
dtê promener & s’étendre fùcceflîvement fur toutes
les parties du tableau.
Ce n’eft que lorfquele gonflement a difparu par-tout,
qu’on doit ôter le tableau de deflus le feu, en
l’éloignant petit-à-petit, comme on l’avoit approché
, alors la toile eft également abreuvée, & la
peinture eft également matte.
Cette mixtion eft en quelque forte effrayante
pour un fpeâateur qui n’y eft pas accoutumé.
La préfènce d’un brafier ardent, l’intérêt que
l’on prend à un ouvrage auquel l’artifte a employé
tant de temps & de foin, que l’on voit prefque'au
milieu de ce brafier, la connoifiance que l’on a
de l’extrême molleflè & de la fufibilité de la cire,
mettent dans l’inquiétude ; on craint que tout ne
foit perdu.
Mais cette inuftion au contraire , loin de détruire
la peinture, la rend folide & la fixe : le
moindre frottement avant l’inuftion l’auroit enlevée
, mais après cette opération", c’eft une couche
mince, flexible, & fùfceptible de prendre par le •
frottement un poli luifânt.
On peut faire de cette manière de très-beaux
vernis pour les appartemens.
(D ié i. de lln d .
C’eft, comme on vient de le dire, à M. Bachelier
fur-tout qu’on eft redevable de cette préparation
fort utile dans les arts. Voici les dofès & la
manipulation données par ce fâvant artifte.
Prenez fèl alkali fixe de tartre purifié, deux
gros ; eau de rivière , dix onces ; cire vierge blanche
& bien sèche, cinq gros & demi.
Mettez le tout fur un feu doux , dans un vaifi-
fèau de terre neuve , remuez ; le méiaùge ne tardera
pas à acquérir une confîftance uniforme en
refroidiflânt ; il prend à fa furface la forme, d’une
crème épaiflè ; le refte de la liqueur plus fluide,
pourroit s’appeller lait de cire. L’une & l’autre font
mifcibles dans une quantité d’eau indéfinie.
Procédé pour préparer l'encauflique. propre a la pein- j
ture, par M. Guttembrun.
M. Guttembrun prend du naphte très-pur ou
pétrole blanc, fur lequel il'verfe une quantité
fùffifânte de cire qu’il a fait fondre .à petit feu ,;
il broie fes couleurs avec cette compofîtion, & les
applique au pinceau fur un fond qu’il prépare avec
une imprefïion du même mélange.
Cette peinture a un oeil mat, comme celle en
détrempe ; ce qui paroît être un avantage, parce
que la nature ne vernit point les chairs.
Mais fi l’on veut la rendre luifânte, il fùffit de
la faire chauffer, pour en faire évaporer le naphte,
& de la frotter légèrement avec un morceau de
toile.
On peut lui donner encore plus de brillant,
en y appliquant un vernis ou une couche de cire
chaude, & en la frottant de la même manière.
Non-fèulement cet artifte penfè que, par ce procédé
, on peut imiter parfaitement la manière des
peintures anciennes qui nous reftent, mais il croit
encore que cette méthode pourra faire abandonner
la peinture à l’huile, à laquelle elle mérite d’être
préférée , pour la durée & peut-être encore pour
la beauté des couleurs.
La manière de M. Guttembrun nous paroît plus
que toute autre approcher de celle des anciens ,
puifqu’elle peint véritablement à la cire qui refte
feule avec la couleur ,-lorfqu’on a fait évaporer la
naphte , ou par lui-même , ou par le moyen du feu.
Le caractère de la peinture encauflique confifte
en ce que les couleurs empâtées avec la cire font
chauffées enfùite, afin qu’éprouvant une efpèce de
fufîon, elles puifiènt s’unir & fè fixer.
Peinture a £ encauflique a par M. Colebrooke^de Bud-
gerow, artglois.
Je pris, dît l’auteur, ce que les maçons appellent
en anglois putty ou fine ftujf.
Le putty ou potée eft de la chaux -éteinte , qui
a été paffée au travers d’un tamis, étant encore
chaude, pendant le cours de fa diflolution dans
l’eau. C ’eft ainfi que fe fait le lait de chaux avec
lequel on blanchit les édifices. On y ajoute un peu
de colle de gand. La chaux que l ’on obtient des
cailloux fournit le plus beau blanc & celui qui
‘ fe confèrve le plus.
J’ajoutai au putty une petite quantité d’albâtre
calciné’, pour la faire fécher plus promptement
, après l ’avoir délayé avec de l’eau commune
, & employé comme devant fervir de fond à
mes couleurs. . -
C ’eft la même déification qui arrive promptement
quand on peint en plein air.
Avant de mettre aucune couleur fur mon fond,
je fis bien fécher celui - ci devant le feu pour pouvoir
y appliquer aifément ces dernieres.
Lofque mon panneau fut peint avec, des couleurs
à la colle, je le fis encore chauffer devant le feu par
degré, pour ertfpêcher qu’il ne vînt à s’écailler.
J,e le tins ainfi expofé à la chaleur jufqu’à ce
qu’il fut très-chaud.
Je pris alors trois parties'de cire blanche ', &
une partie de réfîne blanche fondues enfemble dans
un pot de terre verniffé, & j’en mis une couche
avec une broffe fur le panneau que je. venois de
peindre.
Je tins ce dernier devant le feu, dans une lituanien
perpendiculaire , pour que la portion de cire
& de réfine que le' plâtre ne pourroit point abfor-
ber, s’en écoulât facilement.
Quand mon panneau fut* bien refroidi, je trouvai
que les couleurs n’avoient été altérées ni
par la chaleur du feu, ni par la coùche de cire &
de réfine fondues & mêlées enfemble, que j’avois
mile deflus avec la broflè. *
Je frottai donc ce_ panneau avec un linge très-
doux, & je me procurai ainfi’ une efpèce de vernis
dont j’augmentai l’éclat en le frottant avec une
broflè à main des plus fortes.
Loin de rayer ou de faire écailler ma peinture
& d’y laiffer la moindre marque , en faifânt cette
nouvelle opération, je parvins à la rendre & plus
unie & plus polie.
Etant encore aflùré par un paflage de Vitruve
que cette manière d’employer la cire étoit exa&e
& propre à me conduire au -but que j’avois en vue,
il ne me refta plus qu’à m’aflùrer également de
la folidité de ce nouveau genre .de peinture, c’eft-
à-dire , à fâvoir fi la cire ainfi incorporée avec la
peinture, empêcheroit que l’eau ne là détachât de
mon panneau quand elle y tomberoit, ou qu’on
le laveroit.
Dans cette circonftance , je me trouvai un peu
déconcerté : car j’eus le chagrin de voir enlever
un peu de ma couleur en la frottant avec un linge
très-doux; mais en lavant mon panneau avec un
pinceau fort doux, trempé dans de l’eau, & le
laiflant enfùite fécher fans l’efliiyer, les couleurs
iéfiftèrent très-bien à cette opération.
Je fis fùfpendre un morceau de planche peint de
la même manière, durant un jour entier, dans
l’endroit de la cheminée où il pouvoit être le plus
expofé ?à la fumée, & je le tins au grand air
pendant .une' nuit où régna un brouillard très-
épais.
Le lendemain matin cette planche parut toute
mouillée , & Peau couloit fur la peinture,
On la fit fécher fans l’eflùyer ; le fond & les
couleurs ne parurent point altérés par la fumée ,
ni par le brouillard.
Lorfque cette planche fut bien sèche, on la frotta
de nouveau avec un linge très-doux & enfùite avec
une broflè, & on lui vit reprendre fon premier
luftre.
Le mauvais fùccès des fept expériences que j’a-
vois exécutées d’apres l’ancienne manière de peindre
à l’enèauûique , en faifânt brûler les couleurs,
remifè en ufage par feu M. le comte de Caylus,
me détermina à réfléchir que la cire ne fèrvoit que
de vernis dans cette efpèce de peinture, &; non de
véhicule aux couleurs.
Ce vernis n’avoit alors pour objet que la confèr-
vation des couleurs , en les défendant de l’adion
de l’air qui les ternit & les fait pafîèr.
*" On fait, & on le répète, que la méthode de
M. de Caylus confifte, i° . à frotter la toile ou le
panneau que l’on veut peindre avec de la cire.
' i ° . A y appliquer les' couleurs broyées avec de
l ’eau commune ; mais comme les couleurs ne pren-
droiënt point fur la cire ,' on frotte d’abord le fond
avec du blanc d’Efpagne, & l’on emploie enfùite
les couleurs félon la méthode ordinaire.
3°. La peinture étant sèche, on l’approche du
feu, où la cire fè fond & abforbe toutes les couleurs.
Peinture a sgrafiitto , ou à égratignure.
On a été. dans l’ufâge, à Gênes & à Rome, de
décorer, avec cette forte de peinture, l ’extérieur
de quelques bâtimens.
Elle eft plus fîmple que la peinture à frefque ,
elle réfifte mieux aux injures de l’air. Mais il faut,
pour être agréable , qu’elle foit exécutée par un
habile deffinateur ; car tout trait , tout contour,
toute. ligne une fois tracés, ne peuvent plus être
effacés.
En voici le procédé. On prend de la chaux avec
du fable, & on y ajoute un peu de paille brûlée ,
ce qui donne au mortier une teinte grisâtre plus
ou moins forte, fùivant la quantité qu’on en a mis.
On enduit avec ce mortiér les endroits qu’on veut
peindre; lorfqu’ils font fècs, on les blanchit avec
de la chaux délayée dans de l ’eau de colle.
On trace les deflins avec des cartons piqués qu’on
applique fur le mur, en faifânt ufâge d’un petit
/fâc rempli de poudre de charbon, qui, frappé fur
les traits, fait paflèr la pouffière à travers lés trous
piqués, & marque ainfi les traits du deffin de pôints
noirs.
Le peintre fè fèrt alors d’une ou de plufieurs
pointes' de fer unies enfèmble, comme une fourchette,
pour tracer les objets & leur donner la rondeur
néceflâire.
Par le moyen des hachures, le fond noir ou gris,
qui eft fous la couleur blanche, paroît alors , &
' forme les traits.
Dans l,es demi-teintes, on met un gris léger,
comme celui qu’on forme avec l ’encre de la Chine
pour le lavis des plans.
( Dili. de L’Ind, ) .
Peinture a frefque.
Cette efpèce de peinture eft ainfi nommée ^
X &