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temps qu’elle prouve qu’tin petit côîti de terre qui
en feroit planté, fournirait à une famille très-nom-
breufe de quoi fubfîfter jufqu au retour de F’abon-
dance.^.
Mais la nature, enfignalant fon exceflîve libéralité
envers les pommes de terre , ne leur a pas
donné une conftitution capable de refifter a toutes les.
intempéries des faifbns , & quoiqû elles puilTènt fou-
tpnir long-temps la féchereffe & lnumidite, braver
l’action deftruftive de la grêle, des vents &
des brouillards, elles n’en font pas moins auu-
jetties à- des accidens & à des maladies qui ^ dérangent
& détruifent jufqu’à leur organifâtîon ; ainfi,
malgré les avantages réunis de la fàifon , du fol
& de tous les foins que demande fa culture^, la
pomme "de terre dégénère, & cette degeneration ,
plus marquée dans certains cantons, a été fouvent
portée à un tel degré, qu’au lieu d’y produire des
tubercules charnues & farineufes, elles n ont plus
donné que des racines chevelues & fibreufès.
L’expérience a prouvé que le feul moyen d arrêter
le mal à fa fource, etoit^ de renouveller les
efpèces, par l’emploi de la graine»
Cauje de la dègén.ération des Pommes de terre.
Si la bouture, le drageon, la' marcotte, dont
la nature fe fert pour perpétuer Fefpèce, & que
l’art a fu mettre à profit, pour jouir plus promptement
des richefles du règne végétal; fi ces dif-
férens moyens donnent des- individus entièrement
femblables-entr’eux, le principe de leur répro-
duâion répandu dans tous le corps de la plante ,
s’affoiblit d’une manière infenfible, & diminue de
force végétative , à mefure qu’il approche du terme
de fon extin&ion; enfin ilne paraîtras aufïi vivace que
celui des mêmes individus originaires de graine, qui
femblent, au contraire , aller en augmentant de^vigueur
jufqu’à l’époque où cette vigueur, pour être
trop fous - diviféè , a perdu néceftairement de fa
force ; d’où il fuit, qu’en général, une poftérité
qui a eu pour père primitif une branche, une
tige, une racine, une feuille, ne prolonge jamais
la durée de fon exiftenee 'auffi long-temps |que fi
elle étoit due à la graine, à ce précieux dépôt delà
multiplication.
Cela pofé, on peut avancer que fi la pomme de
terre des endroits où fa dégénération s’eft mani-
i feftée le plus, - y a été apporté d’Iflande, par
exemple; que depuis un fiècle, le fol & l’afped
où elles le trouvent tranfplantées, foient de nature
entièrement différente, il n’eft pas douteux
4que le germe de cette plante, toujours propagée
par bouture , ne doive s’affoiblir ^ chaque année ,
puifqu’entrè les boutures & la graine-il y a cette
différence., que dans, la graine fe raflëmble toute
l’énergie de la reproduction, tandis que dans la bouture
cette réproduftion/n’a lieu que par une forte
de communication, qui approprie les fucs fans développer
ceçte même énergie.
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D’après- ce raifennement fur là càüfe de la dé-
génération des pommes de terre, on peut égalé-'
ment expliquer celle de beaucoup d'autres végétaux
dont les changemens fùcceffifs, attribués tous les
jours à l’effet du terrein, des engrais & de la méthode
de culture, n’ont d’autre lource que l’affoi-
bliffement infenfible des principes de la reproduction.
Semis de pommes de terre,
On cueillera, à la fin d’oétobre, les petites pommes
ou baies attachées aux tiges les plus vigou-
reufès delà plante, & lor(qu’elles auront fermenté ,
on les écrâfera entre les mains & on les
délaiera à grande eau, pour féparer , a l’aide
d’un tamis , la femence du glutin pulpeux qui la
recouvre : on la fait fécher enfuite a l’air libre*
Cette femence eft petite, oblongue, d’une couleur
brune, & renferme une amande.
On sèmera la graine, à la fin d’a v r il, par rang,
dans des rigoles de trois pouces de profondeur,
pratiquées fur des planches de terre, difpofées à
cetëffet. Il y aura un pied de diftance entre chaque
rang, & les rigoles feront recouvertes de terre :
lorfque les jeunes tiges paraîtront, il faudra en
éclaircir le nombre, afin qu’il y ait toujours huit
à "neuf pouces d’intervalle entre chaque pied on
pourra tranfplanter les autres de la même maniéré.
Dès que la plante commencera à jàunir, on enlèvera
les racines ,, & on les préservera de la gelée
& de la germination. Au mois d’avril, on les
plantera par rangée, on les cultivera, on les recueillera
à la manière ordinaire, & la moiffon de la troi-»
fième année fera aufïi riche que de coutume.
Avantages des femis de pommes de terre.
En faifànt des ferais de pommes de terre, à l’inf-
tar des pépinières , on rajeunit Fefpèce dont le
germe eft fatigué, & qui s’abâtardit tous les jours.
On diftingue les précoces de celles qui font tardives,
on en crée même des efpèces nouvelles
q u i, appartenant à notre fol & à notre climat ,
feront par confequent moins fufceptibles de l ’inconvénient
dont il s’agit.
Voilà donc un moyen d’envoyer, A’un bout à
l’autre de l’univers, fous un très - petit volume &
même dans une lettre, de quoi propager les bonnes
qualités des pommes de terre , multiplier le nombre
de leurs variétés & prévenir leur dégénération.
Sur l’ajfertion que la culture des pommes de terre
eft un engrais pour les terres*
Selon M. Scott, Ecoffois, le s pommes de terre,
loin d’appauvrir la terre où on les cultive, la
rendent plus fertile pour les récoltes fuivanteç.
Une pièce de terre,'?dit-il-, ayant été bien cultivée,
& engraiffée ( apparemment, de fumier ) , fut
feraée moitié en turneps & moitié en. pommes de
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terre. L ’année fuîvante, on y mît de l’orge & de
la graine de foin. La morne du champ où il y
avoir eudes pommes de terre , porta la '
orge, qui mûrit plutôt .que les autres champs dorge, •
Jt le fom fut abondant dufant deux ans. Cette expérience
ou une autre femblable| ont fait attribuer,-par
un françois, le même effet a la pomme de terre
mais ces meilleurs auraient du s exprimer autrement.
Ce n’eft certainement pas que la pomme de
terre ajoute au fol quelque engrais qui y ferve d a-
mendement & le fertilife; mais pour arracher les
pommes de terre , on creùfe, on emiette le loi,
afin de n’y pas laiffer la plus petite pomme , cette
recherche vaut une très-bonne façon. Il n y a pas
de labour à la charrue, a la houe, ni meme a la
bêche , qui creùfe la terre auflravant, qui en bnle
aufti-bien les mottes, ni qui ramené autant de terre
du fond du fol à la furface. Ajouter a cela, que
comme il faut bien fumer la terre pour avoir une
bonne récolte de pommés, le- fumier enfoui le
printemps précédent, étant bien plus confomme au
bout d’un: an, eft pius' également répandu, mêle
incorporé avec la terre au printemps^ mivant ,
ce qui augmente encore fa fertilité. Ainfi, il ne
faut pas croire, comme le dit M. Scott & autres,
que la' patate fertilife la terre , mais feulement
qu’elle oblige de creufer la terre; ce qui eft une
^excellente façon ou labour, qi|i contribue a produire
de bonnes récoltes Fan nee fuivanté, fur-tout
quand la terre a été bien fumée, comme il eft
néceffaire pour avoir beaucoup & de bonnes patates.
Les autreç racines qu’il faut arracher , comme
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bons effets, à proportion de ce que la terre eft
nettoyée de mauvaifes herbes, labourée profondément
& émiettée. Le C.
Semis des pommes de terre & des turneps t dans la
plaine des Sablons*
L a féchereffe du printemps avoit déterminé
M. l’intendant de la généralité de,Paris à faire
cultiver ces pommes de terre, en des terrains vagues;
& quoique la faifon de les planter fût fort avancée
, elles n’en ont pas moins profpéré ; les bords
du chemin des Vertus en ont fourni la preuve.
Certe année-ci, M. le controleur général a auto*
rifé la fociété royale d’agriculture à difpofer d’unç
partie de la plaine desSablons,pour voir jufqu’à quel
degré le terrein le plus aride & le plus ingrat
pourrait être propre à la culture des pommes de
terre. En conséquence, M. l’intendant y en a fait
planter environ quatre arpens ; quatre autres viennent
d’être femés en turneps. Malgré les çirconftances
les plus défavorables, la qualité du fo l , un feul
labour fans engrais , la plantation reculée jufqu’aui
1 5 mai , fix femaines après l’époque ordinaire,
trente-cinq jours confécutifs de féchereffe & le dégât
des troupeaux, cependant elles y viennent très-bien
ainfi que les turneps.On obfervera que dans un terrain
auffi ingrat , toute efpèce de pommes de terre ne
réufliroit pas également ; celle qu’on a choifie eft
la pomme de terre blanche, hâtive. Cette expérience
prouve qu’il y a peu de fols dans lefquels
| on ne puiffe tenter avec avantage-cette culture, qui
offre une nourriture faine & abondante aux hommes
& aux animaux»