
Autre•
Prenez un gros de pailles de fer, autant de. litharge
d’argent, autant de gomme d’A rabie, un
demi-gros de harderic ou ferret d’Ëlpagne , trois
gros & demi de rocaille jaune, & autant de (àn-
guine que le tout.
Pilez les pailles de fe r , le harderic, la rocaille
& la litharge enlemble, & les broyez (ùr la platine
de cuivre pendant une bonne demi-heure.
Faites piler & réduire en poudre très-fine la (àn-
guine avec la gomme.
Mêlez les autres matières déjà broyées, & rebroyefc
de nouveau le tout enlemble, prelqu’auflî long-tems
que la première fois.
Levez enfîiite la couleur de deflùs la platine la
plus dure que faire le pourra : mettez-la dans un
verre de fougère , dans lequel vous la délayerez
avec eau nette & bien claire du bout du doigt ,
iufqu’à ce que toute votre couleur ait pris la cor.-
fîftance d’un jaune d’oeuf délayé.
Vous la laiflerez "repolèr trois jours au (oleil ,
en la couvrant foigneufèment d’un morceau de verre
que vous aurez chargé d’un poids aflez lourd pour
empêcher que le vent ne les renverfe.
Enfin le quatrième jour, vous épancherez fur un
ou plufieurs morceaux de verre, creux, c’eft-à-dire ,
pris à la boudiné, la liqueur la plus claire qui
aura fumage, en prenant la précaution de n’en rien
troubler.
Vous expolerez enfîiite cette liqueur au fôleil,
de manière que la pouflière ne puiue s’y attacher.
Cette liqueur, en Péchant, Ce réduit par écailles
d’une couleur de rouge brun.
Elle reflemble allez, dans cet état, à la gomme-
gutte , qui ne montre une couleur jaune que lo r f
qu’on la détrempe à l ’eau avec la pointe du pinceau.
Lorlque vous voulez vous (ervir de cette couleur
rouge, vous laiflez tomber une goutte d’eau
bien claire fur un morceau de verre bien net, en
l ’étendant de la largeur d’un loi marqué.
Vous détrempez avec cette eau, de la pointe du ;
pinceau, autant de cette couleur delféchée que
vous (avez devoir en employer , & à proportion
de la teinte plus ou moins foncée que vous de-
fîrez.
Cette couleur eft , de toutes celles qu’on emploie
actuellement à peindre fur verre,. quoique la
moins épaHTe, la moins transparente & la plus difficile
à s’incorporer dans'le verre à la recuiflbn.
Il eft allez d’ufàge, tor(qu’on Remploie dans des
parties un peu étendues, de coucher une teinte un
■ peu forte de jaune (ùr le côté du verre oppofé aa
travail ; le rouge en emprunte plus de corps & plus
d’éclat.
Ce qui vraifembhablement a donné lieu aux
peintres (ur verre de nommer cette couleur carnatio
n , c’eft qu’on s’en (ert d’une légère teinte pour
les couleurs de chair, comme pour donner a certaines
fleurs. & à certains fruits les demi - teintes
& les reflets néceiïàires d’après les plus fortes ombres.
*
On garde les fondrilles qui (ont reliées dans le
verre qui a (ervi à détremper la malle de cette couleur
broyée.
On les fait (echer & on les emploie à faire dies
couleurs de bois , de cheveux , d’oifeaux ou d'autres
animaux, de greffes draperies de couleur rougeâtre,
& des cartouches d’armoiries qui en ren-
| ferment les écuflons.
Les (ùbftances , ainfî que les do(es que nos rë-
"collets , peintres (ur verre, font entrer dans la com-
pofïtion de la cçuleur rouge dite carnation , différent
des recettes que nous venons de donner, & la
manipulation en eft détaillée dans leur manufcrit
d’une manière beaucoup plus étendue.
G’eft pourquoi )’ai cm devoir le copier exade-H
ment, & en faire un article féparé.
Prenez une once de pailles ou écailles de fer ,
deux onces de rocaille, une demi-once de litharge
d’or, autant d’étain de glace ou bifinüth, & le
quart d’une once de gomme d’Arabie très - sèche
que l’on fait fondre à part.
Pelez enfîiite autant de (ànguine que'-le tout 5
mettez la (ànguine à part ; commencez par piler
toutes les autres (Ubftances féparêes l’une de l’autre
, & la (ànguine ensuite que vous aurez choi/îe
entre la plus douce & la plus haute en couleur 5;
pilez-la bien menue.
Il (èrabon que vous ayez, fait provifîon d’eau de
pluie, comme étant la plus légère-, quoiqu’à (o a
défaut celle de rivière put fervir..
Vous recevrez, cette eau de pluie dans un-pot
de terre.
Lorlqu’elle aura dépofé (a faleté vers le fond ^
St qu’elle vous paroîtra bien nette & bien claire %
vous la verlerez par inclinaifon dans une bouteille
que vous aurez (bin de bien boucher, pour qu’elle
(è garde long-temps.
Faites fondre, votre gomme d’ans une fülle quantité
de cette eau , moins que plus , parce qu’il faudra
qu’après avoir broyé le tout, comme nous le
dirons, la do(e de gomme fondue entre, toute entière
dans la compofirionv
Pendant que la gomme fondra, mêlez votre première
compofition : prenez-en lorfîqu’elle fera mê-s
ïée, peu à chaque fois, & la broyez (iir la platine
de cuivre rouge avec la molette d’acier.
C’eft aflez de broyer alors à moitié cette première
compofîtion avec l’eau de pluie : après
quoi vous prendrez autant de (àaguîne, à vue d’oeil,
que vous avez pris de la première compofîtion, &
vous broierez bien le tout enlemble le plus féche-
tnent Nqu’il vous Cera poffîble.
Mettez chaque broyée dans une écuelle ou talTe
de faïence.
Tâchez de ne point toucher cette couleur , en
la ramaffant de deflus la platine avec les doigts.,
parce que la graifle qu’ils contradent. pourroit la
faire tourner.
Quand le tout fera bien broyé, ayez un verre
de cryftal le plus' grand que vous pourrez r.verfez"
enfîiite un peu de votre eau de gomme dans le vaif
feau où eft votre couleur.
Détrempez-la peu à peu avec une cuiller.
Ayez un petit bâton , au bout duquel il y ait un
petit linge lié avec du-fil, pour aider à mieux détremper
la couleur ju(qu’à ce qu’elle (oit réduite à
la eonfîftançe d’une bouillie cuite, mais un peu
claire.
S’il arrivoit que vous n’eufliez point aflez d’eau
de gomme pour détremper votre- couleur , ajoutez-’ :
y de l’eau claire'de votre bouteille, & prenez
garde que votre carnation, ne (oit trop claire ou
trop épaifîe.
Lorlqu’elle Ce ra ainfî bien détrempée, vous la
verlerez dans le verre, & vous l’y remuerez encore
quelque peu avec le petit bâton ci-deflùs.
Vous l’expoferez enfîiite dans un endroit où le
(oleil donne depuis le matin jufqu’au (oir, & vous
la couvrirez d’un morceau de verre commun, ayant
foin tous les matins & loirs d’efliiyer avec un linge
l ’humidité qui aurait pu s’y attacher, & évitant
d’ébranler le verre.
Pour obvier à cet inconvénient, faites un couvercle
en formé de chapiteau, compofé de quatre
pièces de verre collées enfemble ou jointes avec du
plomb , de façon que ce couvercle (bit plus large
de trois ou quatre lignes que le verre dans lequel
eft la carnation.
Ce couvercle Ce ra (butenu à deux pouces au-
deflùs de la hauteur du verre, par trois fourchettes
de bois, (ur lelquelles il pofera, qui (èront plantées
fur un fond de terre glaife , ainfî que la patte
du verre , afin que le vent ne puifle rien ren-
verfer, ni brouiller , oblervànt toujours de le couvrir
avec un morceau de verre.
Vous laiflerez ce verre, qui contient la couleur,
expofé au foleil, (ansy toucher,pendant trois jours
& trois nuits, ou même pendant quatre ou cinq
jours, (uppofé qu’il n’eût pas fait un beau (oleil.
Mais ne l’y laiflez pas plus long-temps; caries drogues
qui doivent donner la carnation , tomberoient
entièrement au fond du verre , parce que c’eft le
propre de la (ànguine & de la -rocaille , de faire
ternir la couleur qui en fait la (ubftance, la litharge
& l’étain de glace ne pouvant tout au plus fervir qu’à
lui donner de l ’éclat.
Au bout de deux jours, vous prendrez garde fî la
couleur s’attache autour du verre en forme de cercle
rouge.
Si cela eft ainfî , vous pourrez préfîimer que votre
couleur (era bonne.
Après les trois ou cinq jours expirés, Vous retirerez
votre verre doucement (àns l ’ébranler, puis
verierez doucement par inclinailon la (ubftance ,
c’eft-à-dire, le deflùs de la couleur qui eft le plus
v if , dans une tafle de faïence.
Lorfqu’après avoir décanté la partie la plus claire
de la couleur, ce qui en refte commence à paraître
noirâtre & moins v if que le deflùs, vous ceflerez
de le verfer dans la première tafle, mais dans une
autre qui fera préparée pour féclaer au (oleil.
Vous la laiflerez néanmoins pencher un peu de
côté, afin que s’il vous parait encore quelque peii
de (ubftance rouge qui (oit bien v if, vous puifliez
la verfer doucement (ur la première tafle , après
l’avoir laiffe repofèr pendant fîx ou fept heures.
Vous en mettrez (echer au (oleil le réfîdu, &
cette couleur vous (èrvira à faire de la couleur de
chair, en l’employant toute pure, & de la^ couleur
de bois, en y alliant tant (oit peu de noir.
Quant à votre (ubftance de carnation, vous la
mettrez à l’ombre , couverte d’un morceau de
verre.
Ayez enfîiite un petit gobelet de verre ou de
faïence d’un’ pouce & demi de hauteur ou environ
, que vous mettrez au même endroit qu’étoit
votre verre au (oleil.
Prenez alors de la (ubftance de carnation avec
une cuiller bien nette; ver(ez-la dans le petit gobelet
; faites-la fécher au (oleil.
Quand elle (era sèche, vous en verierez d’autre
par-deflùs, & ainfî julqu’à la fin.
Il faut toujours prendre avec la cuiller le de£
(iis de la couleur.
Quand vous approcherez de la fin, fi le fond efl
noir , ne le mêlez pas avec la bonne.
Toute la couleur étant fêchêevous mettrez le
verre qui la contient sèchement & proprement, à
l ’abri de la pouflière, pour vous en Cervir dans lç
befoin.