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ment toutes les fois*qu’on a voulu tenter de mettre
les couvertes d’Europe fur la porcelaine faite à la
' manière des Chinois,
On a vu que les degrés de bonté de læ pâte d’une
porcelaine dévoient fe mefurer à la difficulté que l’on
xencontroit à la faire palier à l’entière vitrification ;
on en doit conclure qué celle que l’on fait aux Indes
doit l-emporter fur toutes celles d’Europe, puifque
l ’on peut faire fondre un gobelet dé porcelaine à fritte
dans un gobelet de Saxe, & dans un gobelet de porcelaine
des Indes. Il eft vrai que la porcelaine
des Indes demande un beaucoup plus grand degré
de feu pour être portée.à fon entière cuiflon,
que: les autres porcelaines ; mais comme on rî’eft
obligé de l ’y mettre qu’une feule fois, il n’en coûte
pas plus de bois pour la cuire, que pourla porcelaine
d’Europe, que l’on met deux fois au feu.
Au refie , fi l’on veut fe donner la peine d’étudier
& de. luivre les manipulations décrites- par le père
d’Entrecolles , on eft alluré de faire de la porcelaine
qui aura les mèmès" qualités que celle que l’on fait
dans les Indes, 8c le pourra donner à meilleur compte
que toutes celles que l’on fait en Europe : on croit
cependant qu’il ne fera pas inutile de faire attention
à. l’eau que l ’on emploie dans .les manipulations* L e
•père d’Entrecolles dit que les mêmes ouvriers qui
la font à King-te-ching, n’en ont pas pu faire de
pareille à Peking; Î1 attribue ce manque de fuçcès
à la différence des eaux, .& il pourroit bien avoir
raifon. On a vu qu’il falloit gardée la pâte liquide
pendant un certain tems après l’avoir faite, & qu’il
s’y pafioit une fermentation : tout le monde fait
que la différence des eaux produit des effets .fingu-
îiers, lorfqu’il s’agit de fermentation , comme
i i eft ailé de le yoir dans la bière, les teintures
, &C.
Pour ce qui eft des peintures que l’on applique fur
la porcelaine après qu’elle eft faite, je crois que l’on
peut le pafler de prendre les Chinois.pour modèles;
les couleurs font allez, médiocres & efa-très- petit
nombre; la cérulé, ou quelqu’autre préparation de
plomb leur fort toujours de fondante L e plomb fe
revivifie, c’eft-à-dirè, repr.*id fa forme métallique
fort ailement, alors il noircit & gâte les couleurs
; ces couleurs s7étendent & font des; traits qui
ne font ni délies , ni bien terminés. On voit bien
que je ne parle ici que des couleurs qui fe mettent
for la porcelaine après qu’elle a reçu.lqn vernis & la
cuiflon entière : car pour celles que' les Chinois'
mettent fur le crud, en mettant le vernis par-deflus,
il eft impofÇble d’ea former des defîins tant foit peu
co re&s. . ' . ' 1 PH3
On croit donc qu’il vaut mieux abandonner tout-
à-foit les couleurs dont fe fervent les Chinois, pour
y fubftituer celles que l ’on emploie pour peindre for
l’émail. Comme ces couleurs font expoîées â lup-
porter un feu très-fort, on ne peut y employer que
les madères dont la couleur ne peut être enlevée, par
,p o R
la force du feu ; il faut donc renoncer à toutes Tes
couleurs tirées des végétaux & des animaux , pour
s’en tenir uniquement à celles que peuvent fournir
les terres & les pierres, qui confondent leur couleur
après la calcination ; mais comme celles-ci ne font
colorées que par le moyen des métaux, la chaux des
métaux, ou , ce qui eft la même chofo, les métaux
privés,de leur phlogiftiqile pour la calcination, four-
niüènt la feule matière que l’on puiffe employeravec
focces ; d’autant plus que les terres & les pierres
donnent toujours des couleurs plus ternes 8c plus
laies , à caufo de la grande quantité des terres qu’ils,
i contiennent.
On trouvera ces manipulations décrites fort au
fong dans un Traité de la Teinture en émail. On
peut être afliiré que toutes les couleurs qui réuflifient
dans, cette peinture, réufliront également bien dans-
celle fur la porcelaine ; on ÿ verra que l’on emploie
pour principes de ne point fe fervir de couleurs déjà
vitrifiées, comme les verres_colorés, les pains d’émaux,
8cc. &que l’on exclut pareillement toutes les
compofîtions où il entre du plomb : les raifons que
l ’on y rapporte pour bannir ces couleurs de la peinture
en émail, fobfiftent également pour les exclure-
de la peinture for la porcelaine on y Verra qué
l’étain donne les blancs pour éclaircir & rehaufler
toutes les autres couleurs ; que l’or donne des pourpres
, les gris-de-lin, les violets & les bruns \ que
l’on tire dp fer lesvermilJons, les marrons, les olives
& les; bruns ; que le coboljt fournit les bleus &
les gris; que le jaune de Naples donne le jaune ;
que le mélange du blanc & du rouge foitjfes couleurs;
de rofe ; que le mélange du. bleu 8c du jaune
fait tous les verds ; & enfin que le mélange du bleu,
du rouge'& du jaune fait toutes les trois couleurs. On
; yoit par-la que l ’on eft en état de peindre fur la porcelaine
avec une palette garnie d’un aufli grand1
nombre de couleurs que celle, àlun peintre a 1 huile.
Il y-a Cependant Une remarque eflèntîèlle à faire
qui apporte une efpèce de différence entre la peiii-
rure fur la. porcelaine & la peinture en émail. Pour
tranfporter la couleur des métaux , ou plutôt celle
de leurs' chaux , for i’émail, on eft obligé de joindre
à la chaux de ces métaux un verre, qu’on
appelle fondant, qui par là fufion vitrifie les -couleurs
& lesfait pénétrer dans l’émail. Pourque les
couleurs-puiffênt pénétrer dans l’émail fur leque^on
peint-, on font qu’il eft héèèflàire que l’émail commencé
à entrer en fufion ïorfqiie lés couleurs y font
déjà, parce que les couleurs reftèroient de relief
fur l’émail, s’il n’entroit point en fonte ; il faut
donc qu’il fe trouve un,? proportion dans la facilité
a fondre entre l’émail lur lequel on peint, & le
fondant que l’on mêle avec les couleurs.
On voit aifément que la même proportion dans
la facilité à fondre doit fo trouver entre la couverte
de la porcelaine for laquelle on peint , & le
fondant qu’on aura mêlé avec les couleurs ;, fit 1»
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Couverte de la porcelaine étant beaucoup plus
difficile à mettre en fufion que l’émail, on doit
employer dans les couleurs à peindre fur la Por'
eelaine un fondant beaucoup moins facile à mettre
en fufion, que dans celles à peindre en émail ; ce
qui dépend d’employer moins de falpêtre & de borax
dans la compofition du fondant. Comme on ne
doit point employer de plomb dans la compofition
du fondant, il eft plus facile d’en faire un qui foit
dur à fondre, que de faire celuî'qui eft propre à
la peinture en émail, à eaufe de la quantité des
fels qu’on eft obligé de mettre dans ce dernier qui, a
moins que ce verre ne foit bien fait, s’y font fentir,
& gâtent les couleurs»
La principale qualité du verre qui fervira de fon."
dant, eft d’être blanc, 8c qu’il ne foit point entre
de préparation de plomb dans fa compofition ,
comme la cérufe, le minium, la litharge, &c. 1
Pour ce qui eft du plus ou moins de facilité qu’jl
doit avoir à entrer en fufion 5 il fout qu’elle foit
proportionnée à celle de la couverte de W porcelaine
, c’eft-à-dire, que la couverte ne foit pas
affez. dure à fondre, pour que la fufion du verre
qui fert de fondant, n’entraîne pas la fienne dans
les endroits où les couleurs font'appliquées. On
peut donc eflayer de fe fervir de verres blancs de
différent degrés de fufibilité, pour s’arrêter a celui
qui fe trouvera convenir au degré de fufibilité de
la couverte. Le verre dont on foit les tuyaux des
baromètres eft le pfos facile à mettre en fufion ; celui
des glaces vient après, 8c enfuite celui des cryftaux
de Bohême, &c.
On ne doit point craindre que la force du feu
néceflaire pour mettre ces verres en fonte emporte
les couleurs ; celles dont on vient de parler font
toutes fixes , 8c y réfifteront : il n’y a que les couleurs
tirées du fer dont jufqu’ici l’ufage a ete tres-
difficile, à caufe de leur volatilité au feu ; mais
il fera aifé de voir dans le Traité de la Teinture
en émail, qu’en tenant les fafrans de Mars expofes
âu grand feu pendant deux heures, avec le double
de leur poids de fel marin, 8c les edulcorans en-
fuite , on les rend tout aufli fixes que toutes les autres
couleurs.
La proportion du fondant à mettre avec les chaux
des métaux eft là même que celle de la peinture
en émail, c’eft-à-dire , prefque toujours en poids
trois parties de fondant fur une partie de couleur :
fi l’on s’apperceéoit que quelqu’une de ces couleurs'
ne prît pas dans la fonte le luifant qu’elle doit
avoir , on en feroit quitte pour ajouter quelques
parties de fondant de plus, par exemple , les couleurs
tirées, de l ’or exigent jufqu’à fix parties de
fondant. .'
Ces couleurs s’emploient facilement au pinceau
avec la gomme , .ou l’huile eflenfielle de lavande,
avec. là précaution , û l ’on s’eû fervi .d’huile ef-
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fentielle de lavande, d’expofer les pièces peintes
à un très-petit feuj jufqu’à ce que î huile foit totalement
évaporée , avant de les enfourner.
On ne parlera point dès couleurs qui fe mettent
fous la couverte; il faut les placer fur le crud, dans
lequel venant à s’emboire, on ne peut former avec
elles aucun deffin correêt. Elles ne feroient donc
propres qu’à employer à faire des fonds d’une feule
couleur, 8c en ce cas il vaut mieux mêler la chaux
des métaux avec la matière de la couverte, & tremper
les vafes dedans.
Il réfulte de tout ce que l’on vient de dire, que
les porcelaines dans lefquelles on emploie de la fritte,
font les plus mauvaifes de toutes, qu’on ne doit
jamais chercher à en faire fur ce principe ; par cbn-
féquent qu’il ne fout employer aucuns fels pour
mettre en fufion les matières qui doivent compofeï
la porcelaine.
Que le fpath fufible eft le principal agent pour
la liaifon des terres que l’on doit employer dans
la porcelaine , pùifque le pe-tun-tfé eft une pierre
compofé de fpath , d’argille fie de fable , qui jointe
à uneterre onâueufe, fait la porcelaine de la Chine; 8c que celle de Saxe eft compofée fur les mêmes
principes , avec cette différencé feulement que le
pe-tun-tfé eft déjà compofé d’une partie de ces matières
par la nature, & que dans la porcelaine de
Saxe on eft obligé de la foire des mêmes différentes
matières féparées que l’on ràffemble ; ce qui fait
voir que les combinaifons faites par la nature, même
, font fupérieures à celles faites par la main des
hommes.
Quant à ce qu’on appelle l’émail ou la couverte,
il ne falloit jamais chercher à la faire avec une
vitrification toute faite ; mais il falloit quelavitri-
i fication ne fe fît que fur la porcelaine même; que
i l’on n’employât jamais des métaux, comme des
préparations de plomb, ou d’étain dans la couverte ;
qu’il entroit du fpath dans celle de la Chine, puif-
qu’il y entroit du pe-tun-tfé., qui eft une pierre
fpathique ; ou il y avoit toute apparence,- que le
fpath entroit aufli pour beaucoup dans la couverte
de la porcelaine de Saxe, 8c même pour davantage
que dans \zporcelaine de la Chine, puifque la force
du feu ne la faifoit pas couler comme celle de la
Chine.'
Pour ce qui regarde les couleurs, il ne falloit
jamais employer, des verres colorés tous faits , &
fur-tout ceux dans lefqifels le plomb étoit entré,
comme les pains d’émaux , Scc. mais que la vitrification
des couleurs fe fit fur là couverte , & en la
i pénétrant. (Obferv. de M. d e M ontjmi.)
Porcelaine de Saxe &aut res.porcelaines et T urope.
Nous devons à M. le ctfmte dé Milly une excellente
defociption dé Part de faire la porcelaine
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