
de purger la malle de là fève , de lui donrtef plus
de jeu , de rendre le reflort aux parties, d’en fup-
primer les humeurs fuperflües. La fuite de tous ces
bons effets eft de faire percer des boutons & des
bourgeons dans les endroits de l’écorce d’un arbre
qui en paroît entièrement dénué, & d’attirer la feve
dans toutes les parties de l’arbre.
De la transplantation des arbres.
Ce n’eft ordinairement qu’à la fin de l’automne
que For fonge à tranfplanter les arbres , fuivant ce
que dit M. Bradley ; il y en a qu’on peut tranfplanter
dans le milieu de l’été ; mais il paroît que ce
font des efpèces d’arbres qui font toujours verds : il
v a , dit-on, vers le milieu de l ’été un tems ou la
feve de ces arbres eft dans l’ina&ion ; en faififfant ce moment favorable, on les tranfplante, & ils ont
alors plus de tems pour fe fortifier avant l’hiver , que
ceux qu’on tranfplante. dans 1 automne, & font bien
mieux préparés à pouffer de fortes tiges, que ceux
que l’on mettroit en terre au printems.
Les Anglois même ont pouffe l ’induftrie du jardinage
encore plus loin ; iis ont fait ; pour, ainfî dire,
de leurs gros arbres-fruitiers , des arbres ambulans.
Un curieux de jardinage, amoureux des gros arbres
d’un verger qui lui rappbitoient de tres-belles poires
& pommes, obligé d’aller demeurer dans une autre
terrç, à un mille de cè verger, eflaya d’emporter
fes s e s avec lui. Pouf cet effet, il fit faire une
tranchée autour de chaque arbre, pour l’enlever en
motte ; & lorfque la.gelée eut bien lié la terre autour
des racines, avec des leviers il fit lever fês
arbres, les fit mettre'fur des traîneaux, & les tranf-
porta à fa terre, où il les planta dans les trous qu’on
îeur asgoit préparés. Au dégel, il fit mettre de nouvelle
terre autour des racines : fes arbres reprirent
très-bien ; lui donnèrent du fruit même dès la première
année de cette tranfplantation ; mais il eut
foin de faire décharger la tête de fes arbres de branches
, dans la proportion où par cette opération ils
avoient perdu indil-penfabiement de leurs racines.
On croit devoir rapporter ici une. hiftoire .hien
fingulière, tirée de la gazette du commerce. Un
père mourut, laiffa deux filles ; il fe trouva' un bel
©ranger dans la fuccefïion ; chacune des héritières y
prétendit, & finirent par ne point s’arranger. Un
jardinier prit fur lui de terminer ce différend ^ il
fendit l’oranger en deux enveloppa de cire le côté
qui étoit découvert 3. cette partie reprit peu-à-peu
ion écorce.
Procédé pour faire grojjir les arbres très-
promptement
On prétend que lorfqu’un arbre, tel que eerifîer,
prunier ou autres. eft parvenu à la groffeur^ d’un
pouce , il ne s’agît que de fendre l’écorce de l’arbre
depuis le haut jufqu’en bas j la feve en découlé
d’abord en abondance, mais il fe reforme une pellicule
fine qui recouvre cette auverture.
On peut faire plufîeurs incifîons fur le même
arbre ; on doit cependant obferver de ne les pas
faire du coté du midi, parce que le grand foleil
deffécheroit trop cette partie ouverte , & feroit fou-
lever l’écorce. On prétend qu’un jeune arbre fruitier
traité de cetre manière, peut devenir aufli
gros au bout de quatre ans , qu’un autre pourroit
l’être en douze ans.
C’eft ainfî qu’on en ufe, dit-on , à la nouvelle
Orléans , pour faire groflir les pêchers & autres
arbres fruitiers à noyaux.
On fait que l’açcroifiement des arbres fè fait par
l’extérieur , que la partie qui fe trouve entre l’écorce
& le bois , nommée par les naturaliftes liber 3
fe convertit tous les ans en. bois , & forme comme
autant de couchés concentriques, qui donnent de
l’accroiffement à l’arbre. On peut, lorfquon fcie
un arbre, reconnoître les années & la quantité de
fon accroiffement, par le nombre & l ’épaiffeurde-
' chacune de ces couches*
L ’incîfion que l’on fait à Têcorce dès arbres,. &
qui doit aller jufqu’au bois , donne peut-être lieu
aux fibres de l’écorce de s’étendre & de fe dilater
davantage ; mais l’accroiffement que l ’on promet
ic i, paroit trop confidérable pour le croire. Au
relie , l’expérience en eft fi facile , qu’on peut s’a-
mufer à la répéter, & juger par foi.-même, de la
vérité.,
Nouvelle maniéré de difpofer les arbres 3 pour garnir
un efpalier ,. quelque haut qu 'il fbiu
Les arbres pouffent avec d’autant moins de force,
& donne des fruits d’autant moins beaux-, que leurs
racines ne peuvent s’étendre dans la terre, s’y distribuer
, s’y ramifier fans fe confondre ni fe mêler
avec d’autres ; c’eft l’inconvénient dès arbres en ef-
paliers. Oir peutTêviter& fe procurer les efpaliers.
les plus magnifiques.-
On plante d’abord' à l’efpace de fix pieds les uns
des autres, dés arbres nains; ils garniffent le bas
des'murs ; on éleve d’autres arbres fruitiers avep des
tiges fort hautes ; on les met en terre à-huit pieds
loin du pied du mur; on couche le Jeune arbre dont
"on fait palïer la tige dans un tuyau creux de terre;
il-vient'fe relever le long, du mur, pouffe des branches
qui garniffent la partie moyenne de Fefpalier ;
la partie élevée peut être recouverte par de la vigne
plantée de même, & à une diftance encore plus
grande du pied du mur.
Si-le terrein qui eft derrière le mur eft un champ,
qn peut planter les grands arbres, ou la vigne de
ce côté > on leur fait traverfer le mur dans un tuyau,
& ils fe relevent le long de Fefpalier , pour l’àlLer
couvrir jufqu’à £on fommet, Toutes les racines des
arbres ainfî plantés, profitent très-bien, & ne fe
nuifent point les unes les autres ; les tiges couchées
dans leur longueur , lie pouvant point pouffer de
racines qui aillent fe confondre avec les racines voi-
fînes.
Procédé pour multiplier les arbres par bouture 3
bourgeois ou racines.
Dans le règne végétal, la nature fe reproduit de
diverfes manières ; dans chaque bourgeon d’un arbre
eft l’embrion d’un arbre tout-à-fait femblable a-
celui qui les produit. Lorfque les boutures des arbres
qui peuvent fe multiplier de cette manière, ne
réuffiffent pas ^ la caufe la plus ordinaire eft que
la partie qui étoit en terre a pourri : on peut remédier
à cet inconvénient, en enduifaut cette partie
avec le maftic fuivant.
On fait fondre enfemble une demi-livre de térébenthine,
& deux livres* & demie de pojx commune,
auxquelles en ajoute trois-quarts d’once d’aloes en
poudre : ce mélange s’enflamme ; ainfî, de crainte
du feu, on doit faire l’opération en plein air : on
éteint ce feu en mettant promptement un couvercle;
on réitéré cette inflammation jufqu’a trois fois; on
ajoute alors à ce mélange trois onces de cire jaune,
&.fîx dragmes de maftic en poudre; on.laiffe refroidir
: lorfqu’on en a befoin, on en caffeun morceau;
on le fait fondre dans un pot fur un feu doux, & 011
l’étend fur la partie de la bouture qu’on veut mettre
en terre, on eft fur qu’elle ne pourrira pas.
Chaque bourgeon d’une branche, ainfî préparée
peut réuffir, & donner un arbre.
Il faut pbferver qu’il y a des arbres qui doivent
être exceptés, tels que l ’alterne , le favinier , la
fenfitive , qui n’ont point de bourgeons , & d’autres
dont les bourgeons ne portent que des fleurs- mâles
ou des fleurs femelles féparées.
Lorfqu’un arbre 11e réuflit point à être multiplié
par provignement ou bouture, on peut le multiplier
par les racines.
On leve la terre de deffus des racines ; on en
coupe les deux tiers en travers ; on émonde toutes
les fibres latérales dans Fefpace de fept ou huit
pouces; on enduit toutes les parties bleffées avec
le maftic dont on vient de parler ; 011 lient la partie
tranchée de la racine de plus de cinq pouces de
longueur hors de terre, & on la contient dans cette
fîtuation à l'aide d’un bâton fourchu ; la partie ex-
pofée à l’air fe clïàrge débranchés de feuilles ; au
printemps fuivant'on peut les féparer tout-à-fait, &
elles réuftiront parfaitement.
A ssa Foetida ( L ’art de préparer le fuc de F ) y
L ’affa fcetida eft un fuc gommo-réfîneux, d’une
odeur très défagréable , quLeft produit par un écoulement
qui fort du tronc de la plante que les
Perfans nommenr hingich. Cette plante, qui eft
du genre des panais, & dont la racine eft aufïî
folide que celle de la rave, fe plaît dans les terre
ins arides de là Perfé. Plus elle eft vieille,
plus elle fournit ce fuc laiteux, liquide & gras
comme de la crème dé lait dont on fait une ef-
pece de gomme-rcfîne , ainfî que nous le dirons
plus bas.
Q u o i q u e c e t t e p l a n t e r é p a n d e u n e p u a n t e u r f î
a f f f e u f e , q u e l e s A l l e m a n d s l ’ o n t a p p e l l é e excrément
du diable , & q u e n o u s n e p u i f l i o n s e n f u p p o r t e r
F o d e u r , e l l e a f f e d e b e a u c o u p m o i n s l ’ o d o r a t d e s
P e r f a n s & d e s A f î a t i q u e s , q u i d o n n e n t l e n o m d e
manger des dieux a u f u c q u i e n e f t e x t r a i t .
L e s I n d i e n s , q u i e n f o n t u n u f a g e t r è s f a m i l
i e r d a n s l e u r s m e t s , e n t r p u v e n t F o d e u r a u f f i
e x q u i f e q u e l e g o û t .
L e s r o m a i n s f a i f o i e n t u n g r a n d c a s d e c e l u i q u i
v e n o i t d e C y r e n e & d e l a M é d i e , C j L q u i , f a n s
d o u t e é t o i t l ’ e f f e t d e F h a b i t u d e o u d ’ u n e f t r u d u r e
d ’ o r g a n e s d i f f é r e n t e d e c e l l e d e s n ô t r e - .
P o u r c e - q u i e f t . d e l a m a n i è r e d e r é c o l t e r c e f u c ,
Kem pfer n o u s a p p r e n d q u e v e r s l a m i - a v r i l l é s
M e d e s f è t r a n f p o r t e n t e n f o u l e f u r l e s p l u s h a u t e s
m o n t a g n e s d’Hingifer p o u r a r r a c h e r l e s f e u i l l e s d e
l a p l a n t e d ’ o ù d é c o u l e c e f u c ; q u e d e s f a m i l l e s & d e s
v i l l a g e s e n t i e r s q u i t t e n t , l e u r s h a b i t a t i o n s p o u r f e
l i v r e r u n i q u e m e n t à c e t r a v a i l ; q u e l o r f q u ’ o n s ’ e f t
r e n d u f u r l e s l i e u x , o n c o m m e n c e p a r f e p a r t a g e r
l e t e r r e i n r e l a t i v e m e n t a u n o m b r e d e s r é c o l t e u r s ;
q u e q u a t r e o u c i n q p ë r f o n n e s ' f e c h a r g e n t o r d i n a i r
e m e n t d e l a r é c o l t e d ’ e n v i r o n d e u x m i l l e p i e d s d e
c e t t e ' p l a n t é ; q u ’ a v a n t d ’ e n a r r a c h e r l e s f e u i l l e s
' s è c h e s , e l l e s d é c o u v r e n t u n p e u l a t e r r e p o u r l e s
e n l e v e r j u f q u ’ à l a r a c i n e , q u ’ e l l e s r e c o u v r e n t e n -
f u i t e d e t e r r e & d e f e u i l l e s p o u r q u e l e f o l e i l n e l a
f a i t e p a s p é r i r e n l a p é n é t r a n t ; q u ’ a p r è s c e t t e p r e m
i è r e o p é r a t i o n c h a c u n r e t o u r n e c h e z f o i , d ’ o u o n
f o r t ' t r e n t e o ù q u a r a n t e j o u r s a p r è s p o u r r e p r e n d r e
l e s p o f t e s q u ’ o n o c c u p o i t f u r l e s m o n t a g n e s 8t t i r e r
• d e s r a c i n e s l e f r u i t d u p r e m i e r t r a v a i l ; q u e p o u r
c e t e f f e t c e s O u v r i e r s c o u p e n t t r a n f v e r l â l e m e n t l e
f o m m e t d e l a r a c i n e , 1 d e m a n i è r e q u e l e f o m m e t
r e p r é f e n t e u n 'difque, o u u n r o n d p a r f a i t f u r l e q u e l
l a l i q u e u r q u i f o r t d e l a r a c i n e f e f i g e f a n s s ’ é c o u l e r
d ’ a u c u n c ô t é ; q u ’ e n f u i t e i l s c o u v r e n t c h a q u e r a c
i n e d ’ u n f a i f c e a u d ’ h e r b e s q u ’ i l s p l i e n t e n f o r m e
d ’ a r c ; q u e d e u x j o u r s a p r è s i l s v o n t r e c u i l l i r l e f u c
q u ’ i l s t r o u v e n t f u r l e d i f q u e , l e m e t t e n t d a n s d e
p e t i t s V a f e s a t t a c h é s à l e u r c e i n t u r e ; q u e p o u r f e
p r o c u r e r u n n o u v e a u f u c , i l s r e c o u p e n t l e t r o n c d e
l a r a c i n e & e n e n l è v e n t l a f u p e r f i c i e e x t é r i e u r e q u i
e n b o u c h e l e s p o r e s 3 q u ’ a u ’ b o u t d e q u e l q u e s ; j o u r s
i l s v i e n n e n t f a i r e l e u r n o u v e l l e r é c o l t e , & q u ’ i l s
c o n t i n u e n t à c o u p e r a i n f î l a f u p e r f i c i e d e l a r a c i n e
p o u r e n a v o i r u n n o u v e a u f u c , j u f q u ’ à c e q u ’ i l s e n
a i e n t r e t i r é t o u t Vajfa foe t id a ; q u ’ a p r è s a v o i r o b t e n u
t o u t c e q u ’ i l s d é f i r e n t , i l s m e t t e n t c e f u c g o m m o -
r é f î n e u x f u r d e s f e u i l l e s q u ’ i l s e x p o f e n t a u f o l e i l