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d’eau de vïe : ajoutez en même - temps uii verre
d’eau-rofe & fîx dragmes d’huile d’amandes douces ;
le tout étant bien mêlé , après l’avoir laiffé un peu
bouillir, vous le retirerez de deffus le feu ; la pommade
fera faite*
Etant encore chaude & fluide, vous la verferez
dans des pots pour vous en fervir au befein, & en
frotter l'es parties affligées.
Ce Uniment le conlerve plus d’une année entière.
Pommade pour garantir le v i f âge des taches de la
petite-vérole.
Un moyen qui empêcheroit la matière des boutons
de la petite-vérole de caver, pareroit aux fuites
défàgréabfes de cette cruelle maladie.
. En voici un des plus Amples, peu coûteux, &
éprouvé plufîeurs fois, dit-on , avec beaucoup de
fiiccès.
Lorfque l’éruption de la petite-vérole eft faite,
& que les boutons commencent à groffir & à fe
remplir de pus , on n’a qu’à prendre de la craie
bien pulvérifée que l ’on mêlera avec de la crème
nouvelle ; on en fera une efpèce de pommade un
peu liquide, afin d’en pouvoir aifément frotter le
vifage du malade.
On fe fervira d’une plume pour appliquer cette
pommade fur le vifage, & on aura foin de la re-
nouveller à mefere qu’on s’appercevra qu’elle sèche.
Alors il n’y a point à craindre que le malade
fe gratte. La fraîcheur de la crème empêchera la
démangeaifon, & la craie qui y eft mêlée, defféchant
infenfiblement là matière qui eft renfermée dans
les boutons, l ’empêche de caver dans la chair & de
creufèr.
Pommade ftiptique de la comtejfè.
Cette pommade fe fait avec une once de noix
de galle, de noir de cyprès , d’écorce de greftade
de chacun deux gros ; de femac & d’alün de roche,
de chacun demi-once : on réduit toutes ces febftan-
ces en poudre , & on les incorpore avec une quantité
convenable de conlerve de rofes , dont la vertu
aftringente eft analogue à celle des poudres.
Taffetas Angleterre,
Les • parfumeurs débitent ce qu’on nomme le
taffetas d’Angleterre , dont on fait ufàge pour les
petites plaies de la peau. Voci la manière de l’apprêter,
fuivant le procédé publié, par M, Duhamel
de l’Académie des Sciences de Paris.
On tend fur un petit chaffls un morceau de taffetas
noir-clair : on paffe defîus avec une broilè
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fine plufieurs couches de colle de poifïbfl qu’on fait •
fondre dans de l’èau de vie.
Pour la dernière couche , afin que ce taffetas ait
plus d’efficacité, on mêle avec la colle un peu de
baume du commandeur,
Lorfque le taffetas eft fe c , on le coupe par pe-*
tits morceaux de trois pouces & demi dë large &
de cinq pouces & demi de long. On le réduit ainfï
en rouleaux pour le conferver.
M. Duhamel fa it, au fejet de ces emplâtres, une
obfervation. C ’efl que , pour les appliquer, il ne
faut pas humeder du côté de la colle, mais du côté
du taffetas.
On les applique fur les coupures & les écorchures.
Leur effet eft i°., d’empêcher le contad immédiat
de l’air,
i° . De tenir l’endroit bien propre , & de l’imprégner
des parties balfâmiques du baume qui entre
dans la compofition de ce taffetas, fous lequel la
coupure fe ferme & la peau fe renouvelle.
Le taffetas ne fe détache entièrement qu’après
toute la guérifen.
C o s m é t i q u e s.
Les cof/nétiques font tous les remèdes imaginés
pour rendre la peau belle, pour conferver la couleur
& la fraîcheur du teint, pour peindre les cheveux
, les fourcils , &c.
Criton l’athénien , qui vivoit vers l’an 3 f o de
Rome, confidérant que les grands n’ont pas moins
à coeur de faire paffer de petits boutons, des taches
de rouffeur, & en général tous les défauts de la
peau que de guérir d’une maladie férieufe, épuifâ
la matière des cofmétiques. dans un traité de la com-
pofîtion des médicamens.
Galien, qui le cite fouvent avec éloge, ajoute
qu’Héraclide de Tarente en avoit déjà dit quelque
çhofe, comme aufli la reine Cléopâtre ; mais que
ce n’étoit rien en comparaifen de ce que Criton
avoit écrit fer ce fujet, parce que du temps d’Hé-
raclide, & même du temps de Cléopâtre, les femmes
ne s’étoient pas portées, à cet égard, à l’excès
où elles parvinrent dans le fiècle de Criton. D’ail-
leursïle même Galien excufe Criton de s’êtrè attaché
férieufement à ces bagatelles, quoiqu’il fût
médecin de cour, & d’une cour qui ne les regar-
doit point avec l ’jnôifférence qu’elles méritent.
Celfe a judicieufement remarqué que la plupart
des cofmétiques les plus vantés ne font qu’un vain
amufement, un ppr charlatanifme ; qu’il eft inutile
i d’entreprendre de détruire le haie , les taches de
' rouffeur, lçs rougeurs du vifage ; que ç’eft une
‘ folie d’efpérer-de changer la couleur de la peau,
naturelle , encore plus de vouloir remédier aux ri-
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des; maïs que les femmes font tellement éprifes
de la beauté & du defir d’éloigner ou de réparer
les débris de la vieilleffe, qu’il eft impoflible de
vaincre en elles ce penchant, & de leur perfeader
la futilité de tous ces beaux fecrets qui portent le
nom de cofmétiques.
Effectivement les meilleurs fe réduifent, à les bien
pefer, au mérite des fimples frictions, des lotions
des liqueurs fpiritueufes pour la p r o p r e t é& de
celles qui étant onCtueufes peuvent être employées,
fans danger, pour décraffer , polir & adoucir
la peau.
Tels fent, par exemple, l’eau de fraîfes ; l’eau
de lavande; l’eau diftillée de fèves ; le fiic que
l ’on tire des fleurs de l’oreille d’ours ; l’huile de
myrrhe par défaillance ; d’amandes, de citrouilles,
de graines de melon, de noifette, de graines de
pavot blanc, de femence de cameline ou de mya-
grium ; l’huile de ben , de cacao tirée fans feu; la
cire de canelle de la compagnie hollandoife des
Indes orientales ; les pommades, où entre le blanc
de baleine, l’onguent de citron fait avec les camphres
& les émulfîons de fiibftances farineufes ; l’eau
de talc, tirée par la même méthode qu’on emploie
pour l ’huile de myrrhe & autres de cette
nature.
On range dans la même claffe le fiel de boeuf dif-
t illé , mêlé à la quantité de fîx onces, fur alun
de roche , de borax & de fecre-candi pulvérifés ,
de chacun demi-once. Gette liqueur étant filtrée ,
on s’en lave le vifage le feir avant que de fe coucher
, & on l’enlève le matin avec de l’eau de lavande.
Enfin on doit mettre au rang des meilleurs c o f
metiques, le baume de la Mecque & la teinture
de benjoin.
Cette teinture de benjoin, mélangée avec parties
égales d’eau de fleurs de fèves ou autre fem-
blable, donne fer-le-champ ce qu’on nomme ie lait
virginal, liqueur blanche , laiteufe-, opaque , qui
eft fort bonne pour la peau.
Les dames qui peuvent avoir du baume de la
Mecque, le melent avec un peu d’huile des quatre
femences froides ; d’autres diflolvent de ce-bau-
me dans l ’efprit de v in , ou de l ’eau de la reine
d’Hongrie; enfeite on jette cette difïblution dans
de l’eau de lys ; on en fait une elpèce de lait virginal.
Baume cofmétique.
Voici la meilleure manière de préparer ce baume
cofmétique , fuivant M. Geoffroi.
Prenez baume de la Mecque, huile d’amandes
douces nouvellement tirée, de chacune, parties égales
: mêlez ces drogues avec fein dans un mortier
de verre pour en faire une elpèce de nutritum ,
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fer trois drachmes duquel vous verferez , après l’avoir
mis dans un matras, fîx onces d’efprit de vin ;
laiflez-le en digeftion jufqu’à ce que vous en ayiez
extrait une teinture feffifànte. Séparez cette teinture
de l’huile, & mettez-en une once dans huit
onces de fleurs de fèves , ou autre analogue, vous
aurez un excellent cofmétique laiteux.
Cofmétiques nuifibles.
Il faut bien fe garder de confondre ces fortes
de préparations cofmétiques innocentes, avec celles
qu’on compofe de plomb, de cérufe, de vinaigr©
de Saturne, de magiftère , de fleurs de bifmuth &
autres de cette nature, qui font, à la vérité, les
plus beaux blancs du monde ; mais dont les parties
falines, vénéneufes , arfénicales, indélébiles, altèrent
& gâtent le teint fans remède.
Comme on blanchit les fleurs dejacinthe bleues y
en les paflànt à la fumée du fbufre , cette expérience
a fait imaginer qu’on pourroit, par le
même fecours, rendre blanche la peau brune &
bafanée ; mais les perfennes qui s’en fervent pour
les mains 8c les bras, n’en éprouvent point de fec-
cès. A l’égard du vifage, fi ce moyen étoit prati-
quable fans affeâer les yeux & la poitrine -, il ne
manqueroit pas de pâlir les joues & les lèvres, &
de les rider en même-temps.
Il eft donc très-important de n’employer aucun
de ces dangereux fards cofmétiques qui plombent
la peau, la defsèchent, la minent & produifent
finalement les mauvais effets dont parle la Bruyere ,
quand il dit que fî les dames étoient telles naturellement
qu’elles le deviennent par artifice , c’eft-
à-dire, qu’elles perdiffent très-promptement la fraîcheur
de leur teint ; qu’elles euffent le vifage aufli
gâté qu’elles fe le rendent par la peinture dont
elles fe fardent, elles feroient inconfelables.
Procédés pour teindre les cheveux,
On a de tout temps attaché la beauté de la chevelure
à la longueur, & fer-tout à la couleur des
cheveux ; mais le préjugé & le caprice ont feu-
vent décidé de la couleur qu’on devoit préférer. Il
a donc fallu imaginer, pour les perfennes dont les
cheveux n’étoient pas de la couleur à la mode ,
des moyens de leur donner la couleur qu’on vou-^
droit. Voici quelques-uns de ces procèdes.
Pour teindre les cheveux en blond.
Prenez leflive de cendres de ferment 1 livres.
Racines de bryonne, de chelidoine,
de curcuma ou fàfran des Indes ,
de chaque....................................... 1 demi-onae.
Safran & racine de lys, de chaque. . i gros.
De fleurs de bouillon blanc, de ftæ-
chas jaune, de genêt, de millepertuis
, de chaque....................... 1 gros*