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qui eft celui par lequel on porte en avant, ou Von
fait revenir fur lui-même l’échafaud du chalïis à
mefure qu’on fcie.
Quand on veut fcier un pieux , on détermine
avec préeifion la profondeur à laquelle il faut le
fcier ; on fait enfuite defcendre la fcie au moyen
des ctics dont nous avons parlé plus haut, & dont
les crans font diftans de maniéré à ne faire baif-
fer la fcie que d’iftie demi-ligne à îa fois.
Après que tous les pieux (ont fciés de hauteur ,
on fait entrer le. eaiflon dans l ’emplacement de la
p ile , & on le fait échouer où il faut, en Fallujet-
iilfant aux lignes des dire&ions principales, tant
fur la longueur que fur la largeur du pont. Dès que
le cailfon eft pofé fur la tête des pieux, on ferme
l ’enceinte du côté d’aYal, c’eft-à-dire d’en bas, qui
•eft l’endroit par lequel on l ’a introduit ; au moyen
des pièces de bqis qui l’afli^ettiffent & dont les
abouts terminés en deux cercles entrent dans des
coulilfes fixées aux bords extérieurs du eaiflon , il
defcend à mefure qu’on le charge fans s’écarter de
fes lignes de direftion.
Il y a auffi des rampes pratiquées dans; le eaiflon ,
qui communiquent aux bateaux fur lefquels font la
pierre, le mortier & le moîlon. Pendant qu’on
confirait la maçonnerie de la pile & qu’on la revêt
de greffes pierres en dehors, on fait battre des pieux
fuivant le même plan que ceux de la pointe d’én
haut ; on remplit enfuite-de greffes pierres tout l’ef-
pace qui eft entre la maçonnerie de la pile & les
pieux d’enceinte, afin qu’on fe trouve à-peu-près^ à
l’affleurement de la ligne qu’on a élevé à l’extérieur.
Unepile finie, on recommence la même opération
pour les autres : de cette manière on a* l’agrément
d’avancer plus l’ouvrage & de le faire meilleur.
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P O R C E L A I N E . ( Art de la ).
T j A porcelaine eft une efpèce de poterie blanche,
fine & demi-tranfparente.
Porcelaine de la Chine.
■ Lfl porcelaine qui eft un des meubles lés plus
ordinaires des Chinois , & Pornement de leurs
maifons, a été fi recherchée en Europe , Sc il s’y
en fait encore un fi grand commerce , qu’il eft à ;
propos d’expofer tous les détails de la fabrique.
On ne travaille à la porcelaine que dans une
feulé bourgade de la province" de Kiang-fi. Cette
bourgade fe nomme King-te-tching, & a plus d’un
million d’aïnes. Le père Dentrecolles y avoit une
églife, & parmi fes chrétiens il en comptait plu-
fieurs qui travailloient à la porcelaine, ou qui en
faifoient un grand commerce. C’eft d’eux qu’il a
tiré des connoiffances éxades de toutes les.parties de
ce bel art. Outre cela, il s’eft inftruit par lui-même,
& a confulté les Jivres chinois qui traitent de cette
matière ; nous ne pouvons donc rien faire de mieux
que d’ufer ici de fon mémoire, qui fe trouve dans
les lettres des miffionnaires , & dans l’hiftoire de
la Chine du père Du Halde.
Incertitude de l'époque de la porcelaine,
On a cherché inutilement quel eft celui qui a
Inventé la porcelaine. Les annales n’en parlent
point, & ne difent pas même à quelle tentative,
ni à quel hafard on eft redevable de cette invention,
Elles difent feulement que la porcelaine étoit
anciennement d’un blanc exquis , & n’avoit nul
défaut ; que les ouvrages qu’on en faifoit, & qui fe
tranfportoient dans les autres royaumes, ne s’appe»
loient pas autrement que les bijoux précieux de
Ja-tcheou : plus bas on ajoute , la belle porcelaine,
qui eft d’un blanc v if & éclatant, & d’un beau bleu
célefte, fort toute de King-te-tching. Il s’en fait dans
d’autres endroits, mais elle eft bien différente, foit
pour la couleur, foit pour la fineffe.
En effet, fans parler des ouvrages de poterie qu’on
fait, par toute la Chine, auxquels on ne donne jamais
le nom de porcelaine , il y a quelques provinces
, comme celle de Canton & de Fokien , où
l’on travaille en porcelaine^ mais.les étrangers ne
peuvent s’ y méprendre: celle de Fokien eft d’un
blanc de neige qui n’a nul éclat, & qui n’eft p.oint
mélangée de couleurs. Des ouvriers. de King-te-
ching y portèrent autrefois tous leurs matériaux, dans
l’efperance d’y faire un gain confidérable," à caufe
du»grand commerce que les Européens faifoient alors
à Émouy ; mais ce fut inutilement, ils ne purent
jamais y réufïir.
L ’empereur Cang-hi, qui neToliloit rien ignorer,
fit conduire à Peking des ouvriers en porcelaine, &
tout ce qui s’emploie à ce travail. Ils n’oublierent
rien pour réufïir fous les yeux du prince 5 cependant
on allure que leur ouvrage manqua. Il fe peut faire
que des raifons d’intérêt & de politique eurent part
à ce peu de fuccès. Quoi qu’il en foit, c’eft uniquement
Kiiag-te-ching qui a l’honneur de donner de la
porcelaine à toutes les parties du monde. L e Japon
même vient en acheter à la Chine.
Ce quil faut favoir fur la porcelaine.
Tout ce. qu’il y a à favoir fur la porcelaine , dit
ie père Dentrecolles , fe réduit à ce qui entre dans
fa compofition , &aux préparatifs qu’on y apporte;
aux différentes efpèces de porcelaine, & à la manière
de les former ; à l’huile qui lui donne de l ’éclat, &
à fes qualités ; aux couleurs qui en font l’ornement,
& à Fart de les appliquer ; à la cuifTôn & aux me-
fures qui fe prennent pour lui donner le degré de
chaleur qui lui convient : enfin on finira par quelques
réflexions fur la porcelaine ancienne , fur la
moderne , & fur certaines chofes qui rendent impraticables
aux Chinois dés ouvrages dont on a
envoyé & dont on pourroit envoyer les defïins. Ces
ouvrages, où il eft impofïîble de réufïir à la Chine,
fe feroient peut-être facilement en'Europe , fi Fon
y trouvoit les mêmes matériaux.
Du nom de la matière de la porcelaine.
Mais avant que de commencer, il eft à propos
de détremper ceux qui croiroient peut-être que le
nom de porcelaine vient d’un mot chinois. A la
vérité, il y a des mots, quoiqu’on petit nombre,
qui font françois & chinois tout enfemble : ce que
nous appelons thé , par exemple, a pareillement le
nom de thé dans la province de Fokien, quoiqu’il
s’appelle tcha dans la langue mandarine ; mais pour
ce qui eft du nom de porcelaine, c’eft fi peu un'mot
chinois, qu’aucune des fyllabes qui le cbmpofenc
ne peut ni être prononcée , ni etre écrite par des
Chinois, ces fons ne fe trouvant point dans le*r
langue. Il y a apparence que c’eft des Portugais qu’e«
a pris ce nom , quoique parmi eux porcelana fignifie
proprement une tafle ou une écuelle, & que locd
foit le nom qu’ils donnent généralement à tous les
ouvrages que nous nommons porcelaine* Les Chinois
l ’appellent communément tfè-ki.