racine
plantée dans la même pièce de terre ; il aflure
qu’à moins, que le fol ne foit pierreux ou graveleux
, on en obtiendra toujours par la méthode pré-
ï cédente, dix livres ou un picotin d’Angleterre.
[ Mais remarquez qu’on ne doit point y employer
I pour fomence, ni morceaux, ni petites pommes..
Cette dernière précaution eft des plus effentîelles.
Un acre contient plus de 14,502, .plants à part,
[ ou à 16 pouces de diftance l’un de l’autre à dix
livres pefant chaque plant. C’eft au-delà de 145,910,
qui font plus de'4083 boiffeaiix de foixante livres :
avantageufe, .exigeant moins de depenfo ,
& plus facile que la précédente, à accommoder aux
opérations d’un fermier. Labourez & herfez la terre
deux ou trois fois , jufqu’à ce qu’elle foit affez pul-
vérifée; Labourez-la encore une fois dans la faifon
propre à planter, & dans chaque troifîème fillpn ,
fi: les’filions font étroits, ou dans chaque fécond,
s’ils font larges , jettez avec une fourche un peu
de fumier long ou de litière , jufqu’à environ trois
pouces de hauteur : laïffez tomber fur cette litière
les fomences qui doivent toujour-s^être de greffes
pommes de terre, à la diftance de douze à quinze
pouces l’une de l ’autre ; couvrez le tout par la char- ,
rue qui foivra fa marche ordinaire , & continuez
de même jufqu’à ce que tout le champ foit planté.
LaMfez4e dans cet état, jufqu’à ce que les pommes
de terre commencent à paroître. Alors herfoz-*
le fort avec une herfé pefente, fans craindre d’of-
fenfor le plant. S’il refte des mottes, faites-y paf
for alternativement le rouleau & la herfo, jufqu’à
ce que la terre en foit parfaitement ameublie. Après
cette opération, elle eft ouverte & tendre à une
grande profondeur. Au bout de quelques. jours ,
aufli-tôt que les pouffes peuvent être apperçues dif-
tin&ement, parcourez-les, le farcloir à la main ,
pour arracher les herbes qui menacent de les offusquer.
Quinze jours enfuite, forciez.encore,, s’il
reparaît des herbes parafites, & rapprochez la terre
exactement des plantes. Quand elles ont fîx à huit
pouces de hauteur, ce qui arrive peu après le dernier
forclage, labourez avec une légère charrue,
tirée par un>foul cheval, entre les rangs de pommes
de terre, afin de jetter la terre for les plants
d’un côté , & de l’autre aufli haut qu’on le peut
faire. Bientôt les plants s’emparent de tous les intervalles,
& il n’y a plus rien à faire jufqu’à la
récolte. Les deux forclages fo payent une .coa-
ronne par acre. A ce prix , la terre eft rendue aufli
nette qu’on la peut defîrer.
Sir Thomas Bever a" obtenu par acre 346 boifo,
féaux de pommes de terre de fefpjsce que les an-
glois nomment wite champion , champion blanc :
d’une autre efpèce qu’un ami de Manchefter lui a
procurée , 648 boiffeaux par acre; & encore d’une
autre efpèce., procurée par M. Rigby de Liverpool,
1080 boiffeaux par acre. Gette dernière efpèce pro-
venoit des pommes de terre , dont la graine avoit
été fomée deux ou trois ans auparavant feulement.
Sir Thomas B ever n’a point fpécifié les particularités;
de fo culture. Ainfî on ne peut juger fî c’eft
la différence des efpèces. ou de la culture, qui a.
occaïîônné celle des produits.
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