
au royaume de Siam & dans les ifles de Java &
de Sumatra. ,
Quand l’arbre qui donne le benjoin, a cinq ou
fîx ans, on lui fait des ineifîotis-à la couronne du
trône ; c’eft de là que découle cétte excellente ré-
fine qui eft d’abord blanche , mais qui devient en-
fuite grisâtre , d’un rouge brun , maculé comme des
amandes cafîees ou du nougat ; ce qui l’a fait ap-
peller benjoin amygdaloîde ou amande. •
Si on fépare cette réfine dans le temps convenable
, elle eft belle & brillante ; mais fi elle, refte
long-temps à l ’arbre, elle devient brune & il s’y
mêle des ordures,
Voilà ce qui Fait lav différence de deux fortes de
benjoin en. forte & en larmes, qu'on trouve dans
les boutiques,..
On ne retire pas plus cfe trois livres de benjoin
d’un même arbre qui doit être jeune , parce qu’au
delà de fîx ans. il donne- peu de réfîne.
L e benjoin fe foblime, en jleurs argentées, lorsqu’on
le tient fur le feu dans une cucurbite entourée
de fable & couverte d’un cornet de papier.
Ces fleurs de benjoin font employées dans les
parfums.
La réfine en nature,, difîoute dans de l’efprit- de
vin donne une teinture , dont quelques gouttes
jéttées dans l ’eau là rendent trouble & laiteufè
c’eft ce que quelques-uns appellent lait virginal, 31 es dames en font ufage à là toilette comme d’un
CO'fmétique.
Styrax ou ftorax calamite.
' Le ftyrax ou ftorax calamite eft une réfîne qui
découle d’un arbre , connu fous le nom d
b ou fier.
Cet arbre eft de la grandeur d’un olivier & croît
dans lès forêts de la Provence , de la Syrie & de
-la- Cilicie. Il rèfîemble au côgnaflîer par fon tronc,
fbn écorce & fos feuilles , le fou elles font vertes
au-défliis , blanches & velues en-deiïous. Ses fleurs
font fomblablés à celles de l’oranger , blanches ,
odorantes : fon fruit eft une baie peu charnue, qui
contient deux noyaux.
Cet arbre , recherché dans le printemps par la
-beauté de fes fleurs , l’eft encore davantage par une
réfîne qui .découle d’incifîons que l’on fait à fon
tronc & à fes branches, & que l’on vend dans les
boutiques des droguiftes & des parfumeurs.
La réfine du ftorax calamite eft brillante, grisâtre
, allez folide, un peu graffe, s’amoliiflant fous
les dents , compoîee de grumeaux ôu miettes blanchâtres
, fomblablés à des 'amandes càffeés , blan- j
ches, enclavées dans une réfine grumeleufe, d’un
goût réfîneux.un peu âcre , affez agréable, d’une J
odeur de baume du Pérou , très - pénétrante &
foave.
Quand cette réfîne eft nouvellement caffee , ou
que l’on en jette -fur les charbons, elle -fe fond
promptement für‘lé feu , s’enflamme Iqrfou’on l’ap-
pire'è'He> d’une boùgièallumée, & forme une lueur
très-ëlaire.
L ’épithète dé calamitelui a, été donnée , parce
qu’on l’apportoit autrefois à Marfoille de la Pam-
pnilie , enveloppée dans des rofèaux.
Le ftorax firaflé eft gras, ‘comme mielleux. On
n’y reconnoît aucunes larmes .blanches de ce même
fu,q réfîneux.
. Ce' que les marchands honiment fi oràx-en fârilles
n’eft autre chofe qu’une fciure de 'bois rouge, mêlée
avec un peu de ltirax liquide,& du ftorax ftra&é.
En cet état, c’eft le -plus exquis des parfums réfîneux.
On le préfère même pour brûler-, -au-ftorax
ppr.
On forme par liquéfaction du ftorax , dés tablettes
ou paftilles pour parfümér les églifes.
Le fiyrax liquide eft-une forte de réfîne ,, liquide
, gluante , peu ou point tranfparente , d’un
gris, brun , d’une odeur forte de ftorax folide, d’un
goût un -peu âcre & aromatique.-
- Jacques Petivier , apothicaire de Londres & habile
naturalifte , rapporte , dans les Tranfa fiions
pbàioftpphiques. n6 313 , que .c’eft le foc d’un certain
arbre, qui s’appelle rofa mallos , qui naît a
l’ifle. de Cobras dans la mer Rouge, éloignée dè
trois" journées de la ville dè Suez'.
On enlève l’écorce de cet arbre tous les ans ;
on la pile & on la fait bouillir dans de l ’eau de
mer jufqu’à la confiftance de glu : enfoite on recueille
la fobffohce réfîrreufo qui nage, dèfliis :. pour
la purifier, on la diflout de nouveau dans de l ’eau
de mer & on la pane.
On renferme fépare ment dans de petits tonneaux
cette réfîne ainfî purifiée, ainfï que le réfidu épars
qui refte après la purification.
On tranfporte ces deux fortes de ftyrax à Moka,
lieu ou fe tient là fameufe-foire d’Arabie.
Le liquidambar ou copalme eft nommé par les
européens le fiyrax ou fionax d'Amérique.
Ce baume provient d’un arbre de la Louifîane
fort ample, grand , branchu, touffu & très-beau.
On croit que c’eft le platane de la Virginie.
Il découle avec ou fans incifîon de. l’écorce, de
cet arbre un baume odorant & très-pénétrant.,, qui
eft lé liquidambar.
. Ce foc réfîneux eft d’une confiftance'de vernis,
gras,, d’un jaune rougeâtre, cla ir, d’un goût âcre
aron&tique, d’uhe odeur qui approche du flyrax ou
de l’ambre gris.
Il fe fépare quelquefois du liquidambar nouvellement
récolté, une matière balfamique , oleagi-
«eufe , roüffltre, très-limpide & fort fluide, qu on
nommé huile .de liquidambar ; elle eft beaucoup
odoriférante & nage, fur le batime;
On dit que les habitans de la Virginie,, apres
avoir coupé par petits morceaux les rameaux & 1 e-
cotee de cet arbre, les font bouillir dans de 1 eau,
(ûr laquelle on'voit furnager. une liqpeur huileufe
qu’ils vendent pour le vrai liquidambar.
On mêle auffi l’écorce de cet arbre , coupée par
petits morceaux,.avec le vrai liquidambar pour lm
conferver fon odeur douce.
Les miflionnaires mettent du bois de cet arbre
dans leurs ene'enfoirs, en place d encens.
Son odeur modérée, eft très-gracieufe. On trouve
rarement de ce baume dansles boutiques, parce qu on
préfère le parfum des fleurs a ces aromates etrangers.
Ladanum ou laldanum.
C’eft fur le cille, .petit >rbriffeau qui croît en,
Cypre, eh Candie, en Grèce, en Italie , que l’on
recueille le ladanum , fubftance réfineufe que Ton
vend dans les boutiqueSifous le nom de labdanum
& de loden des arabes.
Pour faire cette récolte du ladanum, les moines
grecs , les caloyers , & même certains payfâns fe
tranfportent, pendant la plus grande ardeur de |a
canicule, fur les montagnes qui font auprès d elà
Canée, autrefois le fameux Cydon , Capitale de
l ’iflede Crête , for'les montagnes de l’ifle de Candie,
entr’autres au pied du mont .Ida & autres ifles
de l’Archipel. Ils font armés de fouets formésd’un
grand nombre de lanières de cuir en forme de franges
attachées au bout d’une perche.
« Us les pàflent & repaflent fur' les cilles. La matière
réfineufo, qui tranfpire alors de tous les pores
de la plante, s’attachent à ces cuirs dont ils la
détachent en les grattant.
C’eft alors- le ladanum pur. Cette. fubftance s’a-
glutine en mafle molle , gluante , inflammable ,
.-d’un gris noirâtre, d’une odeur agréable, èc d un
goût âcre balfamique. On l’envoie dans des peaux
ou, veffies.j c’eft la meilleure.
Autrefois on recueilioit Je labdanum en piquant
la barbe & les poils des jambes des chèvres ^ui
avoient brouté le cifte, & auxquels cette matière
graffe étoit adhérente par fa vifeofîté; & comme
il y reftoît toujours quelques brins de p o il, les
marchands nommoient cette réfîne labdanum en
■ bar.be.
Dans le commerce, il s'en trouve d une autre
forte en pains tortillés , durs , fragiles , s amolifo.
font cependant à-la chaleur , d une odeur xoible ,
;mêlangé .avec du fable noir, ferrugineux , tres-fin
& avec des -ré/lnes- odorantes communes qu on a fait
fondre enfomble j c’eft celui qu’on nomme labda-
num intortis , & qu’on fubftitue fouyent au labda-
num pur.
Les dames grecques & cîrcaffiennes portent fou-
vent à la main des boules de. labdanum , mêle avec
de l’ambre & du maftic en larmes, & s en fervent
pour les flairer : c’eft un' parfum agréable.
Les parfumeurs préparent une huile odorante de
labdanum : on le fait entrer dans la compofîtion des
paftilles.
Galbanum, foc réfîneux 8c gommeux fort connu
des. anciens, & qui découle d’une plante ferulaçee
ou ômbelifere que Diofooride appelle metopion , &
que Tournefort a rapportée au genre d'oreo je -
linum,
Cette gomme réfîne entroit, par l’ordre de Moîfe,
dans la compofîtion du parfum qui devoit etre brûle
for l’autel d’or.
Le galbanum eft une fubftance graffe, duélile
comme de la cire, à demi tranfparente , brillante,
dont la nature tient en quelque manière le milieu
entre la gomme & la réfîne *, car elle s’allume au
feu comme la réfîne, fo dilfout dans 1 eau, le vin ,
fe vinaigre comme les gommes, & point ou difficilement
dans les huiles. Sa couleur eft blanchâtre &
. prefoué tranfparente lorfqu’elle eft recente, enfuite
jaunafre ou rouffe , d’un goût amer, acre, dune
j odeur forte.
On trouve deux efpèces dé galbanum dans les
boutiques, l’un eft en larmes , & 1 autre eft en pain
ou en mafle.
Le premier eft le meilleur : on 1 eiiime quand il
eft récent, pur , gras -, médiperement vifepeux ,
: inflammable , formé dè grumeaux blanchâtres &
brillans , d’un goût amer & d’une odeur forte.
Le galbanum en mafle .doit être choifî le plus,
net qu’il fera poflible , foc & d une odeur forte.
On jette celui qui eft brun, fordide , mele de
matières étrangères , de fable , de terre, de bois ou
autres parties de la plante qui le produit. Il paroif
cependant ne différer du; galbanum en larmes qu’a
caufe de la négligence & du peu de foin qu’on a eu
à le recueillir.
Pourrie-nettoyer , on le met dans l’eau, bouillante
, & quand il eft fondu on en ote facilement les
ordures qui fornagent.
On l ’altère quelquefois avec de la réfîne , dey.
fèves blanches concafîees & de la gomme amonia-
que. Le meilleur moyen d’éviter cette falfification
eft de le tirer de bonne maiiu