
à froid; maïs ces nuances s'altèrent tres-prenipte-
ment à l'air ; ce qui ne doit pas étonner , vu la
grande réduftibilité de ces métaux qui les conftitue
métaux parfaits.
Le précipité pruflique d’argent, qui eft d abord
d’un beau blanc, devient noir en séchant fur le
filtre.
Le précipité pruflique de mercure eft d’un jaune
citron. Si après l’avoir broyé à l'huile & étendu fur
la toile , on Pexpdfe pendant dix minutes a la vapeur
phlogiftique, il devient noir & charbonneux
au point de tacher les doigts.
Il eft bien connu que le plomb fournit un blanc
très-net qui fe broie & le pofe parfaitement, foit
avec l’huile, foit avec la colle, mais il s’altère avec
la plus grande facilité : mon principal objet a ete
de le prouver; & l ’expérience que j’en ai faite, a
dû mettre cette vérité à l’abri de toute contradiction.
J’ajouterai feulement, que s’il y avoit une préparation
qui pût corriger ce défaut, ce feroit fans
doute la précipitation de la terre de ce métal dans
la diflfolution acéteufe, par Talkali pruflique : or,
■ le blanc qui en réfùlte devient fenfîblement^ brunâtre
quand on l’expofe feulement quelques minutes
à la vapeur phlogiftique.
Il feroit donc déraifonnable de s’obftiner à con-
ferver l’ufàge de cette. matière , & à vouloir la
rendre fixe par des mélsnges & des compofîtions,
puifque les changemens .qu’elle fubit, tiennent aufli
eflentiellement à fa nàture & à l’ordre indeftruc-
tible de lès affinités.
L a chaux d'étain s’emploie très-facilement, &
Véprouve aucun changement par la vapeur phlo-
giftique concentrée , comme on en pourra juger par
l ’expérience, dans laquelle jj je réunirai tous les
échantillons qui promettent d ailleurs un ufage avantageux.'
. %■
En cet état, elle s’éteint lorfqu’on la délaie : U I
feroit donc néceffaire de l’edulcorer dans leau I
bouillante, & de calciner enfuite légèrement le I
, dépôt qui s’y feroit formé avec le ‘temps.
J’ai eflayé la calcination par la voie humide ,
en employant l’étain de mélac le plus pur , & un I
acide nitreux reCtifié, fUivant la méthode de Meyer; I
il s’eft formé une chaux d’un blanc éclatant, qui I
eft reftée fur le filtre en confiftance de gelée.
Cependant j’ai obfervé qu’elle étoit toujours un I
j peu jaunie par le mélange d’une^ portion de la I
même terre qui prenoit, dans l’operation, la cou- I
leur de turbiüi minéral. .
Ces confidérations m’ont engage à varier les
procédés pour obtenir cette chaux parfaitement
blanche :î voici les réfultÿts de cés opérations.
L ’étain de mélac calciné fous la moufle , a
donné une chaux aflez blanche ; mais elle a pris
un coup-d’oeil gris lorfque je l’ai délayee , quel-
qu’attention que j’aie eue d’enlever la fur face que
la violence du feu colore toujours plus ou moins
en rouge.
L ’étain calciné par le nitre en fufton , na lai fie
qu’une chaux grpffière & ;;terçe , que les; lavages
multipliés n’ont< pü dépouiller d une teinte, jaunâtre.
qu’elle s’élevoït à la fùrface de la liqueur, & que 1
la plus grande partie a paffe par le filtre ^ mais I
cela prouve en meme temps une forte d’adherence I
avec les fels, qui fait que la portion arretée pat I
le filtre, au lieu d’ être pulvérulente eft comme I
gommeufe, demi-tranfparente, & même un peu I
altérée en jaune.
Ayant précipité-par râlkali^egétaT cryftallifp , -
une diffolution d’étain d’Angleterre qui- avoit'é|e,
faite dans l’àcide muriatifiue,,' a: la Aiantere de
DÛ. Bayen, pour en dép'àftrr fdtfentc, j'ai pu une.
chaux de la plus gràfl'fltë-blànt&eur: & fi tenue ;,
Le précipité pruflique , dans \ ladiflolution par I
l’acide muriatique dont j’ai parle précédemment , I
a été d’abord très-blanc : je n’ai pas été peu furpris I
de voir qu’il pafïoit au bleu a mefiire qu il fechoit I
fur le filtre.
On tire une aflez belle chaux blanche de \an* I
timoine , en le calcinant par le nitre en fufîon *, I
mais la terre de ce demi-metal doit etre placée I
dans la claffe de celles qui fe combinent trop fa- I
cilement avec le phlogiftique.
L ’antimoine diaphorétique broyé ayec l ’huile, a I
pris en dix minutes, dans mon^ appareil phlogif- I
tique , la couleur du fbufre doré.
La matière perlée, autre produit de la meme I
calcination de l’antimoine, n’a pas mieux fbutenu I
l’épreuve; détrempée à la gomme, elle eft devenue I
d’un gris cendré; broyée à l’huile, ce gris a etê I
plus foncé & prefque noir.
Tout le monde cénnoît la propriété du bifmuth, I
de donner une très-belle chaux blanche, que l’on I
nomme magiftère, ou blanc de fard : elle fè prépare I
très-aifément, puifqu’il fuffit de difîoüdre le bifînut I
dans l’acide nitreux , & de précipiter la diflolution I
par l’eau pure ; elle fe délaie parfaitement avec I
l ’huile & les mucilages.
Mais’ cette couleur doit être rejettée comme 1 une
1 des pîtis altérables par la vapeur phlogiftique ; elle
! a noirci completfcement en dix minutes dans mon
appareil.
Il étoit facile de le prévoir, d’après ce qui arrive
aux femmes'qui en font ufage, loriqu’ elles fe trouvent
eXpofées à la vapeur du fbttfre , de 1-ai 1
des matières putrides, i
L e {inc fournit partoüs des procédés de calct-
P E I
Itatïon 8c de précipitation, une chaux aflez blanche
, lorfqu’elle eft pure & féparée fur-tout de la
portion de fer qui trouble & jaunit ordinairement
les diffolutions de vitriol de zinc qu’on laine ex-
pofées à l ’air.
J’ai précipité ces diflolutions par l’eau de chaux ,
par lesalkalis cauftiques & effervefeens ; j ai calcine
[ce demi-métal feu! 8c avec le jt it r e , j’ai obtenu,
| dans toutes ces opérations, une matière terreufe
[ d’un blanc plus ou moins net, qui après avoir été
[ édulcorée & féchée, s’eft unie à l ’huile & aux
mucilages fans perdre fà couleur, & qui n’a point
[éprouve de changement fenfîble quand je l’ai ex-
[ pofée à la vapeur phlogiftique.
[ Cette propriété infiniment précieufê, & l ’objet
[.principal de mes recherches, m’a engagé à mul-
[tiplier les expériences pour déterminer à la fois
E le procédé lè plus économique, la préparation la
[plus avantageufè 8c la plus fûre.
[ Ces eflais m’ont convaincu que la calcination
g de ce demi-métal feul, dans un creufet pofé hori-
llôntalement dans l ’échancrure pratiquée pour les
■ cornues au fourneau du réverbère, comme cela fe
■ pratique pour les fleurs, donnoit la chaux la plus
■ fine, la plus blanche, la moins réductible; & que pour
■ en former une excellente couleur, il fûffifôit delapaf
■ fer à l’eau pour en féparer les parties non brûlées, &
Ide labroyeravecun peu de terre d’alun ou de guhr
■ blanc, ou de craie pour lui donner du corps.
■ Les eflàis en grand m’ayant fait reconnoître
■ Combien ce procédé étoit imparfait, pénible, &
■ même dangereux pour les ouvriers , j’ai propofé
l un appareil tout différent, conftruit fur de nou-
I veaux principes , 8c qui a été exécuté arec le plus
■ grand fiiccès.
I C’eft ainfi qu*o,nt été préparés les trochifques
1 que je mets fous les yeux de l’académie : c’eft avec
* ce même blanc qu’ont été peints à l’huile & en
g détrempe, les échantillons que je lui préfente.
s Une portion de chacun d’eux a été expofée à la
■ vapeur phlogiftique; il y en a qui ont été enfer-
imés, pendant huit jours entiers, fous mon appa-
1 r e i l l e carton fur lequel ils: portoient, s’eft trouvé
1 jauni, & même noirci en quelques endroits.
K Cependant ils n’ont éprouvé aucune altération ,
■ comme on peut s’en aflurer, en les rapprochant du
■ morceau dans lequel ils ont été coupés.
S Le zinc précipité par l’alkali pruflique, même
■ dans le vinaigre diftillé , a toujours Un coup d’oeil
I.jaune; il ne s’unit plus aufli - bien à l’huile, &
a prend une confiftance caféeufe demi-tranfparente.
a L’arfenic blanc s’ éteint beaucoup moins avec les
Idélayans qu’on auroit lieu de le préfumer de fà
■ nature fàline ; il conferve fur-tout fa couleur avec
| l ’eau de gomme ; il eft remarquable qu’au lieu de
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noircir à la vapeur phlogiftique, il prend une nuance
de jaune, de citron très-marquee.
Cette propriété eft aflez finguliere 8c aflez confiante
, pour fournir un nouveau moyen d analyfe
très-capable de le faire reconnoître.
Cette altération fûffiroit pour en faire rejetter
l ’ufàgé dans la peinture, quand fès qualités délétères
n’infpireroient pas un jufte effroi.
Le demi-métal, connu fous le nom de manganèfe y
que l’on a nouvellement appris à retirer d’un minéral
très-répandu & très anciennement employé
dans les arts, donne aufli une chaux blanche.
Elle m’avoit d’abord fait efpérer une couleur d’autant
plus parfaite, que par une propriété différente, &
même oppofée à la nature de toutes les autres
terres métalliques, celle-ci eft blanche quand elle
tient affez de phlogiftique pour être foluble dans,
les acides, & ne devient noire qu’en perdant ce
principe, de forte que ce qui détruit à la longue
le blanc ordinaire, auroit fervi à renforcer celui-ci.
Il ne reftoit plus qu’une difficulté à vaincre,
c’étoit de féparer de la manganèfe la portion de fer
qu’elle tient ordinairement, & qui auroit infailli-,
blement un peu jauni fà terre : j’y étois parvenu
même fans faire paffer cette chaux à l’état de régule,
ce qui auroit été très-difpendieux & peu praticable
en grand.
Je me bornois à faire fiibir une longue calcination
à la mine noire de magnanèfe, pour rendre
fon fer infbluble; je l’attaquois enfuite par le vinaigre,
à l’exemple de M. de la Peyroufe ; & en
précipitant la diffolution par l’alkali effervefeent y
j’obtenois aflez facilement un beau précipité blanc.
Mais je reconnus bientôt que la facilité avec;
laquelle un corps colorant perd fon phlogiftique ,
n’eft pas un moindre inconvénient que celui de
l’attirer, & produit exactement les mêmes altéra-
t rions.
Le blanc de manganèfe jaunit très promptement
à l ’a ir, & dans mes eflais, cet effet ne pouvoit être
attribué à la terre martiale, puifque ni la noix de
galle., ni l’alkali pruflique n’en ayoient point fait
découvrir „dans la diffolution.
On ne iéuflït pas à rendre cette couleur plus
fixe,enp|récipitant la manganèfe parla liqueur pruP
fique ; la fécule d’a,bord très-blanche pafle au pourpre
ou au gris de lin, même en féchant fur le
filtre.
Ainfi, cette fubftance ne peut être d’aucune utilité
en peinture pour les blancs.
Expérience comparative fur Us couleurs non altérables.
J’ai annoncé que je réunirois les divers échan