
jpe£t pour les anciens, je luis loin de croire a la
falubrité de pareils défilés. Qu’on ait remarqué ou
non que, depuis l ’élargiffement des rues de Rome fous
Néron, les maladies-plus rares auparavant Ce foient
multipliées dans Tes murs ; Ci l ’obfervation ^ eft
exade , ce changement tenait évidemment a d’autres
caules. Le renouvellement de 1 ait & la pre-
ieace d’un aftre qui par-tout répand la yie , ne peuvent
qu’entretenir & prolonger celle 4e 1 homme.
Mais peut - être m’écarté-je de mon Tu jet : au
refie, cette courte difcuffion ne devoit point échapper
à l’Encyclopédie , & je ne vois pas d article
qui la juitifieroit mieux que celui-ci.
De Vétablijfemèht. de la forme pour lajjiette du
pavé.
En fuppofànt. le terrain nivelé, la largeur de
la voie & les différentes pentes établies ., 1« payeur
difpole la forme qui doit'reçevoir le pave.
Cette forme n’eft rien autre choie qu’une couche ,
de fable épâifîè de fix ou huit pouces, étendue j
.parallèlement au fol & battue :trcs-fei;ré. Le fable ,
graveleux, tel que, celui de rivière, ou, celui des ;
plages maritimes , eft préférable au 'fable de terre
ou de montagne, toujours plus menu , moins dur ■
& louvent argileux. Chaque canton cependant ne
peut uler que de les refloùrces. Paris tire Ion labié
de la plaine de Grenelle.
- -C’eft par les rüifTeaux ou le ruiffeau, s’il ne s’en :
trouve qu’un j que le paveur commence £ fon tra - !
Yail. Ne généralilbns rién : liippolons qu il s agifïe :
d’une chauffée neuve ; que cette- chauffée doive être
limitée par deux ruiffeaux, & qu’on veuille la couvrir
de beaux échantillons. Les deux ruiffeaux-,
comme on le lait , caraCterifènt une chauffée de
.ville.
Quand la forme eft préparée convenablement ;
quand là pente eft par-tout ce qü’il convient qu’elle
foit, & que fa fupefficie Corrigeant encore les défauts
du terrain, ne conferve ni -boffés ni renfon-
cemens , l ’ouvrier peut avec confiance entreprendre
fon pavage. L ’ouvrage fera néceffairement
agréable & régulier : ainfî tout dépend de la perfection
de la forme. Mais, quelleque foit l’expérience
du paveur, vainement le flatteroit-il de lui ménager
toujours une même ccûrbè , en ne s’en rapportant
qu’à fes yeux. Il faut un guide plus sC.r : il
faut que , de diftance en diftance , il foit aidé d’un
bon calibre, & que le compas de l’habitude n’ait à
diriger que de courts intervalles.
L e calibre en quefiîon s’exécute avec deux ou
trois planches échancrées & réunies bout à bout :
que, par exemple, la chauffée doive porter en
largeur trente - fix pieds, & dix - huit pouces de
bombement ; le calibre à conftruire aura pour longueur
également trente-fîx pieds , & dix-huit pouces
d’échancrure dans fôn milieu. Tout-charpentier
tracera cette coupe circulaire & facile. Voye^
d’ailleurs le Didionnaire de Mathématiques, tom. i >
page iq <5.
Peut-être objedera-t-on , du moins contre les
grands calibres, l’embarras & du poids & du maniement
: mais d’abord on ne remue point ces pa-s
trons à chaque pas.Ilfufnt de le confulter de dix toifes
en dix toifes , & rien n’empêche encore de les rendre
légers fans nuire à leur folidité. Je ne connois
enfin que la voie des calibres pour l’arrangement
d’une belle forme.
Du placement des pavés.
J’ai dit que le paveur commençait fôn travail
parle rüiffeau. Le premier grès qu’il pofe , eft en
effet dans fon milieu précis, fous-un cordeau tendu
d’avance. Creufer le fable, avec la pioche d’un marteau
lourd & courtement emmanché , loger le pave
dans l’enfoncement, lui donner de l’afliette en le
frappant avec la tête du même marteau fubite-
ment retourné , n’eft pour lui que l ’ouvrage d’un
clin - d’oeil.
Ce pavé & tous ceux qui traverfent le rüiffeau,
font appéllés caniveaux. Un ouvrier exaét n’en place
jamais plufieurs à la file. Il les entremêle alternativement
de deux autres qiîi, vers lè milieu dû
caniveau , Ce réjoignent &, par-là forment liaifôn
avec lui. Ces derniers pavés Ce nomment contre-
jumelles.
Je crains toujours que le défaut de gravures n’entraîne
un manque de clarté : cette défiance doit
me faire pardonner quelques longueurs. Le burin
le moins exercé repréfenteroit les deux contre-jumelles
affiles obliquement dans le fond du ruiffeau,
rapprochées l’une de l’autre au-deffous du cordeau,
& commençant le pied , tant de la .chauffée que
de l’accotement. On verrait le même cordeau couper
chaque caniveau dans fon milieu. L ’écriture,
pour parler aux yeux, n’a point' cet;avantage.
•
Quand les deux ruiffeaux font entrepris fur trois
ou quatre toifes ; on peut remplir le reliant de la
chauffée. Le paveur tend donc un nouveau cordeau
qui traverfè la rue perpendiculairement à fà direction.
Les chevillés qui tiennent ce guide flexible,
s’enfoncent en terre tout proche des caniveaux ou
des contre-jumelles. On le fuit avec précifîon , &
bientôt la première rangée Ce trouve établie. C ’eft
pareillement au cordeau qu’on mène les rangées
fùbfequentes.
Une des attentions de l’art, mais qui ne coûte
point à l’habitude , confîfte à choifir .entreles pavés
ceux de largeur égale à lalargeur.(i) des contre-ju-
(i) Nota. Le mot largeur pourrait ici faire quelque e'cjuj'
voqlie. On le prendra pour la dimenfion du pavé, mcfmce
. fuiyanç la longueur de la rue.
«•»elles ou des caniveaux. Du milieu d’un ruHTeau
iufqu’au milieu de l’autre, toutes les tranches doivent
filer fans détour, & les rangées achevées n offrir
plus qu’une feule ligne.
La continuité des.joînts deviendrait un défaut ef-
[fentiel dans le fens oppofé, j’entends le feus du
(roulage. Tout alignement eft a fuir dans cette dt-
(reaion. La réunion de deux f » y appelle ne-
[ ceflairement le plain d’un autre. Cette réglé n ad-
( met point d’exception. Je ne n f etendrai pas mr le
travail particulier des accôtemens : ils reprefentent
I une portion de chauffée. Ce que j’ai dit des chaufiees
leur eft donc applicable.
On a vu ci-devant que la pioche du marteau
i creufoit une foffe pour chaque pavé. Le fable ex-
| trait de ces fouilles réttérées, dérangerait bientôt
la régularité de la forme : l’ouvrier n’attend pas
I qu’il s’accumule. Sa ligne finie', il le recueille à la
f pelle , & le rejette fur les joints. Souvent il l ’epar-
! pille à la main , à mefiire qu’il pave, & cette méthode
n’eft pas la plus mauvaife. ,
Du damage & du redrejfement.
d’ouvriers Ce permettent la fiippreffion. Cependant
fàns cette pierre traverfànte, plus de liaifôn dans
les ruiffeaux.. Les roues en gliflànt les ecrafènt, &
le plain du pavé.manquant de fôutien , fe lézardé
& périt avec eux : ainfî l ’abandon des principes n’en
prouve pas toujours l ’inutilité.
I Deux ou trois coups d’un lourd marteau fur un
I cube de 6 ou 7 pouces peuvent bien, ainfî que je
| l ’ai dit, lui donner quelqu’affiette : mais non le coii-
I traindre à refferrêr, à comprimer encore un fable
»•déjà foulé, & par-là très-dur. La matière du pavé.
( ne permettrait pas d’ailleurs qu’on déployât fur elle
■ l ’effort entier du marteau : le fer brifèroit tout.
I On emploie donc un inftrument moins fêc, mais
I d’un poids à produire de bien plus grands effets.
I Cet inftrument qu’on appelle hie , ou dame * eft
| un cylindre en bois, long de quatre à cinq pieds \
I épais par-tout de fîx pouces : cerclé vers fès extre-
| mités, & portant à hauteur propice deux anfes qui
! fervent à le mouvoir.
Cette maffe qu’un homme robufte élève de terre ,
r & qu’auffitôt il abandonne à fà chute ; raffermit
I parfaitement l’ouvrage.
Il eft fôus-entendu qu’en faifânt agir la dame ,
Les doubles revers, abftra&ion faite du renver-
fônieht de forme , doivent être conduits comme
les chauffées..Perfonne n’ignore»qu’en Ville les doubles
j, ©n proportionne les coups au plus ou moins de fàillie
| fuperficielle des pavés. Par-là s’opère un redrejfe-
\ ment général.
Le peu de fàble, extrait des foffes, remplirait
! mal les joints. Il faut en amener de nouveau , &
le diftribuer fur le travail de manière à l ’en recouvrir
d’un bon doigt. Alors finit là tâche du paveur.
Bientôt les pluies , l’ébranlement des voitures, la
marche des chevaux, celle même des gens de pied ,
[ introduifent dans chaque vuide tout ce qu’il peut
[ admettre.
Je ne diffimulerai pas qu’entre les chofês que j’ai
‘ le plus recommandées , il en eft qu’on néglige en
bien de6 lieux. Je citerai les caniveaux* dont nombre
revers font coupés par autant de petits ruiffeaux
que la rue contient de maifôns. Ces égouts qui abou-
tiffent au ruiffeau principal , y portent le s . eaux
ufiieiles. Leur conftruéHôn eft toute fimple : il fuffit,
d’incliner angulairement deux rangées de paves.
Les voitures croifent toujours ces petits ruiffeaux , -
ils n’ont prëfqüe point à fôuffrir. Ceux des cours
peuvent être traités de même.
Du pavage, au ciment«
Je ne dirai qu’un mot du pavage• au ciment. Ou
ne l’emploie guère que par exception & pour prévenir
des filtrations nuifîbles. Les voûtes qu’aucun
toît ne met à couvert, réfiftent moins quand l’eau
pénétré fur elles & qu’elle les tient humides. Le
ciment, fubftitué au fable , bouche complètement
les joints & détourne l’eau.
Du relèvement ou du remanié des paves•
Quelqu’attention qu’on donne à l’affiette deg
payés , la fatigue qu’ils éprouvent fans ceffe, détruit
enfin leur arrangement. Les uns Ce brifent on
s’enfoncent, & forment des trous ou fâches. Ceux
d’à côté , privés d’un appui néceffaire, cèdent au
moindre choc, & quittent leur alvéole. C ’eft le fa iP
ceau de la fable, dont toute la force dépendoit de
l’union. Quand ces défeâuo fîtes ne font que locales ,
on remplace les payés éclatés, & l ’on raffermit les
autres : il eft intéreflànt de ne point différer. Mai?
quand l’époque arrive où la dégradation devient
trop générale, on eft contraint de relever la vole
entière. Un barreau de fer aigu fôulève & déplace
les pavés j on rétablit la forme, & tout le bon des
matériaux eft réemployé comme la première fois.
Cette opération s’appelle auffi remanié ; ou remet-,
niement-a-bout.
Prix de la toife de pavé.
A Calais, le remanîement-à-bout, & le pavage
à neuf, font payés douze fols la toife quarrée pour
façon de l’ouvrier. Il eft vrai que le dameur excepté y
les autres aides ne font point à fa folde. Pour éviter
ces partages de paiemens, on double les douze fols y
le paveur alors exécute l’ouvrage dans tous fes details,
à partir de la forme inclusivement. Suivant
Bullet, le prix de Paris eft le même ; & dans la
capitale colonie au nord du royaume, la toife de