
» Une longue expérience m’a appris que lorf-
» qu'on donnoit plufieurs coups fur lés côtés &
« fur le bas d’une ruche, la reine des abeiHes pa-
» roîiToit aufft"tôt pour voir la caufe de cette alarme,
» & qu’elle le retiroit fur le champ au milieu de fon
>» peuple. M’étant accoutumé à la voir fréquem-
» ment, je lappercevois au moindre coup que je
» donnois fur la ruche.
» Une longue pratique m’a en feigne le moyen de
» m’en faifir dans l’inftant, avec des précautions
»» convenables pour fa vie : ce qui eft de la plus
» grande importance, puifque le moindre -tort fait
» a la reine des abeilles , caufe là perte de la ru-
» che, à moins que vouv‘ n’en ayez, une autre pour la
>•> remplacerj comme je l'ai fouvent éprouvé lorfque
» je faifbis mes première? expériences.
» Quand je me fuis emparé de la mère abeille,
îi je puis la tenir dans ma main, fans lui faire aucun
» mal, & fans encourir fon reffentiment au point
» qu’elle vînt à me piquer; je retourne vers la ru-
» che , & je garde la reine , jufqu’à ce que les
« abeilles, s’en voyant privées , s’envolent avec la
» plus grande conîuh'on.
» Lorfque ces iiifèftes font ainfî troublés, je place
» leur reine dans l’ endroit où je voudrais qu’ils
« s’arrêtaffent ; quelques abeilles qui l’apperçoi-
» vent, dans l’infiant vont avertir leurs compagnes
» qui font les plus voifines, & celles-ci appellent le
» refie de F effara.
» Cet avis devient fi général, que les abeilles fe
» raffemblent toutes autour de la reine dans quel-
» ques minutes. Elles font fi charmées d’avo.ir re-
» trouvé la feule reffoutce de leur monarchie ,
» qu’elles demeurent long-tems dans la même fîtua-
» tion. Bien loin de s’enfuir, l’odeur du corps de
» leur reine a tant d’attrait pour ces infedes , que
» par-tout où elle paffe, ils s’y attachent fur-le-
» champ, & la fuivent fans ceffe.
» Mon attachement pour la reine des abeilles , &
» les égards que je dois avoir pour une- vie fi pré-
» cieufe, fait que je defîrerois ardemment n’avoir
» jamais détaillé une opération qui, étant prati-
» quée par des mains maladroites , me fait trem-
« bler pour ces infedes fî chers ; cependant l’amour
». de la vérité m’oblige à dire ici que” je fuis par-
» venu, en prenant beaucoup de précautions, à
» mettre un fil de foie autour de la reine des
» abeilles, fans lui faire aucun mal.
» Je l’ai fixé pour lors dans l’endroit où je ne pou-
» vois pas préfumer qu’elle reftât naturellement : je
» me fuis fervi quelquefois d’un moyen moins dan-
» gereux , qui confifle à couper un des côtés des
» ailes de la mère abeille.
» Je terminerai, continue-t-il, cet article de la-
» meme manière que Caius - F urius - Ctefinus qui;
» ayant été cité devant un Ædile-Curule dans une
» aflcmbîée du peuple, pour fe difculper d’une ac*
» cufation de forceüerie, fondée fur los récoltes
» abondantes qu’il faifoit dans un petit champ ,
» tandis que fes voifîns n’en avoient que de me-
»’ diocres, dans des terres beaucoup plus étendues,
» montra des inftruments d’agriculture en bon état,
» des boeufs bien nourris, une ménagère intellt—
» gente, & fa fille. 11 s’écria alors » : O ! Romains,
voua les inftruments avec lesquels je Jais mes forti-
teges j mais je ne peux point vous montrer mes
foins, mes fatigues & mes foucis, « C ’eft ainfî
» que je m’adreffe à vous. O ! Bretons, je vous ai
» enfeigné le moyen d’opérer mes fortileges ; mais
» je ne faurois vous faire voir combien de tems je
» me fuis exercé a cette opération , & l’inquietude
» & les foins que j’ai pris pour mes abeilles, ces in-
>■> fedes fî utiles; je ne faurois pareillement vous
» communiquer mon expérience, qui eft le fruit
» d’un grand nombre d’années. »
Voilà les coniioiffances que nous donne fur cet
objet Thomas Wiidman , dans fon ouvrage,_ On
-fait, il eft vrai, que les abeilles font fufceptibles
de s'apprivoifer en qifelque façon, & que lorfqu on
les vifîte fréquemment, elles ne s’élancent point
furies fpedateurs pout les piquer, & que même en
refiant immobile , iorfqu’elles viennent fe placer
fur vous, elles fe retirent d’elles-mêmes fans vous
piquer, pourvu que vous ne le? touchiez point;
mais fi on les tourmente, elles s’élancent fur vous,
& vous piquent.
Nous avons vu M. Wildman les tourmenter, les
manier avec une cuiller, nous en mettre une poignée
dans la main , & cependant aucune d’elles ne
piquoit ; il prétend faire de même avec d’autres
mouches abeilles qu’on lui donnerait, & même des
guêpes, & il ne demande que cinq minutes : dans
ce cas, ne peut-on pas préfumèr qu’il les engourdit
avec quelques vapeurs ; car il ne peut les apprivbifer
dans un auffi court efpace de tems. '
S’il étoit vrai que ce fût par le moyen de la reine
que les mouches fe plaçaient fur fa tête ,; & ne
rentraient dans la ruche qu’à fon commandement,
il faudroit qu’après- qu’elle a été fur fa tête il la
remît dans la ruche , & cela dans le feul moment
où il frappe fur la table pour faire entrer les
abeilles, ce que cependant on n’apperçoit point
qu’il fafTe.
A im a n s a r t i f i c i e l s , par M . Knigfit ; extraits
Trahfactions philofophiques de Londres.
0n fe procure-une quantité de limaille de fer
fine & pure ; on l’agite dans un vafe large, &
dont le tiers foit rempli d’eau pure ; on fécoué ce
vafe de côté & d’autre avec beaucoup de peine,
pendant quelques heures, afin que par le frotte-
I ment que la limaille éprouve, il s’en détache des
| particules allez déliées pour qu elles puffent fur-
P R O
nager fur l’eau.. C’efl de cet effet que dépend principalement
le fuccèi de l’entreprife*
L’eau s’étant troublée de cette manière , on la
verfe dans un vafe de terre , on la laiffe repofer
pendant quelque tems , puis on la verfe avec tant
de précaution , que le fédiment fin que la limaille
fait au fond , y refie en entier ; ce fédiment efi
alors auffi net que la plus fine pouffière. Enfuite, on
fait fécher cette poudre d'ans un autre vafe : mais
lorfqu’on ne s’en efi pas procuré en affez grande
quantité, on efi obligé de réitérer plufieurs fois le
même procédé.
Après cela , on fait avec cette poudre une pâte,
en y mêlant une liqueur qui contienne beaucoup de
phlogiftique ; e’eft ordinairement de l’huile de lin
qu’on prend pour cela, parce qu’elle efi regardee
comme méritant, en cette qualité , la préférence
fur toute autre liqueur ; oh incorporé bien ces matières
l’une avec l’autre , & on donne à cette pâte
la forme convenable.
Lorfqu’elle efi dans eet état, on peut y imprimer
fon cachet : on trouve un de ces morceaux cachetés
dans le Mufée britannique.
On met cette pâte fur du bois, on fur de la tuile,
puis on la fait fécher à un feu modéré , à la distance
d’un pied , pendant cinq ou fix heures. Lorfque
le feu efi trop violent, la malle le fêle. •
Lorfque les pièces qu’on en a formées font froides,
on leur donne la vertu magnétique. Pour obtenir
cet effet, l’auteur les tenoit uniquement pendant
quelques fécondés dans fon cabinet d’aimans
artificiels ; ce qui fuffit pour leur donner un degré de
vertu magnétique extraordinaire.
A n e m o m e t r e .
Ce mot qui défigne un infiniment propre à me-
fiirer la force des vents , s’applique auffi à celui qui
en fait con.nokte la diredion..
Il efi fans- doute agréable de favoir, fans fortir de
fon appartement, quel efi-lé vent qui fouffle dehors.
Pour cet effet, il faut attacher au plancher, ou au
manteau de la cheminée, ou à une muraille-, un-
grand cercle divifé en 31 degrés , marqués chacun
du nom d’un des 3 2, vents les. plus connus ; en forte
que le nord & le fud répondent à la ligne méridienne
; ce qu’on pourra facilement faire jpar le
moyen d’une boufîole.
Il faut que le cadran dont- on vèut faire ufàge ait
Une aiguille mobile autour de fon centre, comme
les cadrans des horloges ordinaires, & que cette
aiguille foit .attachée à un aiifieu perpendiculaire à
l’horifon, lequel aiffieu fe piiilîe mouvoir facilement
au moindre vent, & ce par le moyen d’une
girouette qui doit être plaeée au - deffus du toit de la
meme chambre ; car le vent faifont tourner la. gi-
P R O ‘
roüétte, fera auffi tourner fon aiffieu , auquel elle
doit être fixement attachée, & en meme tems
l’aiguille qui tient à cet aiffieu.de cette manière,
montrera fur le cadran le vent qui fouffle.
Cette confiruâion toute fïmple, lorfque le cadran
efi placé horifontalement au plancher, & direâe.-
ment au-dellbus de la girouette, demande un peu
plus de complication' lorfque le cadran efi adoffé
perpendiculairement aune muraille ou à un manteau
de cheminée.
La méchanique n’en efi cependant pas bien difficile
à comprendre. L’aiffieu de la girouette , terminé
par le bas en pointe, repofe fur un quarré
d’acier, frappé d’un coup de pointeau pour le recevoir
; en forte que cètte verge de fer, n’étant portée
prefque que l’ur un point,-puiffe fe mouvoir avec
beaucoup de facilité, & au moindre vent. Elle efi
foutenue en haut par une main de fer ou pièce quâr-
rée de fer, pofée herlfontaiement, pour l’empêcher
de vaciller.
Autour de cette tige, & par derrière la muraille
efi un pignon à 16 ailes, cannelées & égales, pour
les principaux vents. On fait- engrainer dans les
ailes les dents d’un rouet au nombre de 16 , qui mis en mouvement par la girouette , fait auffi tour
».
ner fon aiffieu parallèle à l’horizon, à l’extrémité'
duquel efi attachée l’aiguille du cadran.
Il efi vifible que le vent faifant tourner la girouette,
elle entraîné avec elle le grand aiffieu
qui fait auffi tourner le pignon auquel engrainent
les.dents du roueu
Ce rouet fait tourner fon axe , qui fait faire- les;
mouvements à 1^ aiguille ; par le moyen de cette-
méchanique cachée, derrière le mur , auquel efi
adoffée le cadran, -on a le piaifir de. favoir le veut
qui règne fans fortir de fa chambre.
Quand le lieu où l’on veut placer le cadran efi un
peu éloigné du haut de la maifon où doit être toujours
placée la girouette, on peut allonger le grand
axe tant qu’on voudra avec des vis, & même faire-
des renvois par des pignons & des roues : c’efl ainfî;
que nous a paru confirait celui que nous ayons vu àr
l’Obfervatoire.
Si Fon veut mefurer la force du vent, on fait
faire un chaffis, au haut duquel feront percés deux
trous, pour recevoir dans i’épaifleur des deux montants
un axe, qui doit porter i °. d’un côté, & en.
dehors du montant, une-roue à venr, garnie de fes.
ailes. î°. Entre les deux montants une poulie..
30. De l’autre ÿsôté ,. & auffi en-dehors du montant,
un. cadran attaché ferme audit montant, 8c. divifé en. trente-deux parties, & à fon centre percé
comme le montant, & traverfé par l’aiffieu au-
dejibus de l’axe -, Sc affez bas ,. font deux traverfes,.
toutes deux percées à plomb fous le creux de .'a
poulie, avec celle difiin&ion, que la ttaverfe la.