
font pas tant, Sa, qui n’auront pas befoin de fe
-lever de deflus pour qu’on les fafïe lever dans des
temps de foibleffe, ou ce mouvement leur eft très -
pénible & quelquefois fort dangereux.
La manière de conftruire ces lits confiée à fe
•pourvoir de veflies de cochon ou d’autres animaux,
de les faire paffer à l’alun & à l’huile de poiffon ,
pour leur donner de la flexibilité , & ôter une
certaine graille capable de les faire attaquer par
les vers.
On fait |)ien reffuyer ces veflies dans du fon ,
elles ont d’abord un peu d’odeur, mais qui fe
diflipera au--bout d’un peu de temps; on fouffle
ces veflies, on les Remplit d’air, il s’agit préfen-
tement d’en former un matelas qui ait la forme
„ordinaire j fl on le contentoit de fouffler les veflies ,
il fe trouveroit des vides entr’elles : voici donc la
meilleure manière pour leur donner la forme d’un
matelas, les empêcher de s’écarter les unes des
autre's., & de conferver la force néceffaire pour
ne fe point brifer fous le poids du corps.
On forme avec du coutil des efoèces de cubes
de la grandeur à-peu-près des veflies ; on y met
ces veflies à moitié pleines d’air.
On continue enfuite d’introduire l ’air dans les
veflies , qui prennent la forme des cubes de jfcoutÜs ;
on prépare ainfi chaque veflie, on place c l s cubes
d’air à côté les uns des autres, en coufantles coutils
enfemble.
Lorfqu’on a. formé une première couche , on en
met une fécondé, & même une troifîème fi on le
defîrè; on les réunit dans deux toiles à matelas,
& on a un lit mollet qui n’a pas même befoin de
paillaffè deffôus; car compofé ainfi de trois rangé'es
de veflies:, les unes au-deffus des autres, il peut
s’élever à quinze , feize ou dix-huit pouces de
hauteur, fuivant que les veflies qu’on'aura eth-.
pioyéës feront grottes ; ainfi , en ajoutant à ce ma- •
telas un traverfin de la même matière, une cou-„
Verture &des draps , on a un excellent lit.
Les perfonnes riches peuvent, au lie„u de toile
de coutil, faire recouvrir cette couchette avec
du latin, & ils auront un lit des plus propres ,
le plus élaflique , le plus mollet, furlequel il foit
jamais poflible à un mortel de repofer; car toutes
les parties fur lefquelles le corps repqfè, cédant
en même-tçmps, le corps le plus délicat n’éprouve
pas la moindre réfiftance, & y repofe plus mollement
que fur le plus excellent duvet.
Ces lits d’air ne revîendroiènt point plus chers j
que les lits de plumes ordinaires, & les refforts
de la matière ne s’altéreroient point ; on peut d’abord
faire cette épreuve pour s’affu rer.de l’avantage
'de ces lits, en conftruifant des couffins de
fauteuils, pu des petits matelas de canapés ou de
lits de repos.
L ivres anciens*
On fait que Herculanum fut enfévelie en 7$
fous les cendres lancées par le Véfuve. Cette ville ,
retrouvée de nos jours à foixante-huit pieds fous
terre, eft aujourd’hui devenue une fource intariflable
de monuraens antiques , de flatues, de médailles
& de manuferits. Les livres, ou plutôt les manuf*
crits trouvés a Herculanum, font d’une grande ef*
pérance pour les gens de lettres, quoiqu’on n’en
ait fait jüfqu’a préfent que peu d’ufage.
Ces livres ne font point, en parchemin, ainfi
qu’on l’a publié en France : 011 a cru d’abord
qu'ils étoient d’ancien papier d’Egypte ; mais on.
s’eft apperçu depuis qu’ils n’étoient que fur des
feuilles de canne de jonc, collées les unes à côte
des autres , & roulées dans !e fens oppofé à celui
dans lequel on les lifbit-, ils ne fent tous écrits
que d’un côté, & difpofés par petites colonnes,
1 qui ne font guère plus hautes que les pages de nos
in -ii : ils étoient rangés les uns fur les autres dans
une armoire de marqueterie, dont on voit encore
les fragmens.
Lorfqu’on mit la main fur ces livres, tous ceux
qui 'n’avoient point été faifis par la chaleur dex
cendres du Véfuve , étoient pourris par l’effet de
l ’humidité, & ils totnbèrènt comme des toiles
d’araignée , auflî-tôt qu’ils furent frappés de l’aip ;
ceilx au contraire qui par l’imnreffion de la chaleur
de ces cendres s’étoient réduits en charbons,
étoient les feuls qui fe fuffent confervés, parce
qu’ils avoient réfîfté à l’humidité.
Ces feuilles roulées & converties en charbon ne
reffemblent ordinairement qu’à un bâton brûlé de
"deux pouces de diamètre , fur huit à dix pouces
de longueur ; quand on veut le dérouler ou enlever
les couches de ce charbon, il le caffe & fe
réduit en pouflière ; mais en y mettant, beaucoup
de temps &.de patience, on eft parvenu à lever
les lèttres les unes après les autres, & à les copier
en entier.
Le Père Antonio Piaggi a été l’inventeur de
cet art ; voici la manière dont on s’y prend. On
a un chaflis affujetti fur une table, dans le bas
duquel le livre eft porté fur des rubans , par les
deux extrémités du morceau de bois fur lequel
il eft roulé ; on fait defeendre de I deflus un cylindre,
qui eft au haut du chaflis, des foies crues
d’une tres-grande fineffe, & rangées fur une chaîne
fort claire, dont on étend fur la table une longueur
pareille à la partie de la feuille qu’on veut
dérouler ; on fait tenir le commencement de cette
feuille à la partie de la chaîne qui ne pofe pas
fur. la table, & qui eft la plus proche de cette
même feuille.
On fe fert à cet effet de particules de gomme
en feuilles ou par écailles , qu’on applique derrière
avec un pinceau, à l’aide d’un peu d’eau ou de
la fîmple falive , ©bfervant de ne les mouiller que
dans l’inftant qu’on les applique. ■
La feuille du livre s’applique fur-le-champ à
des particules, delà même manière qu’une feuille
d’or fe fixe, fur le mordant du doreur; le commencement
de là feuille du livre étant ainfi happée
par la foie & par la gomme qui y font adhérentes,
on tourne très-doucement le cylindre qui eft ail
haut du chaflis , auquel les fils de foie font attachés
, & à caufe de la grande fragilité de la feuile ,
on aide en mêrae-temps lé livre par en en bas a
tourner ; par ce moyen , on enlève infenfiblement
la partie de la feuille qui eft fortifiée, & l’on force
le refte de la chaîne, qui eft couchée fur la table,
à fe relever & à fe joindre, à mefure que le livre
tourne , à la partie de la feuille qui refte à dérouler.
O n les fixe enfuite avec des particules de gomme
en-fuivant le même procédé.
Lorfqu’il 11e refte plus rien de la chaîne fur la
table , .& qu’elle a été toute appliquée â la feuille
du livre, on coupe cette même feuille & on la
colle fur’une planche ; l’écriture y eft fi foiolement
marquée , qu’il eft difficile de la lire au grand jour ;
mais on y réuffït en la mettant à l’ombre ou à un
jour plu ' doux ; alors onia lit comme on liroit un
imprimé qui, après avoir été noirci au feu , con-
ferveroit encore la trace des cara&ères dont il étoit
empreint.
Les fils de foie font ici d’autant mieux imaginés,
que préfentant une fùrface à la feuille , ils
là fondennent par-tout également , rempliffent les
parties murilées , & empêchent que la feuille ne
fè déçhîre dans cès endroits, qui étant les plus
foibles, feroient les premiers à céder.
Cette opération exige beaucoup de légèreté dans
la.main ; on n’y travaille que les fenêtres fermées;
car le moindre vent pourront enlever ou rompre
la feuil e qu’on développe, & faire perdre en un
inftant le fruit de toutes les peines qu’on auroit
prifes.
L o u p e a e a u. V
Une loupe à eau eft compofée de deux glaces ,
courbées en portion de fphère, dont les bords
font travaillés fur un plan fi exad , que ces bords
étant'app’iqués l ’un contre l’autre , fans être ni
collés, ni maftîqués, ni contenus, retiennent
l’eàu où toute autre liqueur , dont ces loupes font
remplies, fans même en permettre la moindre évaporation.
L’eau dont on les remplit eft diftillée,
fort tranfparente 8c incorruptible. -
Ces loupes font ordinairement montées fur un
demi-cercle ,de cuivre , & fur un pied dé bois
noirci, comme font les miroirs concaves, & les
bords de la loupe font feulement pinces par deux
petites portions de cercles ( lorfepe ces loupes ont
moins de neuf pouces de diamètre), ce qui en
met les bords- à découvert ; mais lorfqn’elles ont
un plus grand diamètre, elles font dans une bordure
qui fe divife aifément pour avoir la loupe a
nud quand on le veut.
Les loupes à eau ont été imaginées à caufe des
difficultés de fe procurer une loupe d.e yerre folide,
d’un plus grand diamètre que celles qu’on trouve
ordinairement dans les cabinets« des phyficiens.
Ces difficultés font prefqu’infurmontables, s’il
s’agit d’avoir une loupe feulement de vingt-quatre
ou trente pouces de diamètre : de tout temps on
a fait les plus grands efforts à cet égard, dans le
deffein d’obtenir dés foyers dedioptri que , capables
de donner une chaleur beaucoup pkis forte que celle
qu’on peut tirer de tous les moyens connus d’appliquer
& d’employer le feu ordinaire. Mais comment
parvenir à avoir une maffe de verre de trois
à quatre pieds' de diamètre & de fêpt à huit pouces
d’épaiffeur? & fi on y parvient, quel travail en-
fuite pour convertir cette maffe en une loupe régulière
& bien polie/
Lès loupes à eau peuvent fe faire de toutes
grandeurs & à peu de frais.
- On eft abfblument le maître de leur donner au
centre telle épaiffeur que l’on veut , c’eft-à-dire ,
qu’on peut les faire à volonté d’un foyer court ou
long , fans craindre que l’épaiffeur qu’exige un
foyer court empêche les rayons de paffer ; comme
cela arrive en pareil cas dans une loupe de verre
folide, parce que l’eau diflillée eft toujours beaucoup
plus tranfparente que^ le plus beau verre.
On voit par-là que le foyer d’une loupe à eau
de trois pieds de diamètre fera incomparablement
plus puiffant que celui d’une loupe de verre folide
de même diamètre , & de pareille fphéricité.
Le^ loupes en général ont un avantage fur les
miroirs concaves, relativement aux foyers brûlans.
Le foyer des miroirs fe porte de bas en haut,
de forte que des que le corps que l’on y éprouve
eft fondu , il tombe, &’ le foyer du miroir n’a
plus d’a&ion fur lui. Avec une loupe , au contraire,
comme- le foyer fe porte naturellement de haut
en bas , fur-tout dans les grands jours de l ’été ,
lorfque le foleii à midi approche du zénith, il
eft aifé de le faire plonger dans un creufet, & de
l’exercer ainfi fur le corps que l’on veut éprouver
tant & aufli long-temps qu’on le juge à propos ,
même après fa fufîon , pour parvenir à le calciner
ou à le vitrifier.
Si on reçoit au fond d’uft jardin ou d’une cour
les rayons du foleii fur un miroir plan, pofé fut
uiie-chaife, ou fur toute autre chofe qui puiffe le
foutenir incliné, de manière que ces rayons renvoyés
par ce miroir, parallèlement à l ’allée du