
M. Hunter travaille à peu-près dans les mêmes
principes » & détruit également la partie membra-
neufe.
Pour des injeaions ordinaires, on peut Te contenter
de feringuer dans l ’artère de l ’huile de térébenthine
colorée ; elle s’échape moins dans les
cellulofités, elle découvre très-bien les vaifleaux
de l’iris, Üe la choroïde St de l'a rétine. On f a t fui-
vre cette huile par une injeflion plus groflière com-
pofée de fuif , de térébenthine & d’un peu de
cire.
Il » a mille petits fecrets qu’on n’apprend que
par l’expérience. Il faut fur toutes chofes bien réchauffer
le fujet, le plonger dans un bain d’eau
chaude, ouvrir le bas ventre & la poitrine pour y
admettre la chaleur de l’eau, injefter l’artère dans
l ’eau même, tenir les tuyaux-chauds par le moyen
d’un cône de fer fort chaud qu’on y adapte, & pouffer
la matière avec lenteur , fans fecoufle & fans
effort.
Il faut des couleurs fortes pour ces injeflions. La
cochenille, le cinabre, la cendre bleue, le faftan
& la gomme-gutte feraient trop fo blés, & le verd-
de-gris a le défaut de pâlir de lui-même.
.. Une autre injeftion qui différé de la précédente ,
c’eft celle du mercure. On s'en fert pour remplir
des vaifleaux qu’une liqueur aqueufe aurait de la
peine à pénétrer, St dans lefquels un tuyau capable
d’admettre avec facilité de la cire ou du fuif ne trou-
veroit pas d’entree.
Tels font les petits vaifleaux dont eft compofé
le tefticule, les cônes des vaifleaux excrétoires de
cet organe, le canal déférent. On s’en fert aufli
pour les vaifleaux.lymphatiques,
Cètte injeflion fe fait par le moyen d’un tuyau
de fer qui fe termine par un cylindre extrêmement
fin ; on le lie dans le vaifleau que l ’on veut injecter’
& on y fait couler du mercure.
On l’aide en le faifant arriver dans le tuyau depuis
une hauteur de quelques pieds. Mais comme
cela demande une. machine aflex incommode, on
- y fupplée avec un vuide artificiel : il eft vray que ce
petit fecret n eft guère praticable que dans le conduit
déférent dont la fubftance eft qxtremement
épaifle.
On comprime le canal fous le tuyau, on fait
avancer le doigt un pouce ou plus le long du canal,
en tenant toujours ce canalTerre : on arrête le doigt
à l'extrémité inférieure de cette portion du canal
entièrement vuidée;.on ôte enfuite le doigt , le
‘ mercure enfile avec force cet efpace vuide & qui ne
réfifte pas , & pénètre avec facilité. C'elî de cette
' manière qu’on réuflit à remplir Sr les côttes defe-
rens , & le réfeau vafculaire, & les vaifleaux fer-
peutins du tsfticule meme»
Infrumens de finjeRioni
L ’inftrument dont on fe fert ordinairement pour
pouffer la liqueur dans les vaiffeaux, eft une forte
feringue de cuivre dont le pifton doit couler avec
aifance, & à laquelle peuvent s’adapter differens
tuyaux qu’on y fixe par le moyen à une vis.
Les extrémités de ces tuyaux ont differens diamètres
, & font fans vis afin qu’ils puiffent entrer
dans d’autres tuyaux & s’emboîter avec eux fi exactement
, que pour peu qu’on les force 1 un contre,
l’autre, rien ne puiffe paffer entr’eux»
Mais parce que leur cohéfion n’eft pas allez forte
pour réfîfter à la force avec laquelle on pouffe l’in-
jedion , & qu’il eft à craindre que ce feconff tuyau
ne foit repoufle , & que la matière de F injedion
ne s’échappe & ne fafie ainfi manquer l’operation,
l’extrémité du fécond tuyau qui reçoit celui qui
eft fixe fur la feringuedoit avoir une partie quar-
rée , terminée devant & derrière par un cercle
élevé ou faillant, afin d’empêcher la clé qui em-
brafTe étroitement l ’entre-deux de ces cercles,^ou
la partie quarrée, de gliffer , ou bien elle doit etre
garnie de deux branches de cuivre , afin de pouYoil
la contenir, avec deux doigts.
L ’autre extrémité de cette efpèce de tuyau eft de
differente grofleur, & il y a vers cette^ extrémité
une hoche ou éntaillure qui fert a arrêter un fil;
par le moyen de cette hoche le fil qui lie ce vaifleau
par lequel on doit faire l’injeftion, ne fauroit gliffer.
Outre cette forme commune à tous les tuyaux
de la fécondé efpèce, on doit en avoir Quelques-
uns qui foient plus-larges & qui foient configures
d’une autre manière pour des cas particuliers. Par
exemple : fi l’on veut injeder les gros vaiffeaux, le
tuyau attaché à un grand vaifleau doit avoir une
valvule ou un robinet, qu’on puiffe tourner félon
le befoin, pour empêcher que l’injedion ne forte du
vaifleau par le tuyau' ; autrement il faut que celui
qui fait l’injedion attende, pour retirer la feringue,
que la matière injeéfée foit refroidie ; ou s’il retire
trop tôt la feringue , l’injedion s’échappe, ?c les
gros vaifleaux fe défempliffent.
Lorfque la feringue n’eft pas affez grande pour
contenir toute la matière nécefîaire pour remplir
les vaiffeaux, il faut la remplir une feconde fois;
fi l’on étoit obligé pour cela de retirer la feringue
du tuyau atraché au vaifleau, il fip perdrait de Fin*
jèdion, & ce qui feroit expofé à l’air, fe réfroidiroit
& fe durciroit.
Pour éviter ces inconvépiens, il faut avoir quelques
tuyaux qui aient une branche courbe foudée
latéralement, & une valvdle difpofèe de maniéré
que la liqueur ne puiffe pas paffer du tuyau droit
dans le tuyau courbe, mais qui au contraire la laiffe
paffer du tuyau courbe dans le tuyau droit, ;
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Celui qui fait rinjedion ayant alors foin de tenir
l’extrémité du tuyau courbe dans la liqueur qui fert
à rinjedion, peut aufli-tôt qu’il a défempli la première
feringue, la remplir de nouveau en tirant
feulement le pifton ; & réitérant cette manoeuvre
avec diligence, il fera en état de pouffer dans les
vaiffeaux tout autant de liqueur qu’il en faudra pour
les injeder parfaitement.
Toits ces differens tuyaux font ordinairement faits
de cuivre jaune ; ils peuvent néanmoins l ’ctre de .
tout autre métal, comme d’argent, d’étaxm, &c.
O b s e r v a t io n s fur les liqueu rs .le s couleurs
employées pour l 'in je c k o n .
Les liqueurs dont on fe fert lorfqu’on a deffein
de remplir les vaiffeaux capillaires, font telles
qu’elles peuvent fe mêler, Ou avec l’eau, ou avec
les liqueurs graffes : les unes & les autres ont des
avantages & des inconvéniens.
Les injedions faites avec du fuif fondii feul,
font trop caflantes ; mais toutes les differentes ef-
pèces de glues , comme la colle de poiffon, la colle
forte , &c. , diffoutes & délayées 'dans l’eau fe j
mêle aifément avec les liqueurs contenues dans les 1
vaifleaux des animaux ; ce qui eft un grand avantage
, car elles pénètrent jufques dans les plus petits
vaiffeaux d’un fujet bien choifî & bien préparé,
& fbuvent elles fuffifent pour répondre à l’intention
de l’anatomifte, lorfqu’il n’a d’autre deffein
que de préparer quelque fine membrane dont les
vaiffeaux font fi déliés , qu’il n’eft pas poflible de les
appercevoir-à la vue, fi les fedions tranfverfales de
ces vaifleaux font circulaires, où fi leurs parois font
affaiffées.
Mais lorfqu’il faut aufli injeder les gros vaiffeaux,
ces fortes d’injedions ont un inconvénient
fâcheux , & la préparation en eft moins utile &
moins belle.
En effet, fi l’on n’injede qu’une liqueur gluti-
neufe , il n’eft pas poflible de conferver un fujet
aufli long-temps qu’il en faut à la colle pour fé-
cher&fe durcir; & comme en diflequant la partie
injedée, il n’eft guères poflible qu’on ne coupe plü-
fieurs vaiffeaux, rinjedion s’épanchera.
Pour éviter cet inconvénient , on pourroit à la
vérité tremper la partie dans l’efprit-de-vin qui
coaguleroit la colle ; mais alors elle devient fi fragile
qu’elle fe cafle pour peu qu’on la manie, & fi
l ’on veut conferver la p r é p a r a t io n , les gros vaiffeaux
fe fléchiffent prefque entièrement lorfque les
parties aqueufes de Finjedion font évaporées.
On pourroit aufli prévenir l’épanchement de
rinjedion, en liant exadement chaque vaifleau
avant que de le couper ; mais cela n'empêche pas
que les vaifleaux ne fe contradent lorfque la colle
fe dêfîeche.
Ans <& Métiers$ Torn. VI,
Si pour obvier à ces inconvéniens, on Commencé
à injeder d’une diflolution de colle ce qu’il en fauc
pour remplir les vaifleaux capillaires , & que po.ur
remplir en fuite les grands vaifleaux on fe ferve de
l’injedion grafle ordinaire, la cire ne va pas fort
loin fans fe congeler, & les deux fortes d’injedions
ne manquent jamais de fe mêler irrégulièrement ;
de forte que les vaifleaux paroiffènt interrompus &
cafles par la féparation mutuelle de ces deux l i queurs,
ce qui devient encore pins fenfible dans la
fuite à mefure que les parties aqueufes fe dif-
fipent.
L ’efp'rk-de-vin coloré fe 'mêle avec les eaux &
les huiles , & peut encore pénétrer jufques dans les
plus petits vaifleaux ; mais d’un autre coté il coagule
toutes, les liqueurs animales qu’il rencontre,
& qui quelquefois bouchent les. vaifleaux, de manière
que l’injedion ne fauroit paffer jufqu’aux capillaires.
D’ailleurs, l’efprit-de-vin ne peut tenir
qu’avec peine fufpendues quelques-unes des poudres
qui communiquent les couleurs les plus durables ; 8c
comme il.s’évapore-à la fin entièrement, les vaiffeaux
deviennent'fort petits, & cette petite quantité
de poudre colorée qui reffe dans les vaifleaux.
n’ayant rien qui entraîne les parties liées, & réunies
entre elles , elle paroît ordinairement interrompue
en tant d’endroits que les petites ramifications de
vaiffeaux ont plutôt l ’apparence d'un coup de pinceau
jette, au hafard, que de tuyaux réguliers & continus.
Le fuif fondu 8c mêlé avec un peu d’huile de térébenthine
, peut quelquefois remplir les petits vaiffeaux
, 8c tient les plus gros fuffifamment diftendus ;
mais il s’arrête dès qu’il rencontre quelque fluide
da'ns les parties , & ne peut jamais pénétrer aufli
avant que les autres liqueurs ; il a d’ailleurs fi peu
de ténacité qu’il fe cafle pour peu qu’on le manie ;
ce qui rend les préparations fort défagréables.
Ce qui réuflit le mieux pour les injedîons fines,
c’eft l’huile de térébenthine colorée qu’on pouffe
d’abord a la quantité requife pour rem .Air les plus
petits capillaires , & immédiatement apres on remplit
lés gros vaifleaux avec l’injedion commune.
L ’huile de térébenthine eft affez fubtile pour
pénétrer plus avant- qu’aucune autre liqueur colorée
; fes parties réfîneufes qui reftent après l ’évaporation
des parties fpiritueufes lient affez celles
de la matière qui a fervi à la colorer pour les empêcher
de fe défunir, & elle s’incorpore intimement
avec l’injedion ordinaire, de mauière que fi
l’injedion eft bien faite, il eft impofîïble à la vue la
plus perçante de s’appercevoir.qu’on a employé deux
fortes d’injedions.
Toutes les liqueurs dont on fe fert pour injeder les
vaifleaux des animaux n’ayant qu’une foible & prefque
toute une même couleur, ne paraîtront pas du
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