
preffion eft obligé de fubir, il n’eft pas, ptfut ainfi
dire , le même homme.
Dans fon premier état, c’eft. un etre paffif, toujours
affervi, toujours commande.
Dans le fécond , il combine, a la vérité ; mais
fes combinaifons , réfiiltats de l’habitude , font
toujours fubordonnées , & très-fouvent arrêtées par
les idées d’un amateur impérieux qui fait tout fléchir
fous le poids d’une volonté que quelquefois le
caprice dirige.
Mais, comme décorateur , il n’a plus de maître
; le plan donné , il prend l’éffor, fés travaux
ne font plus contredits, il n’eft pas froidement affervi
à l ’imagination d’un autre : fon goût féul le
conduit & l’mfpire.
Outils du peintre.
Les outils les plus efientiéls au peintre d’im-
prelïion font ceux qu’on diftingue en brojjes & pinceaux
, tous de différentes groffeurs.
Les broffes font faites , ou de foie de fanglier
feul, ou de foie de fanglier mêlée de celle de porc ;
elles doivent être droites, en forme ronde , & leur
furface doit préfenter une forme plate, ébarbée
finement : il eft affez difficile d’en trouver de
bonnes.
Une demi-heure avant de s’en fervir, il faut les
tremper dans l’eau, pour ôter la fciure mife pour
les ferrer, & pour enfler la ficelle & le bois; l’eau
fait faire à tout fon effet : en refferrant l ’une &
maintenant l’autre , elle empêche que les poils ne
fe défaffent, & que la broffe ne fe démanche : on
en fait fortir l’eau ; elle peut fervir alors à toutes
fortes d’ufages, foit pour la détrempe, foit pour
l ’huile.
On peut mouiller de même les broffes en détrempe
dont on ne s’eft pas fervi depuis long-tems ;
l’huile tombe avec les couleurs qu’elle détache du ■
pinceau, dans l ’autre partie du vafe où il n’y a B
point d’huile nette.
mais on ne pourroit pas le faire pour les broffes qui
ont été employées à l’huile.
La palette eft une planche de bois fort (erré,
mince , de figure ovale ou quarree, un peu plus
menue aux extrémités qu’au centre ; 1 endroit le I
plus épais n’a tout au plus que deux lignes. On I
y fait fur le bord un trou de figure ovale', allez ■
grand pour pouvoir y fourrer le pouce de la main B
gauche.
Ce trou eft taillé de biais dans l’épaiffeur du B
bois, & comme en chanfrein, en forte que la par- H
tie de deffous la palette , qui eft vers le dedans de . .
la main, eft un peu tranchante. A l ’oppofite, c’eft ■
celle de deffus.
Les pinceaux font faits de poils de blaireau ou
de petits gris, qu’on enchâffe dans des tuyaux de -
plume, depuis celle du cygne jufqu’à celle de l’al-
louette. Ils doivent, ainfi que les petites broffes,
ne point fé ployer, préfenter une pointe ferme ,
& former la pointe lorfqu’on les mouille : il faut
avoir foin de les nettoyer quand on né s’en fert plus..
Le pincelier eft un petit vafe de cuivre ou de
fer blanc , plat par-deffous, arrondi > par les deux
bouts, & féparé en deux par une petite plaque po-
fée au milieu, de manière qu’on la voie : on met
de l’huile ou de l’effence dans un des Cotés pour
nettoyer les pinceaux.
En les trempant dedans, on les preffe entre le
doigt & le bord du vafe ou de la plaque, afin que
Le bois de palette eft ordinairement de poirier B
ou de pommier, rarement de noyer, à caufe quil |9
fé tourmente trop , c’eft-a-dire , qu il eft trop fujet H
à fe bomber & à perdre fon niveau.
Quand la palette eft neuve , on imbibe le def B
fûs avec de l’huile de noix fîcative^ qu’on y met ■
à plufieurs reprifes , à mefure que 1 huile seche, H
& jufqu’à ce qu’elle ne s’imbibe plus dans le B
bois.
Lorfque l’huile eft séchée, on le polit, en le J
ratiffant avec le tranchant d’un couteau, & ou le
frotte avec un linge trempé d’huile de noix or- ■
dinaire.
La palette fert pour mettre les couleurs broyées ||
à l’huile , qu’on arrange au bord d’en haut, le plus ■
éloigné du'corps , quand on tient la palette ap-■
puyée en partie fur le bras.
On place les couleurs les unes à côté des autres ■
par petits tas, de façon qu’elles ne puiffent pas fé ■
toucher ; les plus claires ou blanches , vers le ■
pouce ; le milieu & le bas fervent à faire avec le |
couteau les teintes, & le mélange des couleurs. ■
On nettoie la palette, en ôtant avec le bout du ■
couteau les couleurs qui peuvent encore fervir : ■
on la frotte avec un morceau de linge , on y |
verfe efifuite un peu d’huile nette pour la frotter ■
encore & la nettoyer parfaitement avec un linge ■
propre.
S’il arrlvoit qu’on y laifsât sécher les couleurs, I
il faudïoit la ratijTerj promptement avec 1, tran-1
chant du couteau , en prenant garde d’en ta-1
cher le bois, & la frotter enfuite avec un pe» I
d’huile.
Le couteau eft une lame plate, flexible ,. égale-1
ment mince de chaque côté, arrondie par une de I
fés extrémités, & emmanchée par l’autre , dans un I
manche de bois léger,
• On fe fert de réglés pour travailler en architee-1
tur© ; elles doivent être de bois de poirier, abat* I
7 tues
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*ues en chanfrein, comme des réglés a defliner : il
feut aufli un plomb, au bout duquel on attache une
ficelle de fouet très - fine ; il fert a prendré 1 a-
plomb; un équerre \ un compas pour le décoré ,
& pour difttibuer les panneaux d’appartemens.
. Tous les vafes dont on fe fert pour mettre les
couleurs , doivent ; êçte vernilfés, précaution neeel-
faite pour qu’elles s’y deflechent moins.
Broyer, c’eft écrafer & atténuer les fubftances
qui donnent les couleurs, furunporphire, un marbre
ou autre pierre dure , avec l ’intermede de
l’eau, de l’huile & de d’elfence ; enfuite on les dé-
trempe,
Détremper, c’eft imprégner un liquide d’un e
teinte, de façon qu’il puiffe s’étendre fous la
broffe.. .
Quand les matières font broyées à l’eau , il faut
les détremper à la colle de parchemin.
Si l’on veut les détremper dans un vernis à
l ’efprit de v in ,.il fuffit, après les avoir broyées ,
d’en détremper ce que l ’on veut employer fur le
| champ ; car lés couleurs ainfi préparées sèchent
i très-promptement.
Les couleurs broyées à l’huile s’emploient quelquefois
à l’huile pure, plus fouvent à l’huile coupée
d’eftènee, & très-fouvent avec l’effence de térében-
* thine pure ; l ’effence les rend coulantes & faciles à
. étendre.
Les couleurs ainfi préparées font les plus folides;
mais elles exigent plus de temps pour fécher.
cher dans un endroit propre, où il n y a pas de
pouflière.
C ’ëft ce qu’on appelle couleurs broyees a l eau,
qu’on peut employer en les détrempant, (bit a la
gomme , foit à la colle , (bit à l’huile , & ces petits
On broie les couleurs à l ’eflénce de térébenthine
, & on les détrempe au vernis ; comme elles
exigent un très-prompt emploi, il n’en faut préparer
que très-peu à la fois, & pour l’ouvrage du moment.
tas fé nomment tro'ckifques, On peut, fous
cette forme , conferver facilement les couleurs
broyées.
Comme la pierre & la molette -doivent toujours
être propres; fi vous avez broyé à l ’eau, lavez-
les avec de l’eau; fi la couleur réfifte, & que vous
ne puifliez l ’emporter , à caufé des inégalités de la
pierre, écurez - les avec un peu de fablon & de
l’eau qu’on broie avec la molette ; ce qui fe fait
fiir-tout lorfqü’on veut enfuite broyer une couleur
d’une teintë différente, comme du jaune apres du
blanc ou du noir.
Quand les couleurs ont été broyées à l’huile,
nettoyez la pierre & fà molette avec de la même
huile pure fans couleur, comme fi on broyoit %
après qu’elle ,a détaché toute la couleur qui | étoit
reftée , ôtez l’huile , paffez defîus une mie de
pain médiocrement tendré , pour emporter la couleur
qui y refte; ce qu’on répète plufieurs. fois
avec de nouvelles mies de pain, en appuyant allez
fort avec la -molette, jufqu’à ce que le pain devienne
en petits rouleaux, & ne foit plus teint de
couleur.
S i, par hafârdou négligence , la couleur féchoit
fur la pierre avant qu’on l’eût nettoyée, il faü-
droit l’écurer , à plufieurs reprifes , avec du grès ,
ou du fablon , ou de l ’eau fécondé , jufqu’à ce que
la pierre fût nette ; ce qu’on reconnoît en la lavant
avec de l ’eau.
Ceux qui broient ordinairement du blanc dé
plomb , ont une pierre particulière qui ne fert qu’a
cet ufage, à caufe que cette couleur fe ternit aifé-
ment, pour peu qu’il s’en mêle d’autres.
Broyez également & modérément vos fîib£
i tances.
Les couleurs broyées à l ’effence & détrempées au
vernis , ont plus de brillant, sèchent plus vite que
celles préparées à l’huile ; mais -font difficiles à manier
, étant fùjettès à épaiflir, fur-tout quand on en
détrempe trop à la fois.
On broie les couleurs ou fubftances colorées, en
les écrafant avec là molette , qu’on paffe & repaffé
fouVent deffus, jufqu’à ce qu’elles ’•deviennent en
poudre très,fine , en les humeétant d’eau-” peu à
peu, à mefure qu’on les broyé , ce qui facilité l’opération
; on rapproche toujours la couleur au milieu
avec le couteau, pour repafler defîus la molette
que l’on conduit en tout fens jufqu’à ce qu’elle foit
broyée autant qu’on le defîre : on la partage en-
fuite en petits tas, fur une feuille de papier blanc
& net, à l’aide d’un entonnoir , & on les luiffe fé- ]
Arts & Métiers, Tom. VI,
Broyez-les féparément.
Ne les mélangez pour donner la teinte , que
lorfqu’elles ont été bien préparées.
N’en 'détrempez que ce que vous êtes dans le cas
d’employer , de peur qu’elles n’épaiffiffent.
Pour broyér , ne mettez que ce qu’il faut de liquide
pour foumettr'e les fubftances folides à la molette.
Plus elles font broyées, mieux lés couleurs fe
mêlent, & donnent une peinture plus douce , plus
unie ; plus gracieufè ; la fonte en eft plus belle ,
moins fenfîble.
Aufli faut-il donner tous fes foins à bien broyer
finement & à ïes détremper fùffifâmment, pour
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