
goulot d’une bouteille aufiî de verre , bien propre,
de grandeur fuffifante.
La filtration achevée, jcttea le filtre & mettez
votre eau falée dans une grande jatte de faïence
brune , émaillée en dedans, plutôt large que profonde
; faîtes bouillit dans le commencement pour
accélérer l’évaporation ; mais, fur là fin , modérez
le feu, fur-tout lorfque le fel fe cryftallife, autrement
vous Gafferiez votre plat.
Quand il fera fec , mettez-le dans un creufet du
double plus grand ; couvrez-le, & que le couvercle
fbit percé par en haut d’un petit trou ; mettez
le creufet rougir, environné de charbons; c’eft ce^
qu’on appelle décrépiter , parce qu’ effectivement il
pétille & s’éclate dans le creufet.
Quand il a fait fon effet, on le jette encore
chaud dans un mortier de fonte bien propre, qu’en
a aufiî chauffé.
On le pile pour le tamifer deux fois, premièrement
avec un tamis moyen de foie , le même
qui fervira pour l ’opération ci-devant dite fur le
vernis.
Continuez à piler ce qui n’y pourra pas paffer ,
jufqu’à ce que vous ayez achevé votre quantité.
Enfuite, comme votre fel fera refroidi, il eft à
propos de le faire chauffer légèrement fur un plat
de faïence, ou fur une mouffle renverfée, dont les
aftiîieürs fe fervent pour en retirer la pouflière &
les grains trop ‘fins, en les fai&nt fortir par un
tamis plus ferré.
Cette pouflière fur-tout eft nuifîble, fe foute-
nant fur la fuperficie du Vernis , elle empêche-les
grains qui ont plus de poids , de parvenir au fond
du cuivre ; mais en la fupprimant, il refte un grain
égal comme un fable, qu’il faut mettre dans un
vafe de verre, chauffé auparavant , que l ’on bouche
enfuite pour le conferver dans un lieu] fec ;
une livre de ce fel dure long-temps.
A l’égard de la pouflière & des petits grains qui
ont paflé par le dernier tamis, il faut encore en
extraire le plus, léger en la faifant fortir par un
autre tamis extrêmement ferré ; ce qui reftera -,
fera un grain égal, plus fin , & qui doit être également
eonfêrvé pour s’en fervir à faire les teintes
les plus foibles fur le vernis, ainfî qu’il a été
dit à la fin de la fécondé opération ;■ le furplus de
la pouflière peut entrer dans la compofition du
mordant.
Chaque fois,qu’on voudra' fe fervir du fel ta-
mifé, il faudra lé faire chauffer comme ci-devant,
fur les cendres chaudes, modérer la chaleur ; trop
chaud il brûleroit le tamis; iifuffira qu on le voie
couler comme un fable ; il paflera plus vite &
plus également.
Manière de faire T eau-for te.
Mettez fur une pinte de très - fort vinaigre , deux
onces & demie de fel ammoniac purifié, deux onces
& demie de fel marin aufli purifié , & une otice
de verd-de-gris fec , fans grape ni cuivre.
On peut fubftituer au verd-de-gris pareille quan-'
tité de coupe-rofe, qui colore moins.
Toutes ces matières pulvérifées font mifes dans
un grand marabout de faïence brune , contenant
deux pintes au moins , le tout fur un feu modéré,
le pot couvert jufqu’à ce qu’on s’apperçoive que
le Souillon s’élève; car il faut alors le découvrir
& le retirer du feu, pour le bien remuer avec
une fpatule ou bâton.; on le remet au feu encore
deux fois.
On le retire à chaque ébullition pour le remuer
de même ; à la troifîème fois on le retire
pour le couvrir, après l’avoir bien remué , & le
laifler enfuite refroidir èt éclaircir.
Deux jours après , on le tranfvafe dans une
bouteille de verre ou de grès bien boiréhép, & on
le garde pour l’ufage ci-devant indiqué.
Si elle étoit trop forte , on peut' l’affbiblir avec
du même vinaigre qui a entré dans fa compofition.
il*
J’avertis les graveurs à la pointe qu’ils peuvent
fe fervir aufli de cette eau - forte à plat ,
dont ils auront plus de fatisfaétion que de l’efprit
de nitre.
Mordant,
Broyez enfemble , à fec , deux parties de fel
marin, deux parties de fel ammoniac, & une partie
de verd-de-gris ; le tout bien mêlé doit être gardé
dans un petit pot de faïence pour l’ufage.
Quand on veut s’en fervir, on en prend la quantité
qu’on peut en employer en un demi - jour ,
que l ’on broie bien fur une glace avec du fîrop
de vieux miel, pour lier la compofition ; elle
. coule facilement fous le pinceau, & s’emploie
comme une couleur.
Cette compofition attire l ’humidité de l’air ; c’efl
I pourquoi il n’y faut mettre que le moins qu’il fera
poffible de firop ce firop fe trouve naturellement
au fond des tonneaux de vieux miel, chez les épi-s-
ciers ; un demi-poifion fert kmg-temjÿ.
A défaut, on 'achète une livre de miel liquid
e , dont on fe fert eu attendant que le firop fie
forme.
Je préfère le vieux comme le plus acide, quoi-
?üe le m iel, par fa qualité gluante , affoiblifle
adion des fels; mais il nous falloit un intermède
qui, en liant les fels , en facilite l’emploi,
Dijfolution d’argent,
Sür une petite quantité d’efprit de nitre, comme
plein un verre à liqueur, faites difloudre dans un
matras, fur les tendres chaudes, de l’argent fin ,
tant qu’il en pourra diffbudre, aidé par la chaleur.
Survuidez votre diflolutiou dans une petite bouteille
de verre bien bouchée ; gardez le furplus
de l’argent qui n’a pu fe difloudre , pour une autre
fois.
A l ’égard de la diffolution, le lendemain vous
trouverez au fond, des cryftaux qu’on nomme cryftaux
de lune ; ce qui eft une preuve qu’elle eft entièrement
épuifée,
Survuidez-en une plus petite quantité dans une
autre bouteille proportionnée , qui vous fervira de
cornet pour y plonger, foit plume ou pinceau.
Si-Vous l ’employez, fur le cuivre à nud, fur -le
champ , quoique blanche , elle y fait un trait noir.
Cette liqueur, affaiblie avec fept à huit fois fa
quantité d’eau pure , fert à faire le trait dont j’aî
parlé ; & , dans fa pureté , elle pénètre au travers
du vernis tamifé , & mange vigoureufement le eut*
v re , &c,
Efprit de Vénus,
L ’efprit de Vénus fe fait par la diftilktion du
verd-de-gris.
Il n’en faut qu’une très-petite quantité , qu’o*
peut prendre chez les apothicaires.