
particulier, avoir le foin de ne pas mélanger les
cendrées de foudure avec les cendrées qui proviennent
du plomb.
Lorfque les ouvriers ont lavé,toutes leurs cendrées
de plomb & qu’elles ont affez fué, ils doivent les
retirer du quatrième tonneau où elles ont été jettées
pour rendre leur eau , & en former un tas dans
un coin de l’attelier, où ils foient à portée de les
prendre pour les verfer dans le creufet, & procéder
à l’opération du raffinage que nous décrirons
dans l ’article fuivant.
Ils prennent enfuite les cendrées qui proviennent
des fontes des foudures, où il y a les deux
tiers d’étain , & ils les lavent comme celles de
plomb, ainfî que nous venons de le dire ; ils les
font également paffer par trois eaux : ils les mettent
égoutter dans le quatrième tonneau , & les en
enlèvent pour les travailler lorfqu’il en fera temps.
Autre manière de loyer les cendrées.
Nous n’avons décrit qu’un lavage domeftique, &
fait par le fecours de l’eau d’un puits ; on peut
s’y prendre d’une autre manière lorfqu’on a une rivière
à fa portée.
Ce lavage eft plus e x a â , diminue la main-
d’oeuvre , & par conféquent retranche une partie
des frais.
Il n’eft donc pas hors de propos d’en parler. Il
n’eft befôin , dans ce cas, que d’un baquet &
d’une fébille ou panier : alors trois ouvriers peuvent
faire plus d’ouvrage à eux'feuls , que huit
n’en fauroient faire en s’y prenant comme nous
Venons de le dire.
L ’un commence par garnir un panier de cendrées
, un autre ouvrier le prend, le_plonge dans
la riviere, & en fait fortir toutes les matières étrangères
avec fa truelle ; il le vuide & le remplit
plufïeurs fois de l’eau de la rivière, qui emporte
dans fon courant les parties qui fe trouvoient unies
à là cendrée de plomb : cela fe fait fans qu’on ait |
befoin d’aucun tonneau , parce que l’eau de j 3a rivière , qui fe renouvelle à chaque inftant , !
entraîne l’eau qui fe falit.
L ’autre ouvrier écarte les terres lavées' fur un
-grand drap, qu’il étend au bord de la rivière pour
■ les faire fécher ; quand elles le font fuffifamment,
on les charge pour les tranfporter à l’attelier.
On choifit pour ce travail des jours de foleil,
parce qu’on a la facilité de faire cefïèr fes cendrées
promptement : c’efl le plus court expédient
quand on le peut ; mais il n’ eft pas toujours pojfïi-
ble d’en ufer : on eft fouvent forcé de recourir à
l’eau de puits, fur-tout lorfque les eaux de la rivière
font grofïes ou troubles : de là vient que nous
avons donné deux manières différentes de laver
les cendrées, afin qu’on fe ferve de l’une ou de
l’autre, félon que les temps le permettront.
Il nous refte à préfent à expliquer la manière
de revivifier ce» parties décompoféeS de plomb
ainfi lavées*
De la fonte des cendrées.
Lorfqu’une fois les cendrées font lavées , 8C
qu’on les a fait fuer, on les paffe au creufet pour
les revivifier par la fùfion.
Ce que les plombiers-,raffineurs appellent leur
creufet, eft un fourneau qu’ils font conftruire ordinairement
, & autant qu’ils le peuvent, en briques
de Bourgogne : ils les préfèrent à toutes les autres
, parce qu’elles font naturellement fort dures ;
elles ne font pas fi fujettes à fohdre , & réfiftent-
, davantage à l’activité du feu qu’ils font obligés de
faire dans leur creufet pour mettre les chaux de
plomb ou d’étain en fufîon, & les revivifier.-
i La forme de ce creufet eft quarrée, 8t a environ
quatre pieds 8c demi de haut fie trois pieds de
large : il eft tout maflif ; il n’y a dans le milieu
qu’un petit canal qu^ eft courbé & fait en pointe i
il eft large ; il eft un peu profond ; il fait un petit
coude , 8c étroit par le bas.
Sa plus grande ouverture eft placée fur la furfàce
horifontale de la maçonnerie : elle a environ qua-r
tre pouces de long fur fix pouces de large ; c’efl
par cette ouverture qu’on charge le charbon & la
cendrée du plomb qu’on veut raffiner ; c’eft auftî
par cet endroit que fartent la flamme & la fumée
de charbon; c’eft, à proprement parler , le foyer dur
creufet.
L ’autre bout de ce canal.*, qui n’a que quatre
pouces en quarré, eft l’endroit par lequel le plomb
revivifié coule dans une chaudière que Ion a toujours
foin de mettre au pied du creufet pour le recevoir;
c’eft pour cet effet qu’on a donné une-pente
de quelques pouces.
L ’ouverture eft à deux pieds de terre. Il y a en
dedans de ce canal une plaque de fer, qui étant
coudée, revêt le devant du canal & une entrée au
fond , pour jéfifter aux coups de pince qu’on donne
pour brifer le mâche-fer & en faire fortir le métal ;
la plaque a au milieu une ouverture de quatre
pouces, par où coule le plomb revivifié qui's’y
rend par le canal.
Dans le milieu du coté droit de ce creufet, on
fait paffer la tuyère d’un foufflet, qui eft femblable
à ceux des maréchaux ; ce tuyau ou cette tuyère
doit répondre au coude que fait le creufet dans la
conduite de décharge.
On fait jouer le foufflet par le moyen d’une
brinbale , dont le point d’appui eft attaché au plancher
de l’attelier.
Au deflus du creufet eft une cheminée pour en
recevoir la fumée ; fon manteau eft de plâtre, &
enveloppe tout le creufet. On doit le faire félon
remplacement qu’on a,
Ce manteau eft foutenu & attaché au plancher
de l’attelier avec des bandes de fer.
La conftruâion de ce creufet eft ce qui Coûte
le plus dans le. raffinage, parce qu’il faut le re-
conftruire plufïeurs fois dans une année.
Cela n’eft pas étonnant : le feu qu’on eft obligé
d’y faire , fond, au bout d’un certain temps, la;
brique, quelque dure qu’elle foit , fur-tout à l’endroit
où eft le foufflet, parce que fon vent fait revenir
la flamme avec vivacité fur la brique ^ qui
l’environne, & rien ne peut réfifter à fon aétian :
une fois que la brique eft fondue en plufièurs endroits;
il faut reconftruire le creufet, parce qu’au-
trement le plomb fe perdroit.
Quelques-uns de ces creufets font faits de façon "
que la flamme fort par les deux bouts du canal, .
parce qu’ils font moins refTerrés en dedans que celui
dont nous venons de parler, & ils ont de l’a- I
vantage furies antres ; mais la flamme & la fumee ■
fe répandent dans l’attelier , faute d’autre ifliie ; 8c
cette fumée caufe de fî violentes coliques aux ouvriers
, qu’on eft forcé de préférer ceux que nous.,
venons de décrire , quoique moins bons a plufïeurs
égards.
Pour que les briques réfiftent plus long - temps
fans fe fondre, on peut faire, à chaque fois que
l ’on conftruit un nouveau fourneau, un petit enduit
avec le mâche-fer qu’on en tire ; pour cela ,
ou broie ce mâche-fer, & on en m|le une grande
quantité avec le mortier qu’on y emploie : cela
forme un ciment qui réfifte plus long-temps au feu
que le mortier ordinaire.
Du charbon qu'on, emploie pour l'allumer.'
On fe fert ordinairement du charbon d Yonne ;
c’eft -celui de tous ceux qu’on apporte à Paris , qui
brûle le mieux & qui fe confume le moins vite : il
fonne comme du verre.
Quelques - uns prétendent que le charbon qui
prévient des châtaigniers d’Auvergne , lui feroit
préférable ; mais on ne peut guère s’en procurer
dans ces pays-ci.
De la façon de l'allumer.
On jette d’abord une pellée de braife dans le
foyer ; elle tombe dans le coude que fait le creufet
, en dedans de la maçonnerie , à l ’endroit où
répond le tuyau du fouffletafin que le vent la
tienne bien allumée ; on-met enfuite fur cette
braife une pellce de charbon , dont on fait une
première couche : on met enfuite une couche de
cendrée.
On continue de former ces couches alternativement
, jufqu’à ce qu’on ait rempli le foyer, ce
que les raffineurs appellent charger le creufet,
Pendant cette opération, l ’on fait toujours agit
le foufflet pour allumer le charbon qui fait bientôt
fondre la cendrée : elle fe revivifie au moyen du
pfllogiftique que le charbon lui communique.
Après que le fourneau ou creufet eft chargé des
premières couches, & lorfqu’il eft bien allumé, il
faudra mettre de la cendrée tout autour, pour
qu’elle achève de fe fécher, afin qu’elle ne ralen-
tifle pas le feu lorfqu’on en fera couler dans le
foyer ; ce qu’on fait avec une petite pelle, à me-
fure que ce qui eft dans le creufet fe confomme.
Il faut le remplacer ainfî par de nouvelles matières
pour la continuation de l’opération.
Le feu confumera une partie des corps étrangers
qui environnoient la cendrée-, & en calcinera une
autre partie qui étoit mêlée 'avec le charbon ainfi
qu’avec la brique , qui, fondant toujours un peu
à chaque raffinage , forme des fcories qu’on appelle
le mâche-fer.
Les flammes qui fortent de ce creufet, font de
toutes' couleurs , mais ordinairement blanches : elles
font agréables à l’oeil ; l ’ouvrier qui les approche
de plus près, doit prendre garde de ne pas
refpirer la fumée qui fort de ce foyer, pour éviter
les coliques qu’elle donne ordinairement, & qui
font des plus dangereufes ; l’habitude n’y fait rien :
elles n’épargnent pas plus ceux qui ont déjà plu-
fi.eurs années de travail, que ceux qui entrent dans
l ’attelier pour la première fois.
Pour fe prémunir contre ces coliques, les ouvriers
ufent -d’eau-dej-vie , & prétendent , peut-
être mal - à - propos , qu’ils y font alors moins
fujets.
Le plus sûr moyen qu’on ait pour s’en préfer-
ver , eft de faire la hottede la cheminée large ,
& d’élever le creufet fous cette hotte, afin que la
cheminée en pompe toute la fumée.
De la manière de recevoir le plomb qui coule du
creufet.
Il .faut avoir une chaudière de fonte, d’environ
un piéd de haut fur deux de large ; la hauteur
ne peut pas être augmentée, parce qu’il faut qu’il
y ait quelque diftance du canal par cù le plomb
coule, à la chaudière.
Mais il n’en eft pas de même de la largeur;
plus la chaudière fera grande, plus ou aura de facilité
à écumer le plomb qui doit y tomber.
Il faudra qu’on place cette chaudière au pied du