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S’il fè trouve encore de l’humidité, i l faut la
faire liquéfier de nouveau. Lorfqu’ellë eft finie, on
la coule dans des pots., afin qu’elle s’y fige &
quelle en rempliflè bien toute la capacité.
On prépare de la même manière la pommade
de fleurs d'orange, de jafmin , & toutes celles qui
fe font avec les fleurs odorantes»
Nous prefcrivons, observe M, Baumé , dé faire
fucceflivement plufîeurs infufîons dans la graiflè
avec la quantité de fleurs que nous faifbns entrer
dans cette pommade, parce qu’il fèroit abfolument
impoflible que la graille pût imbiber & extraire
convenablement, en un moindre nombre d’infu-
fions, toute la fubflance aromatique de ces fleurs.
L a graifle de porc fè charge d’huile eflèntîelle
de fleurs de lavande, & d’une quantité de matière
refîneufè qui lui donne une légère couleur de verd-
pommé, '
La quantité d’huile eflèntîelle que ces fleurs
îaifle dans la graifle, diminue confîdérablement la
confî fiance;c'eft pour la lui rendre qu’on ajoute de
la cire après qu’elle eft faite.
Les lavages & les fufîons qu’on fait lubir à cette
pommade , font néceflaires pour féparer la matière
extradive des fleurs ; & pour la priver entièrement
de toute humidité, fans quoi elle ne pourroit le
confèrver , v. elle deviendroit rance en fort peu de
temps : mais il eft certain qu’elle perd cortfîdéra-
blement de Ion odeur pendant toutes ces opérations.
;
J’ai trouvé , ajoute M. Baumé, le moyen de remédier
en grande partie à cet inconvénient, en
délayant dix ou douze onces d’amidon dans cette
pommade figée. Deux ou trois jours après , je la
fais fondre au bain-marie : l ’amidon le précipite
Jous la forme d’une colle ou d’un mucilage, parce
qu’H s’eft emparé de l’humidité de la pommade.
Je la fépare de ce mucilage, & elle fe trouve privée
d’humidité en une feule fufion, mieux qu’en
cinq ou fix par la méthode ordinaire.
Pommades pour le teint.
Les pommades pour le teint font de deux elpè-
ees. Les unes font faites avec de la graifle de porc
ou de l ’huile d’amandes douces, avec du blanc de
tia|eine & de la cire-vierge liquéfiés- enfemble à
une douce chaleur. On agite ce mélange avec un
peu d’eau pour en former une elpèce de cérat.
Cette pommade , a la propriété d’adoucir la peau &
de l ’embellir.
Les autres pommades pour le teint font faites,
avec les mêmes matières qui entrent dans- celles
dont nous venons de parler , auxquelles on ■ ajoute
eu du blanc de cérufe, ou du blanc de-plomb, ,ou.
du magiiter de bifmuth.
P A R *
Ces pommades on t, à ce qu’on prétend, la propriété
de blanchir la peau, d’adoucir les rides &
de faire difparoitre les taches de rouflèur.
C ’eft avec ces fiibftances qu’eft compofée la pommade
d’Uvé.
Cette pommade ne rend la peau plus blanche
que pendant le temps qu’elle y féjourne , parce
qu’elle y Iaifle un enduit d’une chaux métallique
qui eft blanche par elle-même. Mais les Fubftances
tirées des métaux, & fur-tout du plomb, peuvent
être nuifîbles à la fanté ; d’ailleurs , fï ces fortes
de blancs contribuent à embellir pour l’inftant les
femmes,, ils font fiijets aufïi à les expofer à des
mortifications. En effet, fi- les femmes fè trouvent
expo fées par hafàrd à l’exhalaifon de quelques
odeurs fétides &; remplies de matières phlogiftiques,
cette compofîtion noircit aufti-tôt & préfènte un tableau
bien plus dcfagréable que les défauts naturels
auxquels les femmes font fi jalôufès de re-*
médier.
Voici encore le procédé d’une pommade pour
le teint, d’après les éiémeps de pharmacie de
M. Baumé.
Prenez de la cire blanche & du blanc de baleine
enfèmble . . . . .*................ ........ i demi-gros*
Huile* d’amandes douces.................. .. i once.<
E au .................. ........................ ............. 6 gros.
On fait fondre enfèmble dans un pot de faïence
, au bain-marie ou fur les cendres chaudes, la
cire blanche ou le blanc de baleine dans l ’huile
d’amandes douces : on coule ce mélange dans un
mortier de marbre, & on l’agite avec un pilon de
bois jufqu’à ce qu’il (oit froid, & qu’il ne pareille
plus de grumeaux. Alors on y mêle l’ eau peu à?1
peu : on l ’agite jufqu’a ce que l ’eau fbit bien incorporée.
Cette pommade devient extrêmement blanche
par l’agitation ; elle eft légère & fèmblable à
la crème : ce qui la fait nommer pommade a la
crème.
Cette pommade eft un excellent cofmétique#
Elle eft très-bonne pour nourrir la peau , pour l’adoucir
& faire difliper les rides caufées par la fé-
cherefîè.
Quelques parfumeurs, y ajouténturi peu de baume
de la Mecque pour augmenter fa vertu : quelquefois
on l’aromatifè avec quelques gouttes d’huile
efîèntielle , ou bien l ’on y fait entrer, de l’eau-rofe
ou de fleurs d’oranges, en place d’eau ordinaire.
Cette pommade eft encore bonne pour empêcher
les marques de la*- petite-vérûlë;
Dans Ce dernier cas, , on la mêle avec un pende
faffra'n en poudre & quelque poudre defficatîve
comme des fleurs de zinc ou dé la craie de Briançon*
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Quelques perfonnes font cette pommade avec un
gros de cire blanche , une once d’huile d amandes
douces, & fuffitate quantité d’eau. Mais, comme
on cherche une grande blancheur dans cette^ pommade
, M. Baumé a remarqué qu’elle en a infiniment
davantage Uorfqu’on'y fait entrer du blanc
de baleine. On ne doit employer que du trcs-beau
blanc de baleine récent & point rance ; cette drogue
é t a t fiijettè à jaunir & à rancir eft vteillif-
fant.
I l convient aufli, pour avoir cètte pommade par
fàitement blanche , d’employer de i’huiie d aman-
dés douces , faite avec des amandes éçorcéés.
L a quantité d’eau prefçrite -dans-cette .recette ,
eii celle qui peut relier incorporée avec les autres
fübfiahçïs fans fè fépàrèr. Si Ton en mettoit une
plus grande quantité , elle ferait inutile , 8c elle
ôterait le coup-d’oeil unique que doit avoir cette
pommade*
L ’eau, en fe mêlant avec un corps graiffeux,
les divife de plus en plus, & en relève la blancheur
confîdérablement.
Pommade de concombres.
Prenez graiflè de porc.................... • • •. 2- ijvres»
Concombres & melons bien mûrs enfemble. 6 livres.
Verjus .............. .............. • •• i livre*'
Pommes de reinette................................. N°., 4.
Lait de vache.................. ......................... 2, livres.
On coupe grofliérement la chair des melons ,
des concombres, & les pommes de* reinette. On
fépare les écorces feulement ; on écrafe le verjus.
On met toutes ces chofès dans le bain-marie
d’un alambic, avec le lait & la graifle de porc.
On fait chauffer ce mélange au bain-marie pendant
huit ou dix heures : alors, on paffe avec ex-
preflion, tandis que le mélange eft chaud.
On expofe la pommade dans un endroit frais
pour la faire figer : on fia fépare de l’humidité qui
le trouve defîous : on la lave dans plufîeurs eaux
jufqu’à ce que la dernière forte claire. On fait re-
‘ Sudre cette pommade au bain-marie à plufîeurs
r eW e s , pour la fépàrer de toutes fes fèces & de
tout^fon humidité , fans quoi elle rancitoit en
fort pèu de temps : on la conferve dans des pots.
On faits encore une pommade fîmple de concombres
, en faifant chauffer enfemble de la graiflè
de porc & des concombres pelés & coupés par morceaux
: on procède pour lë'réfte de la préparation
de cette pommade comme poiir la précédente, &
on la conferve dans dès pots.
L ’une & l’autre pommade font cofmétiques ; elles
fèrvent à adoucir la peau, & à la maintenir dans
un état de foupleflè & de fraîcheur.
Pommade jaune ou rouge pour les lèvres.
Prenez cire jaune................................... 2. onces ■§
Huile d’amandes douces . . . . . . . . . . . . 4 onces.
' On fait fondrelà cire dans l ’huile : on laiflè refroidir
le mélange ; il acquiert lin dégre de confîf-
tance'çonfî,dérable:.on racle légèrement lapoinmade
| avec line fpatule : elle fe ramollit beaucoup,: en
| la met à mefùre dans un mortier de marbre. Lori-
| qu’on l’a toute raclée., on l ’agite d&nsle ^mortier
| avec un pilon de bois pour faire difparoitre une
infinité de petits grumeaux qui proviennent de ce
; qu’on l ’a ratifiée un peu trop brufquement.
On ferre la pomïnè dedans un pot.
Cette pommade eft .adoucifîante : elle eft bonne
pour les gerçures des lèvres, pour les crevaffes des
mains & du’ fein, ,& pour adoucir la peau.
On prépare encore cette pommade en ajoutant
le fiie exprimé d’une ou deux grappes de railîns
qu’on mêle avec l’huile & la cire.
On en fait évaporer toute l’bümidité à une douce
chaleur : on pafle la pommade au travers d’un linge
fin , & on là mêle dans dès cartons .pour en former
des tablettes : on conferve la pommade fous cette
: forme fans la ramollir.
Quelques perfonnes aiment mieux que cette pommade
foit rouge*, alors on la rougit avec un gros
ou- deux d’écorce dé raejne d’orcanette.
On peut aromatifer cette pommade avec quelques
gouttes huiles eflèntielles agréables.
Autre pommade contre les dartres , les boutons, les
crevaffes_ , lés engelures , les écorchures, &c.
Prenez trois livres de graiflè de porc male que
' vous battrez aflèz long-temps poür pouvoir féparer
& enlever les parties membraneufes & filamenteu-
fès qui la contiennent.
Lavez-là bien dans l’eau claire; faites-la fondre
dans im plat vernîfle , où dans une câflèrôle fur Je
feu. Lorfqu’elle ferafondue, jéttez-y deux ou trois
pommes de reinette', coupées en tranene , que vous
laifferez cüiré un peu de temps : mettez-y en fuite
fèpt ou huit dragmes d’orçanette., dont l’écorce de
la racine donnera une çôüleùr roüge à la pommade,
en laiffant bouillir le tout encore quelque temps ;
païïèz enfuke là matière dàns un linge en l’exprimant
légèrement; remettez cettë graiflè fur le feu
dâns: la" même cafleroîè. Ajoûtez-y . cinq a. fîx on-
cés' dé cire blanche &" vierge , coupée en petits
i morceaux. 1 ï*J •
| Lo.rfque .la cire fera fondue, jettez dans la com-
pofition trois dragmes de camphre que vous aurez:
diflous féparement dans un mortier avec un peu