PR É PARA T IONS ANATOMIQUES .
{ Arc des )
O , appelle préparations anatopiiqucs, les préparations
faites par art des diverfès parties' des ani-
maux, & Fur-tout du corps*humain, pour les çonferver
■ & en expofer la ftrudure. '
Comme il n’eft pas poflîble de la découvrir par
Se feul fecours de la diffedion , quelqu’aclrefle qu’on
y apporte; plufieyrs anatomiftes, & M. Monro en
particulier, ont cherché la meilleure méthode 4y
parvenir autrement.
Voici l'extrait du mémoire de cet habile profef-
feur d’Edimbourg.
La principale préparation que demandent les os
eft de les blanchir. Paulli & Ly férus nous en ont
indiqué la manière dans un a fiez, grand détail, &
nous pnt appris aufli à drefîèr, les fquelettes des
adultes.
Une'bonne méthode pour blanchir les os des
jeunes fujets, eft de les laifler macérer long-tems
dans l’eau froide & de changer Souvent l’eau ; il
faut à chaque fois qu’on la renouvelle laifler les os
expofés quelque tems au fôleil afin qu’ils y sèchent
un peu.
S’ils relient trop long-tems dans l’eau, les parties
les plus fpongieufes de ceux des adultes fe dif—
loudront, & ceux des jeunes fujets perdront toute
leurs épiphyles.
Si on les fait fecher avant que le fang qui eft
contenu dans leurs vaiflèaux foit diflous, ils ne
deviendront jamais blancs.
La moelle étant moins huileufe dans les jeunes
lujets que dans les adultes, leurs os-en général deviennent
plus blancs & ne jauniilènt pas fitét étant
gardés.
Dans les os des foetus, on ne doit pas enlever
le période aux endroits où fe trouvent les épiphy-
fes, autrement il eft prefque impoffible de confer-
ver ces pièces rapportées.
La méthode de brûler & d’expofer pendant long-
tems à l’air les os des adultes pour en découvrir
le tiflu eft fi généralement connue, qu’il n’eft pas
néceflaire d’en faire mention.
On rend les cartilages tranlparens par le même
moyen dont on fe fert pour blanchir les os. Il faut
enfuite, fi on veut les garder fecs * leur donner la
forme & laffituàtitm qu’ils ont naturellement, &
leur çonferver l ’une & l’autre par le moyen des
fils , des poids, des épingles, & de telle autre manière
qui paToîtra plus propre à ce deflèin.
On mettra dans l’eau commune le cerveau , les
poumons, le foie , la rate ou quelqu’autre partie
que ce foit, dont le tiffii eft délicat & qu’on a injectée;
on les laiflèra dans cette eau jufqu’à ce que
la membrane qui fort d’enveloppe foit foulevée par
l ’eau introduite dans le tiflu cellulaire qui s’attache
aux parties qui font au-deflous.
On féparera alors la membrane, & l’on remettra
encore la partie dans l ’eau jufqu’à ce que les fibres
qui lient les petits vaifleaux foient diflous ; c’eft ce
qu’on reconnoîtra en agitant de tems à autre la
partie préparée dont il fe détachera des parcelles
corrompues, & on verra les. vaifleaux diftinds &
flottans dans l ’eau.
On otera pour lors la partie ainfî préparée de
l’eau, & l ’ayant doucement preflee pour en exprimer
ce qu’il y refte d’humidité, on la lavera dans
un peu de la liqueur dans laquelle on fe propofo de
la çonferver, pour la mettre tout de fuite dans un
vaiflèau plein de la même liqueur, où on la fut-
pendra par le moyen d’un fil, afin que la partie
s’étende &r que les petits vaifleaux fe féparent les
uns des autres.
Il n’eft guère poflible de divifor les nerfs & leurs
petits fiiamens, lorfqu’ils ont une fois reçu de la
dure-mère leur plus forte enveloppe ; mais on les
fépare facilement lorfqu’on les prend au-deflïis.
Ceux qui forment la queue du cheval font plus
propres pour cette préparation , parce qu’ils font
longs, & que leurs fibres ne; font unis que par une
membrane très-mince & foible.
L ’un de ces cordons étant coupé au fortir de la
moelle de l’épine, & avant qu’il ait reçu une enveloppe
de la dure-mère, on liera une de fes extrémités
avec un f i l , & on le fufpendra dans un
vaiffeau plein d’eau , où après l ’avoir laiffé macérer
quelque tems, on le retirera vers le- bord du vaiffeau
, en tenant le fil d’une main ; on aura une
aiguille amanchée de l’autre, avec laquelle on fera
doucement une légère é-gratignure tout le long
du nerf.
On continuera cette opération jufqu’à ce .qu’en
agitant le nerf dans l’eau, il paroiflè comme une
fine toile tiflue de fibres fort petites, & on le mettra
alors dans une liqueur pour le çonferver.
Lorfqu’on a ainfî préparé quelques-uns des nerfs
de la queue du cheval, l’effet en eft fort beau,
parce qué prefque tous les filets du nerf paroifient
accompagnés de leur vaiflèau fanguin injede.
Quand e’eft quelque membrane fine, telle que
là plevre ou le péritoine , qu’on veut çonferver feule
pour en démontrer les artères pat le moyen dé Fin-
jedion, il. faut, en les diflequant, çonferver le
plus qu’on pourra du tiflu cellulaire qui les attache
aux parties contiguës, fans perdre la tranfparence
delà membrane; car lorfque ce tiflu cellulaire eft
entièrement féparé , on ne peut voir que. quelques
ramifications des vaifleaux.
Ruyfch décrit la manière de féparer de la peau
l'épiderme & le corps muqueux ou réticulaire ; il
veut qu’on étende fur- une planche ces tégumens
communs bien dépouillés du corps grailieux,
& qu’on mette l ’épiderme en dehors ; qu'on plonge
enlinte le tout dans l ’eau boüil.anté, laquelle détache
la cuticule & le corps muqueux de la peau,
dé telle manière qu’on peut tes en féparer facilement
par ie moyen d’un fcalpel émoufîe , ou avec
le manche mince d’ivoire d'un pareil infiniment ;
enfuite avec ie même infiniment, on fépare le corps
réticulaire d^avec l’épiderme, & on laiilë ces deux
parties attachées enfemble & avec la peau en quel- ,
que.s endroits;
L ’épiderme entier de la main ou du pié avec les
ongles, appellé des anatomiftes , chirotfieca , ou
podotheca , s’enlève fans beaucoup de peine lorfque
la réticule s’eft détachée , par le moyen de la pu-
tcéfadion, d’avec les-parties qui font au-deflous ; ce
qui arrive lorfqu’on garde long-tems un lit jet. Cette
méthode réuflit mieux que celle de l’eairbouillante,
par le moyen de laquelle on entreprend de détacher
l ’épiderme de la peau , & qui l’attendrit beau- :
coup.
On ne peut çonferver la membrane cellulaire
diftendue par le moyen de l’air, ou foufflée, que
lorfqu’il n’y a point, ou prefque point de graifle.
Une des parties les plus propres pour cette opération
, eft le fcrotum, ou ce qu’o# appelle corn-,
munément le mufcle d’artos. En y introduifant de<
l’air, il peut être changé en une fine membrane
cellulaire.
-Pour çonferver la dure-mère & tous fes prôlon-
gemens clans leur fîr.uation naturelle, il faut fcier
le crâne perpendiculairement depuis la racine du
nez jufqu’au milieu de l’os occipital, à- un demi
pouce de difiance de la future fagittale ; & le fcier
enfuite horifontalement d’un côté pour enlever
cette portion du crâne comprife entre ces deux
iiicifions.,
Cela-fait, on coupe en-T la portion de la-duremère
qui eft à découvert , & on enlève le cerveau
& le cervelet pour çonferver enfuite la. tête dans
une liqueur convenable ; ou bien on netoie les os
& ori les laifle à l’air pour les faire fecher; obfer-
vant de tenir les parties incifées étendues, par lé
moyen d’épingles, de petits Crochets ou de fils.
Si l’on a deffëïh de faire ainfî deflccher la tête
du foetus s ou d’un jeune fujet, il faut avoir la précaution
, par le moyen de pluheurs petits bâtons
d’une longeur convenable, de tenir diftendues les
membranes ligamenteufes & qui fe trouvent entre
les os : & placer ces bâtons de manière qu’étant
mis dans la cavité du crâne, ils foient appuyés fur
les ôs & qu’ils les pouffent en dehors.
Le cerveau ne demande aucune préparation , fi-
ce n’eft lorfqu’on veuf en démontrer le < petits vaif-,
fenux, ou lorfqu’on veut lui donner une confiftance
plus folide.
Pour bien préparer & çonferver F ce,7 de manière
qu’on puiffe en démontrer les tuniques, les humeurs
& les vaifleaux , il faut auparavant coaguler
les humeurs cryftallines & vitrées en plongeant,
pendant quelque terir cet organe dans une liqueur
propre à cet effet. Après cette préparation, elles,
feront plus en état de fupporter la macération dans
l’eau , pour féparer par ce moyen la choroïde & la.
lame ruyfchienne.
Les glandes fébacées & les conduits excréteur«
des paupières paroiflènt beaucoup plus fenfiblement
après une injedion fubtile des artères,. & apres la
coagulation de leurs liqueurs , que dans le fujet
frais.
L e dodeur Frew a remarqué, que la membrane
'qui revêt le conduit auditif, laquelle eft une continuation
de 1: épiderme de F oreille, & qui forme la
itunique externe de la membrane du tympan , peut
.'être feparée entière dans les adultes , en faifant
macérer l’oreil'e dans l’eau, aufli-bien qu’on la fépare
dans le foetus ou dans les enfans ; en effet, la
membrane du tympan ne paroît autre chofe que'
cette épiderme de l’oreille, unie par un tiflu cel-
1 lulaire fort mince à la membrane qui revêt le
| tympan, & dans l’entre-deux defquelles il rampe,
comme dans toutes les autres parties du corps , de
groflès branches de vaifleaux.
Le cuticule qui revêt les houpes nerveufes ou
papilles des lèvres , & que Ruyfch appelle épithé-
lion , peut s’enlever par la macération dans l’eau,
& alors la furface des lèvres paroît mieux lorfqu’on
les met dans un vaiflèau de verre, avec la liqueur
propre à les çonferver.
La fubftance villeufe'de la langue peut être rendue
fans peine entièrement rouge , en inje&ant les
artères; & on peut en féparer la membrane dont
elle eft revêtue, & qui répond à la cuticule, en, la trempant dans l’eau.
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