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P O U D R E D O R.
( Art de la )
O n appelle ainfi de l ’or mis en diflolution & réduit
en poudre.
On fe fert de la poudre d'or pour des dorures fu-
perficielles, telles que le dedans des tabatières d’argent,
& tous les deffous des chatons des ouvrages de
jouaillerie.
Pour faire cette poudre, on prend un gros d’or en
chaux, que l’on précipite dans une diflolution com-
pofee de deux onces d’eau-forte, un gros dé fel
ammoniac , deux gros de falpêtre fin. &•' un gros
de couperofe : on y joint auffi douze ou quinze
grains de cuivre rofette par gros d*Qr , pour lui
donner une couleur rouge.
Cette diflolution fe fait dans un matras au bain
de fable.
Quand la diflolution eft faite , on là verfe goutte
a goutte fur de vieux chiffons de linge, que l’on
prend en proportion de la quantité de liqueur.
Lorfque ces chiffons font bien imbibés & que la
diflolution eft tarie, on. les laifle fécher, puis on
les pofe fur un plat de faïence, & on y met le feu
avec une allumette dont on a ôté le foufre ; on les
laiffè fe confumer petit-à-petit & fe réduire en cendre.
C ’efl de cette cendre dont on fe fert pour la
dorure en poudre , & qu’on nomme or en poudre,
Pour l’employer, il faut que les pièces foient au
degré de poli qu’on nomme adouci.
Alors “on prend un bouchon de liège bien fain ,
que l ’on mouille avec de l’eau très - propre. On
trempe ce bouchon mouillé dans la boîte à poudre
dor, & on étend cette poudre fur les pièces , en
frottant avec le bouchon.
Il ne faut pas employer trop d’eau, parce que la
poudre fe met en lavage & fe perd.
On reconnoît à l’infpeâion fi la couche eft afîez
épaifle ; alors on ceffe de frotter avec le bouchon ,
& on brunit.
Dans les grands ouvrages on fe fert des brunifloirs
de fanguine, & dans les petits ouvrages d’un petit
brunîflôir d’acier poli j & ce bruni fe fait avec de
l’eau de favon.
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P O U D R E M É T A L L I Q U E ,
PROPRE A IM IT E R L ’A RG EN TU R E .
( Art d’une )
P r e n e z une livre d’étain , le plus pur que vous
pourrez trouver, tel que celui que fournit la province
de Cornouaille en Angleterre : mettez-le fur
le feu, dans un creufet, pour le faire fondre.
Lorfque ce métal commencera à entrer en fufion,
ajoutez-y une égale portion de bilmuth ou de verre
d’étain ; remuez ce mélangé avec une verge de fer '
ou, yn tuyau de pipe, jufqu’à ce que le tout foit
bien fondu & bien incorporé : retirez le creufet du
feu, & lorfque cette compofîtion fera un peu refroidie
, fans cependant avoir perdu fon état de
fluidité, verfez-y à-peu-près une livre de vif-argent,
remuez le.tout en même-temps, pour que le mercure
puifle fe joindre & s’amalgamer complette-
ment avec les autres ingrédiens.
Quand toutes les matières font bien mêlées enfem-
b le , & qu’elles ne forment plus qu’une feule mafle,
verfez le tout fut une pierre.
Lorfque le mélange fera refroidi, il prendra la
forme d’un amalgame ou d’une pâte métallique ,
qui fe broie facilement & fe réduit en poudre éclatante
, dont vous pourrez vous fervir pour argenter.
On délaie cette poudre, de même que l ’or en
coquille, avec de l’eau gommée : on l ’applique fur
un fond , enduit d’un mordant ou d’une colle quelconque
, fuivant la méthode que l’on fuit pour appliquer
l’or.
Cette argenture fe brunit très-bien avec la dent
de loup , ou le brunifloir, & elle conferve beaucoup
mieux fa couleur quond elle eft recouverte
d’une légère couche de vernis, que fi elle eût été
faite avec la poudre tirée de l’argent même.
Le mordant ou colle dont on fe fert pour fixer
cette poudre argentée, ne doit pas être mêlce avec
du jaune ou du bol d’Arménie , comme cela fe pratique
quand on veut dorer avec de l ’or en coquille;
mais on doit y ajouter quelques matières blanches-,
comme le blanc de cérufe, pour prévenir,toutes les
gerçures qui peuvent arriver à l’argenture.
On emploiera du blanc de plomb, quand on
voudra préparer l’afliette $>u mordant a 1 huile, ce
qui rendra la poudre d’argent fufceptible du bruni
le plus v if ; ou l’on fera ufage de la colle de Gand ,
pour broyer le blanc de cérufe.
Quelques perfonnes recommandent de fe fervir
de l ’argile blanche, avec laquelle on fait les pipes,
à la place du blanc de plomb. On ajoute un peu
de noir de lampe à cette couleur blanche*’, pour lui
donner un oeil un peu grisâtre , tel que celui qui eft
annexé à l’argenterie.
P O U D R E S O L A I R E .
Bafîle Valentin & autres chymiftes ou alchymifi-
tés ont donné ce nom à une poudre de couleur
pourpre qu’on tire de l’or.
On fait cette poudre en préparant un amalgame
d’or & de mercure ; & après que le mercure a été
exhalé par un feu de réverbère , le réfîdu fe mele
avec du foufre , & fe calcine par un feu gradué ,
jufqu’à ce qu’il foit réduit en poudre de couleur
purpurine. ’
On appelle auffi cette poudre- le manteau rouge t,
& on lui attribue plufîeurs vertus fondées fur l'imagination.
M ni m ra z