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glutineufe entre les écailles & la peau, il faut mettre
fous le poijfon un morceau de parchemin, qu’on
fépare aifément des écailles , au lieu que le papier
s’y attache toujours.
Il eft néceflaire, par la même raifon, de renou-
veller le parchemin au bout d’une heure ou deux.
Par ce moyen, dans l’efpace de vingt-quatre heures
, le poijfon êft préparé.
Colle de poi'fion.
La colle de poijfon, qui eft d’ufage dans plufîeurs
objets économiques, eft des plus faciles à faire pour
les habitans des bords de la mer.
On prend les peaux, les nageoires , la tête , la
queue & les cartilages de toutes les efpeces de poif-
Jdns de mer fans écailles ; tels que marfbuins, loups
marins , requins , baleines,, feches, &c. ; on fait
bouillir toutes ces parties dans, de l’eau , en “évitant
que la fumée ne s’introduire dans le chauderon,
parce qu’elle altéreroit la couleurfaie la colle de
poijfon.
Lorfque l’eau a bien, bouilli, on la^Laifîe repo-
fer, & on la paiïe à travers un tamis.
On lui donne enfuite un nouveau bouillon ; &
pour juger fi la liqueur eft évaporée à fon point,
on en verfe quelques gouttes fur une planche; fî
elles s’y figent en tombant, on retire la liqueur de
deffus le feu : on la laiffe un peu refroidir, & on la
'verfe enfuite fur une table de pierre ou d’ardoife :
lerfqu’elle a fait corps, on la tortille, & on l’enfile
pour en faire des cordes qu’on laiffe fécher à
l ’ombre.
Cette colle peut être d’un très-bon ufage pour
coller ; mais ce n’eft pas la vraie colle de poijfon,
le véritable ijfin-glaf f propre à clarifier les liqueurs.
Les auteurs ( dit M. Chevalier dans les tranfae-
rions Philofophiques) qui, jufqu’à ce jour, ont donné
les procédés pour faire Fi&hyo.colle, la colle de
poijfon nommée en Angleterre iffin-glaff, fe font
écartés des véritables règles de la compofîtion &
de l ’apprêt de ces deux matières.
On prétend qu il ne s’agit que de faire bouillir
dans l ’eau les parties nerveufes de certains poijfons, '
& entre autres de Yejîurgeon qui eh a reçu le fur- j
nom d’idhyocolle ; de les faire bouillir jufqu’à ce
qu’elles y foient diftoutes autant qu’on le jugé*con-
venable : de pafler la liqueur ; d’en féparer la
graillé, & lorfque la colle a une certaine confie
tance,, d’en faire des cordons repliés en forme de
eroifian-t ; les füfperidrè fur des cordes pour les faire
fécher ; quoi qu’il en' foit, on ne peut obtenir de
cette maniéré qu’une forte de colle-forte, une gelée
; toutes les parties font atténuées, divifees.
Dans k. colle depoijfon des Anglois, les parties
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nerveüfeS, au contraire, font liées ; fi on met tremT
per pendant quelques heures, dans de belle eau
froide , l’iffin-glaff gardé plus ou moins longtemps
dans les magafîns, les membranes qui étoient toutes
repliées , fe développent, reprennent leur belle
couleur primitive , & peuvent, avec un peu d’à-
dreffe , fe déployer entièrement.
Si l’on préfente aux rayons de la lumière du bel
ijjin - glaff tranfparent ,. tenu dans certaines pofi-
tions, o» y voit peindre fbuvent le fpeâre-fblaire
dans toute fa beauté.
On fent, d’après ce .petit examen, que HJfin-glaJf
n’eft autre chofe que des parties membraneufes d’un
poijfon, dépouillées de leur mufeofité naturelle ,
roulées, tordues & fechêes à l ’air.
Pour faire /’ijfin - glaff ou collé de poijfon , on
prend les veflies aeriennes des poijfons d’eau douce
pendant qu’ils font encore frais ; on les ouvre ;
on les lave pour en emporter toute la matière
gluante qui les enduit ; puis on a grand foin de les
dépouiller entièrement d’une fine membrane qui
les recouvre ; après quoi ces vefîcules font expofées
à l’air pour fecher ; on les moule en. rouleau de
l’épaifTèur du doigt & de la longueur requîfe.
C’eft de cette manière qu’on prépare le plus fin
iffin-glaff ; celui qui eft moins beau fe retire des
entrailles & probablement du ^éntomeàes poijfons.
Les veflies aeriennes qui fburnifient le plus bel
iffin-glaff ou la plus fine colle de poijfon, font formées
d’un tiflii de fibres parallèles, & fe déchirent
facilement, fuivant leur longueur ÿ mais l’efpece la
plus commune'fe trouve çompofée de deux tuniques
dont lès fibres s’entrecroifent obliquement comme
ceux de la -vefîie.
Cette difpofition rend les premières plus péné-
trables & plus divifibles par les acides; mais le
tiffu entrelacé des dernières les rend plus difficiles
à fe défunir, & leur prête la force de réfîfter plus
long-temps à la violence des mêmes menftrues;
quand elles ont été difloutes , elles n’ont rien perdu
de leur efficacité à clarifier les liqueurs*
On n’a point befoin de chaleur artificielle pour
faire YiJJin-glaJf, il faut même prendre garde de ne
pas diffoudre cette matière ; car comme la continuité
de les fibres feroit détruite par la difîolution,
la mafle deviendroit fragile en fe defféchant, & fe
fépareroit toute par petits éclats, comme le fait la
colle forte : la forme du cordon qu’on lui donne,
n’eft pas effentiellemenl néceflaire , elle n’a été
imaginée que pour mafquer la vraie matière de la
colle de poijfon.
La colle de poijfon eft employée par les ouvriers
en foie & par les rubaniers, pour donner du luftre -
à leurs .ouvrages ; fon grand ulage eft pour clarifier
les liqueurs , tels que la biere , le cidre , le
vin eilè fait l’effet d’un réfeau qui entraîne avec.
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lui les particules fufpendues qui troubloient la li- >
queur.
Ôn obferve qu’en clarifiant les liqueurs acides,
elle fembie diminuer leur acidité au moins au goût.
Elle n’opère point cet effet à raifon d’aucune propriété
alkaline , mais parce qu’elle enveloppe &
embraffe les principes acides. Elle fe réduit en gelée
dans les leffives alkalines ,' qui font les vrais
diffolvans des matières animales.
L ’eau de chaux froide la diffout aufti en forme
de magma ; quoiqu’elle né foit plus en état de clarifier
les liqueurs comme menftrue, elle opère un
effet admirable*à d’autres égards ; car fl on en
mêle dans une compofîtion de plâtre, de chaux, &c.
& qu’on en enduife des murailles expofées à l’altération
de la pluie & des eaux , elle procure au ciment
beaucoup de fermeté & de durée;
Si on broie cette gelée avec du mortier de brique
, il acquiert bientôt prefque autant de durete
. que la brique même ; mais pour cela, on le prépare
plus commodément en le difiolvant dans .1 eau
froide acidulée avec de l’efprit de vitriol.
Dans cette opération, l’acide abandonne la colle,
& forme avec la chaux une mafle féléniteufe ; tandis
que d’un autre côté la colle, fe trouvant privée
jufqu’à un certain point., de fon humidité $ fe
defféche & fe durcit en un corps ferme par la formation
de cette concrétion indiflôluble, qui s’eft in-
terpofëe entre fès parties : on voit de-là quelle doit
. être la fupériorité de fa force & de fa durabilité.
Pour faire une bonne colle marchande, on mêle
mille livres de rognures de peaux de veaux , cinq
cents livres d’oreilles de boeufs ; le tout étant bien
conditionné doit faire cinq à fîx cents livres de
colle ; on les met tremper; on les1 lave ; on les met
dans l’eau de chaux; on les lave de nouveau; on
les fait fondre dans une chaudière à petit feu.
Lorfqu’en mettant un peu de colle fondue fur
une afliette ou dans une coque d’oe uf, on apper-
çoit qu’en fe refroidiffant elle prend la confiftance
requife , on juge qu’il eft temps de vuider la chaudière
\ on la laiffe enfuite députer ; on la verfe dans
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des boîtes de chêne ou de fapin mouillés, où on la
laifle fécher, & on la coupe par morceaux.
Le tonnerre fait tourner la colle quand elle xe-
pbfe dans une cuve.
* La colle de Flandre fert aux peintres en détrempe
, aux fabricans de draps , & -à d’autres ufa-
ges qui n’exigent pas de la force, mais de la transparence.
On y emploie les rognures de parchemin.
La colle d’Angleterre ou la greffe colle qui fert
aux menuifîers , aux ébéniftes, aux marqueteurs ,
fe fait avec.les nerfs, les oreilles & les rognure
de peaux des animaux âgés.
Colle à bouche<
Prenez une once de colle de poijfon, deux gros
de fucre candi blanc , une dragme de gomme adra-
gante; prenez enfuite des rognures de parchemin
bien net ; verfez une chopine d’eau claire par-
deffiis ; faites bien bouillir; filtrez cette eau , &
verfez-la fur les matières fufdites ; faites-les réduire
à la moitié par la cuiflon ; retirez le mélange
du feu , & faites-en de petites bandes , ou donnez-
lui telle forme que vous voudrez.
Lorfque vous voudrez vous en fervir, vous la gafferez
à la bouche & l’humeéïerez avec la falive ;
enfuite , ayant frotté légèrement un de vos papiers,
vous l ’étendrez fur l ’autre, & avec une bande de
papier mife à fée' fur les deux bouts de papier enduits
de colle, vous y pafferez la paume de. la main ;
cette colle féche d’abord, & reçoit le trait de toute
forte de couleur. Sa bonté confîfte en fa force, tranfi
parence & dureté.
L ’avantage de cette colle eft de coller proprement
& promptement les papiers de deflins, même
ceux huilés.
Colle d3 Orléans.
Prenez de la colle de poijfon blanche ; détrempez!
a dans de l’eau de chaux bien claire; au bouc
de.vingt-quatre.heures d’infufîon tirez votre colle,
faites-la bouillir dans l’eau commune, & vous en
, fervez.