
Kunckel lui - même nous déclare avoir efTayées ,
& dont aucune ne lui a manqué. I l allure qu’elles
venoient d’un excellent peintre fur yerre , dont il
ne fait pas le nom, & qu’ils les a fait examiner par
un autre artifte fort verfé dans ce genre de peinture.
' •
Il nous apprend de plus qu’il ne s’eft déterminé
à les rendre publiques que pour rendre fon
ouvrage plus intéreflant & plus complet, & parce
que le plus fîmple de ces Tecrets , contenant un
fait vrai , mérite, par cet endroit, de la confi-
dération.
Je tâcherai de donner à ces recettes un ordre
plus fuivi que ne femble le comporter une fuite
d’expériences recueillies pèle - mêle par un artifte
plus expérimenté dans l’art d’en faire ufage
pour lui-même , que dans la manière de Fenfeigner
a d’autres.
Ainfî, avant d’entrer dans l’examen de la préparation
des différentes couleurs que Fon peut employer
fur le verre, je commencerai par établir,
d’après Néri & les remarques de Kunckel , 1a pré
paration des fùbïtances qui fervent de bafe & de
fondant à ces mêmes couleurs , beaucoup moins
opaques que les émaux qui font ufïtés dans la peinture
fur verre actuelle : tels font l’émail &le verre
de fonte ou la rocaille.
t° . jL’ émail Recette pour faire un Bonfondant.
Prenez trente livrés de plomb & trente-trois livres
d’étain bien purs ; faites calciner, ces métaux; paP
fez-en la chaux au tamis ; faites-là. bouillir"dans-un
vafè de terre neuf verniffé , rempli d’eau bien
claire. Lorfqu’elle aura un peu bouilli, retirez-la
du feu. ï
Otez l’eau par inclination : elle entraînera avec
elle la partie la plus fùbtile de la chaux.
Reverfèz de nouvelle eau fur la chaux qui. réitéra
dans la terrine ; faites-la bouillir comme auparavant
, & décantez-la comme on vient de le
dire.
Réitérez cette opération jufqu’à ce que l’eau n’entraîne
plus de chaux.
Recalcinez de nouveau les parties, les plus grof-
fîères qui font refiées dans, le fond de la terrine,
puis retirez-en la partie la plus déliée de la manière
que l’on vient d’enfeigner.
Faites enfuite évaporer toute cette eau, qui aura
emporté la partievla plus fubtile dé la chaux, en
obfèrvant toujours de donner un feu lent vers la
fin de l’évaporation ; autrement la chaux qui fè trouve
au fond du vafè, courroit rifque.d’être gâtée.
Prenez de cette' chaux fi déliée & de la fritte
faite avec le tarfe ou le caillou blanc, bien broyé
& tamifé avec foin , de chacune cinquante livres ;
de fèl de tartre bien blanc, huit onces : melez
ces matières, & mettez-les au feu pendarit dix
heures dans un pot neuf de terre cuite.
Au bout du tems vous les retirerez ; & après
les avoirpulvérifées, vous les mettrez dans un lieu
fèc, mais à couvert de toute pouffière.
Cette poudre mifè en dofè convenable , ainfî
qu’on le prefcrira dans la fuite , devient la matière
principale & la bafe de tous les émaux fon-
dans.
Kunckel, après avoir fait l’éloge du fixième livre
de Né ri, /comme de la partie de fon ouvrage la
plus recommandable, fiibfiitue aux huit onces de
fel de tartre huit onces de potaffe purifiée de toutes
faletés.
i ° . Le verre de fonte ou rocaille.
Quant au verre de fonte ou rocaille, il y en a
de plufîeurs efpèces. Le meilleur efi xelui qui vient
de Venifè en forme dé gâteaux : il n’a point de
couleur particulière ; fon- épaifleur le fait feulement
paroître un peu jaunâtre, à-peu-près de la couleur
de la ciré la pliis pure.
Les grains de chapelets ou de rocaille verds ,
•jaunes, &c. l’ancien verre des .égliïes , & celui
4 dont fè fèrvent les potiers, font fort propres à,cèt
page.
Avant de mêler ce verre de fonte avec les. émaux
colorans pour les mettre en fufîon, il faut le réduire
en poudre très-fine , après l’avoir broyé pendant
vingt - quatre heures avec le vinaigre dif-
tille.
Haudicquer de Blancoürt donne la manière de
faire la rocaille ainfî qu’il fuit.
Rocaille jaune.
Prenez une livre dé fable très-blanc & très-fin ,
avec trois livres de mine de plomb ; pilez le tout
enfèmble au mortier, jettez le tout.dans'un bon
& fort creufet bien lu té ; & le. lut étant fèc , met-
téz-le dans un fourneau de. verrier ; ou dans un
fourneau à vent, dont le feu foit violent pour réduire
cette matière eh. verre , & votre rocaille fèra
faite.
: Le même auteur donne la compofîtion d’une autre
efpèee de rocaille,-mais blâme beaucoup l’emploi
qu’en font les peintres fur Verre & les peintres en
émail , comme ayant de méchantes qualités , &
étant pleine d’un plomb impur : la voici.
Rocaille verte.
: Prenez trois livres de fable fin, contre, unç livre
de mine de plomb : elle fera plus dure.
Cette matière changera de couleur en la refondant
y car elle deviendra d’un rouge pâle.
Telle eft la préparation des fubftances qui fèrvent
de bafè aux différentes couleurs propres à peindre
fur verre.
Ces couleurs fè font par les opérations fui:
vantes.
Couleur noire.
Prenez une partie d’écailles de fe r , une partie
d’écailles de cuivre, & deux parties de l’émail ci-
deffus indiqué.
Ow des grains, de rocaille, des écailles de fer
& dè l ’antimoiné, par parties égales.
Ou des écailles de cuivre , de l’antimoine &
des grains de rocaille , par parties égales.
Ou des écailles de fer & des grains de rocaille,
par parties égales.
Ou une livre d’émail, trois quarterons d’écailles
de cuivre, & un quarteron d’écailles ‘de fer.
, Ou une livre d’émail, trois quarterons d’éçailles
de cuivre, & deux onces d’antimoine.
Ou deux onces de verre blanc d’Allemagne ,..
deux onces d’écailles de fer^,& une once d’écailles
de cuivre.
Ou trois parties de verre de plomb , deux parties
d’écailles de cuivre, une partie d’écailles dé fer ,
&.une partie d’antimoine.
Ou deux parties de plomb , une partie d’antimoine,
& mêiez-y un peu d,e blanc de cériifè.
Ou des grains de rocaille & d’écailles de cuivre
en quantité égale ; une demi-partie d’écailles de
fer : ajoutez-y des cendres de plomb ; lavez les
écailles de-cuivre & les cendres de plomb jufqu’à
ce que vous en ayez emporté toute la faleté.
<? i Quelque Recette que vous ayez adoptée entre les
dix ci-deffus prefcrites, broyez les matières y dé-
fignées pendant trois jours fur une plaque de fe r ,
en les hume&ant avec de l’eau claire.
Vous jugerez de la perfeftion de votre couleur
lorfqu’elle prendra fur la plaque un oeil jaunâtre,
& qu’elle deviendra afïèz épaiflè pour s’y attacher.
Relevez enfuite votre compofîtion ; faites-la fé-
cher & la paflèz par un tamis très-fin ; puis délayez-
la avec de l’eau gommée, & 'portez-là fur le verre,
fuivant l’art que j’indiquerai, en la couchant plus
ou moins épaiflè, à proportion que vous défîrerez
quelle foit plus ou moins noire.
Kunckel ohfèrve ici que dans cette compofîtion ,
au lieu de grains de rocaille, on peut prendre du
Verre de plomb tel que les potiers F emploient,
& qu’il produit le même effet.
Autre beau noir.
Prenez deux parties de cendres de cuivre & une
partie d’émail ; broyéz bien ces deux matières avec
de. Pefprit de vin. Cette couleur eft très-pénétrante.
Autre noir encore plus /beau.
Prenez une once dé verre blanc, fix gros d’écailles
de fe r , une demi-once d’antimoine, un gros
de magnéfîe ou manganèfè ; broyez toutes ces matières
avec de fort vinaigre au lieu d’eau. L e refte
■ comme à la première compofîtion. *
Couleur brune.
Prenez une once de verre blanc ou d’émail ; joi-
gnez-y une demi-once de bonne magnéfie ; broyez
le tout pendant trois jours, comme à la couleur
noire, en les humeâant d’abord avec du vinaigre,
enfuite avec de l’efprit de*vin, ou meme avec de l’eau
claire : faites fécher, &c.icomme au noir.
Couleur rouge.
Prenez une demi-once de bon crayon rouge, une
once d’émail bien broyé & pulvérifé : joignez y
un peu d’écailles de cuivre , afin que le mélange
ne fè confume pas fi facilement au feu : broyez
bien le tout.
Faites-en d’abord un eflai en petit fur un. morceau
de verre : s’il perdoit fà couleur au feu , ajoutez
y un peu d’écailles de cuivre : mêlez & broyez
avec le rofte de la compofîtion.
Autre,
Prenez du crayon rouge qui foit dur, c’eft-â-
dire, qui ne marque pas trop aifément fur le papier,
femblable partie d’émail, &, un quart d’orpiment.
Ou une demi-once d’écailles de fe r , une once
d’émail & autant d’écailles de cuivre.
Ou une partie de couperofè , une égale partie de
grains de rocaille , un quart de crayon rouge , &
mêlé en broyant.
Ou une partie de crayon rouge fort dur , deux
parties d’émail, & un quart de partie de grains de
rocaille.
Quelque recette que vous choifîfîiez parmi les
quatre prefcFites ci-deffus , broyez les matières y
l défîgnées avec de l ’eau claire, à l’exception de la
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