
de fer c , c , c, fig. n . qui fe meuvent pour cela
dans des couliftes, & fur lefquels étoient les charbons
qui tombent aufli-tôt dans le cendrier, & le
feu cefle. On laifle enfuite refroidir le tout, pour
retirer les pièces de porcelaine. Pour ne pas perdre
le charbon qui n’eft pas encore confumé, on l’éteint
dans des étoufroirs de tôle ou de cuivre, & il fèrt
pour une autre opération.
Tels font les procédés que l’on fuit avec fuccès
dans les manufactures de porcelaine d’Allemagne.
Le fourneau dont nous avons vu que l ’on feférvoit
en Saxe pour cuire la porcelaine , exige trois comportions
différentes, pour les trois dégrés de chaleur ,
qui régnent à la partie antérieure, au milieu & à
l ’extrémité. C’eft un inconvénient. Le fourneau que
MM. de Montigny ScMacquer ont fait conftruire pour
Tufage de la manufacture de Sève , a l’avantage d’avoir
par-tout un feu égal, ce qui épargne la peine
de faire trois compofitions : c’ elt ce qui nous engage
à en donner ici la conftruCtion.
Ce four eft d’une forme circulaire ; il eft percé
par quatre gorges oppofées, dont les lignes collatérales
tendent au centre, & par lefquelles on chauffe
egalement par quatre endroits, commefle repréfente
le plan.géométral- A y fig. io, pl, IV. L ’épaiSieur
de: murailles doit avoir trois pieds ('MM. de Montigny
& Macquer ne lui en donnent que deux) , &
le four doit être conftruit avec du grès fçié proprement
comme du marbre , afin que préfentant une
furface plane & unie , elles réfléchiflent également
une grande chaleur. Il y a entre deux foyers une
porte aflez élevée pour qu’un homme puiffe y paflèr;
on la place à trois pieds au-deflus de l’aire du four ,
parce qu’elle doit être murée du‘même grès après
qu’on y aura arrangé la porcelaine.
Quand on veut enfourner les pièces , on pofe les
premières à l’aide d’un marche - pied, jufqu’à ce
qu’on foit au niveau du fèuil de la porte ; ou bien
deux ouvriers, placés l ’un fur la porte , l’autre dans
le four , font le fervice. Les gafettes fe pofent les
unes fur, les autres comme dans les fours de Saxe, &
il eft à propos qu’elles ne fe touchent' point, ni aux
murs du four.
Pour cohnoître le point de cuiflon de là porcelaine:,
on pratique au milieu de Tefpace, qui eft
entré les gorges ou chauffes, des trous quarrés,
pour y placer fur des palettes des montres qu’on :
retirera pour connoître le point de cuiflon où lés
ouvrages font parvenus ; ces trous fe bouchent exac- ■
tement avec des pierres de grès ,, taillées en quarré
& parfaitement de mefure, pour s’y ajufter , avec
une faillie qui fert à les tirer quand ôn veut examiner
les montres.
Il y a quatre foupiraux près de la voûte du four,
fans compter le foupirail principal G , fig. 17 , qui
efl à la clef de la voûte.
Quand la cuiflon de ^porcelaine efl parfaite, on
tefle de mettre du bois ; & quand il ne fort plus de
" fumée, on laifle tomber les quatre portes de fer,
pour fermer exacte ment les quatre gorges C, f ig . 14,
j afin d’empêcher l’air extérieur de pénétrer dans le
four. Peu de tems après > on ferme le grand foupirail
& lès quatre petits, pour concentrer la chaleur
& laifler recuire la p o r c e la in e , ce qui contribue
à la rendre plus folide & moins fujette à fe rompre
par le contad de l ’eau bouillante. On peut laifler la
p o r c e la in e huit jours dans le four après qu’elle eft
cuite. Cette méthode obfervée en Saxe paroît utile
à fuivre.
Pour faire .mieux comprendre la conftruâion de
ce nouveau four , nous en avons fait graver le plan,
l’élévation & deux coupes, dont nous allons donner
l ’explication.
F ig . 13. p l . IV. A , plan du four, dont l’intérieur
a quatorze pieds huit pouces de hauteur, fur huit
pieds trois pouces de diamètre. On ne donne dans
ce plan géométral que ,vingt-uh pouces'd’épaiflëur
aux murs j mais il eft. à propos de leur en donner
trente-fîx, comme nous l ’avons dit.
B B B B y quatre gorges diamétralement; oppofées,
dont les lignes collatérales tendent au centre.
Elles fervent à donner paflage à l’air pour animer
le feu des foyers.
C C C quatre foyers. chacun d’un pied dé' profondeur
au-deflbus du fol ; ils chauffent le fourneau
par quatre endroits différens, afin de produire une
chaleur plus-forte par’la réunion de la flamme enun
centré commun.
D D D D , quatre ouvertures d’un pied & demi
de-hauteur-, fur un pied dix pouces 'de..large , où on
allume le feu qù’on entretient avec du bois,debout
pendant quelques heures ayant que de le tranfporter
au-deflus de la gorge, où les bûches fe placent en
travers : ces ouvertures, fe ferment avec une plaqué
de xer de même grandeur. L e mur des gorges a trois
pieds quatorze pouces de hauteur.
F , porte élevée dé trois pieds au-deflus du ,fol,
de deux pieds de largeur fur cinq pieds dix pouces
de hauteur : elle fert à introduire les gafettes dans
le laboratoire du fourneau.
F i g . 14 ƒ ƒ ƒ ƒ , plan du bâtiment dans lequel eft
conftruit le fourneau.
F i g . t ç.-Coupe du bâtiment, faite fur la ligne
P. Q . du plan A , f ig . 1 5 .
F i g . 1 6 . Elévation en perfpeâive du four.
F ig . 17. Coupe géométrale du four, prife fur la
ligne M N , du plan A , fig. 13 , P, trois trous qhar-
rés pour placer les montres, diamétralement oppo-
fés , pratiqués aü milieu de l ’efpace qui eft entre les
gorges B y à quatre pieds huit pouces au-defliis du'
fol. G , cheminée au milieu de la voûte, d’une
forme conique, d’un pied fix pouces de diamètre à
l’ouverturç inférieure, & d’un pied à la fupérieure.
HH y foupiraux placés au-deflus des trous-E, dont
la coupe eft marquée A A , fig. 18.
1 y plateau rond de fer, foutenu par quatre piHers
de même métal.
Qualités de la bonne Porcelaine.
On fent, d’après ce qui vient, d’être dit, que
les qualités, de la bonne porcelaine peuvent être
confidérées fous deux points de v u e i 0, fes qualités
intérieures ; 2° fes1 qualités extérieures.
Les qualités intérieures de la porcelaine ne font
fenfibles qu’au vrai connoïfleur ; il faut pour les
appèrcevoir, dépouiller pour ainfî dire % la porcelaine
de tout ornement extérieur, & en examiner
les fragmens dans leur caflure.
La porcelaine la plus eftimée , & qui mérite la
préférence à jufte titre, eft celle dont la caflure
prcfente un grain très-fin, très-ferré, très-compaéfc,
qui s’éloigne autant d’un coup-d’oeil plâtreux &
terreux que de l’émail fondu.
La belle porcelaine doit avoir une demi-tranfpa-
rence nette & blanche fans; cependant être trop'
claire; il faut qù’elle s’éloigne totalement de.I’ap-
parerice du.verre & du gïrafol.
La porcelaine, pour être parfaite , doit avoir un
enduit que l’on nomme couverte y 8c qui n’eft-qu’un
çryftal net, pur & traiifparent, fans mélange par
conféquent d’aucune'fubftance matte & laitéufe ,
comme eft la. couverte des faïences. Ce cryftal doit
être parfaitement fondu & étendu bien uniformément
fur la pâte., & d’une minceur confîdérable,
femblable à un vernis très - mince , fans être ni
gercé, ni fendillé, & il doit ne. laifler apperce-
yoir que le blanc de la pâte;
Les qualités extérieures de la porcelaine font
sibfolument indépendantes des bonnes qualités intérieures
dont nous venons de parler.
Ses qualités extérieures font une blancheur éclatante
& agréable, une couverte nette , uniforme &
brillante , des couleurs vives, fraîches & bien fondues.,;
des peintures élégantes & correctes , des formes
nobles, bien proportionnées & agréablement
variées ; enfin de belles dorures, fcùlptures & gravures,
.& autres ornemens de ce genre. Toutes, les
porcelaines de France pofsèdent actuellement. ces.
qualités extérieures fiipérieüremènt à toutes les.i’or-
celaines connues.
La bonne porcelaine doit Soutenir âlternative-
vement , . fans fe cafleir ni fe fêler, la fraîcheur de
l’eau prête à fe geler, & le degré dè chaleur de
l’eau bouillante;, du café, du bouillon, du lait bouillant
qu’on y verfe brufquement.
Elle doit rendre , quand on frappe des pièces entières,
un fon net & timbré ,; qui approche de celui
du métal.
Ses fragmens jettent, fous les coup* de briquet,
dès étincelles vives & nombreufes, comme le font
les pierres à fufils : enfin elle foutient le plus grand
degré de feu;, celui d’un four die réverbère, par
^exemple , faiis fe fondre , fans fe boürlbuffler, fans
y devenir sèche & friable ; en un mot, fans être
altérée d’une manière fenfible. Oii peut dire en
général, qu’une p o r c e la in e eft d’un feryice d’autant
meilleur,. qu’elle foutient mieux les épreuves dont
nous venons de parler.
On. fait à la Chine , au Japon , & dans les autres
parties des Indes, d§sp o r c e la in e s qui pofsèdent
toutes ces, bonnes ,qualités -,. mais qui, pour l’ordinaire
, ne; font pas d’un-très-grand blanc; au lieu
qu’au contraire en Europe, far-tout en France, 011
fait des p o r c e la in e s de la dernière beauté , 8c qui ont ,
toutes.les bo,nnes qualités de la p o r c e la in e des Indes.
Porcelaine dp R é a um u r .
Il eft très-facile de fe procurer la fat-isfaéUon
d’avoir l’elpèce • d e p o r c e la in e ^connue fous ce nom,
le procédé en eft très - fimple., M. de Réau;nur,
après avoit; beaucoup travaillé fur la p o r c e la in e pour
découvrir la nature des matières qui, entrent dans
la compoiîtion de celle de la Chine., & avoir établi
par des expériences que toute p o r c e la in e eft une
fubftance moyenne ëntre l’état de terre & l’état de
verre, a imaginé fort îngénïeufement de rappeller
du verre tout fait à la qualité d e p o r c e la in e , en fai-
fant pour aiiïfi dire, rétrograder fa vitrification, ou
en le dévitrifiant en partie ; de là vient qu’il nom- •
moit cette eQ)èce de poterie, p o r c ë la in e p a r d é v i tr
ific a t io n .
Ce lavant Phyficien eft parvenu à donner cette
qualité au verre, c’eft-à-dire, à le rendre d’un
blanc laiteux , demi-tranfpârefit, dur jufqu’à faire
feu avec l’acier infufible., & d’un grain fibreux, par
le moyen '-de la- cémentation.
Il faut prendre un vafe de verre brun commun ,
de la nature de ,celui des bouteilles à v in , c’eft
celui qui réuflit le mieux. Pour transformer ce vafe
de verre eh p o r c e la in e , à n i é met dans un étui de
terre cuitte ; on le remplit & fon étui d’un cément
compole de parties égales de fablon & de gyps , ou
plâtre en poudre, & on le met dans le four d’un
potier pendant* le temps que dure la cuite de fes
poteriesi- L é vàfe fe: trouve après cela transformé
éiiomé matiè-re telle qüë nous ^venons de le dire.
Cette efpèce d e p o r c e la in e ,n ’ e& pas d’un beau -blanc,
fur-tout. à. fa. furface ; mais d’ailleurs elle pourroit
être utile , principalement pour faire des vaiffeaux:
chymiques»
F aufile Porcelaine.
Cette compofitioïi eft de l ’invention de Daniel