
Si ces figures ne fe moulent pas tout entières,
il rapporte les morceaux avec de la même pâte
délayée dans de l’eau , enfuite il achevé de les
réparer & d’en oter les bavures avec de petits-
outils de bois ou d’ivoire , un pinceau & une
éponge ; il faut pour ce travail autant de fcienee
que a adreflè pour conferver la pureté des formes.
Les fleurs, les feuillages & les fruits s’exécutent
de' la même manière.
La couverte.
On fait fermenter 8c macérer la composition
de la couverte , comme celle de la porcèlaine ,
puis on la délaie, dans un vafe plein d’eau , elle
forme une efpèce de crème, c’eft d*-ns cette crème
que l’on trempera chaque pièce de bifcuit qui doit
s’en charger d’une couche , de l’épaïffeur d’une'
feuille de papier à fucre ; ain/r on lui donne le,
jufte degré de liquidité pour cela. Il faut toujours
remuer la compofition ou crème à chaque pièce
que l’on trempe , fans quoi la matière fe preci-
piteroit au fond , & les pièces ne s’ên couvriroient
pas fuffifamment, ni également.
Cuijfon de la ■ porcelaine, .
On commence par cuire une fois les pièces
'avant que d’y appliquer la couverte ni aucune couleur.
La porcelaine en cet état fe nomme bifcuit,
elle eft toute blanche & fans luifànt ; dans cette
première cuite on n’obferve point l’ordre des com-
pofitions différentes, parce qu il n’eft queftion de
leur donner qu’un degré modéré de chaleur qu’elles
reçoivent dans un fourneau ordinaire de faïencier,
Çfie- } - p ‘ - 1- y
O11 enferme les vafes de porcelaine dans des
étuis nommés gafettes, que l ’on empile les unes
lur les autres jufqu’au haut du fourneau, -& on les
lutte avec de la terre à potier. Ces gafettes font
des vafes de terre qui doivent foutenir le feu le
plus violent, comme nous le dirons bientôt ; on
les fait avec, trois parties d’argille la plus pure ,
& deux parties de la même argille, cuite en grais ,
plus ou moins, fuivant la dudilité de l’argilie &
du fable qu’elle contient ; car. on ne fé donne pas
la peine de laver f argille deftinée à faire ces vafes
quand elle n.e contient que du fable pur.
On fait des gafettes de diverfes grandeurs pour
recevoir des pièces plus ou moins grandes ; on
en fa it ,avec des fonds ou fans fonds; celles-ci >
qu’on peut nommer cercles , fe pofent fur un plateau
de même matière auquel elles fe luttent
& ont l ’avantage de pouvoir faire une gafette fort
haute à volonté , par l’addition de plufîeurs cercles
; on les recouvre d’un plateau quand la pièce
eft dedans. ( Voye£ fig. 4 6* 5. pl. I. )
Pour connokre le degré de cuiflon neceflaire
pour mettre’ le bifcuit en état de recevoir la couverte,
on en a des morceaux que l’on retire du
fourneau de tems en tems ; & après qu’ils font
refroidis, 'on les met fur la langue; s’ils s’y attachent
fortement, c’eft une preuve que le bifcuit
eft allez cuit : on éteint le feu , on lailïè le fourneau
le refroidir , on en retire les pièces, & on
les trempe danè la couverte , comme on vient de
l ’indiquer.
L ’opération la plus difficile 8c la plus délicate
eft fans contredit la cuite de la porcelaine ; il y
a trois chofes à confidcrer, la façon d’arranger les
pièces de porcelaine dans leurs étuis ou galettes,
l’arrangement des gafettes dans le laboratoire du
fourneau, 8c la conduite du feu.
Nous venons de parler de l’arrangement des
pièces dans leurs étuis, nous ajouterons ici que
les pièces ne doivent point pofer immédiatement
fur le fond ou plateau de la gafette, , maïs fur ' un
peu de fable bien fec qu’on y répand ; la raifon
en eft que l’adion du feu fero.it adhérer les pièces
aux gafettes ; par la même raifon il faut bien
prendre garde que les pièces touchent ces étuis
en aucun point.
L e fourneau à porcèlaine a trois compartimens
pour les trois compofîtions différentes. Voÿe? le
plan de ce fourneau , ( fig. 6. pl. I l, ) Il y a une
ouverture latérale par où un homme s’introduit dans
l ’intérieur du fourneau pour le remplir ; il commence
par charger la partie antérieure I , avec les
pièces de la première compofition qui eft la plus
réfraCtaire ; il forme une colonne de gafettes juf-
u’au haut du fourneau qui touche à la voûte; il
xe cette ^première colonne avec des coins faits
avec de la même pâte que la porcelaine , afin que
la violence du feu & du courant d’air ne la puiflè
pas déranger : auprès de cette première colonne
il en forme uae fécondé de la même façon ; les
colonnes doivent être près les unes des autres ,
fans néanmoins fe toucher, car il faut laiffer un
petite efpace pour que la flamme puiflè jouer en-
tr’elles.
Quand on a chargé le premier compartiment,
on charge le fécond & le troifîème avec les pièces
qui leur conviennent refpeCtivement ; quand tout
eft rangé, l ’ouvrier bouche l’ouverture latérale du
fourneau par où il èft entré & fortî , avec des
briques de la même compofitîon que les gafettes ,
qu’il lie avec de l ’argille, laiflànt feulement un
petit trou de |la largeur d’une brique , deftiné à
tirer hors du fourneau les épreuves ou montres.
On appelle montres des morceaux de bifcuit de
forjne. cylindrique Ou pyramidale qui ont été mis
en couverte comme les pièces de. porcelaine , &
qui font deûinés à faire connoître le degré de
cuiffon de la porcelaine.
Pour cet effet, quand le fourneau eft chargé, eu
en met en dernier lieu devant le trou que l’on à
biffé ouvert une gafette d’épreuve , laquelle a une
ouverture latérale par laquelle on introduit les
morceaux d’épreuve.
L ’otiverture de là gafette doit répondre exactement
a celle du fourneau, afin que l’on puifle,
quand on le voudra, en retirer les montres. Avant
que d’allumer le feu , 011 bouche avec une brique
l’ouverture d’épréuve; on la lutte avec de l ’argile
& on allume le feu.
On fe fert de bois' bien fec & qui s’enflamme
àifément, tel que le.fapin 8c tous ’es bois légers^
nommés bois blancs ; il faut en avoir* une quantité
fuffifaiite pour'entretenir un feu continu.
Le bois doit être coupé exactement de la longueur
du foyer qui eft de trois pieds , afin que la
bûche pofe fur les deux repaires i V du foyer,,
( f ig . 7 & 8 pl. I I & l l l . ) qui font aux deux côtés
du foyer , & deftinés à là recevoir.
Ce foyer doit fe fermer ayec une plaque de fer
battu , ( fig, 9 . pl. III. ) Les bûches coupées de
trois pieds de long, feront elles-mêmes l’office de
cette lame de fe r , comme on le verra dans l ’inf- ,
tant.
Un très-petit feu , allumé dans le fond du cendrier
, avec un peu de bois fee, doit commencer
à allumer le fourneau, & on continue ce feu modéré
pendant fîx heures.
Comme la partie fùpé.rieure du foyer eft fermée
avec la lame ou plaque de fer * fig. 9. , & que la
porte feule du cendrier eft ouverte , fi le fourneau
ne tiroit §>àj aflez fort pour allumer le feu , on
jetteroit parla cheminée, de la paille, dp papier
ou des copeaux enflammés ; ce qui en raréfianr la
colonne d’air qui preffè fur la cheminée, déterminerait
fur le champ un courant d’air à Ce diriger
du bas en haut , en paflant par le laboratoire
du fourneau.
Après fix heures de ce feu doux, on ferme
exactement la porte du cendrier , & l’on ouvre la
partie fupérieure du foyer, où l’on commence a
faire un nouveau feu le plutôt poffible , afin que le
feu inférieur du cendrier 11e s’eteigne pas avant que
celui du foyer foit allumé.
Pour cet effet, on met un morceau de bois coupe
de mefure , c’èft-à-dîre, de trois pieds de long ,
fur les deux repaires i i , (fig. 7 & 8. p l I I & III )
de l’ouverture fupérieure du foyer, où il doit en-
er ufte.
Ce morceau de bois échauffé par la chaleur inférieure
, prend bientôt feu , & lorfqu’il eft bien
enflammé , l’ouvrier deftiné au fervice du fourneau
& qui tient un autre bûche à la main, frappe
un coup dans le milieu de celle qui brûle fur
l’ouverture du foyer ; cette bûche n’étant foute-
Arts & Métiers. Tom. VI,
nue que par les deux extrémités, fe cafte facilement
, & tombe toute., enflammée fur la grille dû
fourneau , où elle achevé de fe confirmer ; dans
f inftant qu’elle tombé , l’ouvrier fa remplace pat
une autre : qui ferme exactement encore la partie
fupérieure du foyer. Cette féconde s’enflamme
comme la première , l’ouvrier ' la précipite de
même, & ainfr de fuite.
J1 faut que lés morceaux de bois foient fort minces,
pour qu’ils puifle ut non feulement s’enflammer
aiféineiit, mais encore fe rompre avec facilité
., quand 011 frappe dans le. milieu pour les faire
tomber fur la grille du fourneau.
Peu-à-peu le feu,s’augmente, & plus il acquiert
d’activité , .plutôt la bûche, qui fait l'office de
porte à l’ouverture fupérieure du foyer , s’enflamme
i àifément ; ainfi il faut que la perfonne qui fert
le fourneau ait toujours une bûche à la main prêté
à remplacer celle qui eft brûlée, afin que le foyed
ne refte jamais' ouvert.
Le feu augmente toujours déplus en plus ; &
fur la fin de l ’opération , il acquiert tant de véhémence,
que l’on dirait. que le fourneau va fe liquéfier.
Il faut dans ce moment obferver exactement
la flamme qui fort par la cheminée : elle
pafle fuCceflïvement du rouge pâle au blanc étincelant;
quand elle eft dans cet état „ & que le
dedans du fourneau eft abfolumerit. enflammé au
point de ne pouvoir plus diftinguer les • gafettes
d’avec la flamme qui les environne , ce que l’on
peut voir par l’ouverture pratiquée au-deflùs du
foyer, & que l’on nomme l’oeil du fourneau, ( b ,
fig. 8 , pl. I I I ) on examine les morceaux d’épreuve
; pour cela on débouche l’ouverture d’e-
preuve, & on en tire avec des pincettes les montres
qu’on examine après les avoir laiflees refrçidir.
. Si l’on trouve qu’elles ne foient pas aflez cuites,,,
on continue le feu ; mais fi elles ont reçu le; degré
de cuiffon convenable, on ceffe lé feu , on ferme
l’ouverture du foyer avec la lame de fe r , & on
laifle le fourneau fe refroidir. Il faut vingt-fix à
vingt-fept heures pour la cuiffon , & environ quarante
huit heures pour refroidir le fourneau. Nous
avons, oublié, de dire que lorfqu’qn :avoit obfervé
l’intérieur du- fourneau par l’oeil b , il falloit le
renfermer tout de fuite avec une brique exactement
cômpaflee' à ce trou.
Quand on ouvre les gafettes pour en tirer les
pièces , on trouve aflez fouvent que la violence
du feu ayant fait fondre ,1e fable dont on avoifc
parfemé le fond , ou le plateau , pour y pofer les
pièces de porcelaine ; ce fable à demi vitrifié s’efl
attaché au pied des vafes , & en rendrait l’ufage
défagréab/e, fi 011 ne l’ôtoit : ce qui exige un dernier
travail. Ce fable s’ôte avec le tour du lapidaire.
On répand de l ’émeri broyé à l’eau fur la
roue de fe r , qui a un mouvement très-accéléré %