
Si l ’on fe trouvqit dans le cas d’avoir béfoin
d'un tuyau de trois pouces de diamètre par le
haut, & de deux pouces feulement de l’autre, car
on leur donne telle forme que l’on veut, félon
que les endroits pour lefqqels ils font deftinés le
requièrent, on ne prendroit alors que huit pouces
de ce côté-là. Du relie la coupe ell la même.
De la façon de rouler les tuyaux.
Il faut, pour cette opération, avoir dfcs battes
plates. Cet outil a trois pouces de large, & un
pied de long , le manche compris : le toùt efl
d’une feule pièce ; la différence qu’il y a entre
la batte ronde & la batte plate, ç’efl que l’une ell
un rondin entier, l’autre n’ell que la moitié d’un
rondin.
Lorfqu’on aura donc coupé ce qu’il faut pour
faire le tuyau , on tirera fur le bord de la table
cette bande de plomb qu’on delline à être roulée :
on appuiera une main defïus, afin de la tenir plus
ferme ; de 1’au,tre en prendra la batte plate , &
oiï en frappera les rebords par delîqus, de bas en
haut, pour en relever les bords : on en fera autant
au côté oppofé , en retournant la plaque de plomb
que l’on frappera jufqu’à ce qu’elle foit arrondie
& que fes côtés foient fi bien appliqués l’un contre
l ’autre & fi bien joints , qu’on ne puifïe point y
paffer la lame d’un couteau.
Cette opération exige toujours une adrefle qu’il
efl difficile de décrire & qu’on n’acquiert que par
l ’ufage.
Ainfi on lè contentera d’indiquer en général la
manière dont il faut s’y prendre ; tout ce qu’on
peut en dire, c’efl qu’on voit de ces "tuyaux fi bien
travaillés , qu’il feroit impoffible de connoître s’ils
ont été moulés ou roulés, fi l’en n’appercevoit
pas 'l’empreinte de la foudure.
Il efl bon d’obferver qu’il ne faut pas changer
d’opération, que l’on n’ait roulé tous les tuyaux
dont on peut avoir befoin pour mettre plus d’ordre
dans fcn travail.
, Ma;ùhe de falir, écailler & gratter les tuyaux.
Après, qu’on, aura arrondi les tuyaux ,, il faut
les écailler ou aviver aux endroits que. l’on veut
que la^foudnre prenne ,. paree que la furface du
plomb, fe falit aifément, & efl toujours enveloppée,
"félon le terme des plombiers, d’une craffe qui fait
couler la foudure , & l’empêche de s’attacher au
plomb ; au contraire, il faut les falir aux endroits
où l ’on, ne veut pas que. la foudure s attache, & ou
elle feroit inutile.
Avant tout, comme le tuyau efl rond, il faut,
pour l ’empêcher de rouler-, l’appuyer des deux
côtés par dçs petites cales ou plufieurs petits che-
Valets qui foutiennent ou embrafTent les tuyaux
par-defïous: ils font de plomb , & ce font les plonu-
biers qui les font. On affeoit les tuyaux fur ces
chevalets.
On aura enfuite de la terre grafie que l’on détrempera
dans de l’eau ; on en frottera le pourtour
de chaque tuyau ,-afin que la foudure qui coulera
fur le tuyau, le détache aifément des endroits où
elle efl inutile.
On commence par cette opération, de crainte
que quelques édabouflures de terre ne tombent à
l ’endroit des jointures du tuyau, où il faut^ nécef-
fairement que la foudure s’attache ; enfuite on
prendra le cifeau & les battes tondes.
L e cifeau efl fait à-peu-près comme ceux des
maçons : on fe fert encore du grattoir, & avec ces
outils on avive ou écaille le tuyau d’un bout a
l’autre, à l ’endroit où il doit être foudé , de la
largeur de deux pouces.
Quand on aura donc fali & écaillé les tuyaux
qu’on aura roulés , il faudra les fouder comme
nous allons l ’expliquer.
De la façon de préparer la foudure.
Pendant qu’on difpofera les tuyaux à être foudési,
il faut que d’autres ouvriers préparent la foudure»
C’efl un alliage d’étain & de plomb.
La quantité qu’il faut de l ’un & de l’autre pour
faire un bon corps de foudure, efl deux tiers de
plomb fur un tiers d’étain.
On mettra dans la chaudière de l’un & de l ’autre
de ces métaux dans la proportion que nous
venons d’indiquer; enfuite on allumera le fourneau
, & on fera fondre la foudure : on l’écumer^
de même que le plomb ; on aura feulement foin
de mettre à part l’écume qui en proviendra, parce
qu’elle refervira à faire de la foudure en la revivifiant
par lé-rafinage. Outre qu’on y perdroit fi
on la méiangeoit avec l’écume du plomb, parce
qu’on n’en retireroit plus de la foudure, mais du
plomb ; c’efl que d’ailleurs elle aigriroit le plomb ?
& lui ôteroit fa première bonté.
Maniéré de fouder les tuyaux.
Pour cette opération , il faut avoir un fer à
fouder & de la poix-réfine. Le fer à fouder, dont; les
plombiers fé fervent, efl un barreau de fer qui en
forme le manche, au bout duquel efl un morceau
de fer en forme de cône ; mais la pointe du, cône
doit, être moufle * & formée à-peu près connue le
petit bout, d’un oeuf de poule. Comme quand le
fer efl chaud, on fe brîileroit en le prenant par
le manche, on enveloppe cette partie avec deux
morceaux de bois çreufés en gouttières.
Les fefs à fouder ont environ un pied de longueur;
il faut, pour s’èn fervir, les-faire rougir
dans le feu; alors pendant que le fer chauffera,
on doit faire un noeud ou attache de foudure a
chaque bout du tuyau , afin d’empêcher que la
grande quantité de foudure qu’on efl obligé d’y
Verfer pour la faire prendre, ne le fafle entr’ouvrir.
Quand ces noeuds de foudure auront pris, prenant
de la foudure fondue dans une cuiller, on
en verfera d’un bout à l’autre.
Un ouvrier prendra le fer avec la poignée de
bois dont noüs âvons parlé , pour qu’il puifTe le
tenir & l’employer à fon ufage fans fe brûler ; il
l’appliquera fur la foudure qui fera verfée fur le
tuyau après l’avoir frotté de poix-réfîne, afin qu’il
né s’étame point & coule mieux fur la foudure qui
me doit refier attachée au tuyau que dans la quantité
qu’il en faut pour le fouder.
Il faut avoir foin que la foudure ne fafTe pas de
groffeur, mais foit unie, ainfi que le refie de la
circonférence du tuyau.
Pour que la foudure prenne bien , il faut que
le tuyâü foit échauffe par le fer ; cependant il le
faut paffer légèrement, mais on ne doit pas ménager
la foudure. De-là vient qu’il en faut environ
dix livres pour fouder un pied de tuyau.
Ce n’efl pas que toute cette foudure refie au
On fera la même opération pour tous les autres
tuyaux.
tuyau ; il n’en demeure au contraire qu’une couche J
de quelques lignes, qui peut être évaluée à üne I
-livre par chaque petit tuyau, & les autres à proportion
; mais c’efl afin qu’elle réchauffe le tuyau,
& s'y prenne mieux : celui qui la verfera fur le
tuyau, aura donc foin de ne la pas ménager.
Il feroit impoffible qu’une auffi grande quantité
de foudure ne fe fît pas quelque paffage à travers
le tuyau , fur-tout à l ’endroit où l’écaillure l’a lé
plus aminci : c’efl pourquoi il fe formera quelques
épingles en-dedans du tuyau; mais c’efl peu de
chofe , on les laiffe, parce qu’elles ne font point
un obflacie au courant de l ’eau.
Maniéré de détacher du tuyau la foudure inutile.
Quand le premier tuyau fera une fois foudé , on
en arrachera la foudure inutile,: il faudra fe garnir
les mains pour pouvoir la prendre fans fe brûler ;
on la détachera fort aifément par le moyen d’une
terre grafFe qu’on y aura mife tout autour, & qui
aura empêché qu’elle fit corps avec le plomb ; on
la rapportera dans la chaudière,. afin qu’elle s’y
fonde de nouveau ; enfuite on frottera le tuyau
avec un torchon mouillé pour l ’approprier: on le
retirera de deffiis les chevalets en le prenant par
les deux bouts, & on lé placera dans un coin de
l ’attelier, où l’on amoncellera tous, ceux que l’on
aura foudés. -
On aura le foin, à la fin de ce travail, de balayer
les écaillvires de plomb , afin de les mettre
en un coin pour en tirer parti.
Des cuvettis.
Après les tuyaux pour diriger les eaux, ce qu’il
y a de plus néceflaire dans les maifons, fur-tout
dans celles où il y a plufieurs locataires, ce font les
cuvettes : on les a imaginées pour que ceux qui
logent un peu haut, n’aient pas l ’incommodité de
defèendre pour fe défaire de leurs eaux, & puiffent
les jeter fans nuire aux autres locataires.
Elles peuvent recevoir jufqu’à un feau d’eau à
la fois : elles tranfmettent les eaux qu’on y verfe ,
dans un tuvaù qui leur efl joint, & qui defcend
jufqu’au rez-de-chauffée.
Il y a plufieurs fiècles qu’ elles ont été inventées ;
mais on n’en fait pas précifénient l’époque.
Il y a de plufieurs fortes de cuvettes; les unes
font faites en forme de hotte , les autres font
auffi faites en forme de hotte, mais en même
temps angulaires ; les autres font rondes ; les autres
font enfin quarrées.
On les fait de ces, différentes formes, félon
l’endroit où l’on efl obligé de les placer : on met
indifféremment les cuvettes à hotte ou rondes fous
les fenêtres ; les angulaires font faites pour les
encoignures des murs, & ne peuvent fervir ailleurs#
Des cuvettes a hotte.
Toute cuvette efl compofée de trois pièces : il
n’y a que les noms qui changent.
Il faut, pour former la cuvette à hotte, figuref
un doffier, un deŸànt & une crapaudine.
Le doffier efl la pièce de plomb qui efl appliquée
contre la muraille ; le devant efl ce qui forme la
hotte; enfin la crapaudine efl une pièce de plomb
percée à jour, qui efl placée & foudée dans l ’intérieur
de la cuvette , pour empêcher que les ordures
qui peuvent fe trouver dans les eaux qu’on
jette, ne paffent dans les tuyaux, & ne les engorgent:
elle les rétient dans la cuvette, d’où il efl
plus aifé de les enlever que de les arracher du
tuyau, où elles auroient paffé , fi elles n’avoient
pas trouvé un obflacie etr leur chemin , & qu’elles
auroient engorgé.
De la maniéré de les couper.
Il faut d’abord mettre le morceau de plomb dont
on veut fe fervir, fur une table, & en ôter les
laifes ou bavures ; enfuite avec le compas j on com-
1 i i z