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te ms qu’il n'en faut pour notre curffbn, & même à
feu plus violent que celui qui doit nous fervir.
Ceux d'Allemagne peuvent être encore d’un bon
fecours pour cette opération y parce qu’ils endurent
mieux le feu que les ereufets ordinaires. Mais je
veux,, continue-t-ilabréger tous ces foins par une
manière aifée de préparer le creufet ordinaire, que
j’ai vu éprouver & réftfter un très - long temps au
plus grand feu..
Il faut, pour cet effet, prendre un creufet ordinaire
, encore mieux un d’Allemagne ; le faire un
peu chauffer, le tremper dans de l’huile d’olive; le
laiffer un peu emboire &, s’égoutter ; enfeite avoir
du verre pilé & broyé impalpablement ; y joindre
du borax en poudre, qui aide à la fufîon du verre ;
en fàupoudrer le creufet dehors & dedans autant
qu’il pourra en retenir , puis le mettre dans un
fourneau, d’abord à petit feu, & le pourfùivre de
la même force que fî on vouloir fondré.
Alors le verre fe fondra & fe corporifiera fi bien
avec- le creufet, qu’il fera capable de réfîfler-au
feu beaucoup plus de temps qu’il n’en faut pour
la cuiflon de la matière.
Mais tout dépend de faire cuire les ereufets à un
feu très-violent qui refferre les pores de la terre,
& la rend compade comme le verre ; encore mieux
fî, au fbrtir de ce grand feu, on jette du fel commun
en abondance fer les ereufets, qui les rend
polis comme le verre , & capables de retenir les
efprits dans le feu.
M. Rouelle, célèbre chymifte, a éprouvé que
les petits pots de grès dans lefquels on porte à
Paris le beurre de Bretagne, & qu’on trouve chez
tous les potiers, feus le nom de pots à beurre ,
étoient les plus excellens 'ereufets qu’on pût employer
, qu’ils pouvoient remplir les defirs de plusieurs
chymiftes qui, ayant des prétentions fer le
verre de plomb, fe fent plaints de n’avôir point
de vaifleaux qui pufTent le tenir long-temps en
fonte. n
C’eft aufïi le fentîment de M. Macquer qui,
examinant la difficulté de fe procurer , pour les différentes
opérations de chymie , des ereufets plus
durables, dit que des ereufets ou pots de terre cuite,
en près', réfîftent mieux aux matières vitrefeentes
& d’un flux pénétrant, comme le verre de plomb.
D’autres chymiftes ont encore employé des creu-
fets doubles , c’eft-à-dire , un creufet juffement
emboîté dans un autre creufet, pour expoferà un
feu long-temps continué des mélanges difficiles à
contenir. M. Pott , qui a-traité exprefîement de
la bonté des ereufets, a eu recours avec fuccès à
cet expédient.
Au refte , les qualités effentielles d’un bon ereu-
fet font : i°. De réfîfter au feu le plus violent fans
fe fendre ou fans fe caffer, z°. Il ne doit rien fournir
du fen aux matières qu’on a a y mettre. 3®; Il
ne doit pas être pénétré par ees matières ; ni tes
laitier échapper à travers de fes pores , ou à travers
des trous fenfîbles que ces matières fe pratiquent
dans fen paroi ou dans fon fond.
C ’eft un excellent ufage de Inter les. ereufets en-
dedans & en-dehors avec un lit de craie délayée
dans l’eau, d’une confiftance un peu épaiffe.
A l’égard des fourneaux, la plupart des auteurs
que nous avons cités, renvoient à ceux de verrerie
& fayeneerie pour la vitrification de nos émaux :
mais tous les peintres fur verre n’étant pas à portée
de s’en fervir, à caufe de leur éloignement1,
voici la defeription d’un fourneau à vent, d’après
M. de Blancourt, avec lequel ils pourront faire
telle vitrification qu’il leur plaira, ayant foin d’ailleurs
de bien luter & couvrir les ereufets.
Ce fourneau doit être fait de -bonne terre à creufet.
Plus il fera épais , plus il fera en état de réfîfter
. à un très-grand feu & d’en . entretenir la
chaleur.
M. de Blancourt dit qu’on peut donner à ce
fourneau , par le feu de charbon . tel degré de
chaleur qu’on voudra, pourvu qu’il âit cinq a fîx
pouces d’épaiffèur.
Mais comme il veut qu’il ait une grandeur rai-
fennable, comme d’ailleurs il ne preferit rien de
fixe fer cette :grandeur , voici la proportion la plus
exa&e que. j’ai cru pouvoir lui donner.
Je feppofe le fourneau à vent de forme ronde :
je lui donne trois pieds & demi' de hauteur fer
feize à dix-feDt pouces de - diamètre dans oeuvre.
Il faudra qu’il y ait un pied d’intervalle depuis
le cendrier, qui doit être élevé pour attirer plus
d’air, jufques. & c.ompris la grille , & deux pieds
& demi du deffiis de la grille jufqu’au deflous de
l ’extrémité du couvercle.
L a grille doit être de la même terre que le
fourneau , parce que le fer , fî greffes que fuffent
les barres qui la compoferoient, eft fejet à fe fpn-
dre à la grande chaleur. Le couvercle doit être
auffi de même terre & en voûte bien clofe.
TSouvroir, c’eft-à-dire , l’efpace qui fe trouve
depuis le bas du couvercle jufqu’à la grille, con-,
tiendra lin pied neuf pouces de haut.
Vers le milieu de l’ouvroir, on pratiquera une
porte de forte tôle , par laquelle on puifîe mettre
& ôter les ereufets, & introduire le charbon dans
l’ouvroir.
Par conféquent le couvercle, en forme de dôme
, aura dans fen milieu dans oeuvre, neuf pouces
de haut, non compris la cheminée qui lui fert de
couronnement, & qui doit être* pratiquée de façon
qu’on ppiffe y ajufter des tuyaux de tôle plus ou
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moins , ® proportion qu’on voudra tirer plus ou
moins d’air.
Si l’on veut avoir beaucoup d’air par le bas du
fourneau , M. de Blancourt veut qu'on ajttfte avec
de bon lut de terré graffe , à la porte du cendrier,
un tuyau de pareille tôle , qui fe termine par une
efpèce de trompe.
Ce fourneau ne peut faire qu’un bon effet, lotfe
qu’on veut calciner & vitrifier une portion un peu
confîdérable de couleurs : mais , dans le cas ou il
s’agiroit d’en préparer une moindre quantité, -ou
peut y fobftituer un fourneau portatif, tel qûe je
vais décrire.
M. le Vieil donne la defeription d’un fourneau
pour la calcination des émaux colorans ; je me feis
fervd , dit-il, d’un petit fourneau dé fufîon, fait
en terre à creufet par un fournalifte de Paris, de
forme ronde , d’environ quinze à feize pouces de
hauteur, onze pouces de diamètre ■& deux pouces
d’épaiffèur hors d’oeuvre*
Ce fourneau avoit deux anfes pour la facilité du
tranlport.
Il avoit une forte grille de même matière j élevée
à trois pouces du cendrier.
Il étoit percé de quelques trous dans fen contour,
fermenté de fen couvercle en dôme , dans lequel étoit pratiquée une porte de même terre -, amovible
, par ou l’on introdu-ifeit le charbon pour l’entretien
du feu , & pour retirer, quand la fufîon
étoit faite , le Creufet du fourneau avec des tenailles
ou pinces de fer qu’on faifeit rougir par le
bout.
Le tout réuffît à feuhait, en feivant les indications
de mes fecrets de famille, les feules qui
étoient connues de mon père, pour les avoir ex-
périmentées_ plufîeurs fois. J’obferverai néanmoins
qu’à la vitrification des fubftances colorantes pour
le v.erd, il fe'fendit deux ereufets par l’efferv-ef-
eenee de la compofîtion qui fe répandit dans lou-
vroir & coula dans le cendrier , cette couleur s’é- -
levant plus que le blanc , le bleu , le violet & le
pourpre.
Je me fouvrens auffi d’avoir Vu mon père vitri-
fier ces mêmes émaux, en introduifant le creufet
dqeu ifcoonndteeunro. it,la compofîtion dans la café d’une forge .
Quelques artiftes , après avoir remarqué qu’il eft
plus avantageux -, pour Ceux qui en ont là commodité
, de calciner les couleurs à la verrerie qu’au
feu de charbon , parce qu’elles en fortënt plus belles,
plus glaciales & plus lijfes, - ajoutent^ ce feroit encore
mieux faire d’imiter les anciens peintres fer verre.
Ils avoient, à cet effet, des ereufets - d’tin grand
pied de hauteur : ils mettoient leurs compofitions
dans ces ereufets fans y mèierde falpêtre ; ils /les
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intrbduïfeient dans un four à chalrx , d’efiviron
trois toifes de haut, -rempli de pierres calcaires,
ils les plaçoient vers le milieu du four, à diftance
d’un pied l’un de l’autre ; ils les couvroient d’un
fort carreau de terre cuite ; ils les ffanquoLent ,
dans le vuide qui fe trouvoit entre chacun d’eux &
tout autour, de pierres à chaux bien ferrées les
unes contre les autres. Ils ne mettoient guère que
deux rangs de ces pierres au-deffiis - des ereufets ,
de peur que la pefanteur des pierres ne les fit caffer.
Le feu ayant é té , comme il doit être, p.eri^
dant vingt-quatre heures à la fournaife , leurs couleurs
devenoient parfaitement belles & glaciales.
Lorfque le fout étoit. refroidi & les premiers
rangs de pierres retirés , ils en ôtoient les ereufets
& les caff oient pour en avoir la couleur qui étoit
extrêmement belle, fî l’on eft excepte le -deffiis
qui reftoit couvert d’une écume dont - on n’avôit pu
la purger..
Cette manière eft des plus commodes, parce qu’èn
une feule fois on calcine plus de couleurs que l ’on
n’en pouirbit emplcyer en fîx mois, quand on en travaïlieïoit tous lés- jours.
On avoit foin dè laiffer dans chaque creufet au
moins un pouce & demi de Vuide , de peur que ’la
couleur venant à fe gonfler, ne Ce répandît dans
le feû.
On ne connoiffoit pas encore vraifembiabiement,
au temps où ces anciens artiftes récollets, dont il
eft ici queftion , travaiïloiént, les fourneaux des
fôürnalrftes de Paris, pour faire calciner les coupleurs;
car ils ènfeignent dans leur manufcrit là
manière d’en conftruire un dans la cheminée, que
nous ne rapporterons point, puifque nous avons
plus qu’eux la facilité "d’ufer de ces fourneaux de
chymie, qui fe ^trouvent par-tout où cette feience
eft cultivée.
A tous ces fourneaux , l’éditeur du receuii , de
Neuchâtel, ajoute la defeription d’tin fourneau dont
fen pere & lui fe fervoient pour vitrifier les émaux.
Iis en doivent l’idée à Pe-fprit d’économie dans la -
main-d’oeuvre -, qui doit entrer dans le plan de tout
artifte intelligent, tant qu’elle-n’altère pas la bonté
de fes réfultats.
C’eft un fourneau quatre., bâti en briques, portant
deux pieds de largeur fer chaque face, & ayant
deux pieds & demi de hauteur.; les murs 'ont fept
pouces d’épaiffèur.
On obfervera que -là bafe de ce Fourneau eft
voûtée jufqu’à la hauteur de dix pouces& que le
mur qui fépare cette voûte du refte du fourneau ,
a fept poucqs d’épaiffèur : ce qui fait depuis le fol
du laboratoire où eft .conftruit le fourneau , jusqu’au
fel intérieur du fourneau, une hauteur de
treize pouces.