
La première couche , pour l'ordinaire, établit
le niveau ; les couches Suivantes font alors uniformes
en épaifleur.-
Le point effentiel eft de faire régner par-tout
le niveau dont je parle. La pratique fera le grand
maître: toute inftruéfion théorique ne formeroit
pas un ouvrier.
11 en eft de même pour le poli qui termine
l ’ouvrage, fans l’habitude de manier une truelle;
de la conduire avec facilité ; de la promener ici
légèrement, plus loin en l'appuyant davantage ;
Il eft fenfîble que l ’on ne réuflira que très-imparfaitement.
Au refte, il n’exifte point d’art qui ne
préfente aux débutans quelques difficultés à vaincre.
Revenons fur nos pas. Avant d’entreprendre une
couche nouvelle , on attendra toujours que la précédente
foit raffermie ; elle doit même être fèche.
Cette précaution eft doublement nécefîaire à
1 egard de la première couche ; en la tourmentant,
en la fatiguant trop tôt d’un poids additionnel
, on allongerait, on briferoit peut - être les
crochets qui la fufpendent. Dans les deux cas ,
elle quitterait les lattes.
Les crevafles d’ailleurs qui naifîent inévitablement
à mefure que la matière perd fon humidité,
ne feraient pas ouvertes encore, & ne pourraient
point être rebouchées.
Il faut que la fécondé couche remplifle les cre-
vaffes de la première; & la troifîème couche, les
crevaffeo; de la féconde, qui dans celles-ci feront
prefqu’impereeptibles, fi l ’on ne s’eft point trop
hâté.
Des cloifons en plafonnage,
Parmi toutes les cloifons connues, il n’en eft
pas qui pèfent moins fur un parquet.
A neuf pouces d’intervalle entr’eux , on élève
perpendiculairement des montans équarrés fur deux
pouces.
On les afïujettit folîdement : on les latte de
part & d’autre, & le plafonneur revêt les deux
côtés à l’inftar des plafonds horifontaux,.
Ces cloifons n’ont abfolument en leur faveur
que la légèreté. Elles font coûteufes , & ne rompent
qu’à demi le bruit des appartemens voifins.
Quand on a l’argile à portée, il eft mieux de
ïatter à claire voie ,. & de combler -en entier le
vuide des montans. Si l ’on appréhende qu’un tel
maflif n’ait trop de poids , on réduit les montans
à douze ou treize lignes d’épaiflèur.
Ce travail étranger à l’art p.réfent, rentre dans
celui du plaqueur en argile. On peut recourir aux
détails que j’y ai développés.
Du plafonnage fur les murs.
Il eft inutile d’employer trois couches pour les
murs, & la majeure partie des ouvriers s’en tiennent
à deux. La première établit aifément le ni-*
veau convenable.
Quelqu’en foit l’épaiffeur, on n’a pas à rifqueç
qu’elle abandonne fon point d’appui.
Un mur habituellement humide , ne permet pas
qu’on le plafonne.
Du plafonnage fur bois,
On fait que le bois ne faifît ni la chaux ni
l’argile, pour y fixer ces matières, on a cependant
un double moyen ; lës hachures & les clous*
Les hachures- détruifent le poli du boîs , le he-
riffent d’écailles , & fourniffent ainfî de nom-
breufes cavités où le mortier s’accroche.
Les clous, qu’on enfonce jufqu’à trois lignes de
leur tête, produifent lé même effet, fur-tout fi la
quantité n’en eft pas épargnée , & que Les têtes
aient un certain diamètre.
Le fer doit être recouvert par la première cou~
che ; cette attention garantira de leur rouille la
couche extérieure..
Des ornemens en pîafonnage,
Jufqu’ici nous n’avons parlé que des ouvrage*
unis. Voyons par quels procédés on parvient à les
décorer.
Des gorges.
On appelle gorge , cette large bande qui fous
une forme creufe encadre un plafond, & fe replie
contre les lambris dont ellq cache aux yeux p-lu--
fieurs pouces par en haut.
L ’étendue des appartemens détermine la dimenfio»
des gorges : mais quelque étroites qu’elles foient y
elles embelliffent toujours le point angulaire qu’elles
occupent, & l’oeil qui en a joui, no s’accoutumerait
que difficilement à la fùpprelfion.
Pour les pouflèr régulièrement, on applique autour
du lambris ou du mur une tringle en bois,
fur laquelle on afîeoit le pied de la gorge. Sa
partie fupérieure fe confond avec le plafond , 8c
fait corps avec lui.
Quand tout eft fe c , on enlève la. petite tringle
qui devient inutile, puifque la matière fe trouve
cramponée , tant'contre le plafond, qu’au-defïus.
du lambris contre les murs.
Un ouvrier expérimenté mène une . gorge à la.
fîmple vue, fans tâtonnement > il lui imprime la
èoncavïté qui convient. S’il craint de la tordre,
il confulte un calibre ; mais la tringle d’une part,
& de l’autrë une ligne empreinte fur le plafond,
ne lui permettent guères de s’écarter.
Une gorge , qui fur fes bords ne ferait point àc-"
compagnée de moutures , manqueroit abfolument
de grâces ; ainfi n’en voit-on que rarement d’un
pareil -genre.
Les gorges anciennement étoient fuppléées par
des corniches en bois.
Des moulures.
Les moulures font formées par une addition de
ïnatières dont on furcharge des parties nouvellement
plafonnées. S’i l s’agit d’une moulure droite,
& de quelqu’étendue, on renferme la matière entre
deux1 règles parallèles fermement clouées.
On fait couler au milieu d’elle un calibre,
planchette mince, portant en creux fur fon champ
Je deffin qu’on veut produire en relief.
Il faut beaucoup d’ufage pour conduire le calibre
, & n’emporter rien de trop.
Les mains alternativement le pouffent en avant
& le ramènent ; par cette preffion réitérée , la
matière fe moule conformément au deffin , & le
fuperflu fe trouve raclé.
J’omettois que deux épaulemens retiennent le
calibre, en l’empêchant & de fe dévoyer, & de
pénétrer plus profondément qu’on ne le défîre. Partout
alors la moulure prend une épaiffeur uniforme.
La matière ne doit point être trop molle.
A mefure qu’une longueur eft achevée , on détache
les règles. La truelle bouche le trou des
clous, & répare les petits défauts.
Si la moulure eft courbe, l ’ouvrage devient bien
moins courant. On n’a plus la reflource des règles
conductrices : on eft contraint de s’en fier à la juf-
teffe de la main.
Toute moulure courbe exige que d’avance on
fillonne une double trace fur la furface qui va le
recevoir. On applique la matière entre les traces :
le calibre a du moins un guide qui dirige fa
marche.
Des bas-reliefs.
C’ëft ici la partie la plus brillante & la plus
(difficile de l’art ; tout eft adreffe , & quelquefois
génie.
Il faut que d’une maffe'informe l’ouvrier fâche
tirer un payfage, des fleurs^ des animaux, & mille
autres objets qui imitent la nature.
Le deffin & des principes de fculpture font donc
nécefiaires au plafonneur qui veut fortir de la clafle
commune.
Comme le fculpteur , il fait ufage d'ebauchoirs
& de hoches ; mais fes inftrumens principaux font
une fuite de truellettes dont la dernière nè furpafle
pas la grandeur d’un ongle.
Tout ce que j’ajouterais actuellement pour les
détails, rentre dans l’art de modeler en terre, & je
ne puis faire mieux que d’y .renvoyer le leéteur.
Cet art décrit par un amateur éclairé, mettra
dans tout leur jour les procédés que je fupprime*
VoyeT^ le diftionnaire des arts libéraux,
Saifon de plafonner.
Il n’eft pas de faifon où l ’on ne plafonne avec
fuccès. L ’hiver pourtant on ufe de précautions.
L ’argile, le mortier, & l’appartement doivent
être garantis de la gelée.
Blanchiment des plafonds noircis.
On diflout de bonne chaux blanche dans de
l’eau & même dans du lait.
Cette manipulation tout fîmple qu’elle paroifte,
aftreint, cependant, comme mille autreschofes dans
les arts, à de petites attentions qui rie font point
indifférentes.
Je remarquerai d’abord que l ’eau mérite la préférence
fur tout autre liquide.
RemplifTez-en une terrine , & jettez-y la, chaux ,
un morceau feul a la fois. Que l’eau lafubmerge toujours
amplement; en moins d’une demi-heure la
fufîon fera complette. Inclinez alors la terrine, &
faites écouler l'eau fupérieure, elle if aura pas changé
de couleur. Elle eft donc à rejetter puifqu’elle eft
abfolument pure.
Plus bas, c’eft une eau très-blanche , un,e vraie
crème de chaux : on arrête l ’écoulement auffi-tôt
quelle paraît.
Il ne refte qu’à tamifer cette bouillie dans un
autre vafe, & de l’éclaircir avec beaucoup d’eau.
A l’aide d’une broffe on en enduit le plafond à
deux, trois ou quatre reprifes. Il vaut mieux multiplier
les, couches que de les employer épaiffes;
elles tomberaient par feuillets.
La fucceffion des couches fuppofe que les pré-*
cédentes feront déjà fèches.
Avantage des plafonds.
Outre l’agrément extérieur des plafonds, ils ferment
encore le paffage à l ’air , & rendent nos de-
I meures plus clofes.