
Il faut avoir une pierre de liais d’environ fîx
pieds de long fur quatre de large, que l’on tient
dans un endroit de l’attelier commode à cette opération
: elle doit être maçonnée dans le pavé de
l ’attelier; on y étend le morceau de plomb que
l ’on veut forger : il faut appliquer le côté le plus
propre de chaque morceau de plomb du côté de
la pierre de liais.
Un ouvrier prend enfuite à la main, une maffe
ou batte platte , avec laquelle il le frappe.
Il commence par battre à froid ou forger le def-
fous du cercueil j enfuite fon pourtour, puis fon
delfous.
Ce plomb ainfî' frappé fe durcit & eft plus
propre à ces fortes d’ouvrages ; cependant le plomb
ne s’accroît pas comme la plupart des autres
métaux.
On en fera autant aux tables qui feront employées
aux réfervoirs ou aux toits des églifes. Si l’on fe
fert du plomb laminé, il ne fera pas néceïïaire de
le forger.
La première çhofe qu’on puiïfe fonder dans un
cercueil, c’eft le pourtour qui doit être attaché à
fon fond, pour commencer à former la çaifïe.
Il faut d’abord , comme pour' toutes les foudures,
lalir tout le delfous du cercueil, puis en gratter
les bords environ de la largeur d’un pouce tout ,
autour ; on en fait autant aux côtés du pourtour qui
doit lui être joint, enfuite on le roule tout entier,
pour qu’il foit moins embarralfant.
On foude enfuite le tout enfemble ; pour cet effet
on applique le pourtour du cercueil à fon deflous,
du côté de l ’endroit deftiné à en faire le pied;
c’eft-toujours la qivon doit commencer de le fouder.
L e pourtour fe tient d’un côté par lui-même ,
& l’on appuie de l ’autre^ avec la main, en le déroulant
environ de deux pieds: on y verfe beaucoup
de foudure.
Rien ne demande plus de foin que le foudage
‘des cercueils , pour empêcher que l ’odeur même
du cadavre ne tranfpire ; ce qu’il n’eft pas agréable
de réparer.
Aucun ouvrage n’efl: aufîi plus folidement foudé
que les cercueils ; on y laifïe trois pouces environ
de foudure à chaque endroit du pourtour. ,
On ne fé fert pas du fer à fouder Ordinaire ; on
en emploie un qui eft fait comme une poiré: il a
environ un pied de long ; il eft d’une feule pièce :
ç’efl le même que celui des réfervoirs.
On le fait chauffer comme l’autre, & on le frotte
également de poix-réfîne avant de l’y pofer, afin
qu’il ne s’étame pas : comme fa tête eft extrêmement
large, il refte beaucoup .de foudure dans les
gngles du cercueil.
On ne foude pas le pourtour du cercueil d’un*
feul coup, on le foude au contraire, à plusieurs re-
prifes : on faille prendre la foudure ; alors on a
bien plus de facilité de faire prendre au pourtour
la forme du delfous du cercueil : on continue ainfî
en déroulant le pourtour à melure qu’on le foude,
jufqu à ce qu’on en ait fait le tour, & qu’on foit
arrivé à l’autre extrémité du pourtour déjà foude :
là on joint ces deux extrémités enfemble, en coupant
le plomb qù’il peut y avoir de trop : on fondera
cet endroit avec le fer ordinaire. On enleve
enfuite la foudure inutile & qui a coulé fur la terre
graffe dont on a fali le delfous du cercueil ; la
boîte du cercueil fe trouve faite par ce moyen.
Comme on ne peut fouder le defïus des cer-*
cueils que lorfqu’on y a mis les corps auxquels ils
font deftinés, on ne fait Amplement que les dif-
pofer à être foudés fi-tôt qu’il le faudra ; on re-
broulfe en-dehors le pourtour du cercueil, pour
réduire la hauteur du pourtour à environ huit
pouces.
Lorfqu’on y a mis le corps, on pofe le defïus du
cercueil delfus le pourtour , & en en replie-les extrémités
qui ont été rebrouffées , fur le defïus du
cercueil, en telle façon qu’il l’encadre ; on falit
& on gratte l ’un & l’autre, on foude ainfî le tout
enfemble y il forme alors une caifie plate.
De la maniéré d'y attacher des épitaphes.
On fe fert d’une plaque de cuivre pour faire ces
épitaphes , fur laquelle on fait graver les noms ,
les qualités, furnoms, &c. qui conviennent à celui
à qui le cercueil fur lequel on doit l ’attacher,
eft deftiné.
La famille du mort a coutume de l’envoyer chez
les plombiers pour les en inftruire, afin qu’ils la
falTent faire, ou de l ’avoir toute prête lorfqu’il en
eft befoin.
On commence par étamer cette plaque de cuivre
; po,ur cela on la lime, & enfuite on y verfe
de la foudure : on gratte le defïus du cercueil aux
quatre coins de cette plaque , & on fait quatre
petits cachets de foudure.
De la manière de réparer les cercueils dans les,
) caveaux.
Cette ■ opération n’eft pas des plus agréables ;
mais la profeflïon l’exige ton ne peut fe difpenfer
de fermer les endroits où il y a des ouvertures ; il
faut examiner où ils font : fi c’eft par les côtés ,
on le retourne de façon à pouvoir y remédier commodément.
Il faut gratter l’endroit'de la fraâure, enfuite
. allumer du feu , apprêter dé la foudure dans une
J petite marmite que les plombiers portent toujours
avec
avec eux î on en verfe la quantité qu'il faut pour
réparer le défaut du cercueil.
S’il y avoit une ouverture un peu grande, il
faudroit enlever la pièce & en mettre une autre,
qu’il faudra gratter & fouder, ainfî qu'on l ’a :
déjà dit;
Comme les cercueils ne fe font pas aigÀi promptement
qu’on le defîreroit , & que quelquefois il fe-
roit à propos de les avoir fut l'heure même, ainfî
que les tranfports précipités & quantité' d autres
cas l’exigent, les plombiers en ont fouvent de
tout faits, qui font prêts à livrer quand l’oceafîon
fe préfente.
Ils les font à peu près fuivânt la mefure ordinaire
des corp's , & ils n’attendent pas qu’on les -,
commande.
Des coeurs contournés fous la batte.
Pour faire de ces fortes de coeurs , il faut d’abord
les tracer.
On a une table de plomb , fur laquelle on fait
les différentes opérations , afin d’avoir un oceur dans
les plus juftes proportions.
. Pour pouvoir aifément contourner les plaques de
plomb qui doivent former lè coeur qu’on veut faire,
il faut les prendre l'une après l’autre , & les aboutir
en les frappant dans le milieu avec Finftrument
qui fert à cet ufàge, comme on aboutit une partie
de globe ; mais on fait de plus une petite fépara-
tion en rentrant le milieu du Coeur.
On les rend de la forte un peu convexes d’un
côté & concaves de • l’autre^* on prefie enfuite les
bords contre une table pour -les égalifer & pour
les faire un peu rentrer en dedans.
Qnand une fois les deux plaques de plomb qui
doivent fervir à faire un coeur , font bien abouties
& fe rapportent parfaitement enfemble, alors on
les attache Amplement par un ou deux petits noeuds
de foudure ; car on ne doit? les fouder* entière ment
que iorfque le coeur pour lequel il eft fait , y eft
renfermé.
Manière Rattacher des épitaphes«
Comme on ne peut pas graver fur le plomb ,
qui eft un corps trop mou pour foutenîr long-tems
l ’imprefîîon des caractères , on attache aux cercueils
une petite plaque de cuivre , où on les grave
plus aifénient.
1 On lime aux quatre bouts le cuivre qu’on y applique
pour l’étamer, afin que la foudure y prenne,
dont on fait enfuite quatre féaux atix quatre
coins de- cette même plaque . de cuivre.
Arts & Métiers. Tem, VI.
On envole îe tout, ainfî apprêté, aux endroits
pour lefquels il a été deftiné.
Des ecritoires.
Le moule dans lequel on coule les ecritoires ,
eft rond 8c ouvert par le haut : il eft compofe de
deux pièces qui roulent fur leur charnière : ainfî'
MÈ a la facilité de l’ouvrir & de le fermer comme
6n veut, par le moyen d’une double charnière ,
! dont l ’une eft en haut du moule , & l’autre en
bas & qu’on arrête par deux clous ; le dedans eft
vuidé en forme d’écritoire ; il y entre un noyau ,
qui eft ce qui forme la boîte de l’écritoire.
Le tout ëft de fonte de fer , & a une grandeur
raifonnable.
C’eft dans lés moulés de cette efpece, que l’on
' jette ces ecritoires de plomb, dont on fe fert communément
dans les bureaux &. chez, les maîtres à
: écrire.
.Voici comme on les fait.
O11 commence par ouvrir le moule ; on le graifle
en dedans avec du fuif : on le referme enfuite eu
\ replaçant dans fes charnons les deux broches ,
; & les enfonçant avec le marteau pour qu'ils
tiennent le moule exactement fermé ; alors on
prend une cuillerée de plomb, & on la verfe dans
l’ouverture du“ moule , qui eft faite pour, le re-
. cevoir.
Il faut remarquer que l’écritoire eft renverfée
dans le moule ; la boîte qui doit contenir l’encre,
eft eu délfoüs : le pied qui doit la foutenir, eft
; en-delfus.
Quand le moule eft plein., on donne quelques
, petits coups de marteau au centre du moule , pour
faire' couler le plomb dans toutes fes parties, &
! égalifer fa fuperficie.
On. attend quelque temps , pour que le plomb
puilfè prendre.
On fait partir avec le marteau les deux broches
, & l’on rejette les deux parties du moule
; fur leurs 'charnières ; alors on en retire l’écri-
;toire.
O11 la' gratte avec le couteau: tout autour de fon
1 pied , pour en ôter les bavures qui'fe forment du
trop plein ou du furplus de la matière qu’on eft
: f obligé de mettre pour charger le plomb qui eft
dans le moule.
On recommence la même opération autant-de
fois qu’on en a befoin.
Si ces écritoires ne font pas bien brillantes, elles
font très-commodes , & 011 les adopte commu-
.: nériient dans les cabinets ; comme elles font fort
' , pefantes , elles font moins fufceptibles que les au-
’ très à- verfer l’encre fur les papiers»
p P p