
.On emploie' quelquefois, au lieu de" folution
d’étain, l’étain crud pour- précipiter l’or :mais l’attention
que demande cette -méthode , contrebalance
la p.eine qu’exige cette diïïblution. Car fî la difîo- lutîon n’eft pas bien lavée, elle Forme un corps
glutineux, de forte que l’étain ne peut fe féparer
de For précipité,que, par,des moyens deflruéUfs des
qualités, de l’émail ; Sclorlqu’on fe fert d’étain crud,
il "falit laver la diflolution avec le triple d’eau, &
ri y làiflèr l’étain qu’autant que l’or paroit en forme
de poudré rouge luriïa furface.
Il vaut mieux, au relie , le fèrvir des deux fo-
lutions-, étant plus aifé de confèrver par ce moyen
la .couleur, écarlate.; & fî l’étain refte trop longtemps
dans, ce mélange, la couleur tire fur le
pourpre.
; Si loh: veut fe procurer un rouge empourpré,.il
faiit précipiter For par le moyen du fel alkali fixe,
comme il fuit.
Prenez la folution d’or par l’eau régale cî-deflus
enfeignée ; faites une folution de fel de tartre , en
en faifant- fondre une demi - once dans un demi-
fetiët d’eau.
Verfez cette folution dans celle d’eau régale ,
aufiî long-temps qu’il y aura de l’ébullition.
Lai fiez alors repofèr la poudre précipitée , &
procédez comme à la précipitation, par la folution
d'étain.
Cétte .poudre eft For fulminant.
.Evitez-en foigneufement Fexplofion, en écartant
toute chaleur du lieu ou vous la préparez ; jufqu’à
ce que vous la mêliez avec le fondant.
On peut précipiter de même For avec le fèl volatil
; & alors ce fèl , dans- la proportion de la
moitié du poids de l’eau régale, peut être difîous
en quatre portions a’eau- du même poids : mais
cette méthode ne produit pas. une fi belle ecarlate.
La meilleure de toutes ces précipitations de
l’or, eft celle, du mercure diffous dans Feau ré-
gale. •
De même , fi l’or, fulminant eft fondu--avec du
foufre commun, la couleur en £era beaucoup plus
brillante, pourvu,que le foufre fait totalement évaporé
au feu.
Toutes ces méthodes néanmoins font plus hafâr-
deufès que fa-première.
6°. L’argent fert à produire la couleur jaune.
On le pulvcrife préalablement par la précipitation
de Fefprit dé nitre, ou par la calcination, avec
le foufre.
La précipitation de l’argent fè fait en diflqlvant
une once d’argent dans trois ou quatre' onces d*efprit
de nitre, procédant, au furpfus, comme à la
précipitation de For dans Feau régale.
On la fait aufîi en verfarit de la fâumure fur la
folution d’argent dans l ’efprit de nitre ; mais je
crois la première de ces deux méthodes meilleure
que la féconde,
La calcination de l ’argent fè fait en mettant des
lames d’argent bien minces dans- un creufèt.
Il faut les arranger par lits , couvrir chaque lit
d’argent .d’un lit de fleur de foufre, & faire font
drë, au fourneau. L ’argent étant, calciné, deviendra
friable.
Pulvérifèz-le dans un mortier de vérre , d’agate,
de porphyre , ou de caillou dë mer. -
On peut encore calciner l ’argent en mêlant de
la limaille d’argent avec la fleur de foufre, dans
la proportion d’une once d’argent à une demi-once
de foufre & faites fondre. .
On peut aufîi 'jetter le foufre dans le creufèt lorf
que .l’argent y • devient rouge.
7°. Le cuivre forme les couleurs vertes, bleues
& rouges : mais il faut auparavant le calciner , ou
le réduire en poudre par la précipitation.
Ori calcine le cuivre avec le foufre comme l ’argent
: mais il faut un feu de deux heures , & qu’il
prenne une couleur de rouge noir que l ’on réduit
enfùite en une poudre très-fine.
Le cuivre ainfi préparé s’appelle chez les anglois
| ferret d Efpagne.
On peut encore le calciner , en le Gratifiant
'. avec le vitriol romain : mais i l faut plus de feu,
& , félon Néri, il faut répéter jufqu’à fix fois' cette
opération. ..
On juge de la bonté de ce ferret par fa cou-
I leur.
• -, ■ H H t . '.. H !.
Si fan rouge tire, fur le noir ou fur le pourpre,
c’eft qu’on l’a trop calciné , ou qu’on y a mis trop
| de foufre.
Au lieu de cuivre crud, on fè fert d’une efpèce
de laiton, nommé par les ouvriers ajfidaê , clinquant
en françois.
Mais comme les feuilles en font très-minces, &
qu’il faud'roit trop de foiîfre pour les Gratifier , il
vaut mieux le couper par parcelles, & le mêler a
mefiire avec des fleurs de foufre.
L ’extrême minceur des feuilles accélérera la
calcination.
Le cuivre & le laiton peuvent fè calciner fans
! foufre , en les laiflànt long-temps à un grand feu.
Si-tôt que ces métaux font devenus friables , il
faut les réduire en poudre & les mettre féchér au
feu,
feu, après les avoir éparpillés for une tuile , én
remuant, afin que le tout fe reflènte également de
l ’atteinte du feu; ce qui hâtera la calcination.
Quoiqu’il fuffifè de calciner le ëulvre jufqu’à ce
qu’il devienne roüge , 11 cqiivièiit quelquefois p*eft
préparer d’autre quantité dans un état dé calcina- !
tion plus forte ; de forte que fa couleur foit d’un ;
rouge pourpre, d’un gris obfçur, ou d’un noir
léger.
Il faut néanmoins qu’il retienne unè teinté de
rouge., fans quoi l ’on ne réufflroit.pàs dans la oom-
pofîtioh de l ’émail. *
L ’autre méthode de réduire le cuivre en poudre :
Impalpable, efi la précipitation.
A cet effet, on difloudra le cuivre darts tel acide
que ce foit, & on le précipitera én y ajoutant une ,
folution de cendres -gravelées , feitë aVéc l ’eata
commune.
k. Cette calcination eft préférable pour l’émail
Verd.
Pour éviter la peine de difloudre le cuivre, on
peut^ fè fervir du vitriol romain, qui efi une com-
binaifon du cuivre avec l’huile de vitriol ; mais il
faut préalablement -le diflcùdre eh vèrfant de Feau
chaude par-déflùis, lôrfqû’il efi réduit en poudré ;
& après l ’avoir mêlé avec la cendre grâvelee , le
réduire de nouveau en poudre.
1 L e fër s’emploie pour avoir un rouge orangé
, fale éearlateou jaune tranfparent, & pour aider
à la compofîtion du verd.
On prépare le fer par la corrofion & la précipitation.
Le fucces de ces deux manières diffère en ce que,
par la calcination, le -fer étant délivré de fes acides
& de fon foufre , fa chaux crue Ce convertira
en une couleur de rouge pourpre , lorfqu’elle n’aura
pas âflèz de fondant pour la vitrifier ; & en jaune
tranfparent tirant flir le rouge , lorfqu’oh y aura
employé une plus grande quantité dé fondant : au
lieu que fi lé fer n’efi que peu ou point calciné ,
& s’il n’efi point dépouillé de fon foufrë, fa «où-
leur fèra plus jaune*
Il vaut mieux fè fèrvir du vitriol verd ,• qui ne
confîfte que dans la fùbfiancé du verd & dans l’a-,
cide.dé vitriol, que d’employer le fer crud. Cela
évité de la dep.érifè ; mais la préparation de la
rouillé par le vinaigre demande le fer même.
La première préparation du fer efi donc la
rouille par corrofion avec le vinaigre, ainfi qu’il
fuit.
Prenez de la limaille de fer la plus belle : at-
rofèz-la avec le vinaigre, de forte que le tout foit
bien imbibé.
Arcs 6? Méciers. Tom. VI,
Etèridéz-ïa enfùite dans un lieu frais'ptoprement,
für du papier ou fur une planche , jufqu’à ce qu’elle
s’y defsçche.
Efîayez alors dé fe pulvérîfèr dans un mottier
de porphyre, de piérre ou d’agatë, avec un pilon
de même matière.
Si la totalité n’eft pas parvenue à une entière
corrofion, imbibez de nouveau avec du vinaigre
& faites rèflechër.
PafTez au tamis de foie ce qui s’efi réduit en
poufliére. Imbibez le réfidü de nouveau vinaigre*
Sécher comme deflùs, & rédüifèz le tout en
poudre impalpable.
ï/e fer, ainfi corrodé par le vinaigre, donne un
jaunie tranfparerit, qui fort beaucoup à faite le Yèrd
avec le fècours du bleu. .Mais il eft bëaucôüj>
plus pénible & moins profitable , à moins qu’on ne
veuille faire un jaune plus rouge; à quoi il réufo
lira mieux.
On fè fort de la rouille pour ferre le crocus
martes, mais mal-à-propos, puifqu’à la calcination
le vitriol & lefer corrodé font également bofts,
& qu’on s’épargne beaucoup de peine én employant
le prèmiër.
Le fér fè calcine de lui-même fans avoir b e foin
d’aucun mélange. On expofè à cet effet fà limaille
fur une grande fùrface à l’adion du feu pendant
un long-temps V ce qui converth le fer en crocus
martis. Mais - Cette préparation eft incommode ,
parce quelle demande un feu long & violent, fans
produire plus d’avantage. -
Ori calcine aufîi le fer par le foufre : on y procède
comme à la calcination du cuivre ; niais il
ne produit pas un meilleur effet que le vitriol calciné.
La précipitation & la calcination du vitriol verd
font les meilleures préparations du verd, & fè font
ainfi.
Prériez du vitriol verd telle quantité que voûs
voudrez faites-le difloudre dans l’eâu : ajoutëz-y
par degrés une folution de cendres gravelées, faite
dans 1 eau , fans qu il foit befoin qu’elle foit purifiée
y jufqu a ce qu’il n’y ait plus d’effervefc
eence.
Quand la poudre efi précipitée , décantez - en
le fluide : filtrez le réfîdù : féchez la poudre.
Les Tefr qui peuvent s’y rencontrer, ne peuvent
nuire à l’émail.
Cette oebre oii fer précipité fait le niême effet
que la rouille , & donne un. jaune tranfparent qiii
peut fèrvir à faire une couleur verte , en la mêlant
avec lè bleui
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