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On en diftingue de deux fortes t les uns font
tout couverts en plomb, les autres le font feulement
en tuiles' ou en ardoifës : nous ne parlerons
ici que des premiers.
De Ventablement de la charpente.
On fuppofe donc qu’on veut couvrir le comble
d’une églife en plomb ; lè plombier ne peut le couvrir
qu’après que la charpente eft finie.
Il faut que l’on place d’abord les. chevrons bien
de niveau, que l’on attache ordinairement de douze
en douze pouces ; il faut qu’ils foient chevillés fur
les panes qui doivent les porter ; enfuite on cloue
fur les chevrons des voliges de quatre à cinq pouces
de large , efpacées d’un pouce & demi ou deux
pouces.
Il eft fenfible que la charpente d’un'clocher doit
être pareillement faite avant qu’on y-puifle attacher
aucune table de plomb.
Or ce travail préliminaire qui regarde les charpentiers
, étant fini , le plombier doit alors dif-.
pofer fes tables & les attacher.
Coupe des tables de plomb defiinéês a la couverture
des combles. '
On pourroit en faire de plus longues & de plus
larges ; mais comme il en réfulteroit de grands
inconvéniens, comme cela eft arrivé quelquefois,
lorfque par leur pefanteur ayant brifé leurs attaches
, plufieurs tables font tombées du haut-de'la
couverture de 1-églife en bas, c’eft ce qui ai engagé
à les diminuer poür la sôrètê des 'ouvriers'/.
On commence, par les dérouler dans l ’atSHier
«fur le dos de la couverture du moulei à fable..5 on
en retranche enfuite les alaifes;
Après les avoir coupées de la l'ôfiguéur '& îargeiir
convenables , qui eft trois pieds de large"lur douze'
de long , on les roulera de nouveau l’une après
l ’autre : on en chargera une charrette , parce qu’il
feroit impoflible que les ouvriers puften t les porter
eux - mêmes, fur-tout lorfque le trajet eft. un
peu long.
On les conduira ainfi au-lieu où elles doivent
être pofèes.
Quand elles feront au bas de l’édifice , pour les
monter plus vite &' en plus grand nombre , on
pourra fe fervir d’une grue qu’on établira fur le
to it, •& avec laquelle on les enlevera ; mais il n’en
fera befoin que quand on fera dans le cas de faire
ou de renouveller une couverture toute entière.
On fuppofe donc à préfent qu’elles foient arrivées
au haut de l ’édifice, il ne s’agit plus que. de
les mettre en 'place.
Façon de les attacher.
U 11; ouvrier doit commencer par clouer fur les
voliges, , des crochets au droit de chaque chevron ,
à un pied de diftance les uns des autres.-
Ces crochets doivent avoir une longueur proportionnée
à la largeùr des tables ils font appla-
tis par une de leurs extrémités, ou il y a, trois
trous pour recevoir les clous ; le bas forme un crochet
d’environ un pouce , pour retenir chaque tablé
& l’empêcher de tomber.
Autrefois on ne faifoît que clouer les tables ;
mais il eft arrivé fouvent que les tables fe font déchirées
par leur pefanteur à l’endroitoù elles étoient
clouées, & font tombées.
Le premier inconvénient fubfîftôit toujours, quoiqu’on
les eût diminuées dans leur longueur & largeur
; pour leur donner plus, de confiftance & de
folidîté, on a imaginé les crochets .dont nous venons
de parler. '
On commence toujours par les .attacher de bas
en haut, & non pas de haut en bas; on pofe de
même les tables : quand il y aura plufieurs crochets
attachés , deux ouvriers apporteront une table pour
l’y placer.
Les plombiers & les couvreurs fe fervent, pour
cet eflet , d’une t échelle attachée a descpulfins 011
fafcines de paille , pour la fouLever un peu, & faire
enforte qu’elle ne foit pas immédiatement appliquée
à la "couverture ", qu’il y ait au contraire un
vuide de huit pouces au moins ; c’eft afin que les'
pieds des ouvriers aient plus d’appui ,. '8c qu’ils
montent & defcendent plus aifément.
Ils montent par cette échelle ; ils jpofent la table
fur les crochets qui font deftines a la recevoir.
' Gela n’eft pas fuffifant ; il faut encore clouer
chaque table au droit des chevrons, eji telle forte
que chaque clou traverfe trois chofes ; favoir la
table, la volige & le chevron,;i outre les clous
qui la retiennent par en haut, elle eft retenue encore.
par les crochets qui débordent & empêchent
quelle ne purfte tomber.
Nous: avons dit qu’il falloit attacher les crochets
à un pied de diftance, les uns; des autres1 ;
comme la table eft longue de douze pieds, & qu’on
les pofe en longueur, il s’enfuit que chaque table
eft foutenue fur douze crochets environ : on continue
ainfi. '
Quand le premier rang de tables eft placé, pour
faire le fécond rang, on pofè les fécondés tables
en recouvrement liir les premières, qu’on couvre
environ de quatre pouces , pour que la pluie qui
fe trouve pouftee fouvent par un vent impétueux ,
p l o
jiepul(Te y pénétrer en aucune manière, & qu’elle •
retombe au contraire dans les gargouilles qui régnent
tout autour de l ’édifice ; ce recouvrement
fait encore que les tables fe. foutiennent mutuel-
fement.
Les clous dont on fe fert s’appellent des clous
de couvreur j ils font un peu forts ; ils ont deux
pouces-& demi de long, quelquefois davantage:,
.on les attache tres-pres 1 uii; de, 1 autre ; on les enfonce
avec le marteau.
Ce n’eft point aftez que les tables foient en recouvrement
les unes fur les autres , pour empêcher
que, la pluie ne puifle s’introduire jufqu’à la charpente;
car elle pourroit entrer dans les côtéis.
Pour y remédier, on a foin de replier les rebords
de chaque table dans leur hauteur à chaque bout,
l ’une en-deiïous, & l’autre en-defîùs : pour mieux
les joindre, on les fait entrer l’une dans l ’autre ;
on ferme par-là tout pafîage à l ’eau du ciel, &
l ’on empêche quelle ne^ puifle pénétrer jufqu’a la
Charpente, qu’elle pourriroit.
A mefure que l’on monte, on diminue la longueur
des tables; conformément à la forme de la
charpente, ainfi' que cela doit fe fentir par foi-
même. Quand le tout eft couvert, on couvre le
faîte 8c les arêtiers.
Façon d’attacher les faîtages.
On entend par faîtage , un cordon de plomb
pbfé fur l’angle de l’élévation du comble, qui embraie
les tables des deux faces du toit.
Le meme .cordon qui règne dans les angles du.
Comble s change de nom, & s’appelle arêtier.
Ils font d’une fi grande néceftitë, qu’on eft toujours,
dans l’ufage d’en mettre même fur les coipbles
couverts fimplement en ardoifës ; la feule nécef-
fité peut forcer à s’en pafîer.
On commence d’abord par les coins ; on attache
des, crochets des deux côtés , ou bien orf a des
crochets doubles qui tombent des deux côtés du
faîte : on les met toujours à un pied de diftance
les ùns des autres;.on plie enfuite chaque table de
plomb en forme de gouttière, :qu’on ’ renverfe &
qu’on pofe fur lés crochets : fous cette, forme elles
ernbrafleuî & recouvrent le bord fupérieur des tables
des 'deux côtés de la couverture , & forment ce
qu’on appelle les arêtiers -, dont lé nom- leur vient
des folives de bois qu’elles recouvrent, 8c qui fe
nomment arêtiers.
On fait, enfuite le cordon du faîtage, c’eft-à-
dire, lorfqu’on a conduit la couverture des coins
jufqu’au haut du comble, on y attache de même
des crochets,des deux côtés, fur lefquels on pofe
des tables de ,1a même longueur, & l’on fait en-
forte qu’il y ait au moins un pied de table de refte
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à. chaque bout du faîtage , afin de les replier &
de les faire defcendre en recouvrement fur les
deux bouts de la couverture des deux faces du
çpmble. -, •
Façon de faire les baguettes qu’on voit fur l eglife
de Notre-Dame.
Pour la propreté de l’ouvrage, on a coutume,
lorfque toute l ’cglife, fan faîtage & fes arctiers
font couverts, d’y revenir de; nouveau pour arrondi-r
& mettre en baguette les deux extrémités de chaque
table; en leur donne en place cette forme.,
ce qui fait le coup-d’ceil que préfente le comble
de Notre-Dame. Pour cet effet on replace l ’échelle
double qui embraffe les deux toits de la couverture
de l’églife, & avec la batte platte on les arrondit.
On fait cette opération, qui rend la.couverture
plus folide , d’un bout de la couverture de l’églife,
à l’autre ; de cette forte les tables forment entr’elles
de petites baguettes rondes qu’on voit fur la couverture
de l’églife de Notre-Dame, & que les
plombiers ont foin de faire fur toutes les couvertures
de cette' nature. \
Ces petites baguettes ne laiflent pas que de faire
un bel ornement: l ’eau qui coule d’en haut, ne
peut par ce moyen y pénétrer, & elle tombe necef-
fairementdans les gargouilles; d’où elle coule jufqu’a
terre à travers des godets & tuyaux de defeente,
quelquefois pair des' gouttières Taillantes.
Des clochers.
On a la même raïfon de couvrir les clochers, que
de couvrir les églifes V- c’eft pourquoi il faut expliquer
de quelle façon on s’y prend. Cette opération
confifte 1 °.. à échafauder le clocher que l’on veut
couvrir.
z°. A couper les ardoifës de plomb qu’on veut
y employer.
3°. A les y attacher.
Il eft à propos d’obferver que la couverture des
clochers, ainfi que celle des églifes , peut être faite
en.tuiles où.en ardoifës de terre-glaize; mais nous
n’en parlerons pas, parce que cette matière regarda
l’art du couyreur.
Manière £ échafauder les clochers.
Un des premiers foins qu’on doit avoir, eft d’échafauder
avec la plus grande folidité les clochers
qu’on veut couvrir, fans quoi les ouvriers cour-
roiènt rifquè de périr.
On commence par faire pafter par les fenêtres
du clocher, ou par les ceils-de-boeuf, s’il n y a
pas de fenêtres, les poutres qui doivent port-ei;
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